Lettre à n’importe qui

Il faudra peut-être écrire un jour une lettre à n’importe qui.

On sait ce qu’il advient des lettres pour tous. Elles tombent parfois entre de mauvaises mains.
Une lettre à n’importe qui peut éviter, si elle bénéficie d’un peu de chance, ce travers.
Mais que contiendrait-elle?

Je revendique, ne fût-ce qu’ici, d’avoir fait plus pour mon pays, que beaucoup. J’ai manié autre chose que des mots, une langue.
Ce n’est pas faute d’avoir porté ma parole et de m’être signalé.
Ce que je pouvais faire de par mon côté, je l’ai fait. Lire la suite « Lettre à n’importe qui »

Quelque chose au sujet de notre temps sur terre

Chaque homme, chaque femme devrait être en mesure de réclamer la grâce de pouvoir sur cette terre enlever, par le sens qu’il confère à sa vie, la part de non-sens qu’en son nom et comme à son insu, le néant marque la Création.

Je n’ai pas lu la Bible.
Je n’ai pas lu la Torah.
Je n’ai pas lu le Coran.
Je n’ai pas lu Confucius.
Ni les apocryphes de Bouddha.
Lire la suite « Quelque chose au sujet de notre temps sur terre »

Il suffit de convaincre un homme pour les convaincre tous

Les citoyens méritent mieux.
Les politiques aussi.
L’histoire humaine, si on admet qu’un tel processus existe, aussi.
Ce point sera réfuté.
Non, tous les points seront réfutés.

La seule histoire qui intéresse ici est celle du progrès social et du confort individuel.
En dehors de cela, il n’y a pas de géographie, de mouvement, de grandeur.

Lire la suite « Il suffit de convaincre un homme pour les convaincre tous »

De l’apprentissage des savoirs, du monde des médias et d’internet pour les élèves

Ce sont davantage les grands classiques qui apporteront la profondeur à la pensée des élèves qu’un traitement « médiatique » de surface. Mais pour cela il faut amener l’institution en charge de l’éducation des élèves à changer de registre.

Nul à ce jour n’y est parvenu et beaucoup s’y sont cassé les dents.

Rousseau et Voltaire comme Alpha et Oméga de notre République, est-ce suffisant?

L’école doit devenir autre chose qu’un lieu de débat où chacun a potentiellement raison et gagne, par conséquent, à acquérir l’habileté pour imposer sa raison.

L’école, doit être l’exact opposé de la démocratie – la dictature de la philologie et de la raison – si l’on veut que la démocratie à l’extérieur de cette enceinte soit le lieu de notre réussite et de notre émancipation collective.

La seule commémoration à faire, chaque jour, consiste à élever cette religion.
La seule contrainte, s’échapper de sa propre platitude.
Le moyen, Soi avec le concours actif des Autres. Lire la suite « De l’apprentissage des savoirs, du monde des médias et d’internet pour les élèves »

Renversement de la charge de la preuve

Vient un moment où au regard de ce que nous montrons de ce qu’est et fonde notre civilisation dans son état actuel, il est possible de se demander qui sont les barbares quand, à l’Orient, à l’Asie, sont maintenues, si difficilement j’en conviens, la tradition et la modernité, vives et éduquées.

L’Europe, et en son sein particulièrement la France de la laïcité la plus bête et méchante, constitue pourtant de Sébastopol à Londres, de Madrid à Athènes, d’Alexandrie à Rome, le berceau authentique d’une civilisation commune.
Il y a, dans cet échec et cette limite à se refonder, quelque chose qui relève de la psychanalyse et que l’historien Marc Bloch a semblé vouloir résoudre dans son apologie.
Le cauchemar des guerres d’Europe, le cataclysme du XXe siècle, la chute de Vienne, ont anéanti l’enchantement.
Lire la suite « Renversement de la charge de la preuve »

Luttons, tant que nous avons la lumière

Il y a toujours quelque chose à l’origine des nuits de cristal. Charlie Hebdo, au nom de son droit à l’aliénation, qu’il exige de nous que nous le considérions comme respectable, nous introduit dans la version IIIe millénaire des nuits de Cristal. C’est une version nécessairement planétaire – et non circonscrite à Berlin – comme en témoignent à nouveau les emportements qui font morts, embrasements et destructions partout dans le monde, cela ayant pour origine la parution doublement indécente de nouvelles caricatures puisque s’ajoute à l’inconséquence éditoriale son retentissant succès commercial. Lire la suite « Luttons, tant que nous avons la lumière »

Les nuits de cristal rodent toujours

D’une nébuleuse initiale, on est aujourd’hui à la tentative d’établissement d’un califat avec son territoire et l’islam comme frontière et débordement de lui-même.

