Nous allons finir par étouffer, ici

Certains, ici-même, relaient et tractent en faveur d’une VIe République.

Ma principale conviction, en dehors de celle attachée à la dignité de l’Homme, est qu’une VIe République ne représenterait, sous prétexte de modernité, qu’une échappatoire de plus vers davantage de confusion, de compromissions et d’indécision. Je ne veux pas croire que nos compatriotes seraient prêts à livrer la République aux hyènes.

Je vous soumets cet extrait d’un discours de Charles De Gaulle, le 16 juin 1946 à Bayeux.

 » Des Grecs, jadis, demandaient au sage Solon : « Quelle est la meilleure Constitution ? » Il répondait : « Dites-moi, d’abord, pour quel peuple et à quelle époque ? » Aujourd’hui, c’est du peuple français (…) et à une époque bien dure et bien dangereuse ! Prenons-nous tels que nous sommes. Prenons le siècle comme il est. Nous avons à mener à bien, malgré d’immenses difficultés, une rénovation profonde qui conduise chaque homme et chaque femme de chez nous à plus d’aisance, de sécurité, de joie, et qui nous fasse plus nombreux, plus puissants, plus fraternels. Nous avons à conserver la liberté sauvée avec tant et tant de peine. Nous avons à assurer le destin de la France au milieu de tous les obstacles qui se dressent sur sa route et sur celle de la paix. Nous avons à déployer, parmi nos frères les hommes, ce dont nous sommes capables, pour aider notre pauvre et vieille mère, la Terre. Soyons assez lucides et assez forts pour nous donner et pour observer des règles de vie nationale qui tendent à nous rassembler quand, sans relâche nous sommes portés à nous diviser contre nous-mêmes ! Toute notre Histoire, c’est l’alternance des immenses douleurs d’un peuple dispersé et des fécondes grandeurs d’une nation libre groupée sous l’égide d’un Etat fort.  »

Ses mots sont écrits pour aujourd’hui.

Il est encore possible de suivre la réflexion et de se reconnaître dans la logique qui a amené à notre Constitution.
Il est encore possible, pour mille raisons dont nous avons tant d’avant-goûts, de ne pas vouloir s’y reconnaître.

Le citoyen que je suis est opposé à l’idée fort répandue selon laquelle la constitution de la Ve République aurait vécu, qu’elle avait été le costume d’un homme exceptionnel et qu’elle se révélerait donc inadaptée, trop grande, aux mensurations de nos contemporains.

Si tel était le cas, il ne serait pas nécessaire de convoquer des états généraux pour remédier à la situation mais de faire appel à un mauvais tailleur. Il y en a.

Non, le costume, il a été taillé pour nous, à notre mesure, pour favoriser notre capacité de concorde, d’unité, de fraternité, de confiance, d’intelligence et de décision.

Il faut apprendre à habiter pleinement notre République. Le modeste, mais entêté, petit artisan de la République que je suis s’y emploie en essayant d’ouvrir quelques fenêtres pour aérer.

Nous allons finir par étouffer, par ici.

Bien à vous.

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