Manifeste pour une Europe de la confiance

Les élections européennes seront-elles l’occasion de pérorer sur le souverainisme de gauche et de droite et ses liaisons fatales à la Russie, sur l’avenir du socialisme français, sur la fatalité des populismes, sur les errements des Républicains, sur nos propres difficultés ? Ou est-ce l’opportunité, pour chacun des citoyens, d’user de la liberté de voir plus loin que le bout de ses idées, de ses convictions ?

Les partis politiques commencent à se mettre en ordre de marche et on entend, déjà, des arguments politiciens, usés jusqu’à la couenne. Toujours à peu près les mêmes, fonctionnant sur les ressorts de l’émotion, de l’indignation, sur la longueur d’onde des réseaux sociaux et du trafic de l’influence qu’ils peuvent avoir sur les résultats électoraux.

Le scandale Cambridge Analytica n’a fait que porter jusqu’à sa logique la plus ultime le fonctionnement du Politique au cours des 25 dernières années, avec sa structuration qui fige et détermine tout, l’industrie sondagière fixant la phénoménologie politique dans un registre duquel rien ne semble pouvoir échapper. L’optimisation propagandiste est effrayante, mais elle ne fait en quelque sorte que rationnaliser à l’extrême des pratiques plus ou moins existantes.

Il s’en échappe pourtant des choses. La République en Marche s’est libérée de cette gangue. Il a fallu un exceptionnel concours de circonstances pour que cette force émerge. Il ne faut pas que ce soit pour rien.
Mais il s’échappe de cette boite noire encore trop de monstres, des monstres avec des figures humaines, comme en Amérique, ou des monstres à tête de Léviathan, comme en Russie.

Ces monstres doivent retourner dans leurs boites.

Il faut que la République en marche, devenue Renaissance, Renew pour l’Europe, apporte quelque chose à la conscience publique, d’abord ; à la conscience politique ensuite. Les élections européennes qui s’approchent en sont l’occasion.

C’est sur ce plan que la contribution politique du mouvement sera mesurée.

Le plus important au cours des élections à venir, ce n’est pas, comme je l’entends, de former et cristalliser des courants d’opinion. Les futures batailles de l’opinion, telles que je les vois se former, sur des thèmes qui ne sont certes pas tous à négliger, sont celles de l’espace médiatique. Je ne suis pas sûr qu’elles soient au cœur de l’enjeu politique du moment.

Le seul réalisme du Politique,
c’est de changer le peuple

Ce qui est important, c’est l’esprit citoyen, l’esprit public. C’est lui qui sauvera certains adolescents des banlieues d’eux-mêmes comme combien d’autres, ailleurs, dans des lieux parfois privilégiés mais tout aussi en proie au désœuvrement et condamnés à d’autres formes de cynisme et de désenchantement.
Il faut avoir le courage de « changer » le peuple, c’est à dire de le rendre toujours plus à sa vertu, à sa dignité, à sa lucidité et à sa grandeur.
N’ayons pas peur de le dire : le seul réalisme du Politique, c’est de changer le peuple. C’est sa noblesse absolue et sa raison d’être.
L’autorité des institutions émane de cela. La grandeur de la France est liée à cette conscience qu’elle doit avoir, toujours, d’elle-même

Les surenchères, associées à des discours plus ou moins climato-apocalyptiques, sur tous les sujets, se multiplient. Il n’est pas certain que tous aient d’autre utilité, ni d’autre fonction, que celle de désorienter davantage le citoyen, de segmenter une partie du « marché » démocratique en tribus d’opinion et de permettre aux uns ou aux autres de prendre sans vergogne une option sur la zone d’influence ainsi construite.

C’est le Yalta de la citoyenneté. Celui qui désabuse et désespère le Prince de Salina dans Le Guépard de Giuseppe Tomasi di Lampedusa : « Tout changer pour que rien ne change ».
Cela n’est pas la démocratie altière à laquelle il faut aspirer pour notre pays, pour l’Europe. Pour éclairer jusqu’au bout de la nuit.

L’esprit partisan est ce que la Ve République a voulu défaire. La Ve République a voulu l’éloigner, autant que faire se peut, de notre démocratie.
Cet esprit partisan revient et s’engouffre partout. La tentation est de le consacrer, lui et son frère: l’esprit polémique, d’installer définitivement l’antagonisme d’opinion, comme horizon de la démocratie.

Les médias adorent déjà cette république et cette démocratie sur laquelle ils commencent à régner, et sur lesquelles ils auraient, s’il advenait, que nous succombions à leurs arpèges, un pouvoir exorbitant sur ce que nous croyons penser ou sur ce que nous croyons devoir penser.

C’est l’horizon fatal et monstrueux qui se dresse devant nous.

L’Amérique de Trump, qui sera prise dans le vertige de l’attaque du Capitole du 6 janvier 2022 jusqu’à ce que justice passe – et elle passera -, nous dit ce qu’est cet horizon.

Alors. Alors. Alors.

Les élections à venir se laisseront-elles détourner de leur objet par l’organisation de stratégies qui renouent, performance en plus, avec l’agitprop des bolchéviques, avec leur lot de mises en scènes médiatiques.
Le retraitement infini de rhétoriques crypto-marxistes conduisant vers de nouvelles impasses, au nom d’utopies altermondialistes et d’extrémisme écologique : est-ce ce que nous voulons ?

Pendant ce temps, l’extrême-droite attend que les fruits tombent dans son escarcelle parce que c’est comme cela que cela s’est passé ailleurs.

Marine Le Pen veut toujours revenir au peuple mais elle ne veut pas le changer.

C’est symptomatique.

C’est un peuple qui renie sa grandeur d’âme et de corps, un peuple qui court à sa perte, c’est ce peuple qui lui convient, qui convient à son emprise.

Si tout est écrit et si nous sommes condamnés à reproduire les erreurs, le temps qu’elles traversent l’Atlantique ou la Manche, alors la démocratie et le libre-arbitre ne sont que des sujets de philosophie destinés à faire suer les candidats au baccalauréat de tous les lycées de France.

