Une tradition d’inconséquence pour guide

Aujourd’hui, le sentiment de révolte qui traverse le pays et mobilise nos magasins, ateliers et entreprises, est en train de grandir. Je crains qu’il ne rencontre rapidement ses limites.
A partir de là, qu’allons-nous faire, nous acteurs économiques de France, pour nous faire entendre et ne pas être ensevelis par le prochain ressac catégoriel?
L’union fait la force et une des nécessités est d’être nombreux pour être reconnus. Dans le cas contraire, c’est sans doute triste, nous n’aurions pas écho.
Mais si la République fonctionne de la même manière que la médiasphère, il faut qu’elle change et qu’elle se retrouve.
Nous n’avons pas vocation à n’être qu’un cumul d’unités de bruit médiatique.

Nous confions à nos enseignants la charge d’éveiller nos enfants à la responsabilité, à l’intelligence, à la dignité de citoyen, et nous nous en remettrions à la dérision d’une société de l’information dont l’alpha et l’oméga est le buzz.

Honte sur nous!

C’est une petite parenthèse pour dire que notre devoir est d’être la salutaire piqûre de rappel du réel.
C’est par la manière dont nous élèverons notre voix que nous devons réveiller notre société.

Pour cela, mon idée est qu’il faut fédérer au delà des chapelles et démontrer que notre intérêt n’est pas fondamentalement opposé à celui des moyens ou même des grands patrons. On veut nous faire croire que nos intérêts, héritage de la lutte des classes, sont divergents alors qu’ils sont complémentaires et convergents.

Ils doivent l’être. Par intérêt commun (*).

J’aime assez l’idée de la rédaction, par le monde économique, auquel est demandé la résolution de tous les problèmes inhérents de notre société, d’un cahier des doléances.
Nous pourrions établir ensemble par exemple que telle charge ne nous revient pas et revient à l’Etat, que telle autre mériterait une articulation plus judicieuse, moins de redondance.
Les contributeurs avisés ne manqueraient pas.

La bonne volonté anime la grande majorité d’entre nous et cette bonne volonté quand elle est trahie systématiquement finit par se transformer en désespoir, en violence et en cynisme.

L’enjeu pour nous n’est pas un autre.
Il faut être entendu de la manière la plus sérieuse qui soit pour que la manière de faire vivre l’économie dans notre pays s’améliore.
Cela vaut le coup, pour soi, ses enfants, son pays.
La chance que nous avons, c’est le crédit, ténu, qui reste à notre pays.
Il offre une petite marge pour se remettre utilement en question, mais nous allons céder à d’autres mirages voulus.
Il paraît qu’il y a un plan de 300 milliards d’euros pour l’Europe.
Faut-il rire ou faut-il pleurer de nous en remettre à une tradition d’inconséquence pour meilleur allié?

(*) Intérêt commun n’est pas un oxymore, non.

Notre pays mérite qu’on se lève

Notre mouvement, rassemblant les artisans, les commerçants, écrasés de charges, ne mérite pas d’être traité avec dédain par le RSI comme par le personnel politique. Je dis que la situation d’aucun d’entre nous ne doit être traité par dessus la jambe.
Pourquoi?

Parce que nous sommes les petits soldats de l’économie française et qu’on nous envoie en connaissance de cause au casse-pipe. Voudrait-on qu’on accepte d’être les victimes expiatoires de ce système qui se lézarde de partout et ne tardera pas à révéler malheureusement qu’il est sans avenir car sans cohérence à la réalité économique de nos entreprises.

Cela fait tellement d’années que le diagnostic sur la situation économique de notre pays est connue, répétée, que si quelqu’un l’ignore, c’est qu’il a vécu sur la Lune ou encore plus loin, en exil fiscal.
Cela n’est le cas d’aucun de nos députés, d’aucun de nos ministres, d’aucuns de ceux et celles qui nous dirigent. Lire la suite « Notre pays mérite qu’on se lève »

La survie des uns passe par la précarité des autres

Faut-il que nous soyons indignes de tout égard dans l’économie française pour que notre situation suscite si peu de questionnement et de soutien des politiques. Quand il s’agit de jeter en pâture à l’opinion des controverses idéologiques et d’enfermer notre société dans ses passions, le pouvoir est là, talentueux.

