Le retour des manivelles

Syrie : France, Allemagne, Italie, Royaume-Uni se rappellent dans une déclaration conjointe au souvenir de la Russie

Onze ans après le début de la répression du régime de Bachar El-Assad sur le Printemps syrien, réprimé avec une violence qui ressemble comme une goutte d’eau à celle qui s’acharne sur l’Ukraine, les diplomaties de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et du Royaume-Uni viennent de publier une déclaration conjointe qu’il faut entendre au-delà de la norme et de la nuance diplomatique.

Cette déclaration rappelle en effet que le terrain de la Syrie, qui pouvait sembler gagné pour ce que représentent les régimes syriens et russes, n’est pas enterré encore.

Elle rappelle que la bataille qui s’y est livrée n’est pas définitivement perdu pour l’honneur des Nations Unies.

Elle n’est pas perdue pour la place des USA dans l’histoire, capitulée à plusieurs reprises devant un ensemble de facteurs qui paralysait l’action.

Elle est encore moins perdue pour la dignité des Syriens eux-mêmes.

L’impuissance décourage. L’impuissance à laquelle nous sommes parfois condamnés nous fait rager.

Mais, à travers ce communiqué, un terrain se rouvre, et ce n’est pas un champ de bataille. C’est un champ de reconstruction.

Il se rouvre au moment « stratégique » que Monsieur Poutine a lui-même déclenché, en envahissant l’Ukraine et il oblige une vigilance de la Russie sur ce flanc qui lui a rapporté un accès stratégique sur la Méditerranée.

Quelques extraits:

« Après plus d’une décennie de conflit, la situation économique et humanitaire est sombre et les millions de réfugiés syriens, généreusement accueillis par les pays voisins, ainsi que les personnes déplacées à l’intérieur de la Syrie, ne peuvent toujours pas rentrer chez eux conformément aux standards des Nations Unies, sans craindre les violences, les arrestations arbitraires et la torture. L’enlisement du conflit a également fourni aux groupes terroristes, notamment Daech, un terrain à exploiter. Prévenir la résurgence de Daech demeure une priorité. »

« Nous continuerons d’appeler à un cessez-le-feu à l’échelle de tout le pays, au respect du droit international humanitaire et à l’acheminement sans entrave de l’aide par tous les moyens, notamment grâce à la poursuite de l’autorisation par le Conseil de sécurité du mécanisme transfrontalier. »

« En outre, nous demandons instamment que toutes les personnes détenues arbitrairement soient libérées immédiatement et que la lumière soit faite sur le sort des personnes disparues et l’endroit où elles se trouvent. Nous ne soutenons pas les efforts de normalisation des relations avec le régime de Bachar el-Assad (…), ni ne lèverons les sanctions ou financerons la reconstruction, tant que des progrès irréversibles vers une solution politique n’auront pas été accomplis. »

« L’impunité demeure inacceptable. C’est pour cela que nous continuerons de promouvoir activement la lutte contre l’impunité, notamment en soutenant la Commission d’enquête internationale des Nations Unies, le Mécanisme international, impartial et indépendant, et l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). »

« Nous soutiendrons aussi le travail des organisations, dont beaucoup sont dirigées par des Syriens, qui rassemblent des preuves et documentent les atrocités et les violations graves du droit international commises en Syrie, dont l’emploi d’armes chimiques. »

Cela ressemble à des retours de manivelles.

Il faut rendre l’échiquier plus vaste et inattendu, par la justesse des ressources engagées, que celui fixé par les divisions de Vladimir Poutine et son armée.

Cette déclaration conjointe est disponible en cliquant le lien suivant : https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/syrie/evenements/actualites-2022/article/onzieme-anniversaire-du-soulevement-syrien-declaration-conjointe-des-porte »

Laisser un commentaire