Discours sur la monnaie de la pièce

Si une guerre à quelques heures de Paris, et à la frontière directe de l’Union Européenne ; si une guerre engagée par la Russie ne suffit pas à ouvrir les yeux de nos plus éminents représentants politiques, pour ventiler autre chose que des slogans usés et des promesses éculées, alors que faut-il leur souhaiter ?

Une guerre encore plus proche, une menace plus directe qu’elle ne l’est déjà ?

Le sens des priorités doit saisir la nation entière. Il doit saisir le monde entier.

Face à la situation de guerre à nos portes, nous n’avons pas à pérorer sur le pouvoir d’achat. Nous aurons tout le loisir de le faire, si l’envie ne nous a pas quitté à ce moment-là, quand la guerre d’Ukraine sera enfin achevée et que la puissance belliqueuse russe aura été renvoyée chez elle.

Mobiliser l’électorat, c’est faire circuler le frisson de la vérité dans le corps social, jusqu’à son dernier pore.

Ce n’est pas vaticiner sur de petites variations démocratiques plus ou moins factices et exaltantes, qui n’enchaînent que des frustrations et des déceptions.

Nous avons à marcher, droit devant, sur le défi qui se pose à nous, sur le défi que la Russie de Poutine nous pose, pose à l’Ukraine, pose à l’Europe, pose aux Etats-Unis, pose à la Chine, pose au monde.

Il est grand ce défi qui nous attend puisqu’il nous oppose à une puissance sans scrupule qui est, de surcroit, une puissance nucléaire.

Soit nous fuyons ce défi, certains y seraient disposés, soit nous éludons la question qu’il nous pose en prétextant que cela appartient à la réal-politique, soit, au contraire, nous poussons l’analyse plus loin que la sous-tend et la fixe la guerre, et nous nous rendons alors en son cœur.

Et là, en ce lieu de la raison accomplie, par notre capacité à dominer intellectuellement la crise, prenons le dessus sur l’épreuve engagée par l’adversaire en étant plus profond et plus aiguisé que lui.

L’heure n’est plus à regrouper la nation autour d’un pacte de l’immobilisme qui ne dirait pas son nom, qu’il porte la marque de telle ou telle réforme prétendue majeure, mais de lever la nation autour du plus enthousiaste des pactes, celui de l’élan républicain élancé sur son ennemi : la tyrannie, l’injustice, la pauvreté.

Permettez-moi d’écrire la page d’histoire que nous vivons à Kiev, en Crimée et dans le Donbass, en synthétisant le réel dans sa forme la plus abstraite et pourtant la plus élémentaire.

Nous connaissons tous Marignan 1515, le 11-Novembre-1918, le 8 mai 1945, mais nous ne connaissons pas – d’ailleurs, ils ne sont pas indiqués précisément – les moments clefs de l’évolution de nos systèmes financiers.

Ces moments sont cloués dans l’inaperçu.

Ce sont eux ou à partir d’eux, pourtant, qu’il a été possible de réguler et d’opérer les grands bouleversements de ce monde. Ils ont permis les changements de braquets successifs, couplés aux révolutions industrielles, qui ont conduit à la mondialisation qui est là, « dans un monde fini » selon Paul Valéry.

Le rouble est trouble.

Il ne faut jamais oublier qu’un désir de puissance, et c’est ce type de désir qui anime la Russie de Poutine, passe par plusieurs stades de concrétisation pour transférer, au bout de cette alchimie, les gains matériels, spéculatifs et symboliques dans la monnaie.

Dans le rouble. Et le rouble est infiniment trouble.

Je ne suis ni ne me proclame pas l’ennemi de la finance.

Je suis son ami et c’est bien à un exercice sur le réel absolu auquel je me livre, en dépit de mes insuffisances, quand je dis que le Rouble essaye d’avaler le Hryvnia, qui est le nom de la monnaie ukrainienne et qu’il met l’€uro et le dollar au défi, tandis que le Yuan a gagné, de gré à gré, auprès des pétromonarchies le droit d’être une devise d’échange direct.

Dystopie ?

Non, que celles et ceux qui ont un doute sur l’acuité de cette représentation, séparée de l’accumulation de malheurs et de brutalité en cours, considèrent le chantage qu’exerce Poutine pour faire payer en roubles les centaines de millions libellés en euros correspondant au gaz et au pétrole que l’Europe achète quotidiennement à la Russie.