Dans ce cas, il faut se résoudre à l’abstention. Il faut se résigner à reculer devant la force des choses, en prenant pour excuse que nous ne serions que les jouets de forces occultes, incapable d’agir sur notre destin, incapables d’imposer qui nous sommes.

Le complotisme est le levier de cette impuissance. Regardez bien ce qu’il tente de manipuler en chacun et, à ce titre, il n’est pas inutile de se demander quel maître il sert, car il en sert un.

Car il y a toujours un maître qui est servi lorsque le livre-arvitre est abandonné aux peurs et aux illusions.

Je crois, au fond, que c’est celui, par un entrelacs de fils et d’aiguilles, le maître de la destruction du monde dont il s’agit.

L’Ukraine est un bout de ce champ de bataille. « Slava Oukraïni » n’est pas une exhortation usurpée.

Oui, c’est vrai que tous les peuples ont le droit de se tromper. Le peuple américain a le droit de se nourrir de la grandeur obscène que lui a fait miroiter le 45e président des Etats-Unis. Une partie du peuple américain a le droit de croire que l’Histoire est un magasin de farces et attrapes.

Nous, peuple français, n’avons pas le droit de nous résigner ni de nous tromper. Le gouvernement de Vichy a consommé pour toujours ce droit.
Nous n’avons, depuis, que le devoir de briller.

Alors, nous devons dire que le peuple peut, aussi, conjurer ces menaces, voir l’ombre invisible qui le drape de sa fallacieuse sympathie.

Nous pouvons montrer le choix ardu qui subsiste : manifester son libre-arbitre. Une fois épuisé à son sujet ce qui est insignifiant et dérisoire, la politique est là pour permettre à chacun de construire et manifester son libre-arbitre, et signer, ainsi, de la plus belle et de la plus noble des manières, sa souveraineté.

La souveraineté est bien davantage qu’une affaire d’opinion ou de conviction. Elle est une édification.
Les apôtres de l’antisystème, la plupart du temps, n’en veulent qu’à votre opinion. Ils se fichent du libre-arbitre et de la souveraineté.

L’Afrique n’a pas besoin d’un nouvel esclavagisme

Il y a, de par le monde un immense besoin de dignité. La dignité est essentielle. Elle est liée au libre-arbitre. Elle est facteur de souveraineté authentique.

Pour fainéant qu’il ait été taxé par certain de ses successeurs, Jacques Chirac avait identifié ce besoin, anticipé cette perte et le désastre dont cela pouvait être annonciateur.

Le peuple russe a le droit de sacrifier son honneur au mensonge. Il a le droit d’entretenir la machine à opprimer et à laver les cerveaux, ce qui lui permet de s’accommoder des pires turpitudes. Il a le droit d’oublier qui il pourrait être.

L’Afrique, aussi, dit quelque chose de ce premier quart de XXIe siècle. Elle ne nous le dit pas par la voix d’officiers en mal de reconnaissance et de putschistes maniant l’excitation anti-occidentale, anticolonialiste. Elle dit par l’impuissance institutionnelle qui ruine la dignité des Etats au moment où ils se construisent et établissent les bases de leur nation.
De mauvaises fondations ne permettront pas de construire les nations sur lesquelles l’Afrique mérite de grandir et prospérer.

En faisant des pans entiers de sa population des pantins de la désinformation, des fantoches politiques sabotent aussi l’espoir de toute l’Humanité. Ils rendent vieux le continent de notre Origine qui demande à naître neuf.

L’Afrique a besoin de dignité. C’est sur la dignité, la dignité qui appelle la soif d’instruction, qui lie les gens entre eux au sein d’une œuvre collective identifiée comme nation, qu’elle se construira.

Elle ne nous le dit pas par la voix de quelque capitaine en mal de reconnaissance ou celles de ses éternels putschistes ou encore celle des imaginatives fermes à trolls, qui exploitent, de manière industrielle et nocive, la capacité, lié au psychisme des masses, d’exciter l’opinion.

L’Afrique n’a pas besoin d’un nouvel esclavagisme, de cohortes placées sous la coupe de ces agents d’influence plus ou moins extérieurs qui prolifèrent pour conditionner des individus enchaînés à l’ignorance et à la duperie.
Elle a les moyens de forger son libre-arbitre. Nous devons lui reconnaître cette faculté et l’aider, si elle le souhaite, à l’exercer pour elle-même, pour la qualité du monde auquel, elle aussi, doit porter sa pierre à l’édifice.

Le blasphème d’aujourd’hui

Est-ce qu’en 2024 les élections européennes peuvent se dérouler sans regarder droit dans les yeux ce qui se passe, la coalition du grand désordre mondial qui se compose ouvertement et nous menace ?
Non.

La Russie, son intelligence, empoisonnent nos démocraties par de la désinformation massive, par ce qui subsiste de sa probable séduction idéologique et, vraisemblablement, une exceptionnelle capacité de corruption.

Longtemps, la Russie l’a fait insidieusement. Elle le fait aujourd’hui ouvertement.

L’Europe est là. L’Europe a dans son sang le contrepoison pour sauver le monde. C’est un contrepoison de l’éveil, de l’intelligence, de la fraternité. De la civilisation qu’elle a été capable d’élever jusqu’à des cimes inouïes.

La confiance est le défi de l’Union Européenne, de l’Occident aussi. La confiance est ce qui se voit d’elle dans le travail et l’inspiration de chercheurs qui ont répondu part l’ARNm au défi mortel qu’a imposé le COVID-19.

Dans un monde frappé par une crise sanitaire sans précédent, des esprits brillants ont collaboré, transcendé les frontières nationales et les intérêts particuliers, pour concevoir une solution qui a sauvé des millions de vies.

C’est l’Occident qui a réalisé cette preuve.

Cela aurait-il été possible sans un système qui valorise et encourage l’innovation, la liberté d’entreprendre et la collaboration, dans des économies autres que celles de l’Union Européenne, des Etats-Unis ou de Royaume-Uni ?

Au moment où un nouveau variant entre en scène, rappelons à nos concitoyens que la production d’une solution à l’échelle planétaire à une pandémie aussi grave que celle qui est toujours à nos portes mais que nous avons fait reculer doit être reconnue pour ce qu’elle est.

