A un iconoclaste

Il va falloir dire qu’il n’y a pas et qu’il n’y aura pas de civilisation de l’image ni issue de l’image.

L’image fait des ravages, partout. Le tsunami permanent d’images submerge toute raison.

Rien n’y résiste.

Tik Tok jubile. La start-up a fait une analyse puissante et opportune de ce que demande le cerveau des adolescents pour leur livrer le format idéal pour un abrutissement collectif, sans avoir, je l’espère, mesuré que ce format exerce une forme de pré-conditionnement au pouvoir des images, à la malédiction des images.

Nous aurons des citoyens formatés par la perception des images, c’est-à-craindre avec une sensibilité limitée et probablement sélective.

Cette malédiction est visible là, à Berlin. Mais elle est partout.

C’est au crédit du soft power chinois. Mais Elon Musk et son appel à faire de chacun le journaliste, l’oeil de ce qu’il voit ou de ce qu’il croit voir, n’est pas en reste dans cette compétition.

Il n’y a plus rien à voir, nulle part, quand l’espace est saturé. Il n’y a plus rien à discerner. On ne peut plus édifier son proprement jugement.

On est un insecte. Un peu, comme celles et ceux qui gravitent autour de la scène et menacent, stricto sensu, son intégrité.

Ce que vous voyez ici, ce n’est pas que de l’image.

Le policier en est conscient. Il voit les forces physiques qui gravitent autour de lui. Et plus encore ce qui, de bestial, les anime. Ce qui, de bestial, le traque. Comme dans un pogrom. Comme dans une ratonnade.

Dans cet univers-là, il n’y a plus de centre d’intérêt. Il n’y a plus de centre de gravité, donc plus de lieu pour être et grandir, pour quelque être que ce soit.

Nous laissons se former des générations de prépubères, pas des citoyens. Cela n’a rien à voir avec la démocratie, avec la liberté d’expression.

Le plus choquant, et surtout le plus symptomatique du mal qui ronge, par la profusion d’images et de contre-images répandues à chaque millionième de seconde, la civilisation humaine, ce sont ces désormais inévitables nuées d’yeux numériques qui nourrissent le psychisme autocentré et maladif des masses.

Le pouvoir délétère de l‘iconoclaste se répand.

Au-delà de la sociologie et ce que cela implique sur ce plan, il y a un processus anthropologique qui est défait. C’est une fragmentation sans fin et réciproque de l’image et du regard. L’image est un dedans de soi, plus qu’un dehors.

C’est cette dimension de l’Humain, abandonnée, qui a été déléguée à quelques empires médiatiques.

Ils n’en font pas le meilleur usage.

Il va falloir des institutions fortes qui génèrent de l’intelligence et du libre-arbitre, de la conscience de soi, pour annihiler cette dévastation, qui ne grandit que sur nos vacuités.

Trop de monde, des idéologies, des empires, des commerçants, investissent sur cette lente dépravation.

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