Au bout du compte, c’est dans le rouble et son rapport aux autres monnaies que va s’inscrire le destin de l’Ukraine, celui de la Russie, le nôtre et celui du monde.

N’en doutez pas ! C’est dans le rapport à une monnaie dont la devise dit en secret, à propos de ce qui anime son propre espace qu’elle veut étendre au nôtre, « Ici tout est mensonge », que le sort de l’humanité se joue en ce moment.

Il nous est impossible de nous plier à sa volonté.

Alors je veux bien faire un rêve ; je veux bien, pour la grande nation que nous sommes, pour l’Europe qui est notre souffle et notre inspiration, que nous fassions un rêve mais il n’aura pas la même poésie que celui de Martin Luther King. Il n’aura pas la même poésie ni le même lyrisme, mais il portera le même désir de fraternité, d’égalité, de prospérité, de partage, de dignité, de PAIX, pour que la monnaie reflète la puissance économique d’un ensemble ou d’une unité géopolitique, mais aussi son bienfait au monde. A défaut sa neutralité.

Ce n’est pas le cas, actuellement, de la Russie. Elle ne porte ni bienfait, ni neutralité.

Quel futur prix Nobel va établir la formule qui permettra de transcender l’indice Big Mac pour instaurer un indice plus exhaustif, prenant en compte des critères objectifs (allant de la performance de l’école au degré d’implication sociale ou démocratique du peuple, à son inventivité, etc), qui permette d’établir la valeur au change, inversement proportionnelle à son désœuvrement ou à la rente qu’elle procure, d’une monnaie.

Ceci est un rêve de choc de monnaies qui n’a rien à voir avec un rêve de choc de civilisations, qui le tempère au contraire et l’adoucit.

Si nous parvenions, autrement que par les opérations d’embargo, d’exclusion de systèmes tels que SWIFT, mises en place dans l’urgence pour contrer la Russie, à introduire cette fois durablement et mathématiquement cette dimension à la valeur financière et monétaire, alors nous aurions fait un bond en avant dans la paix et dans la sécurité collective.

Cela paraît utopique.

Si nous parvenions à dépasser Bretton-Woods et l’accord fixé en1944, la troisième guerre mondiale n’aurait pas lieu.

Elle serait exclue du champ du possible.

Elle sera rendue impossible monétairement.

Comment connecter la complexité économique du monde au système financier et monétaire sans passer d’un système de pensée archaïque, traînant des idéologies en lambeaux, à la pensée de Victoire sur l’empire de la fatalité, qu’il soit économique ou de tout autre ordre ?

Les monnaies virtuelles auraient-elles cette plasticité ?

J’ai du mal à croire que les monnaies traditionnelles, les monnaies concrètes et historiques, puissent être incapables de traduire la volonté générale si elle était exprimée avec suffisamment de génie et de précision.

L’intelligence artificielle progresse à vue d’œil. On parle même d’informatique quantique qui nous ouvrirait ses bras pour traiter l’information comme jamais elle ne fût traitée.

Il y a donc bel et bien un potentiel à saisir pour appréhender le réel à l’échelle où il s’invite à nous.

Je regrette d’avoir à dire que nous ne pouvons pas le laisser sur le pas de la porte. Il se vengerait.

Cela est une certitude.

Il y a une opportunité de gagner la guerre qui sévit en Ukraine sur le terrain monétaire, et de passer d’un système monétaire et financier impuissant, parce que non formalisé à ce qui devrait être pris en compte et qui ne l’est pas, sur le terrain des qualités et des vertus, par exemple, à un système qui y serait sensible, au moins sur les dimensions les plus déterminantes, comme l’agressivité étatique, la passivité morale d’un peuple.

Ce qui se passe depuis plusieurs décennies, la difficulté de l’adhésion à l’€uro, les questions de souverainetés qui déchirent l’opinion, peuvent être résumées à l’essence monétaire et à l’opacité des systèmes financiers qui accentuent, à tort ou à raison, un ressenti d’injustice.

La finance doit se rapprocher de la philosophie. Et la philosophie de la Finance.

