Ce que j’ai à dire au sujet de l’état du monde

Le 24 février 2022, en violation du droit international et en utilisant des prétextes qu’elle a contribué méticuleusement à fabriquer, la Russie a lancé ses chars et ses avions sur l’Ukraine. La guerre éclair qui devait voir le régime de Kiev tomber comme un château de cartes s’est transformée en une guerre de tranchées digne de 14-18. La jeunesse ukrainienne y donne sa vie pour défendre une patrie que Poutine dit ne pas exister, tandis que les Russes envoient des prisonniers et ceux, parmi les jeunes défavorisés de son immense fédération, qui n’ont pas pu se dérober à l’appel, à l’abattoir.

Vladimir Poutine a soulevé une petite partie de son masque. Il montre la soif de pouvoir et de vengeance qui n’aura pour limite que sa mort. La signature de cette Russie dans l’histoire humaine est le chaos qu’elle répand et répandra tant qu’elle n’aura pas été mise hors d’état de nuire.

Nous le savons déjà. Il faudra mettre la Russie hors d’état de nuire.
Nous savons tout ce que cela peut impliquer.
Nous en avons conscience.
Que la Russie et les bonimenteurs qui sont à sa tête, et qui croient, en brandissant la terreur nucléaire ou les batteries de missiles hypersoniques, jouer sur les nerfs des peuples européens et occidentaux, sachent que nous n’avons pas peur.

Leurs subreptices manœuvres dans l’obscurité ni la dialectique qui les accompagnent ne dictent en rien ce que doit être notre vigilance et notre résolution. Nous sommes, ici, dans ce combat, auprès des Ukrainiens.
Nous sommes, ici, sans peur et sans reproche.
La Russie ne peut pas en dire autant. C’est la faillite profonde de ses institutions dénaturées par le crime et gangrénées par la corruption qui l’engloutit sans qu’elle s’en rende compte.

Elle ne peut chercher, dans la communauté internationale, que des alliances éventées et bancales qui finiront par se retourner contre elle, car il y a un temps pour la mystification et il y a un temps où le vrai et le juste triomphent en l’Homme, et les nations quelles qu’elles soient ne se trouvent, pour leur propre bien, leur propre prospérité, que dans la plus haute idée de l’Homme qu’elles se font.

Monsieur Poutine doit apprendre que la civilisation dont nous nous réclamons n’a pas besoin de l’encensoir ni de la montre en or du patriarche Kirill pour savoir où se trouve sa dignité et les valeurs qu’elle doit protéger.

Elle, elle ne promet pas, comme le fait le patriarcat de Moscou sans se distinguer, ici comme ailleurs, des apostats djihadistes, le paradis à ceux qui meurent pour servir la cause vile d’une grande Russie démente d’abord, anthropophage, irréelle et fantasmagorique pour finir.

Elle apprendra cela à ses dépens, en payant le tribut des crimes de guerre et des atrocités qu’elle a répandues.

Ou alors, elle se mettra elle-même, dans des conditions à établir, hors d’état de nuire. Elle fera après cette capitulation, ce que l’Allemagne nazie a fait pour expier ses fautes et redevenir elle-même.

C’est un sceau misérable et ignoble que la Russie tente d’apposer sur le cours de l’histoire humaine. Sauf à accepter les biais (syndrome de persécution, paranoïa de l’encerclement, menace de l’OTAN, réaction à la décadence occidentale, posture messianique, etc.) par lesquels la Russie veut que nous voyions la situation, ce qui se passe ne peut pas être vu autrement que comme une infamie et il faudra laver l’humanité des traces de cette infamie.

La Russie telle qu’elle est n’est pas un Etat souverain car elle n’est pas un Etat en dignité. Ce ne sont pas, en effet, les volumes des pièces du Kremlin, l’immensité des portes, la longueur infinie des tables, le lustre du protocole, le ballet impeccable, dans l’huisserie, des jeunes soldats et des chambellans, qui font et assurent la dignité de l’Etat.

