Talking about Révolution

La fonction première d’un système d’information est de protéger l’intégrité des citoyens, ce qui est sans rapport avec la compétition, voire leur hystérisation, des opinions, lesquelles abolissent la notion même de possibilité de consensus fructueux raisonnable et raisonné.

Nous courons, au contraire, le risque de consensus stériles que nous nourrissons avec application et inventivité.

Le système d’information qui est sensé faire vivre la démocratie, l’enrichissement de la délibération et le raffinage des décisions, produit en fait un découplage au réel et une stérilisation de la vie publique.

Qu’il soit soumis aux lois du buzz, à la compétition des réseaux sociaux, aux effets du relativisme, sous les coups de boutoir du wokisme, des fake-news, n’enlève rien au fait qu’un système d’information digne de ce nom ne peut pas se trouver d’excuse s’il faillit à protéger l’intégrité de l’Homme et du Citoyen.

Il est impardonnable si, comme cela peut être constaté aujourd’hui, il produit du paroxysme sur les sujets frivoles ou trompe-l’oeil (« affaire » Depardieu, par exemple) et de l’indifférence, voire de l’auto-amnésie, sur les enjeux existentiels (ingérence russe dans les démocraties et conditionnement progressif de la sensibilité des masses aux sujets et polémiques qui caressent l’opinion dans le sens du poil).

Il substitue, par les biais qu’il a laissé ses développer en son sein, sous prétexte, en apparence vertueux, de la liberté de débat, au libre-arbitre une artificialisation des ressentis dupliqués.

Le peuple français ne s’est pas érigé en peuple libre pour accepter d’être asservi à la multiplication de gourous, de séducteurs, de démagogues, de moulins à vanité. Il ne s’est pas dressé dans l’histoire pour se laisser ainsi épuiser.

La force de la République française tient à la faculté de conscience dont est capable le peuple pour maintenir sa présence dans l’histoire.

La France a gagné ce droit. Elle ne doit pas le dilapider car ce temps, ô combien dangereux, a besoin de la voix singulière d’un peuple qui sait qui il doit être et rester, et ne s’en laisse pas conter.

La République française, dans l’histoire, doit toujours faire retentir son sens aigu de ce qu’est la liberté. La manière dont on s’en saisit ou par lequel on l’exerce n’est pas la même tout le temps.

La France ne s’est proclamée pas à fleur des épidermes mais à profondeur des consciences.

Et ce n’est pas autre chose qui cette puissance d’éveil qui fait se dresser les poils et tressaillir l’âme.

Faut-il que nous ayons dérivé loin dans notre propre connaissance de ce qui nous constitue pour sembler à ce point étrangers aux principes éclairés qui, au cœur de la grande pensée républicaine qui est la nôtre, doivent gouverner notre discernement collectif ?

Si elle se sépare de ce qui la rend irrésistible, au motif des ambiguïtés de l’histoire, des procès en « colonialisme », de la pression de forces externes et internes, la République française redevient ordinaire et renonce à la faculté qu’elle a saisi pour dire : « Je libère l’Homme ».

Alors que tant de nouveaux jougs pèsent sur son destin, partout et sous tant de formes, ce serait un malheur pour le monde qu’elle abandonne ce qui constitue, devant la grande histoire humaine, son inaliénable promesse.

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