Le théâtre d’opération et son agenda doivent être considérés à travers une grille de lecture objective. Celle qui déroule son défilé d’avatars, cristallisant l’épopée délirante de la résurgence d’un l’Islam des origines et usant sciemment de tous les signes de l’horreur et de l’abomination pour nous sauter à l’esprit, et empêcher nos esprit modernes du recul salutaire sur les événements, pour révéler leur signification réelle. Lire la suite « Les nuits de cristal rodent toujours »

Bien dire ensemble en complément du bien vivre ensemble

Je constate que la plupart des esprits s’abandonnent souvent, en prétendant s’y opposer, à la force qui a été engagée par les terroristes et ce faisant nous leur accordons, plus que nous devrions le faire, le choix des armes et de leur escalade.

Ceux qui sont à l’origine de la perversité qui nous a touché depuis quelques jours comptent sur les mots, les scissions, qui sont ainsi auto-alimentées, et dont la déflagration se poursuit dans les échos de la dégringolade du sens, comme une pierre ricochant dans sa descente au fond d’un insondable gouffre.

Toute parole vaut, aussi, par ce qu’elle entraîne par devers elle. Bientôt, vous verrez – et si ce n’est lui c’est donc son frère – certains exigeront que soit supprimé, au nom de Charlie, le porc aux cantines des écoles républicaines pour lutter efficacement contre le terrorisme. Lire la suite « Bien dire ensemble en complément du bien vivre ensemble »

Gloire de la caricature, chute de la calligraphie 

Je redoute que de tels événements, contre lesquels nous nous dressons depuis l’attentat contre Charlie Hebdo et la traque de ses auteurs, nous conduise à sombrer dans la bêtise. Faudra-t-il hisser avant la fin de la semaine l’art de la caricature, pour lequel j’ai le plus grand respect, au rang d’un Art majeur au même titre que, par exemple, la Calligraphie.

Je regrette d’avoir à dire que Richelieu à créé l’Académie française et Napoléon l’Institut de France, regroupant les Cinq Académies.

« L’Institut est une chose qui est propre à la France. Plusieurs pays ont des académies qui peuvent rivaliser avec les nôtres pour l’illustration des personnes qui les composent et l’importance de leurs travaux. La France, seule, a un Institut où tous les efforts de l’esprit humain sont comme liés en un faisceau, où le poète, le philosophe, l’historien, le critique, le mathématicien, le physicien, l’astronome, le naturaliste, l’économiste, le juriste, le sculpteur, le peintre, le musicien peuvent s’appeler confrères. ». Ernest Renan (1867) Lire la suite « Gloire de la caricature, chute de la calligraphie « 

Je suis Charlie, mais surtout la culture qui l’autorise

Condamnons sans la moindre réserve l’attentat qui a visé la rédaction de Charlie Hebdo. Il est condamnable pour ce qu’il est, et il n’est qu’odieux.

On ne combat pas, en France, où ne sont pas épuisés les droits d’expression et qui se glorifie d’être la patrie de l’expression, une pensée par des armes. Ici, on combat une pensée mineure par une pensée majeure et par la rigueur implacable de la justice devant laquelle les auteurs de cet acte devront être traduits et mis, tels qu’ils sont, c’est-à-dire dérisoires et insignifiants, devant leur abomination criminelle.

Ces gens-là, quels qu’ils soient, ne sont les instruments et les jouets que de leur propre néant. Ils ne sont pas les instruments du nôtre sur qui ils veulent peut-être, au nom d’une cause et d’une stratégie abjectes, mouvoir d’obscurs rouages et mécanismes.

Nous sommes tous parmi les victimes et faisons corps, de façon inaltérable, avec elles. Ne perdons pas de vue que le terrorisme a pour objectif premier de nous atteindre dans notre discernement collectif, de nous affaiblir dans notre cohésion. Lire la suite « Je suis Charlie, mais surtout la culture qui l’autorise »