Insinuer le doute sur le travail de Ugur Sahin et Ozlem Türeci, est le blasphème d’aujourd’hui.

Certes, chacun est libre de blasphémer, de profaner un travail qui, par son caractère bénéfique, est sacré.

Chacun porte ce qu’il veut sur sa conscience, mais nous devons savoir et dire où nous nous situons, en tant que parti politique qui parle aux Européens, et pour quelles raisons.

La confiance est au cœur de l’Homme. Elle est à son essence. Elle alimente son innovation.

Nous en avons besoin si nous voulons progresser dans les domaines vitaux qui sont ceux que nous posent le XXIe siècle.

Sinon, nous devons renoncer au progrès, à la croissance. A tout ce qui fait notre monde actuel et auquel une Europe forte peut tant apporter.

Celles et ceux qui veulent la fin de la mondialisation, de la croissance, la fin du libéralisme économique, qui veulent un monde qui ne s’ouvre plus et se referme sur lui, qui s’en remettent aux nationalismes. Ceux-là rêvent de révolutions nationales, écologistes, bolivariennes, ou autres.

La République française est d’un autre alliage. Elle n’a pas d’équivalente. C’est elle qui proclame, si on la résume à son essence, par-dessus tout tumulte, la confiance en l’Homme.
C’est ce qu’a, après avoir noyé des prêtres, profané et bouffé du curé, établi la doctrine de la laïcité, c’est ce qu’a fini de faire la fille aînée de l’Eglise pour les siècles des siècles : porter l’Homme aux nues.

Et nul n’a le droit, sinon à passer pour ridicule, de dire que cet effort sublime n’est rien.

Le temps des élections européennes de 2024 est celui de la restauration de la confiance.

L’Europe doit se fonder en espace de confiance, car la confiance crée les conditions de l’unité.

Nous voulons une révolution de la confiance. Parce qu’elle ne se fait pas dans la violence des anathèmes, des injonctions idéologiques, et des électrochocs de classe.

La révolution de confiance produit des métamorphoses, tendant à rendre à chacun la conscience de sa fonction, de son espace, de son utilité, de sa liberté d’avancer, d’œuvrer mieux et plus.

Pouvons-nous être l’espace politique, économique et social capable d’inverser la course du monde vers la brutalité ? De lui permettre d’échapper au processus de « décivilisation » qui semble inévitable ?

Telle est la question centrale.
Renew peut contribuer, en portant le bon débat, orienté de la bonne manière, au renouveau européen.

L’absence de devise sur l’€uro
nous rend orphelins

Je me souviens du moment où les premiers billets d’euro ont été émis. J’ai été frappé par l’absence d’une devise.
Une monnaie sans devise est incomplète. Son système a comme un goût d’inachevé.
Alors, j’ai mis ce motto que j’ai pensé derrière mon oreille, dans un coin de ma mémoire : « Nous croyons au meilleur de l’Homme » comme devise, en me disant qu’en latin : Credimus in Optimum Humanis et en Grec: « Πιστεύουμε στο καλύτερο του ανθρώπου » (Pisteúoume sto kalýtero tou anthrópou), il dirait ce que nous sommes ou entendons être.

L’absence de devise sur l’€uro nous rend orphelins de ce que nous aurions pu dire et annoncer de mieux quant à ce que nous sommes, en tant que continent et espace géopolitique, certes, mais avant tout, pour chacun, en tant que citoyen.

500 millions d’habitants unis par cette maxime et échangeant avec le monde forts nom de la confiance qui les unit, cela pèserait-il sur le destin collectif ? On ne saurait pas dire, au total, tout ce que cela pourrait inspirer.
Mais qui, parmi tous ceux qui aspireraient à intégrer cet espace, ne voudraient pas parvenir à se reconnaître dans cet espace politique et humain ?

Et y trouver, par cette voie, une légitimité que nul ne pourrait, a priori, contester.

Au fond, si je prends à rebours ma réflexion sur la devise qui aurait pu ou pourrait figurer sur nos billets de banques, sur nos pièces de monnaie, au fronton de la Banque Centrale Européenne ; nous aurions pu remonter le fil logique, le cordon ombilical, et aboutir ainsi, presque par déduction, à la trame épurée, délivrée de toute tentation idéologique, d’une Constitution européenne.

De cette manière, elle aurait pu ne pas échouer sur le plombier polonais, sur le procès en suspicion technocratique, sans doute exagéré, et le plan B.

J’ajoute, pour terminer, que l’adjonction d’une devise à une monnaie peut sembler superfétatoire, de l’ordre du symbole. Mais, il faut se souvenir que c’est pour conjurer la guerre civile qui a répandu tant de sang en Amérique qu’il a été décidé de mentionner sur le billet vert « In God we trust ».

Cela ne leur a pas mal réussi. Même si le leadership du dollar est contesté.

Enfin, l’actualité porte tout de même un mouvement de non-alignés grandissant qui voudraient concurrencer le G7 par une monnaie commune. Que dirait-elle au monde, avec le rouble au milieu ?
J’ai tenté cet éclaircissement dans : Discours sur la monnaie de la pièce.

A la République française.
A l’Europe.

L’UE, l’OTAN, sabre, goupillon

En réaffirmant, le 13 avril 2023, dans les colonnes de La Republicca, son euroscepticisme, sa volonté de voir la France quitter le commandement intégré de l’OTAN et celle de cesser de contribuer à armer le bras de l’Ukraine, Marine Le Pen s’éloigne des valeurs de la République.
Il ne faut pas avoir peur de le dire car cela correspond à une réalité objective qui mérite d’être mise en évidence.
Ce n’est en rien un argument de sophiste que de constater le fait, à travers ces trois projets fondamentaux, que la présidente du Rassemblement National et prétendante naturelle à la candidature suprême, accepte de faire de l’hymne national un chant étranger, un chant dépourvu de vibration, décharné.

La Marseillaise est le chant patriotique par excellence. Il est la quintessence, depuis l’origine, de la République. Il exhorte à se lever contre la tyrannie.

