Apocalypse, selon Poutine

Le fait que le régime de Vladimir Poutine assimile l’Occident à une “menace existentielle” dans la doctrine stratégique de la Fédération de Russie n’est à relier, d’une manière aussi aiguë, à aucun précédent historique.

La terminologie employée par la fédération de Russie porte la question de la guerre bien au-delà du champ de sa phénoménologie classique qui détermine sa rationalité.

Il s’agit pour Poutine de s’ériger en camp du Bien face à la « domination » insidieuse du Mal, d’en libérer le monde et d’être, ainsi, à l’origine de la création d’un nouvel ordre mondial.

Un régime qui fait cela, creuse sa tombe.

En prenant le risque d’engager cette dimension sémantique et un tel niveau d’essentialisation, la Russie n’ordonne pas, en effet, qu’une escalade des mots et des postures.

Vladimir Poutine matérialise, au nom de la Russie, une porte qui n’est pas celle du paradis sur terre puisqu’elle est celle des enfers.
Elle n’existe que si on la voit. Elle n’existe que si quelqu’un prend le risque de la désigner.

C’est ce que Vladimir Poutine vient de faire clairement.

Hitler et le IIIe Reich ont aussi, en rêvant simultanément d’une race aryenne dominant le monde et le débarrassant des Juifs, désigné cette porte et engagé la quasi-totalité de l’humanité dans les ténèbres de son entrebâillement.

De tels hommes ont inauguré l’ère de la calamité. Ils ont fait du XXe siècle le siècle d’un effondrement.
Faut-il vraiment que le XXIe poursuivre cette descente et en reprenne les prémisses ?

Ce qui est infalsifiable,
C’est que la lumière triomphe des ténèbres

L’auteur de Mein Kampf a donné un sens historique à l’holocauste et permis de définir la substance du crime contre l’Humanité.

Vladimir Poutine, lui, fricote du côté de l’apocalypse nucléaire.

Voyez, surtout, qu’il ne peut y faire que fricoter.

Mais Nous, les nations du monde, ce composé des hommes et des femmes de races, de religions, de convictions et de cultures différentes, au nom de la Liberté et de la dignité des Hommes, ne sommes pas des nations, des citoyens et des sujets, qui fricotons avec les thèmes dont dépendent le destin commun.

Pour peu que cela nous soit demandé par les circonstances, nous ne savons aller qu’à la profondeur des choses pour que, là même, vienne le règne de la Lumière et celui du dénouement.

Nul ne peut transformer l’ombre en lumière. Il est possible à un régime corrompu de maquiller bien des choses, mais la lumière reste la lumière et l’ombre demeurera l’ombre.
Ce qui est infalsifiable, dans l’ordre des choses, c’est que la lumière triomphe des ténèbres.

On le voit : la Russie n’a pas les moyens de parler clair. Elle louvoie sans fin, elle baragouine une langue qui n’est plus celle de Tolstoï. En guise de sceptre, elle arbore le balais brosse qui lui permet de laver le sol du sang qu’elle répand et elle demande qu’on s’incline devant lui.

Qui le fera ? Qui fera cette allégeance ? Qui aura l’inconscience d’y succomber ?

La Russie peut essayer de noyer les apparences, d’inverser tous les éléments de langage et les repères, elle n’est pas soluble dans le droit et l’élévation de la culture.

Elle méprise le droit. Elle vénère la force.

Elle s’adonne à une manipulation du psychisme national et international qu’elle livre à des charlatans. Qu’il s’agisse du patriarche Kyrill, d’Evgueni Prigojine, commandant en chef de Wagner et son armée de salopards, ainsi que des polyvalents des basses œuvres du régime.

Elle a anticipé, sournoisement, les conditions qui lui permettent de se poser en victime de l’agression préalable. Elle est allée à la bonne école de la dictature du prolétariat.

On se demande pourquoi la Russie tord le cou à la réalité ? Pourquoi elle ment effrontément à son peuple ainsi qu’au monde et pourquoi elle « inverse » le champ des valeurs?