Opérer une réforme dans le sens de la vertu de l’économie ouvrirait une ère profondément nouvelle et profondément moderne, et participerait à la refondation de nos économies, et par extension, de nos sociétés.

Dans le système de pensée de la Russie de Poutine, le rouble peut paraître solidement appuyé sur une montagne de matières premières diverses et variées (augmentées des réserves et gisements spoliés dans le Donbass) offrant à la fois un moyen d’assortir la diplomatie au chantage énergétique et d’assurer une économie de rente considérable, en déclinant toute responsabilité sur les effets tiers en matière alimentaire par exemple ou inflationniste.

Cela est-il possible ? De quoi pouvons-nous parler sinon d’empêcher cela, par des mécanismes d’analyse et de rationalité. Sinon, il adviendra que nous ayons à le faire, hélas, par d’autres moyens.

Le rouble est pourtant fragile de manière endémique. Il est malade de la Russie. Si ses rentes lui suffisaient, la Russie serait prospère et heureuse et le rouble reflèterait un pays et une économie de confiance.

Le régime que la Russie s’est choisie jusqu’à présent empêche son accession au bonheur.

En spoliant l’Ukraine, en faisant un braquage à visage découvert de la géographie et de l’histoire de ce pays, la Russie n’appréciera pas la valeur de sa monnaie pas davantage que le rang qu’elle occupe.

Elle ne voit pas que son propre effondrement a commencé au moment où premier orteil de ses soldats a franchi la frontière ukrainienne.

Le troisième millénaire, avec son ensemble de dérèglements climatiques, démographiques, économiques et la succession de crises, notamment géopolitiques, qu’il est susceptible d’engendrer, nous fait entrer, nettement, dans le besoin de redéfinir les fondements du système financier international et notre rapport à la monnaie.

Sinon ce troisième millénaire nous avalera et nous recrachera.

Il faut affirmer, peut-être par la voix singulière de la France, la volonté politique d’aboutir à cette révolution copernicienne et amener les agents qui opèrent le calcul des parités à intégrer des dimensions qui appartiennent à des typologies de bien-être social, de qualité de voisinage d’un régime considéré, les dimensions qui appartiennent, en définitive, à un monde meilleur, celui du chemin de notre unanimité, de notre cohésion trouvée ou retrouvée. A une forme de spiritualité qui incorpore la qualité de notre relation au vivant, aux enjeux démographiques, à l’écologie.

C’est le défi qui est lancé à la science politique et à la science économique, à l’universalité de la conscience humaine.

Il s’agit de dépasser Bretton-Woods.

Comment ?

Je ne le sais pas.

Mais je sais que nos peuples ont une insatisfaction avec le fonctionnement courant des systèmes financiers et monétaires et qu’il est difficile d’imaginer que cette insatisfaction puisse perdurer et nous accompagner tout au long de ce siècle au moment où des esprits malfaisants dressent les gens les uns contre les autres, en allumant et alimentant des foyers de dissensions et de haine.

Nous avons besoin de remettre à jour le système pour empêcher qu’une telle injustice – celle à laquelle se livre la Russie sous nos yeux aux dépens de l’Ukraine – puisse advenir, se généraliser et se perpétuer.

Nous sommes dans l’ordre nouveau de ce bannissement !

A l’évidence, l’ambition des alchimistes consistant à transformer le plomb en or a été réussi quand nous avons été capable de transformer le papier des billets et l’alliage quelconque des pièces en or.

Parachevons ce processus de transformation monétaire en synthétisant dans la matière et en digitalisant presque au niveau métaphysique la souveraineté du peuple européen comme la plus consistante des valeurs refuge, le plus constant des étalons.

Du point de vue historique, s’affranchir de l’or comme étalon a constitué une libération de premier ordre.

Entrons donc, aujourd’hui, de plain-pied dans une libération supplémentaire.

Peuples des horizons de justice, inventons-là, creusons-là, frappons cette monnaie qui fonde la confiance dans le meilleur de l’Homme.

J’ai pensé, depuis son émission, qu’il manquait à l’Euro une devise explicite qui dit qui nous sommes et le sens de notre œuvre commune. J’ai imaginé que les peuples européens, les peuples qui sont dans notre association, sont ceux qui croient dans le meilleur de l’Homme. Déclinée en latin, cela donnerait « Credimus In Optimum Humanis »

Quitter Athènes.
Vous avez dit « Crise de la représentation »?