Ne pas reconnaître ce chant pour ce qu’il est, c’est ne pas être tout à fait, déjà, dans la République française, dans sa beauté et sa grandeur.
La Marseillaise est notre diapason. La République française se règle et doit se régler, dans l’inconscient collectif, à cette vibration.
Il est possible d’objecter que les trois sujets sur lesquels elle souhaite voir la France manifester une autre souveraineté ne font pas l’objet d’un tabou et, qu’à ce titre, ils appartiennent au champ de ce qui peut être politisé sans remettre en cause l’identité nationale.

Il est possible d’en faire l’objet d’un débat. Mais opérer des telles ruptures est d’une portée qui engage le destin de la nation, plus gravement que le Brexit a affecté celui du Royaume Uni.

Altérer notre lien à l’Union Européenne, poser le bouclier qui assure notre sécurité et ne plus participer, auprès de nos amis et alliés, à permettre à l’Ukraine de se défendre contre la Russie contredit ce que dit notre hymne. Cela contredit ce que nous sommes. Cela contredit la République.

Que Marine Le Pen se le dise: car notre hymne, à l’instar de la Révolution qui a animé nos ancêtres, possède une résonance universelle. Les Ukrainiens combattant pour leur liberté et leur souveraineté agissent, vivent et meurent en accord avec le grande vibration que La Marseillaise a fait naître.


En revanche, les Russes, auxquels vont sa sympathie pour des raisons sans doute humainement complexes, personnifient la tyrannie.

Nous traversons une période de grand trouble moral, intellectuel. Nos institutions sont menacées.
Dans ce contexte, il est possible de se tromper de chemin. La France, humiliée, l’a fait en 1939, en perdant le fil de son histoire.

Elle aurait mieux fait d’écouter Rouget de Lisle qu’un vieux maréchal, dépassé par les événements et terrassé par les ambiguïtés d’un monde nouveau qui s’apprêtait à naître dans la destruction de l’ancien.

Il faut écouter La Marseillaise.

La République Française ne se sauve qu’au fond des choses. Elle n’est pas dans la frivolité même si elle est aérienne et sait danser.
La République française a rêvé de changer le monde. Elle est née avec la découverte d’un immense et insoupçonnable sentiment de liberté et a levé l’ambition d’insuffler l’esprit des Lumières sur l’Europe.
Napoléon y a échoué, mais Jean Monnet l’a initié.
L’Union Européenne réalise un rêve de grandeur française pacifiquement, par le gré commun.
C’est là le second point où Marine Le Pen, qui est la figure de proue respectable d’un courant de pensée réel et significatif a tort, aussi.

Et c’est là qu’il faut le prouver, le démontrer par A + B, de la présence de chaque individu du vaste territoire que nous composons jusqu’à la vibration attendue de l’€ dans le système monétaire international.

Cela adviendra.

Et l’OTAN, dans tout ça, elle assure entre ses membres la protection d ‘un ensemble de valeurs communes, à commencer par l’attachement à la démocratie.

Marine Le Pen dénonce l’UE comme un « totalitarisme ». La République française, à travers ses institutions et son régime, comme « non démocratique « .

Elle leur préfère la « grande » armée russe de soudards et de mercenaires défendant un régime vicié à l’OTAN, organisation d’un traité qui est notre assurance vie.

L’OTAN constitue une « sainte » alliance, dans la dimension de la doctrine et de la sécurité collective. Elle n’est pas animée par une volonté hégémonique primaire mais par le fait qu’elle est au service de valeurs qui forgent l’intérêt d’ensembles vivants et dynamiques et que sa force légitime est puisée dans la vie qu’elle protège.

La Russie peut pleurer. Elle n’a pas ce caractère. Pour être inviolable, il ne faut pas dresser ses soldats pour tuer et violer. Ce qui menace la Russie, c’est un service à la vie, au dynamisme culturel, social et économique, qu’elle ne peut pas générer et dont elle voudrait que nous, nous renoncions à le générer.

Marine Le Pen n’est pas au bout de ses contradictions. J’ai bien peur qu’elle ne puisse avoir raison qu’à petite échelle du raisonnement historique, qu’à petite échelle de la conversation humaine.

Ce n’est pas suffisant aux yeux d’une grande majorité de Français, dans leurs cœurs surtout, pour diriger la France et pour être la voix de la France.

Gardons donc nous de céder à la tentation de la facilité. La France a besoin d’une conversation nationale profonde pour élever et maintenir la société à ce niveau d’amour et de pensée patriotiques.

Nous voyons bien les forces qui tentent d’immobiliser l’esprit à des émotions, des images, des slogans, du charivari et couvrir l’espace par l’incessant bourdonnement médiatique sensé empêcher quiconque de penser au delà de son brouillard.

Retrouvons la liberté de penser haut et grand.

Marine Le Pen ne peut compter que sur des malentendus et des effets de sidération (le terrorisme a pour vocation de provoquer cela) pour accéder à l’Elysée et imposer son projet de désarmement moral, militaire et politique.

Son programme, effilochage par effilochage, conduit à cela.

Il ne lui est pas interdit d’y croire.

Mais je voudrais rappeler que la République française fait appel à du sacré, du vrai sacré, qui fait battre le cœur du soldat et habite l’âme des modestes et des humbles, des Ouvriers.
Tout le monde est ouvrier en son sein.
Elle domine le chaos par ce sens du sacré.

Oú est-il au RN? Oú est-il à LFI?

Je viens de lire que c’est Georges Clemenceau le premier à avoir utilisé l’expression « la sainte alliance du sabre et du goupillon », sans que je décèle, a priori, la connotation péjorative qui est devenue son commun.
A tort?
Clemenceau n’est pas républicain ?

La République, c’est la responsabilité de tous

La gauche, lentement mais sûrement, a fait du concept de justice sociale une tromperie. Elle l’a vidé de toute substance. Elle a trahi Jaurès en faisant un fonds de commerce du cri du cœur et de révolte initiaux qui justifiaient sa cause. Elle a défiguré et trahi l’idéal social et humain. Elle trahit aujourd’hui en prétendant la défendre la dignité du travailleur et du citoyen. Elle est méconnaissable.