Elle le fait car la réalité de qu’elle est, l’objectivité de son intention, ne peuvent être assumées. Il lui faut déguiser la réalité, travestir maladroitement l’Etat, lui retirer, à commencer par le respect du vrai, les attributs de sa dignité.

L’Armée, le Militaire, est l’extension de la dignité que se fixe l’Etat. Il n’y a pas d’armée sans honneur. Il y a des mercenaires et des soudards. Ses généraux, ces officiers, finiront par le voir.  

Nous sommes le siècle
qui a les yeux grands ouverts
et qui a l’âme centrée.

Vladimir Poutine porte l’apocalypse.

Il ne s’agit pas de l’apocalypse nucléaire.

Cette menace nucléaire, elle est brandie, virilisée, vectorisée par un arsenal fantasmé comme invincible, depuis des mois. Mais le maître du Kremlin ne mesure pas à quel point la montée à l’arme extrême, synonyme du feu nucléaire, à quel point cette instrumentation essentialise.

Au-delà de la terreur qu’elle est sensée inspirer, elle ramène à la réalité de l’enjeu, elle dépouille l’état du réel des artifices. Elle laisse transparaître, au delà de toute glose, le visage du régime.

L’arme nucléaire est un élément formel de la dissuasion. Elle met, symboliquement, une partie de la puissance des dieux dans des mains humaines.

Mais que personne ne laisse croire à personne qu’elle n’octroie que ce pouvoir, et que ce pouvoir est un gage d’impunité. Elle leur met, à l’égal de celui des dieux et à proportion du pouvoir de destruction, la mesure et le poids de la responsabilité.

Cela est inaccessible aux fous et aux clowns.

Ce qui est peut-être encore pittoresque quand il s’agit des gesticulations de Kim Jong Un est cela même qui est inconcevable s’il s’agit de la Russie.

La seule apocalypse que Vladimir Poutine lève en invoquant « une menace existentielle » est celle qui menace le Kremlin: c’est celle de la vérité. Elle ne se combat pas avec des radars, des batteries anti-aériennes ou grace à des engins hypersoniques, pas plus qu’avec des coalitions hétéroclites et trompeuses.

C’est la première et la dernière fois dans l’histoire de l’humanité, au sein de l’espèce humaine, que les nations doivent accepter de voir invoqué, au nom d’une menace existentielle que leur ferait subir une ou un ensemble de nations, ce risque de vitrification par l’une des leurs. Il n’y a pas de petite vitrification.

Mêmes celles qui y sont rétives, qui considéreraient que cette guerre n’est pas la leur, faisant primer leur intérêt strict, leur éloignement, sont happés par cette surenchère stratégique.
Elles ne peuvent ignorer ce vers quoi cette surenchère est le marchepied.

J’aimerai que nous en vinssions à la grande question finale.

Pourquoi Vladimir Poutine, en arc-boutant son système politique, social, étatique et militaire sur une menace existentielle, a creusé lui-même, tout seul, la tombe de son régime ?

La raison en est très simple. Elle n’est pas sybilline. Elle est comme un secret d’enfant.
Le Bien n’a pas d’ennemi existentiel. Seul le Mal, dans la langue propre à la conscience des Hommes, se place dans l’exposition à une menace existentielle, et il ne peut la subir que de ce qui incarne, à ses yeux, le bien.

Le Bien ne se définit pas lui-même et ne définit pas le Mal. C’est le Mal qui définit le Bien et se définit lui-même, en sorte qu’il n’y a pas de lutte finale entre le bien et le mal. Il n’y a pas de victoire et de défaite: n’est que ce qui doit être, distingué de ce qui ne le doit pas.

Ce fil d’Ariane ténu relie solidement, sans qu’elles s’en rendent forcément compte, toutes les civilisations en une. Il relie, lentement, invisiblement et un à un, tous les Hommes en une seule, unique et infinie conscience.

Elle a l’infini pour racine et témoin.
Il faut la dégager de la tourbe du relativisme et de l’existentialisme.
Elle donne sa cambrure à l’Etre, face au Néant.

De quel calcul saugrenu Vladimir Poutine a-t-il pu tirer pour conclusion
que l’homme qui préside au destin d’un milliard et demi de personnes
et qui est adossé à la grandeur d’un si grand et ancien empire
peut se laisser aller à l’hérésie,
et prêter l’honneur du peuple à la dépravation ?