𝐽’𝑒𝑠𝑝𝑒̀𝑟𝑒 𝑒̂𝑡𝑟𝑒 𝑝𝑎𝑟𝑣𝑒𝑛𝑢 𝑎̀ 𝑏𝑖𝑒𝑛 𝑚𝑒 𝑓𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑐𝑜𝑚𝑝𝑟𝑒𝑛𝑑𝑟𝑒.

Le retour des manivelles

Syrie : France, Allemagne, Italie, Royaume-Uni se rappellent dans une déclaration conjointe au souvenir de la Russie

Onze ans après le début de la répression du régime de Bachar El-Assad sur le Printemps syrien, réprimé avec une violence qui ressemble comme une goutte d’eau à celle qui s’acharne sur l’Ukraine, les diplomaties de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et du Royaume-Uni viennent de publier une déclaration conjointe qu’il faut entendre au-delà de la norme et de la nuance diplomatique.

Cette déclaration rappelle en effet que le terrain de la Syrie, qui pouvait sembler gagné pour ce que représentent les régimes syriens et russes, n’est pas enterré encore.

Elle rappelle que la bataille qui s’y est livrée n’est pas définitivement perdu pour l’honneur des Nations Unies.

Elle n’est pas perdue pour la place des USA dans l’histoire, capitulée à plusieurs reprises devant un ensemble de facteurs qui paralysait l’action.

Elle est encore moins perdue pour la dignité des Syriens eux-mêmes.

L’impuissance décourage. L’impuissance à laquelle nous sommes parfois condamnés nous fait rager.

Mais, à travers ce communiqué, un terrain se rouvre, et ce n’est pas un champ de bataille. C’est un champ de reconstruction.

Il se rouvre au moment « stratégique » que Monsieur Poutine a lui-même déclenché, en envahissant l’Ukraine et il oblige une vigilance de la Russie sur ce flanc qui lui a rapporté un accès stratégique sur la Méditerranée.

Quelques extraits:

« Après plus d’une décennie de conflit, la situation économique et humanitaire est sombre et les millions de réfugiés syriens, généreusement accueillis par les pays voisins, ainsi que les personnes déplacées à l’intérieur de la Syrie, ne peuvent toujours pas rentrer chez eux conformément aux standards des Nations Unies, sans craindre les violences, les arrestations arbitraires et la torture. L’enlisement du conflit a également fourni aux groupes terroristes, notamment Daech, un terrain à exploiter. Prévenir la résurgence de Daech demeure une priorité. »

« Nous continuerons d’appeler à un cessez-le-feu à l’échelle de tout le pays, au respect du droit international humanitaire et à l’acheminement sans entrave de l’aide par tous les moyens, notamment grâce à la poursuite de l’autorisation par le Conseil de sécurité du mécanisme transfrontalier. »

« En outre, nous demandons instamment que toutes les personnes détenues arbitrairement soient libérées immédiatement et que la lumière soit faite sur le sort des personnes disparues et l’endroit où elles se trouvent. Nous ne soutenons pas les efforts de normalisation des relations avec le régime de Bachar el-Assad (…), ni ne lèverons les sanctions ou financerons la reconstruction, tant que des progrès irréversibles vers une solution politique n’auront pas été accomplis. »

« L’impunité demeure inacceptable. C’est pour cela que nous continuerons de promouvoir activement la lutte contre l’impunité, notamment en soutenant la Commission d’enquête internationale des Nations Unies, le Mécanisme international, impartial et indépendant, et l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). »

« Nous soutiendrons aussi le travail des organisations, dont beaucoup sont dirigées par des Syriens, qui rassemblent des preuves et documentent les atrocités et les violations graves du droit international commises en Syrie, dont l’emploi d’armes chimiques. »

Cela ressemble à des retours de manivelles.

Il faut rendre l’échiquier plus vaste et inattendu, par la justesse des ressources engagées, que celui fixé par les divisions de Vladimir Poutine et son armée.

Cette déclaration conjointe est disponible en cliquant le lien suivant : https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/syrie/evenements/actualites-2022/article/onzieme-anniversaire-du-soulevement-syrien-declaration-conjointe-des-porte »

Plus que la démocratie, Poutine craint la conscience humaine

Le conflit conduit depuis le 24 mars 2022 par la Russie en Ukraine est critique pour l’avenir du monde.

