Faut-il un droit de la presse particulier en état d’urgence?

[Origine du texte : 8 avril 2016]

Même si le débat constitutionnel est refermé, je me demande dans quelle mesure l’état d’urgence, correspondant donc à une série de mesures adoptées pour faire face à la menace lourde qui pèse sur nous, ne devrait pas aboutir à une limitation, un encadrement, de la liberté de la presse, tout comme, finalement, à une limitation de la démocratie directe.

Il me semble évident, aujourd’hui, que des forces nourrissent et instrumentalisent avec une vigueur redoublée le potentiel que leur offre ces vecteurs, et ces forces y renonceront d’autant moins que la société qui prétend se défendre donne l’image d’une société qui se désagrège et perd le nord.

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Julian Assange, ses fantasmes sont sa prison

Julian Assange est de retour. Le fondateur de wikileaks possède une compétence rare. Il a l’art de se jouer des systèmes et des Etats, ce qui lui vaut d’avoir été à la fois placé sur un piédestal et d’être consacré comme la figure de proue du mouvement des lanceurs d’alertes.

Quelle période sinistre, tout de même, que celle qui fait peser sur certains Etats, le soupçon de manipulation, d’espionnage, de complot global, et porte aux nues un personnage aussi trouble que M. Assange dont on ignore tout des desseins qu’il poursuit, en se satisfaisant, parce que cela flatte la vanité médiatique, de l’idée  qu’il est un chevalier blanc mû par l’idéal de rendre la vérité aux peuples.

Depuis hier (5/02/2016), les médias se gargarisent donc du fait qu’un comité de l’ONU considère la situation de M. Assange comme « détention illégale » et qu’il a été « arbitrairement détenu ».
Les médias, qui considèrent M. Assange comme un des leurs et ont généralement pris fait et cause pour le fondateur de Wikileaks, raisonnent d’une étrange façon car M. Assange ne fait pas l’objet d’une détention.

Il convient de ne pas le perdre de vue. A sa propre demande, il s’est réfugié, pour échapper à des requêtes judiciaires liées à une accusation de viol sur laquelle il est impossible de se prononcer a-priori, à l’ambassade de l’Equateur à Londres.

S’il y a « détention illégale », où se trouve-t-elle sinon dans le fait de cette soustraction délibérée de M. Assange aux demandes de la justice suédoise et britannique. C’est lui-même qui se détient? Ou est-ce l’ambassade de l’Equateur qui le prive de liberté?
Peut-être, avec le recul, M. Assange a-t-il fait le choix de s’enfermer dans les propres fantasmes qu’il alimente et dans lesquels il tente de nous enfermer avec lui.

Quelles tyrannies sommes-nous prêts à soutenir?

Le journal français Le Monde et plusieurs médias internationaux ont exposé dimanche la face cachée du secret bancaire en Suisse, après avoir eu accès aux données soustraites par un informaticien, Hervé Falciani, ex-employé de la banque HSBC à Genève. Baptisée « SwissLeaks », l’opération propose un voyage au coeur de l’évasion fiscale, mettant en lumière les ruses utilisées pour dissimuler de l’argent non déclaré. Source Le Point, numérique.

De tels étalages, qu’ils émanent de SwissLeaks, variante de wikileaks connu pour avoir abrité les révélations de fils diplomatiques par Julian Assange, Anonymous, ou de tout autres groupes, représentent un sujet inquiétant pour la démocratie.

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