Xi Jinping ne peut pas ne pas savoir
que nous sommes en un siècle qui ne l’accepte pas.

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Nous sommes le siècle qui a les yeux grands ouverts
et qui a l’âme centrée.

Pauvre Russie.

Profession de foi pour un avenir européen

Faute de se renouveler et de se grandir, nos sociétés sont en train de périr et elles ne le font pas sans provoquer de grands malheurs et de profondes souffrances. Le monde a atteint un point critique de son histoire sur laquelle s’amoncèlent les menaces et les risques, le chômage et la pauvreté, l’inégalité insupportable des conditions, et l’ombre d’un long temps de désœuvrement et d’œuvres factices, aptes à nous distraire, s’étend inexorablement sans changer cependant la nature des déserts.

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Sommet européen suppose hauteur

Ce serait une faute de penser l’Europe et son devenir en fonction du cours du Brent, du blé ou du titane sauf à faire l’aveu que nous n’y comptons pas de citoyens mais un agglomérat de consommateurs.

Des déclarations et des bémols sur la nécessité « de ne pas se punir soi-même en sanctionnant la Russie » que l’on entend déjà induisent notre renoncement.
Que la Russie mérite des sanctions passe au second plan.

Les vingt-sept ont l’occasion aujourd’hui à Versailles de faire de la politique dans un mode qui n’est plus dégradé.

Au fond des choses, dans un mode qui ne sera pas dégradant non plus.

Sommet européen suppose hauteur.

Le rouble saigne

Monsieur Poutine a admis que si elle ne pouvait honorer auprès de ses créanciers les échéances de sa dette dans la devise internationale, elle le ferait en roubles.

La devise officielle du rouble est « Ici, tout est mensonge ».

Le rouble saigne.

De fait, dans quels systèmes évolués auxquels il prétendrait concourir le rouble est-il interopérable ?

La Russie ne peut que gager son blé, ses patates, son gaz, et continuer de célébrer ce qu’elle croit être ses succès stratégiques en sabrant son champagne contrefait.

Une nation de troc et de marché noir nous est donnée.

Les routes de la soie peuvent paraître illusoires.

Le TAFTA est-il vraiment un ami qui vous veut du mal?

Nous sommes à l’heure du grand Croque-Mitaine. Il porte un nom, le TAFTA, et son acronyme est désormais fantasmé par un grand nombre de citoyens auxquels on fait croire, avec succès, que ce traité est nocif et qu’il constitue un complot dirigé contre eux par les élites européennes.

Depuis que le président des USA, Barack Obama, est venu dire à Hanovre le 25 avril 2016, son attachement à ce traité, en insistant sur le fait que la fenêtre d’adoption se réduisait insistant pour que cette négociation, entamée en 2013, aboutisse d’ici la fin de l’année, l’opposition se fait plus virulente.

Il ne s’agit pas d’aboutir au plus équitable des traités, il s’agit d’enterrer la perspective d’une zone de libre-échange qui permettrait d’insuffler, de part et d’autres de l’Atlantique, de précieux points de croissance et de dynamisme et, pour cela, de lever toutes les peurs possibles et imaginables.
Elles se bousculent au portillon.

Greenpeace portera-t-elle le coup de grâce. C’est apparemment ce que cette Organisation Non Gouvernementale, allant au delà de sa vocation d’origine qui regardait la protection de l’environnement, entend faire en annonçant qu’elle publiera 248 pages de documents confidentiels du projet d’accord de libre-échange commercial TTIP (ou TAFTA). Elle a annoncé dimanche que ces pages « confirment les menaces sur la santé, l’environnement et le climat ».

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Filets et entre-filets de l’anti-terrorisme

Reconnaissons que de telles choses sont trop fréquentes pour qu’on leur accorde autre chose qu’un intérêt limité. Cependant, en moins de quinze jours, un tribunal de New-York condamne, le 10 mars dernier [2016], l’Iran pour complicité dans les attentats du 11-09-2001 et le chef des Services de Sécurité Ukrainiens (SBU), le 22 mars [2016], soupçonne la Russie d’être compromise dans les attentats de Bruxelles.