Les syndicats, même s’ils se gargarisent d’un million et demi de personnes défilant dans les rues, y concourent en souscrivant à une arithmétique des petits calculs quand la France, pour elle-même autant qu’au sein d’une Europe vouée à la grandeur si elle a les reins assez solides et les idées à la hauteur de ce qui doit l’inspirer, a surtout besoin de grandes équations nouvelles.

Où va, sinon au désastre, une démocratie emportée par une surenchère sociale où tout finit par procéder par une illusion d’optique qui dépossède le peuple de son rapport au réel ?

C’est le rapport que le peuple entretient au réel et à ce que le réel exige, qui fonde sa dignité. C’est valable en temps de paix. C’est valable en temps de guerre. C’est invariable et c’est intimement lié à la manière dont on conçoit son devoir et qu’on honore, quel qu’il soit, son rang.

Ce n’est pas autrement, surtout, que chacun rencontre sa véritable grandeur qui n’est pas limitée à un statut social et qu’il confère ainsi à la République la vertu essentielle qui lie, par leur interaction et leur complémentarité, l’ensemble des citoyens en une nation, en une grande communauté d’effort, d’intelligence et de destin.

Toute politique, tout esprit partisan, qui corrompt ou occulte cet esprit brade le peuple à des illusions. Toute politique qui corrompt ou occulte ce caractère plutôt que de l’entretenir et le mettre en valeur est impardonnable car il dissout la dignité du peuple et le voue au malheur.

Lorsque l’on fait battre, au peuple ou à partie de lui, le pavé au nom de slogans faux et cyniques, rieurs ou haineux, on profane le peuple et les conséquences, longtemps invisibles et insignifiantes, s’installent et elles finissent par être la source de maux irréversibles et généralisés qui stigmatisent la société en la rendant, morceau par morceau, de l’école aux enjeux de la solidarité entre générations, insoluble à elle-même, privée d’horizon.

Nous avons tendance à oublier que la République, c’est la responsabilité de tous. C’est par la recherche constante de la vérité et par le mépris des démagogies que la République émancipe. C’est en y cédant qu’elle asservit, détourne du commun. C’est en entraînant à y céder qu’elle aliène.

Il n’y a pas de République sans responsabilité.

Le politique comme la démocratie n’ont de sens et de vérité qu’à cet aulne.

La nature du pouvoir ne se vérifie et ne renouvelle sa substance que sur cette crète.

Ce sont des dimensions vivifiantes que le peuple français doit rechercher et resacraliser.

Le long cours de l’histoire témoigne que rien de bon ne peut émaner des masses que l’on pervertit, mais, qu’au contraire, peu de choses résistent à un peuple animé par l’idée claire de ce qu’il se doit à lui-même.

Ce peuple-là peut avancer sans crainte dans l’histoire. Il gagnera sur tous les plans.

La société française n’a pas besoin de révolution institutionnelle.

Elle a besoin d’une révolution du sens et chacun devrait voir, car cela crève les yeux, qu’elle souffre et s’égare du fait que cette révolution essentielle ne lui soit point donnée.

En attendant la fusion nucléaire

La technologie de la fusion nucléaire doit libérer, à terme et lorsqu’elle sera pleinement éprouvée, le monde de la servitude aux énergies fossiles et à la dépendance à un combustible rare.

Elle changera la face du monde en permettant de s’affranchir des chantages énergétiques et, dans une limite à vérifier, de sa cherté.

La communauté internationale doit impérativement préparer les conditions de cette transition avec les pays producteurs d’hydrocarbures, particulièrement de l’OPEP, pour lisser au mieux, sur la période conduisant à l’émergence de centrales à fusion, la préservation des intérêts vitaux respectifs.

Si nous devons éviter, nous qui sommes consommateurs, des tensions qui nous impactent si durement aujourd’hui, grâce à des tiers, nous devons garantir à ces pays, à la communauté qu’ils forment (OPEP -), un mécanisme de retour en matière de stabilité.

On ignore combien de décennies seront nécessaires pour aboutir à la maturité de la fusion, mais l’attitude agressive de la Russie oblige dès aujourd’hui à calculer ce changement d’horizon et à se garantir mutuellement, dans un cadre à définir, des risques d’un effondrement systémique.

De tels accords ne peuvent pas impliquer des États qui ont une approche égoïste voire criminelle de leurs ressources.

Sans relever formellement de tels mécanismes, le Mondial Qatar 2022, dévoile des perspectives sur lesquelles construire.

Le sujet stratégique est sur la table.

Il n’attend qu’à être enrichi.

Le monde antipolaire, selon Poutine

Poutine construit le mythe d’une Russie bastion d’un monde multipolaire face à l’« hégémonie de l’Occident ». Mais la principale à menacer le monde multipolaire, c’est la Russie. Le monde selon Poutine ne serait pas multipolaire, mais antipolaire.

Je veux juste dire que toutes les nations et les grandes puissances, leurs peuples affranchis, doivent craindre l’engrenage et le passage d’une ère – celle que l’ONU a inauguré en 1945 – où il était possible de construire à celle qui se dessine aujourd’hui et que l’agression de l’Ukraine par la Russie précipite.
Celle de la destruction mutuelle.

C’est cela l’enjeu.

Les forces que la Russie a mis en œuvre doivent se retourner contre elle

Pour avoir été le premier et le seul à avoir décelé, quelques jours à peine après qu’ils eurent été perpétrés, la probabilité que les attentats de 11 Sept 2001 avaient pour principal objet d’atteindre le socle stratégique que représentait l’alliance entre l’Arabie Saoudite et l’Occident, j’attire l’attention des membres de l’OPEP et, particulièrement, de l’Arabie Saoudite, sur la nécessité d’être du bon côté de l’histoire lorsque la chimère géopolitique russe, qui n’a pas sa place en ce monde, va s’écrouler.

Le rôle pris par le royaume saoudien à la demande des Etats-Unis, de 1985 jusqu’à son effondrement, dans la chute de l’Union Soviétique est considérable puisque cela a privé l’URSS des ressources budgétaires qui lui étaient nécessaires, conduisant à l’asphyxie économique du bloc.