Puisqu’il témoigne que le belligérant russe s’y attribue tous les droits y compris celui de viser une centrale nucléaire civile comme de travestir toute la réalité, la guerre en Ukraine est bien plus, est bien pire, qu’une guerre géopolitique.

Il y a encore quelques années, elle serait apparue par elle-même et la nature de ce qui s’y oppose et s’y met en évidence, comme une guerre entre le bien et le mal.

A travers ce conflit qu’il a ouvert et mène au nom de la Russie, monsieur Poutine apprécie et teste quelle déformation de la réalité nous sommes prêts à accepter. Il le demande à l’Occident, dont il défie les dirigeants. Il le demande aux autres parties du monde. Il l’impose à ses vassaux.

Il veut faire croire qu’il se livre à une guerre légitime, au cours de laquelle les soldats russes libèreraient Kiev des néo-nazis. C’est une fiction.

Cette fiction est insoluble dans son propre espace. Elle n’est pas davantage soluble dans la démocratie que dans toute autre forme de régime, se voulant honorable, bienfaisant et non hégémonique au monde.

La question qui se pose donc à toutes les nations est celle qui se pose directement à la conscience humaine.

La protection de la vertu au sein
de toutes instances et de surcroît
de celles qui ont vocation à entretenir
la gouvernance mondiale
n’est pas l’apanage des démocraties.

Nous voyons l’effort qui se déploie afin de tuer dans l’œuf le danger d’une escalade et la certitude d’un expansionnisme territorial intolérable.

Nous savons que rendre compte de la réalité, en Russie, est criminalisé, même si, comme l’eau et comme l’air, la vérité s’infiltre et pénètre là où elle doit aller.

Il ne faut pas désespérer de la qualité qui sommeille en l’Homme. C’est la plus insignifiante des choses mais elle transcende aussi ce qui peut sembler précaire, démuni, face aux tanks, aux avions et à la violence de la brute.

Il est possible de couvrir les débats, de bâillonner les voix, de procéder à tous les bombardements cognitifs imaginables, de saturer les systèmes et de multiplier les diversions, mais la force de la raison reste disponible dans le concert des nations. L’Organisation des Nations Unies a été fondée sur cette promesse faite aux différents peuples de la planète que la raison pouvait accomplir la paix durable.

Si l’ONU ne peut y répondre ou si elle se retrouve otage de duplicités, alors il faudra améliorer son fonctionnement ou la refonder afin de réaccorder l’Assemblée Générale et le conseil de Sécurité avec la promesse engagée originellement, avant que la guerre froide ne pervertisse si vite le rapport des nations entre elles et les sépare en blocs.

Le tort a peut-être été de croire que la guerre froide s’est achevée avec la chute du mur de Berlin.

Il n’est pas l’heure de permettre à Monsieur Poutine de redessiner au sang et de marquer au fer rouge cette division du monde. Elle condamnerait la paix. Ou condamnerait l’honneur. Ou les deux.

Dans ce XXIe siècle naissant, il faut pouvoir croire qu’il n’y a pas de combat juste perdu d’avance.

Dans le cas particulier de l’agression russe sur l’Ukraine, tout dépend de ce que les Etats font et feront de la dignité qui leur est dévolue lorsque va s’accentuer la pression, se déchaîner l’horreur.

Il faudra alors répondre aux convocations du réel et se prononcer dans le cadre ad hoc, dans la succession des cadres ad hoc.

Il faudra voir si des Etats se compromettent en acceptant de voir institutionnaliser le mensonge, de s’en faire l’instrument ou le complice, ou s’ils opposent leur véto.

Le véto de leur vertu.

La protection de la vertu au sein de toutes instances et de surcroît de celles qui ont vocation des à définir et entretenir la gouvernance mondiale n’est pas l’apanage des démocraties. Cette charge intéresse tout le monde et pare chacun de la même dignité.

Même si elle est en minorité aux Nations-Unies, la Russie que monsieur Poutine contrôle depuis vingt ans agit avec l’idée de faire pencher des balances ou de les neutraliser. Elle ne sait raisonner que comme ça.