Dans le cas du jugement new-yorkais, le magistrat s’appuie sur un dossier solide, des auditions, des pièces déclassées, et a statué au terme d’une procédure qui s’est déroulée sur plusieurs années, en faveur d’une thèse plaçant l’Iran au centre d’une vaste conspiration.

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Julian Assange, ses fantasmes sont sa prison

Julian Assange est de retour. Le fondateur de wikileaks possède une compétence rare. Il a l’art de se jouer des systèmes et des Etats, ce qui lui vaut d’avoir été à la fois placé sur un piédestal et d’être consacré comme la figure de proue du mouvement des lanceurs d’alertes.

Quelle période sinistre, tout de même, que celle qui fait peser sur certains Etats, le soupçon de manipulation, d’espionnage, de complot global, et porte aux nues un personnage aussi trouble que M. Assange dont on ignore tout des desseins qu’il poursuit, en se satisfaisant, parce que cela flatte la vanité médiatique, de l’idée  qu’il est un chevalier blanc mû par l’idéal de rendre la vérité aux peuples.

Depuis hier (5/02/2016), les médias se gargarisent donc du fait qu’un comité de l’ONU considère la situation de M. Assange comme « détention illégale » et qu’il a été « arbitrairement détenu ».
Les médias, qui considèrent M. Assange comme un des leurs et ont généralement pris fait et cause pour le fondateur de Wikileaks, raisonnent d’une étrange façon car M. Assange ne fait pas l’objet d’une détention.

Il convient de ne pas le perdre de vue. A sa propre demande, il s’est réfugié, pour échapper à des requêtes judiciaires liées à une accusation de viol sur laquelle il est impossible de se prononcer a-priori, à l’ambassade de l’Equateur à Londres.

S’il y a « détention illégale », où se trouve-t-elle sinon dans le fait de cette soustraction délibérée de M. Assange aux demandes de la justice suédoise et britannique. C’est lui-même qui se détient? Ou est-ce l’ambassade de l’Equateur qui le prive de liberté?
Peut-être, avec le recul, M. Assange a-t-il fait le choix de s’enfermer dans les propres fantasmes qu’il alimente et dans lesquels il tente de nous enfermer avec lui.

De Cologne à Zurich, les agressions sexuelles comme arme de terrorisme

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L’enlèvement des Sabines par David.

A l’unanimité, les protestations et la colère font suite aux révélations faisant état d’agressions sexuelles massives perpétrés lors de la nuit de la Saint-Sylvestre 2015, par plusieurs groupes mêlant notamment des Maghrébins d’origine et des réfugiés syriens.

Lorsqu’on parle de nuit, il faut apprendre à se méfier. L’histoire conserve en mémoire quelques-unes parmi les plus noires qui vont de celle de la Saint-Barthélemy à celle de Cristal.

Elles rodent toujours.

Après Cologne, où les autorités ont enregistré 170 plaintes, de nombreuses plaintes ont été enregistrées pour des faits similaires dans plusieurs autres villes en Allemagne, notamment Hambourg, et en Suisse, à Zurich où des bandes organisées ont sévi.

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FN, radicaux, souverainistes: la mue de l’Europe verra disparaître ses organes inutiles

7/10/2015 .- Sans être un inconditionnel du président de la République, M. François Hollande, je suis bien obligé, et satisfait de devoir l’être à l’occasion de la session plénière du Parlement Européen, de reconnaître en lui, cet après-midi, un homme d’Etat, animé par des intentions, une volonté, une sincérité d’homme d’Etat.
Et cette stature, quelles que soient ou puissent être les divergences par ailleurs, est rassurante, au fond, car ce que l’on doit pouvoir attendre de ceux qui président au destin d’un nation et à ce titre à la dynamique de l’Europe, c’est la stature et la capacité de parler et d’agir en dignité, et de le faire à la hauteur des enjeux comme des menaces. Lire la suite « FN, radicaux, souverainistes: la mue de l’Europe verra disparaître ses organes inutiles »