Personne ne me fera croire que, au sein du KGB, puis du FSB, et notamment autour de Vladimir Poutine, cette responsabilité n’a pas fait couver le feu de la vengeance la plus froide et qu’elle a revêtu la forme, par exploitation de l’effet d’aubaine ou dans le cadre d’un noyautage plus subtil, des attentats de 11 Sept 2001.

Al-Qaida et la nébuleuse islamiste ont été, probablement, (l’Iran a été condamné https://wp.me/p5MpF4-1O7), les pions tactiques de la stratégie conjointe de l’Iran, ses officines et de la Russie poutinienne.

Après l’invasion de l’Ukraine, Sergeï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la fédération de Russie, est allé à Riyad rencontrer son homologue saoudien.


Quelques jours auparavant, Mohamed Bin Salman le prince héritier d’Arabie Saoudite dans une interview, publiée dans la Saudi Gazette, a pris ses distances avec l’administration américaine.

Je l’ai dit comme un avertissement – et surtout déploré – à plusieurs reprises, au cours de ces dernières années, c’est une grande faute de ne plus reconnaître ses alliés. On les abandonne à nos ennemis.

Il me semble que MBS en fait payer, aujourd’hui, d’une certaine manière le prix. L’OPEP se refusant à compenser le pétrole russe.

Qu’a bien pu dire Lavrov au cours de sa rencontre avec son homologue saoudien sur l’enjeu du prix du pétrole qui, comme en 1985, est un élément vital pour financer le fonctionnement de la fédération russe et la guerre en Ukraine ? La Russie a également des cartes en main par rapport à son allié iranien.

Ce qui s’est passé en 1985 doit aussi être encore sur la table ou, à tout le moins, à l’esprit de tous.

L’Arabie Saoudite est, à nouveau, en grand danger et doit disposer d’une solution, à l’intérieur de son ambitieux et légitime agenda de transition et de modernisation.

Le rapprochement avec Erdogan, qui, au moment de sa proximité avec Poutine, a sorti la vidéo concernant le sort de Jamal Khashoggi, représente aussi un élément qui doit retenir notre attention sur le jeu qui s’est opéré, ses tenants et aboutissants.

Il y a quelque chose qui ne peut être contesté. L’Europe, les Etats-Unis, la Turquie et l’Arabie Saoudite ont été, au cours de ces vingt dernières années, attaquées par la Russie comme jamais cela ne fut pratiqué pour renverser la géopolitique mondiale.


Elle a, pour parvenir à ses fins, usés de tous les registres et de toutes les armes possibles et imaginables.
Il faut que les forces qu’elle a mis en œuvre se retournent, les unes après les autres, contre elle.


Ma réflexion stratégique publié en 2016.
https://www.edilivre.com/vulnerabilite-des-democraties-a-l-age-de-la-mondia-2571dccb4d.html/

Discours sur la monnaie de la pièce

Si une guerre à quelques heures de Paris, et à la frontière directe de l’Union Européenne ; si une guerre engagée par la Russie ne suffit pas à ouvrir les yeux de nos plus éminents représentants politiques, pour ventiler autre chose que des slogans usés et des promesses éculées, alors que faut-il leur souhaiter ?

Une guerre encore plus proche, une menace plus directe qu’elle ne l’est déjà ?

Le sens des priorités doit saisir la nation entière. Il doit saisir le monde entier.

Face à la situation de guerre à nos portes, nous n’avons pas à pérorer sur le pouvoir d’achat. Nous aurons tout le loisir de le faire, si l’envie ne nous a pas quitté à ce moment-là, quand la guerre d’Ukraine sera enfin achevée et que la puissance belliqueuse russe aura été renvoyée chez elle.

Mobiliser l’électorat, c’est faire circuler le frisson de la vérité dans le corps social, jusqu’à son dernier pore.

Ce n’est pas vaticiner sur de petites variations démocratiques plus ou moins factices et exaltantes, qui n’enchaînent que des frustrations et des déceptions.

Nous avons à marcher, droit devant, sur le défi qui se pose à nous, sur le défi que la Russie de Poutine nous pose, pose à l’Ukraine, pose à l’Europe, pose aux Etats-Unis, pose à la Chine, pose au monde.

Il est grand ce défi qui nous attend puisqu’il nous oppose à une puissance sans scrupule qui est, de surcroit, une puissance nucléaire.

Soit nous fuyons ce défi, certains y seraient disposés, soit nous éludons la question qu’il nous pose en prétextant que cela appartient à la réal-politique, soit, au contraire, nous poussons l’analyse plus loin que la sous-tend et la fixe la guerre, et nous nous rendons alors en son cœur.

Et là, en ce lieu de la raison accomplie, par notre capacité à dominer intellectuellement la crise, prenons le dessus sur l’épreuve engagée par l’adversaire en étant plus profond et plus aiguisé que lui.

L’heure n’est plus à regrouper la nation autour d’un pacte de l’immobilisme qui ne dirait pas son nom, qu’il porte la marque de telle ou telle réforme prétendue majeure, mais de lever la nation autour du plus enthousiaste des pactes, celui de l’élan républicain élancé sur son ennemi : la tyrannie, l’injustice, la pauvreté.

Permettez-moi d’écrire la page d’histoire que nous vivons à Kiev, en Crimée et dans le Donbass, en synthétisant le réel dans sa forme la plus abstraite et pourtant la plus élémentaire.

Nous connaissons tous Marignan 1515, le 11-Novembre-1918, le 8 mai 1945, mais nous ne connaissons pas – d’ailleurs, ils ne sont pas indiqués précisément – les moments clefs de l’évolution de nos systèmes financiers.

Ces moments sont cloués dans l’inaperçu.

Ce sont eux ou à partir d’eux, pourtant, qu’il a été possible de réguler et d’opérer les grands bouleversements de ce monde. Ils ont permis les changements de braquets successifs, couplés aux révolutions industrielles, qui ont conduit à la mondialisation qui est là, « dans un monde fini » selon Paul Valéry.

Le rouble est trouble.

Il ne faut jamais oublier qu’un désir de puissance, et c’est ce type de désir qui anime la Russie de Poutine, passe par plusieurs stades de concrétisation pour transférer, au bout de cette alchimie, les gains matériels, spéculatifs et symboliques dans la monnaie.