Le prétendu tsar n’est resté
que l’obscur agent du KGB qui,
de Berlin, vit un mur s’effondrer.
Il a gâché toutes ses chances
et ruine, aujourd’hui,
celles de la Russie.

La vérité ne pèse rien ou pas grand-chose. Elle semble toujours céder du terrain devant tous les révisionnismes. Mais elle finit en noyau insécable à partir duquel, en dépit de toutes les désinformations et de tous les lavages de cerveau, elle fait droit à celui dont le territoire et la souveraineté sont violés d’être la victime et lui fait justice de condamner celui qui est l’agresseur.

On peut tourner en rond, faire toutes les circonvolutions oratoires qu’on veut, aucun numéro de prestidigitation ne permettra à l’honnête conscience d’y voir autre chose.

Dire que Poutine craint la démocratie traduit la réalité mais c’est restrictif.

Ce qui est radicalement exact, globalement vérifiable, c’est qu’il craint la conscience humaine.

Poutine a l’âme fuyante de Caïn.

La conscience humaine est ce qui définit la civilisation. Vladimir Poutine trahit à ce titre la grande culture russe, composante de la grande culture des Hommes. Il prétend la faire renaître et se met au ban, au contraire, avec ses généraux et leurs pauvres soldats, de la civilisation.

Qu’il tienne cela pour négligeable ou surmontable par un peu de cosmétique et beaucoup de chantage ne nous tient pas au cynisme ni à l’amnésie.

Le prétendu tsar n’est resté que l’obscur agent du KGB qui, de Berlin, vit un mur s’effondrer. Il a gâché toutes ses chances et ruine, aujourd’hui, celles de la Russie.

Nous pouvons être convaincus que la question que nous pose l’invasion russe de l’Ukraine, précédée de l’annexion de la Crimée et de la reconnaissance des républiques autoproclamées du Donbass, n’a pas finie, si la Russie n’est pas mise en échec, de déstabiliser le monde.

Rien n’étant légitime dans le conflit engagé par Moscou, il est difficile d’imaginer qu’un état légal réel et durable puisse être entériné par la force et le pourrissement délibérés.

Si cela devait être le cas, nous accepterions d’ouvrir des brèches vers l’inconnu et vers le hasardeux.

Nous devons probablement craindre des émeutes de la faim et des faillites, le bruit des armes et les effets dominos. Nous devons craindre les intimidations et provocations nucléaires, les pénuries énergétiques, le chaos des bourses et les perspectives de déséquilibres effrayants.

On devine les leviers sinistres dont Poutine joue. On voit les engrenages qu’il mobilise et fait grincer.

Poutine nous invite indistinctement, qu’il tienne les uns pour des amis et les autres pour ses ennemis, à des abandons. Ce ne sont pas les mêmes, mais ils portent le même signe.

Ces abandons pénalisent tout le monde. Ils ne sont ni de l’est ni de l’ouest, du sud ou du nord, d’Europe, d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique, pas davantage qu’ils ne seraient des démocraties ni des autres régimes.

Quiconque accepte que soit bâti un désordre universel, sera frappé, à un moment ou un autre, par des conséquences qui seront aussi universelles.

Nul ne peut se laver les mains de ce qui se passe en Ukraine. L’honneur humain s’y joue.

La loi internationale, l’intangibilité des frontières, l’intégrité territoriale, la délibération, les lois de la guerre en dernier recours, constituent un patrimoine juridique ou jurisprudentiel commun.

Les violer simultanément dans les faits et l’esprit, en pervertir le sens, concourt à un préjudice commun.

Au cœur de l’intervention en Ukraine, Vladimir Poutine remet en cause les valeurs auxquelles il est nécessaire que les nations puissent se référer même si elles sont amenées parfois à des rivalités voire des frictions.

Mais elles sont condamnées à vivre, se partager et s’échanger des ressources, se développer et prospérer ensemble sur une même planète. Et cela ne saurait s’accomplir dans des conditions livrées livré au barbare.

Si là où nous sommes et quelle que soit notre condition nous laissons faire ; si le monde laisse faire Poutine ; le monde aura accepté d’enfanter un monde monstrueux, dominé par la défiance mutuelle, sacrifié à la loi du plus dangereux, du plus brutal, du plus cynique, et ce monde nous conduira en enfer.

Le XXIe siècle n’y serait pas longtemps viable.