Monsieur Poutine doit savoir que ce qui témoigne de la dignité de l’Etat, c’est la pureté du cœur, l’ambition de l’intelligence et l’honnêteté de l’esprit de ceux qui l’animent et le représentent. Il faut craindre que les unes comme l’autre ait quitté Monsieur Poutine, il y a déjà longtemps.

Les Chinois, que Baudelaire a réputé avoir la faculté de lire l’heure dans l’œil d’un chat et qui lui accordent pourtant « la solidité d’une amitié solide comme un roc » peuvent-ils être dupes de cela indéfiniment ?

Pendant combien de temps encore Vladimir Poutine pourra-t-il se prévaloir du soutien de la puissance chinoise quand celle-ci risque de se transformer en complicité ?

Ne nous voilons pas la face, la manipulation de l’opinion est le domaine d’excellence de la Russie post kagébiste, experte dans l’art de la subversion. Pour des raisons qui tiennent à son passé communiste et à l’expertise que cet Etat a développé pour asservir son peuple pendant plusieurs générations, nous pouvons faire confiance à la Russie pour ne jamais nous décevoir quant à sa brutalité, son cynisme et sa capacité à embrouiller les esprits et retourner les cerveaux.

Elle a pratiqué cette expertise, par des relais qu’elle a choyés et la viralité des réseaux sociaux, dans les démocraties européennes et même jusqu’aux Etats-Unis d’Amérique, où elle a fait trembler le capitole par procurations successives.
Elle le fait aujourd’hui, sans le moindre scrupule, en Afrique.  

Si nous n’avions pas, au sein de nos démocraties quelque peu paralysées sémantiquement, aussi peur des mots, quels sont ceux qui viendraient brûler nos lèvres ?

Le chef de l’Etat russe se croît supérieurement habile, avec, autour de lui, quelques spécimens, dit-on, de l’âme russe, appliqués à construire et à insinuer une rhétorique implacable selon laquelle la culpabilité de tous les maux de la terre, revient à l’Occident.

Partout, la faute originelle incombe à l’Occident.

Cette stratégie est imparable, selon eux. Elle est, c’est vrai, aussi fiable que le ruban « tue-mouche » tant que les hommes pensent et réagissent comme des mouches.

Regardez, pourtant, qui aime cette Russie qui viole tout sur son passage, emprisonne toute dissidence, criminalise l’expression, et qui la soutient, ou pourquoi. Rien n’y est franc du collier. Rien n’y est droit et transparent. Ce qui y règne, c’est la peur de l’esprit et de la parole libres. C’est le saint des saints des connivences et des intérêts où se psalmodient des petits calculs d’intérêt et de conservation du pouvoir.

Je crois que tout individu sur cette planète, où et qui qu’il soit, est capable du minimum de recul pour s’affranchir des chevaux de Troie, séduisants, simplificateurs, de l’anti-occidentalisme, de l’anticapitalisme, de l’anti-américanisme, qu’on tente d’inoculer dans son esprit.

La démarcation fondamentale, qui permet d’établir l’ordre mondial juste et sécure que la Russie a intérêt et vise à mettre hors de toute atteinte, sépare les États qui ont le goût de la vérité de ceux qui ont le goût du mensonge.
 
S’il doit y avoir un choc des civilisations, c’est celui-là qu’il doit être mis en évidence et c’est à l’aune de cet enjeu, primant sur tout autre, que les chefs d’Etat et les nations, leurs peuples d’aujourd’hui, doivent se déterminer.

Un des pièges est de considérer, en effet, que c’est l’Occident contre la Russie qui s’opposent en Ukraine. Dans ce cas, cela permet d’installer et de propager l’idée que c’est l’Occident contre le reste du monde. Poutine et Lavrov œuvrent à créer cette ligne de démarcation et, jusqu’ici, il faut admettre qu’ils y réussissent plutôt bien.
Monsieur Poutine veut faire croire que la Russie mérite d’être un sanctuaire et que c’est elle qui est attaquée.

