Quelles tyrannies sommes-nous prêts à soutenir?

Le journal français Le Monde et plusieurs médias internationaux ont exposé dimanche la face cachée du secret bancaire en Suisse, après avoir eu accès aux données soustraites par un informaticien, Hervé Falciani, ex-employé de la banque HSBC à Genève. Baptisée « SwissLeaks », l’opération propose un voyage au coeur de l’évasion fiscale, mettant en lumière les ruses utilisées pour dissimuler de l’argent non déclaré. Source Le Point, numérique.

De tels étalages, qu’ils émanent de SwissLeaks, variante de wikileaks connu pour avoir abrité les révélations de fils diplomatiques par Julian Assange, Anonymous, ou de tout autres groupes, représentent un sujet inquiétant pour la démocratie.

Qu’on puisse s’en délecter, pour une raison ou une autre, l’exploiter puisque ces ressources sont mises au service du « consortium international des journalistes d’investigation », ne change rien au fait que ces mouvements, imposant une justice et une morale immanentes, représentent les prémices d’un tyrannie démocratique.

Elle vise ici Gad Elmaleh, Jacques Dessange, le roi Mohamed VI, le roi Abdallah, dont les noms sont jetés en pâture, aux opinions publiques et jettent un discrédit sur les institutions bancaires et étatiques elles-mêmes, puisque corrompues et inefficientes.

On observera pour le souverain du Maroc et celui de Jordanie, lequel vient de déclarer la guerre à daesh, l’étonnant a-propos de ces révélations susceptibles de les fragiliser sur le plan intérieur.

Ce phénomène est à observer, combattre sans doute, sans faiblesse car il n’est pas lui-même désintéressé.
Il porte et développe sa propre idéologie.

Elle ne saurait être que celle de la vérité que pour les naïfs.

Sans préjuger en rien sur les infractions qui pourraient avoir été commises, ici ou là, il y a là un processus aveugle de mise en accusation publique qui, sur la thèse d’un monde imparfait, nourrit sa propre anti-thèse, celle d’un monde plus imparfait encore car fondé sur la tyrannie expresse des médias et leur prééminence sur l’ordre des choses et des Etats.

J’ajoute un élément de réflexion. Il porte sur l’utilité des mythologies contemporaines et notamment celle du Ve pouvoir, celui de la presse et de la sphère médiatique donc, adossée à une autre mythologie en construction, celle des lanceurs d’alertes et autres bidules du genre « consortium des journalistes d’investigation ».

Les institutions véritables plient sous le joug d’une institution qui n’en est pas une et qui s’auto-justifie par le déficit prête aux autres.

Il y a donc intérêt pour la médiasphère si chère à Olivier Duhamel (Médiapolis sur Europe 1), même si elle se défend par le pluralisme, d’imposer une forme de totalitarisme qu’avait accusé d’une certaine manière Jean-François Revel, qui avait su être critique à l’égard d’une société de l’information « qui tué l’information ».

Revel a décelé ce danger bien avant l’avènement des réseaux sociaux.

Il a bien grandi.

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