Mais pour s’indigner du sort de nos entreprises, là, il n’y a personne, sinon les inflexibles préposés à la réaffirmation de nos obligations fiscales et sociales, et les thuriféraires du modèle social français. Que le niveau des prélèvements et charges soit ou pas en adéquation avec nos revenus et nos moyens est semble-t-il secondaire.

Dans le bâtiment, milieu que je connais pour y évoluer, c’est une spirale terrible qui entraîne les entreprises vers un dumping qui érode et gangrène tout. Nul n’y échappe.

Cela nous place aux antipodes d’une saine concurrence. Lire la suite « La survie des uns passe par la précarité des autres »

Fête nationale au goût amer

En ce 14 juillet 2014, je remercie mon pays de n’avoir pas créé les conditions économiques qui auraient permis à mon entreprise artisanale de survivre. Demain, va commencer le cauchemar de la liquidation. Après avoir travaillé comme des forcenés trois ans durant dans le cadre de l’entreprise d’électricité générale/climatisation créée en 2009, il faut se rendre à l’évidence: le secteur du BTP est déprimé dans notre département (11) et n’offre pas de conditions de viabilité à une entreprise.
Nous pensions qu’en redoublant d’activité, nous trouverions l’issue.
Depuis quelques mois, nous avons travaillé à perte. La valse des huissiers commence. Le bien nommé « Régime Social des Indépendants » nous met le coup de grâce.

Oui, je suis amer en ce jour de fête nationale. Je revendique cette amertume car elle est légitime.
-Pas de salaire depuis plusieurs mois, sinon des renflouements sporadiques.
-Un marché atone avec une concurrence qui contraint à s’aligner sur des prix trop bas sinon vous restez sans activité.
-Des frais financiers exorbitants ( + de 15000€ sur 18 mois)
-Mon épouse à qui j’ai fait le cadeau de mariage, en 2011, de la faire caution des prêts de la société
-Mon ouvrier dont je dois me séparer
-Et aucune perspective sinon celle des dettes et d’un sentiment de honte et de culpabilité vis à vis des tiers (fournisseurs, clients) qui seront lésés.

Comment survivre à cela (perte de dignité, détresse économique, inévitable perte de crédit, etc)), quand on n’aura aucun droit et que le seul patrimoine auquel on a voué son énergie est la société que vous avez créé et qu’elle vous entraîne comme une pierre au fond, mettant en péril votre couple.

Je suis fatigué physiquement. Je sors lessivé moralement. Et j’éprouve un sentiment d’injustice et d’impuissance, comme après s’être investi dans un combat qui était, compte tenu de la situation économique de notre pays, perdu d’avance.

Origines: tant d’efforts vains

Impossible de savoir si nous survivrons à cet hiver.
J’ai perdu le sommeil.
Jamais nous n’avons travailler autant. Jamais la situation financière de l’entreprise comme de notre foyer n’a été si précaire.
Que craignaient les Gaulois déjà?
Ha oui, que le ciel leur tombe sur la tête.
Les nouveaux Gaulois craignent, eux, que les impôts, les charges sociales, les taxes, ne leur tombe sur la tête.
En quelques mois, la situation est devenu cauchemardesque et pourtant, nous avons augmenté l’activité, nous l’avons diversifié avec l’apport de la climatisation, mais l’ensemble de ces efforts est contre-productif.
Plus nous travaillons, moins nous gagnons d’argent
En fait, nous en perdons.
Depuis 2009, date à laquelle Solution Elec a été créée, il semble que nous n’ayons finalement fait que creuser notre tombe.