La Russie n’est le sanctuaire de rien, sinon du mensonge d’Etat et du totalitarisme.

Tout autre interprétation conduit au parjure.

C’est cette guerre invisible qui fait rage, et c’est ce en quoi elle est déjà mondiale même si sa violence concrète et abominable n’est pas généralisée et c’est cette guerre, sur l’ensemble de ses fronts, territoriaux, moraux, phénoménologique, qu’il ne faut pas perdre. Elle a les Ukrainiens, si courageux, si inattendus dans leur vaillance contre la tyrannie, sur le front.

Partout où il se fait une conception élevée de la charge qui lui incombe, le Politique a le devoir de porter et d’exprimer cette lucidité devant tous.

Nous devons impérativement – et le « Nous » que j’invoque ici n’est ni noir ni blanc ni du sud, d’orient, du nord ou d’est. Il n’est ni chrétien ni islamique ni juif, pas plus qu’il n’est hindouiste, bouddhiste, taoïste, confucianisme, ou bonnement agnostique, animiste ou athée. Ce « Nous » est celui qui représente les nations mues par le goût souverain de la recherche de la vérité – nous devons, donc, je le répète avec force, défaire l’empire du mensonge et de la tromperie, armé de ses vieilles ficelles et de sa force de corruption.

Les gens qui croient devraient être les plus unis car leur foi, quelle qu’elle soit, les missionne du côté de la lumière, du côté de la justice, de côté de l’espérance. Ils sont encore plus impardonnables que quiconque lorsqu’ils instrumentalisent la foi, la spiritualité, dieu ou Allah, à autre chose qu’à la désignation du chemin de la concorde entre tous, au service de la dignité qui doit être reconnue et attendue de tous et au chevet de tout ce qui a été abîmé et qui doit être réparé.


Ce « Nous », sur lequel je me surprends à insister, est le seul qui se puisse être triomphant des ténèbres.
Ce « Nous » est de la Terre et de la grande race des Hommes et c’est de la hauteur de ce « Nous » qu’il nous faut réapprendre, vite, à parler et à être. Il faut le faire sans peur, sans fatigue, sans mépris pour les tâches et les devoirs à accomplir, en manifestant la bonté, aussi, dont le monde a besoin.

L’Humanité a le besoin pressant de se retrouver ainsi. Je ne vois que trop qu’elle peut et qu’elle est entraînée à totalement s’égarer.

Le premier pas, le pas élémentaire, est pour elle de se retrouver dans la lutte contre le mensonge, car le mensonge tente de submerger les nations et d’imposer partout le règne de sa subversion.

Nous avons le devoir d’entraver et de mettre en échec la Russie et de redéfinir, à partir des perspectives que la défaite russe ne manquera pas d’ouvrir, les relations internationales.

Nous pouvons et nous devons changer d’ère, atteindre le seuil d’un renouveau.

Le second pas, et il occupera nous bien, un siècle ou plus, ou moins, sera de déterminer ce qui, au sein des Nations, caractérise et alimente, entre elles, la dynamique d’une vérité coïncidant leurs intérêts respectifs et mutuels.

Comment, quand, où et pourquoi la vérité change ? Pourquoi mute-t-elle pour retrouver l’éclat et resplendir et pour nous faire tous avancer ?

Qui peut prétendre que le XXIe siècle n’a pas besoin de renouer avec un discours sur la vérité ?

L’organisation des Nations Unies doit avoir les moyens de veiller sur le droit et de dénoncer toute atteinte contre l’esprit de l’institution dont l’assemblée générale et son articulation au conseil de sécurité sont constitutifs, sui generis, en plus haute autorité sur terre.

La tentative de décomposer cette institution doit cesser.
Il faut parfaire et équilibrer son précieux mécanisme.

La République française, elle, doit redevenir la belle chose tranquille, vaillante et éclairée et se retrouver, « Une et indivisible » selon son propre serment, dans l’étrange et subtil caractère qui est attendu d’elle.

#CredimusOptimumHumanis

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