Dans le rouble. Et le rouble est infiniment trouble.

Je ne suis ni ne me proclame pas l’ennemi de la finance.

Je suis son ami et c’est bien à un exercice sur le réel absolu auquel je me livre, en dépit de mes insuffisances, quand je dis que le Rouble essaye d’avaler le Hryvnia, qui est le nom de la monnaie ukrainienne et qu’il met l’€uro et le dollar au défi, tandis que le Yuan a gagné, de gré à gré, auprès des pétromonarchies le droit d’être une devise d’échange direct.

Dystopie ?

Non, que celles et ceux qui ont un doute sur l’acuité de cette représentation, séparée de l’accumulation de malheurs et de brutalité en cours, considèrent le chantage qu’exerce Poutine pour faire payer en roubles les centaines de millions libellés en euros correspondant au gaz et au pétrole que l’Europe achète quotidiennement à la Russie.

Au bout du compte, c’est dans le rouble et son rapport aux autres monnaies que va s’inscrire le destin de l’Ukraine, celui de la Russie, le nôtre et celui du monde.

N’en doutez pas ! C’est dans le rapport à une monnaie dont la devise dit en secret, à propos de ce qui anime son propre espace qu’elle veut étendre au nôtre, « Ici tout est mensonge », que le sort de l’humanité se joue en ce moment.

Il nous est impossible de nous plier à sa volonté.

Alors je veux bien faire un rêve ; je veux bien, pour la grande nation que nous sommes, pour l’Europe qui est notre souffle et notre inspiration, que nous fassions un rêve mais il n’aura pas la même poésie que celui de Martin Luther King. Il n’aura pas la même poésie ni le même lyrisme, mais il portera le même désir de fraternité, d’égalité, de prospérité, de partage, de dignité, de PAIX, pour que la monnaie reflète la puissance économique d’un ensemble ou d’une unité géopolitique, mais aussi son bienfait au monde. A défaut sa neutralité.

Ce n’est pas le cas, actuellement, de la Russie. Elle ne porte ni bienfait, ni neutralité.

Quel futur prix Nobel va établir la formule qui permettra de transcender l’indice Big Mac pour instaurer un indice plus exhaustif, prenant en compte des critères objectifs (allant de la performance de l’école au degré d’implication sociale ou démocratique du peuple, à son inventivité, etc), qui permette d’établir la valeur au change, inversement proportionnelle à son désœuvrement ou à la rente qu’elle procure, d’une monnaie.

Ceci est un rêve de choc de monnaies qui n’a rien à voir avec un rêve de choc de civilisations, qui le tempère au contraire et l’adoucit.

Si nous parvenions, autrement que par les opérations d’embargo, d’exclusion de systèmes tels que SWIFT, mises en place dans l’urgence pour contrer la Russie, à introduire cette fois durablement et mathématiquement cette dimension à la valeur financière et monétaire, alors nous aurions fait un bond en avant dans la paix et dans la sécurité collective.

Cela paraît utopique.

Si nous parvenions à dépasser Bretton-Woods et l’accord fixé en1944, la troisième guerre mondiale n’aurait pas lieu.

Elle serait exclue du champ du possible.

Elle sera rendue impossible monétairement.

Comment connecter la complexité économique du monde au système financier et monétaire sans passer d’un système de pensée archaïque, traînant des idéologies en lambeaux, à la pensée de Victoire sur l’empire de la fatalité, qu’il soit économique ou de tout autre ordre ?

Les monnaies virtuelles auraient-elles cette plasticité ?

J’ai du mal à croire que les monnaies traditionnelles, les monnaies concrètes et historiques, puissent être incapables de traduire la volonté générale si elle était exprimée avec suffisamment de génie et de précision.

L’intelligence artificielle progresse à vue d’œil. On parle même d’informatique quantique qui nous ouvrirait ses bras pour traiter l’information comme jamais elle ne fût traitée.

Il y a donc bel et bien un potentiel à saisir pour appréhender le réel à l’échelle où il s’invite à nous.

Je regrette d’avoir à dire que nous ne pouvons pas le laisser sur le pas de la porte. Il se vengerait.

Cela est une certitude.

Il y a une opportunité de gagner la guerre qui sévit en Ukraine sur le terrain monétaire, et de passer d’un système monétaire et financier impuissant, parce que non formalisé à ce qui devrait être pris en compte et qui ne l’est pas, sur le terrain des qualités et des vertus, par exemple, à un système qui y serait sensible, au moins sur les dimensions les plus déterminantes, comme l’agressivité étatique, la passivité morale d’un peuple.

Ce qui se passe depuis plusieurs décennies, la difficulté de l’adhésion à l’€uro, les questions de souverainetés qui déchirent l’opinion, peuvent être résumées à l’essence monétaire et à l’opacité des systèmes financiers qui accentuent, à tort ou à raison, un ressenti d’injustice.

La finance doit se rapprocher de la philosophie. Et la philosophie de la Finance.

Opérer une réforme dans le sens de la vertu de l’économie ouvrirait une ère profondément nouvelle et profondément moderne, et participerait à la refondation de nos économies, et par extension, de nos sociétés.

Dans le système de pensée de la Russie de Poutine, le rouble peut paraître solidement appuyé sur une montagne de matières premières diverses et variées (augmentées des réserves et gisements spoliés dans le Donbass) offrant à la fois un moyen d’assortir la diplomatie au chantage énergétique et d’assurer une économie de rente considérable, en déclinant toute responsabilité sur les effets tiers en matière alimentaire par exemple ou inflationniste.

Cela est-il possible ? De quoi pouvons-nous parler sinon d’empêcher cela, par des mécanismes d’analyse et de rationalité. Sinon, il adviendra que nous ayons à le faire, hélas, par d’autres moyens.

Le rouble est pourtant fragile de manière endémique. Il est malade de la Russie. Si ses rentes lui suffisaient, la Russie serait prospère et heureuse et le rouble reflèterait un pays et une économie de confiance.

Le régime que la Russie s’est choisie jusqu’à présent empêche son accession au bonheur.