Les valeurs qui doivent être défendues parce que Poutine les expose au feu sont génératrices du droit international.

Elles inspirent la charte des Nations-Unies et créditent la signature de la moindre nation qui y siège.

Elles sont la condition de la paix et du progrès dans le monde.

Qu’il soit dit et entendu, ici et maintenant, qu’il est sacrilège d’y attenter et qu’un même esprit, sur la surface du globe, règne pour l’empêcher. Cet esprit, c’est l’esprit des nations.

Le devoir de tous, dans nos pays et sous nos régimes divers et respectifs, est de veiller à ce que nul ne s’arroge impunément le droit d’altérer cela, en abusant la communauté internationale entière et l’ensemble de ses peuples, sauf à vouloir et être en mesure d’améliorer le système, de garantir la liberté générale, et de parfaire la vie sur terre.

La question n’est pas de savoir si on est sensible ou pas à ce devoir. Accepter que cela soit corrompu, c’est être complice de cette corruption.

Monsieur Vladimir Poutine ignore qu’il procure l’opportunité aux différentes nations de se laver de leurs malentendus véniels, d’abandonner les artifices et postures de la politique internationale. Elles peuvent se saisir de l’occasion pour réamorcer le dialogue juste et loyal dont le monde a besoin.

En croyant tout fermer, Poutine a ouvert une fenêtre de paix dans nos relations et nos intérêts internationaux. Elle ne restera pas ouverte indéfiniment. Mais, alors qu’il voulait changer le monde pour le mettre à son image, Vladimir Poutine aurait contribué à le changer pour nous le rendre plus viable.

Pendant que tonnent les canons russes et qu’errent ses soldats, la Russie de Poutine permet à chacun de manifester ce qui fonde en vérité sa dignité et celle de ses pairs.

Rares sont les occasions où l’opportunité d’un progrès conséquent dans l’établissement et la tenue de nos relations, gagné qui plus est dans la clarté des actes et des paroles, se signale aussi clairement.

L’enjeu est celui-ci. Peut-on suggérer aux grands de ce monde qu’un tel moment est historique ?

La responsabilité est celle-là. Leur responsabilité, au nom de leurs peuples en particulier et devant l’ensemble des peuples en général, est celle-là.

Cette responsabilité les désigne.

Il n’est plus possible de tourner autour d’elle, de l’éluder, pendant des semaines ou des siècles.

L’omniprésent œil de Moscou

Dans un article consacré à la montée des tensions entre les Etats-Unis et la Russie, Patrick Saint-Paul, du Figaro, énumère les soupçons de manipulations de la Russie sur les démocraties.

Je note particulièrement, en fin d’article, le passage qui concerne la montée de l’AfD, le parti populiste allemand qui a, aux dernières élections, fait voler en éclat la position centrale de la CDU, le parti de la chancelière. Voir l’article

« En Allemagne, le Kremlin est soupçonné d’instrumentaliser le parti populiste AfD (Alternative für Deutsch land) pour déstabiliser la chancelière… Avec Angela Merkel, les relations avaient été cordiales jusqu’à ce que la chancelière se mette en travers de sa route en Ukraine. », écrit Patrick Saint-Paul.

Lire la suite « L’omniprésent œil de Moscou »

Si les Chinois voient l’heure dans l’oeil d’un chat

Si nous ne parvenons pas, malgré ce qui semble être une accumulation d’évidences et compte tenu des a-priori positifs qui accompagnent l’action russe, à déterminer si les attaques de l’aviation russe ont atteint Daesh (Etat Islamique) ou si elles étaient destinées aux opposants au régime de Bachar El-Assad, comment espérer comprendre les motivations des « terroristes » qui ont porté leurs coups en Chine.

Au lendemain de l’engagement de la Russie auprès de Damas, un nouvel attentat de nature islamique s’est produit au Xijiang, en Chine, causant 31 morts et il n’est pas illégitime, les coïncidences étant rarement le fruit du seul hasard, de se poser des questions pertinentes.

