Tous les chemins ne sont pas sur la carte

Quelques semaines après les attentats du 11 septembre 2001, au sujet desquels j’avais écrit qu’il fallait faire assaut d’innocence pour surmonter le défi qu’ils imposaient à la civilisation, dans le Paris froid, je suis entré à Notre Dame de Paris pour confesser, devant un prêtre hébété par cet aveu, que je porterais une parole destinée à sauver le monde.

Il faut un courage insensé et sans doute incompréhensible au commun des mortels pour articuler de tels mots. Ils ont la faculté de foudroyer un homme.

Quelques jours après les attentats du 7 janvier 2015, mon esprit a été submergé par la douleur, mais alors que chacun déclarait la guerre à un ennemi qui s’autodésignait ostensiblement, mon intuition me conduisait à suspecter que nos réactions collectives correspondaient précisément à ce que les instigateurs de cette guerre invisible, qui est une guerre qui ne montre d’elle que ce qui favorise ceux qui l’engagent et la nourrissent,  attendaient qu’elles soient.

Les attentats du 13 novembre 2015 m’ont atteint au plus profond et fait toucher le limites de mon principe d’élucidation, celui auquel je me suis voué, qui se tarrissait dans le bain de sang provoqué par les terroristes de Paris.
Le soir même, sur la page facebook de l’Elysée, alors que tous accusaient le salafisme comme étant à l’origine du fléau djihadiste, je postais pourtant une simple phrase dans le fil pour y dire que cette précipitation était trop rapide pour être honnête.
Elle correspondait à une intuition.
Ce 15 novembre 2015, je m’endormais mal avec ces mots, comme tournoyant en un mouvement circulaire, dans l’âme: « Seigneur, montre-moi ce qu’il y a à voir ».
Le 16, j’écrivais, sur ce blog même: « La trotteuse du djihad et le pendule de la Révolution Islamique d’Iran ».
Et le 17 novembre 2015, approfondissant le sujet: « Sauver Bachar El-Assad? Pourquoi. ».

Tous les chemins ne figurent pas sur la carte.
Cela ne signifie pas qu’ils n’existent pas et ne méritent pas d’être ouverts. Cela ne signifie pas qu’ils ne mènent pas quelque part.

Je ne m’explique pas que – était-ce le 8 janvier, le 9 ou le 10 ?- au Monoprix, de la place de l’hôtel de ville de Narbonne, où je me rendis pour quelques emplettes, alors que j’étais à la caisse, j’ai entendu deux trois personnes, deux hommes et une femme, dire à haute-voix, de sorte que, peut-être, je l’entendisse: « Ce sont vraiment des imbéciles. Ce n’est pas à Paris qu’ils devaient réaliser leurs attentats. Mais ici. ».
Quelques minutes avant, ils étaient dans le même rayon que moi. Mon attention avait été attirée par leur comportement.

C’est très déstabilisant lorsqu’on pense et écrit, au moment où tout n’est qu’hystérie, désir de guerre, une série de textes comme celui-ci . Ce sont des coïncidences auxquelles il m’est arrivé d’être confronté.
En terme de probabilité, tout de même, ayant écrit ce que j’ai écrit et développé ultérieurement la thèse sur l’origine et les buts du djihadisme islamique, un tel épisode  relève du mystère.

Tous les attentats m’avaient plongé dans un état second qui était un état premier.
Ceux qui sont postérieurs au 13 novembre 2015 et notamment celui du 14 juillet 2016, n’ont pas provoqué, au delà de l’émotion, un tel bouillonnement.
Comme si le mystère était percé.

La réflexion stratégique « Vulnérabilité des démocraties à l’âge de la mondialisation »  est disponible en suivant le lien proposé ci-dessous:
https://www.edilivre.com/catalog/product/view/id/804719/s/vulnerabilite-des-democraties-a-l-age-de-la-mondia-2571dccb4d/#.WCTQrbV1A8o

Le moyen de guerre du djihadisme

La destruction, de pièces archéologiques au musée de Mossoul, il y a quelques jours (NDR: mars 2015), suscite une naturelle indignation.
Ces opérations ne sont pas nouvelles comme en témoigne la destruction des grands bouddhas de pierre de Bâmiyân (Afghanistan), en 2001, par les Talibans. J’ai pu lire, ici et là, que ce processus d’élimination culturelle était à rattacher à la dialectique religieuse du wahhabisme, producteur du refus d’historicité hors de celle de l’islam originel.

Je ne crois pas que nous soyons, pourtant, dans autre chose que de la communication de guerre.
Ce qui a été mis en scène, dans le musée de Moussoul, n’est qu’un énième film de propagande destiné à nous atteindre et à nous maintenir dans la définition qui s’est construite de ces actes et de ce qui les anime, et de nourrir ainsi notre animosité.
Ces statues jetées au sol et attaquées au marteau piqueur ou à la masse sont livrées à nous en images de la barbarie, comme le sont les mises en scènes de la mise à mort de victimes de ce terrorisme. Lire la suite « Le moyen de guerre du djihadisme »