En spoliant l’Ukraine, en faisant un braquage à visage découvert de la géographie et de l’histoire de ce pays, la Russie n’appréciera pas la valeur de sa monnaie pas davantage que le rang qu’elle occupe.

Elle ne voit pas que son propre effondrement a commencé au moment où premier orteil de ses soldats a franchi la frontière ukrainienne.

Le troisième millénaire, avec son ensemble de dérèglements climatiques, démographiques, économiques et la succession de crises, notamment géopolitiques, qu’il est susceptible d’engendrer, nous fait entrer, nettement, dans le besoin de redéfinir les fondements du système financier international et notre rapport à la monnaie.

Sinon ce troisième millénaire nous avalera et nous recrachera.

Il faut affirmer, peut-être par la voix singulière de la France, la volonté politique d’aboutir à cette révolution copernicienne et amener les agents qui opèrent le calcul des parités à intégrer des dimensions qui appartiennent à des typologies de bien-être social, de qualité de voisinage d’un régime considéré, les dimensions qui appartiennent, en définitive, à un monde meilleur, celui du chemin de notre unanimité, de notre cohésion trouvée ou retrouvée. A une forme de spiritualité qui incorpore la qualité de notre relation au vivant, aux enjeux démographiques, à l’écologie.

C’est le défi qui est lancé à la science politique et à la science économique, à l’universalité de la conscience humaine.

Il s’agit de dépasser Bretton-Woods.

Comment ?

Je ne le sais pas.

Mais je sais que nos peuples ont une insatisfaction avec le fonctionnement courant des systèmes financiers et monétaires et qu’il est difficile d’imaginer que cette insatisfaction puisse perdurer et nous accompagner tout au long de ce siècle au moment où des esprits malfaisants dressent les gens les uns contre les autres, en allumant et alimentant des foyers de dissensions et de haine.

Nous avons besoin de remettre à jour le système pour empêcher qu’une telle injustice – celle à laquelle se livre la Russie sous nos yeux aux dépens de l’Ukraine – puisse advenir, se généraliser et se perpétuer.

Nous sommes dans l’ordre nouveau de ce bannissement !

A l’évidence, l’ambition des alchimistes consistant à transformer le plomb en or a été réussi quand nous avons été capable de transformer le papier des billets et l’alliage quelconque des pièces en or.

Parachevons ce processus de transformation monétaire en synthétisant dans la matière et en digitalisant presque au niveau métaphysique la souveraineté du peuple européen comme la plus consistante des valeurs refuge, le plus constant des étalons.

Du point de vue historique, s’affranchir de l’or comme étalon a constitué une libération de premier ordre.

Entrons donc, aujourd’hui, de plain-pied dans une libération supplémentaire.

Peuples des horizons de justice, inventons-là, creusons-là, frappons cette monnaie qui fonde la confiance dans le meilleur de l’Homme.

J’ai pensé, depuis son émission, qu’il manquait à l’Euro une devise explicite qui dit qui nous sommes et le sens de notre œuvre commune. J’ai imaginé que les peuples européens, les peuples qui sont dans notre association, sont ceux qui croient dans le meilleur de l’Homme. Déclinée en latin, cela donnerait « Credimus In Optimum Humanis »

Quitter Athènes.
Vous avez dit « Crise de la représentation »?

𝐽’𝑒𝑠𝑝𝑒̀𝑟𝑒 𝑒̂𝑡𝑟𝑒 𝑝𝑎𝑟𝑣𝑒𝑛𝑢 𝑎̀ 𝑏𝑖𝑒𝑛 𝑚𝑒 𝑓𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑐𝑜𝑚𝑝𝑟𝑒𝑛𝑑𝑟𝑒.

Diplomatie…

La diplomatie est d’autant plus vitale qu’elle est au service d’une vision de l’avenir. Lutter contre Daesh ou Al-Qaida est-ce que cela fait une vision de notre avenir et est-ce que cela définit notre intérêt ?  Notre intérêt national se définit-il par la pression de l’opinion publique ?
Si nous analysons les actions de la Russie de Poutine, elles violentent pour la plupart nos intérêts vitaux à condition, bien sûr, que nous tenions notre appartenance à l’UE pour vitale, que nous parvenions à considérer comme n’étant pas une ingérence et une atteinte à notre souveraineté la promotion d’idéologies ultra-nationalistes en Europe visant à faire exploser l’UE, la déstabilisation aux frontières de l’Europe…
La Russie se trompe d’époque. Et elle voudrait que nous trompions, nous aussi, de temps pour ne plus en appréhender le potentiel qu’à travers le prisme de la peur que façonne, en génie pervers des phénomènes optiques, le terrorisme.
La Russie n’est pas notre ennemi ?
Ce qui définit un ami comme ce qui définit un ennemi ce sont le volume des intérêts communs ou divergents, ainsi que leur nature. Ce sont aussi les actions et les entreprises.
Telle qu’elle agit aujourd’hui, c’est à dire par capacité de nuisance, la Russie s’éloigne de nous. Si tant est qu’elle le soit, il ne faut pas souhaiter qu’elle reste une puissance mondiale car notre temps, et l’ensemble des intérêts qu’il met en jeu, appelle une autre catégorie de capacité, une capacité de bienfaisance et d’ouverture.
Avec la Russie de Poutine, avec l’Iran des ayatollahs, nous sommes loin du compte.
Il faut le regretter, pour l’humanité entière et la qualité de notre civilisation.

L’Europe, vache à lait du Front National

Il ne faut certes pas anticiper sur les conclusions que l’enquête tirera, mais, d’ores et déjà, le caractère d’exception que s’est forgé, au cours des années, le Front National en laissant l’apanage de la corruption et de la magouille aux autres formations politiques, est mis à mal. Si les soupçons de Bruxelles sont fondées, ce sur quoi l’office anti-fraude saisi par Martin Schultz, président du Parlement européen, est chargé d’enquêter, le financement des postes d’une vingtaine d’attachés parlementaires FN par l’Europe, révélerait une pratique des plus cyniques. Au total, c’est un montant de 7,5 millions d’euros qui est en jeu sur la législature. Lire la suite « L’Europe, vache à lait du Front National »