En réaffirmant, le 13 avril 2023, dans les colonnes de La Republicca, son euroscepticisme, sa volonté de voir la France quitter le commandement intégré de l’OTAN et celle de cesser de contribuer à armer le bras de l’Ukraine, Marine Le Pen s’éloigne des valeurs de la République.
Il ne faut pas avoir peur de le dire car cela correspond à une réalité objective qui mérite d’être mise en évidence.
Ce n’est en rien un argument de sophiste que de constater le fait, à travers ces trois projets fondamentaux, que la présidente du Rassemblement National et prétendante naturelle à la candidature suprême, accepte de faire de l’hymne national un chant étranger, un chant dépourvu de vibration, décharné.
La Marseillaise est le chant patriotique par excellence. Il est la quintessence, depuis l’origine, de la République. Il exhorte à se lever contre la tyrannie.
Ne pas reconnaître ce chant pour ce qu’il est, c’est ne pas être tout à fait, déjà, dans la République française, dans sa beauté et sa grandeur.
La Marseillaise est notre diapason. La République française se règle et doit se régler, dans l’inconscient collectif, à cette vibration.
Il est possible d’objecter que les trois sujets sur lesquels elle souhaite voir la France manifester une autre souveraineté ne font pas l’objet d’un tabou et, qu’à ce titre, ils appartiennent au champ de ce qui peut être politisé sans remettre en cause l’identité nationale.
Il est possible d’en faire l’objet d’un débat. Mais opérer des telles ruptures est d’une portée qui engage le destin de la nation, plus gravement que le Brexit a affecté celui du Royaume Uni.
Altérer notre lien à l’Union Européenne, poser le bouclier qui assure notre sécurité et ne plus participer, auprès de nos amis et alliés, à permettre à l’Ukraine de se défendre contre la Russie contredit ce que dit notre hymne. Cela contredit ce que nous sommes. Cela contredit la République.
Que Marine Le Pen se le dise: car notre hymne, à l’instar de la Révolution qui a animé nos ancêtres, possède une résonance universelle. Les Ukrainiens combattant pour leur liberté et leur souveraineté agissent, vivent et meurent en accord avec le grande vibration que La Marseillaise a fait naître.
En revanche, les Russes, auxquels vont sa sympathie pour des raisons sans doute humainement complexes, personnifient la tyrannie.
Nous traversons une période de grand trouble moral, intellectuel. Nos institutions sont menacées.
Dans ce contexte, il est possible de se tromper de chemin. La France, humiliée, l’a fait en 1939, en perdant le fil de son histoire.
Elle aurait mieux fait d’écouter Rouget de Lisle qu’un vieux maréchal, dépassé par les événements et terrassé par les ambiguïtés d’un monde nouveau qui s’apprêtait à naître dans la destruction de l’ancien.
Il faut écouter La Marseillaise.
La République Française ne se sauve qu’au fond des choses. Elle n’est pas dans la frivolité même si elle est aérienne et sait danser.
La République française a rêvé de changer le monde. Elle est née avec la découverte d’un immense et insoupçonnable sentiment de liberté et a levé l’ambition d’insuffler l’esprit des Lumières sur l’Europe.
Napoléon y a échoué, mais Jean Monnet l’a initié.
L’Union Européenne réalise un rêve de grandeur française pacifiquement, par le gré commun.
C’est là le second point où Marine Le Pen, qui est la figure de proue respectable d’un courant de pensée réel et significatif a tort, aussi.
Et c’est là qu’il faut le prouver, le démontrer par A + B, de la présence de chaque individu du vaste territoire que nous composons jusqu’à la vibration attendue de l’€ dans le système monétaire international.
Cela adviendra.
Et l’OTAN, dans tout ça, elle assure entre ses membres la protection d ‘un ensemble de valeurs communes, à commencer par l’attachement à la démocratie.
Marine Le Pen dénonce l’UE comme un « totalitarisme ». La République française, à travers ses institutions et son régime, comme « non démocratique « .
Elle leur préfère la « grande » armée russe de soudards et de mercenaires défendant un régime vicié à l’OTAN, organisation d’un traité qui est notre assurance vie.
L’OTAN constitue une « sainte » alliance, dans la dimension de la doctrine et de la sécurité collective. Elle n’est pas animée par une volonté hégémonique primaire mais par le fait qu’elle est au service de valeurs qui forgent l’intérêt d’ensembles vivants et dynamiques et que sa force légitime est puisée dans la vie qu’elle protège.
La Russie peut pleurer. Elle n’a pas ce caractère. Pour être inviolable, il ne faut pas dresser ses soldats pour tuer et violer. Ce qui menace la Russie, c’est un service à la vie, au dynamisme culturel, social et économique, qu’elle ne peut pas générer et dont elle voudrait que nous, nous renoncions à le générer.
Marine Le Pen n’est pas au bout de ses contradictions. J’ai bien peur qu’elle ne puisse avoir raison qu’à petite échelle du raisonnement historique, qu’à petite échelle de la conversation humaine.
Ce n’est pas suffisant aux yeux d’une grande majorité de Français, dans leurs cœurs surtout, pour diriger la France et pour être la voix de la France.
Gardons donc nous de céder à la tentation de la facilité. La France a besoin d’une conversation nationale profonde pour élever et maintenir la société à ce niveau d’amour et de pensée patriotiques.
Nous voyons bien les forces qui tentent d’immobiliser l’esprit à des émotions, des images, des slogans, du charivari et couvrir l’espace par l’incessant bourdonnement médiatique sensé empêcher quiconque de penser au delà de son brouillard.
Retrouvons la liberté de penser haut et grand.
Marine Le Pen ne peut compter que sur des malentendus et des effets de sidération (le terrorisme a pour vocation de provoquer cela) pour accéder à l’Elysée et imposer son projet de désarmement moral, militaire et politique.
Son programme, effilochage par effilochage, conduit à cela.
Il ne lui est pas interdit d’y croire.
Mais je voudrais rappeler que la République française fait appel à du sacré, du vrai sacré, qui fait battre le cœur du soldat et habite l’âme des modestes et des humbles, des Ouvriers.
Tout le monde est ouvrier en son sein.
Elle domine le chaos par ce sens du sacré.
Oú est-il au RN? Oú est-il à LFI?
Je viens de lire que c’est Georges Clemenceau le premier à avoir utilisé l’expression « la sainte alliance du sabre et du goupillon », sans que je décèle, a priori, la connotation péjorative qui est devenue son commun.
A tort?
Clemenceau n’est pas républicain ?