Selon des informations parcellaires, la Chine connaît des tensions internes autour de la personne de Xi Jinping. Le signal décisif sera donné demain à Budapest. Chacun l’interprétera de manière difficilement réversible.
La République populaire de Chine traverse une phase de recalibrage interne d’une intensité inhabituelle.
Au sein de l’Armée populaire de libération (APL), plusieurs strates de commandement semblent exprimer une résistance au changement de paradigme promu par le président Xi Jinping — celui d’une gouvernance morale et intégrée, articulée à l’Initiative pour une Gouvernance Globale (GGI), jugée compatible avec les principes et les objectifs des Nations unies, ainsi qu’avec le cadre multilatéral qu’elles incarnent.
Cette transformation se heurte à deux obstacles majeurs :
- d’une part, l’inertie d’un appareil militaire puissant, enraciné dans d’anciennes fidélités et une culture d’opacité ;
- d’autre part, la possible empreinte idéologique de l’influence russe, issue des méthodes de guerre informationnelle, qui ont progressivement fragilisé la résilience cognitive aussi bien des démocraties que des régimes stables.
Il n’existe aucune preuve concluante attestant que cette influence opère actuellement au sein de la hiérarchie chinoise.
Cependant, compte tenu du contexte international — et de la volonté constante de Vladimir Poutine d’intégrer le poids de la Chine, de l’Inde et du bloc des BRICS dans son rapport de force avec l’Occident — il n’est pas déraisonnable de considérer que cet enjeu puisse en faire partie.
La question n’est pas celle de Xi Jinping en tant qu’individu, ni de la structure interne du système chinois.
Elle concerne l’ensemble de la communauté internationale : la nécessité de limiter la capacité de la Russie à exporter son influence déstabilisatrice dans les institutions et cadres émergents de gouvernance mondiale.
Neutraliser cette influence n’est pas un acte dirigé contre un État ; c’est une condition préalable au rétablissement de la crédibilité et de la confiance mutuelle qui fondent la gouvernance globale.
Si la GGI demeure un instrument d’équilibre et de dialogue multilatéral, plutôt qu’un vecteur de domination, elle pourra contribuer à la stabilité internationale.
Mais si elle venait à être captée par une logique coercitive, les conséquences seraient systémiques et durables.
Budapest ne constitue donc pas seulement un rendez-vous diplomatique : c’est un moment de vérité pour l’ordre international, un test de la capacité des nations à réaffirmer des normes communes de gouvernance et à contenir la propagation des manipulations cognitives et informationnelles.
L’issue de ce moment déterminera si le monde s’oriente vers une coopération raisonnée ou une domination réciproque.