Lire la suite « Si les Chinois voient l’heure dans l’oeil d’un chat »

Même devant l’ONU, la prestidigitation est un art majeur

J’ai suivi, ce lundi 28 septembre 2015, l’assemblée générale des Nations Unies et ce qui en a été rapporté, parfois, souvent, ne correspond pas à ce que j’ai vu et entendu, que ce soit dans la presse écrite ou encore dans les chaines d’information continue.
C’est particulièrement le cas à la fin du discours de Barack Obama. J’ai trouvé un grand orateur, parfaitement à l’aise et qui n’a pas besoin, ce qui se conçoit bien s’énonçant aisément, de lire son texte, car il incarne lui-même les valeurs qu’il s’efforce de transmettre et qui me paraissent concorder avec celles que promeut l’ONU. Lire la suite « Même devant l’ONU, la prestidigitation est un art majeur »

C’est pas beau, la vie?

L’ONU devrait s’emparer de la question relative aux drames, et particulièrement celui survenu à Mina, qui endeuillent l’Arabie Saoudite et le monde musulman. La sensibilité des opinions publiques est, je le crains, exploitée ici avec un rare cynisme et le rôle de l’Iran, avant de pouvoir accorder la confiance internationale à Téhéran, doit être étudié pour laver la République Islamique de tout soupçon.

La manière dont Téhéran a exploité le drame pour remettre en cause la légitimité de l’Arabie Saoudite interroge d’autant plus que, si l’on en croit la Saudi Gazette ce sont des pélerins iraniens qui, progressant en sens inverse de la circulation, ont causé la bousculade mortelle qui a permis, quelques heures plus tard, le déclenchement d’une dialectique de « crime contre les pélerins » et d’une propagande qui s’est développé pour réclamer un dépaysement de l’organisation du Hajj. Lire la suite « C’est pas beau, la vie? »

Engrenages

Daesh vaut bien des compromissions avec Poutine, Bachar El-Assad et un Iran aux intentions réelles opaques, peut-être en raison de sa dyarchie: Tel est le discours dominant aujourd’hui, sous le poids des évidences.
Etes-il sûr, pour autant, que la vraie menace qui pèse sur l’Europe, et la plus sérieuse en tout cas, soit là où la plupart des gens la situent et s’enflamment, et où les évènements, avec une grande capacité de persuasion, les conduisent à la situer.
Aujourd’hui, plus que jamais, nous nous déclarons prêts à remettre le destin du monde et celui de l’Europe à Moscou et Téhéran, voire à la Syrie du régime d’El-Assad? Lire la suite « Engrenages »

Voter Front National, c’est voter Poutine

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Une des pages d’un groupe facebook consacré à la promotion de la géopolitique de Poutine, intitulé « Défense Russie Liberté ». Il est fort de plus de 2600 abonnés dont on peut constater les recoupements idéologiques.

Ce texte, qui a été publié dans la publication de l’ASAF (Association de Soutien à l’Armée Française, a le mérite d’éclairer sur les enjeux auxquels nous sommes soumis. « L’espoir persiste, est-il écrit, au Kremlin qu’une crise européenne, en particulier un effondrement de l’euro, pourrait rapprocher certains de ces pays d’une Russie qui serait pour eux, dans cette situation, un marché providentiel… voire un modèle étatique car l’ordre règne en Russie… Quant à la Grande-Bretagne, européenne par opportunisme, elle est tout naturellement prête à prendre le large en direction, bien sûr, des États-Unis ! En résumé, si l’Eurasie a de bonnes possibilités d’extension en Asie centrale, en revanche, du côté de l’Europe occidentale, ses capacités d’émergence demeurent limitées. Mais l’avenir peut modifier du tout au tout cette approche actuelle. ». Lire la suite « Voter Front National, c’est voter Poutine »

Moscou aussi exècre la bureaucratie européenne

En désignant ce mardi 10 mars « la bureaucratie européenne » comme responsable des tensions existantes entre l’Union européenne et la Russie , M. Labrov, ministre des Affaires Etrangères de M. Poutine, utilise, à dessein, une sémantique proche des souverainistes, du Front National et de tous ceux qui rejettent, depuis les débuts de sa construction, l’Europe.
« Pour l’instant, il s’avère que la bureaucratie de l’Union européenne à Bruxelles provoque délibérément la confrontation entre la Russie et l’Union européenne », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse commune avec son homologue espagnol Jose Manuel Garcia-Margallo, en visite à Moscou. Lire la suite « Moscou aussi exècre la bureaucratie européenne »