De l’opportunité, ou de la nécessité, de mettre la Russie au ban de l’ONU

Au moment où la question d’exclure la Russie du Conseil de Sécurité de l’ONU surgit médiatiquement, et fait écho, notamment, à la réflexion que développe Nicolas TENZER dans l’ouvrage qu’il a publié aux éditions de l’Observatoire sous le titre « Notre guerre », il faut reconnaître que l’ONU a un rôle décisif à jouer et qu’elle ne peut pas passer à côté de ce qui l’appelle à être ce qu’elle doit être.

Pourtant, l’organisation semble inapte à produire la légitimité et l’autorité qui pourraient déterminer la neutralisation des menaces que la Russie et l’Iran exercent impunément sur la scène internationale.

Exclure la Russie du Conseil de Sécurité, c’est bannir la Russie. C’est la mettre au ban des nations. Or, le bannissement suppose de pouvoir imputer à tout Etat susceptible de faire l’objet d’une telle procédure, un crime au-dessus de tous les autres de sorte qu’il soit mis à l’index par tous et que nul, en conscience, ne puisse se soustraire à l’appel de son impartialité.

L’exigence d’impartialité n’est pas appelée tous les jours. Seul, un enjeu historique est susceptible de requérir de chaque nation, la concentration, exprimée en une seule décision, très lourde de sens et d’enjeu, des caractères qui définissent l’essence de sa souveraineté.

Se prononcer sur la mise au ban de la Russie du Conseil de Sécurité de l’ONU relèverait donc de l’exercice le plus aigu qui soit quant à ce qui fonde la souveraineté.

Est-ce que c’est impossible ?

Pour espérer réussir à opérer une adhésion là où plusieurs propositions de résolution ont déjà échoué, il est indispensable de dépasser les clivages, les blocs, les solidarités visibles ou invisibles, et même les alliances fondamentales.

Peu d’événements ou de menaces permettraient un tel dépassement. Il n’y en a jamais eu dans l’histoire.

Les crimes de guerre n’y suffisent pas.

Même les crimes contre l’Humanité ne suffisent pas pour porter la conscience universelle au niveau de réprobation qui transcenderait les configurations géopolitiques usuelles.

Comment dépasser le jeu des coulisses propre à la complexité et aux préséances d’une organisation telle que celle des Nations Unies ?

Comment dépasser, également, l’infini des objections opposables qu’il s’agisse de mensonges (Colin POWEL, en 2003, avec sa fiole pour le compte de l’administration Bush) ou encore les précédents, les jurisprudences pourries, liées au conflit israélo-palestinien ?

Quant à la dimension génocidaire, elle nourrit le procès perpétuel et insoluble de l’Occident contre lui-même, pris dans l’insoutenable oscillation du culpabilisme post-colonial et de sa relation à Israël.

Cette « relation » concentre en elle un antisémitisme au cube : parce qu’il est juif, parce qu’il est sioniste, et parce que nous devons tous nous sentir palestinien que l’Iran, via le Hamas et ses proxys, déploie comme une toile.

Cette toile attrape tout ce qui passe à sa portée d’idiots utiles, de doctrinaires, de prédicateurs, et, même d’universités parfois prestigieuses.

L’accusation de Poutine
d’une implication de l’Occident
dans le terrorisme islamique
est le signe assumé
d’une forme de désinvolture
idéologique et stratégique.

Lorsque la préméditation émane d’un État, ou de plusieurs États, le crime n’est pas un assassinat, le crime, dans chacune de ses dimensions, appartient au domaine de la conspiration.

Comment reconnaître la conspiration ?

Le propre d’un État qui conspire, c’est très probablement, qu’il montre et accuse la conspiration là où elle n’est pas et la rend invisible et insoupçonnable, inimaginable, là où elle était, là où elle est, là où elle se déploie.

A quoi a servi le brûlot conspirationniste L’effroyable imposture paru en mars 2022, soit quelques semaines après le 21-Septembre-2001?

Si l’on admet que c’est un tissu de mensonges, alors, son utilité première consiste, peut-être, à montrer la conspiration là où elle n’était pas et ne pouvait pas, presque par définition, être pour la masquer, là où elle peut être?

Je ne suis pas dans la tête de Poutine, de Khamenei, encore moins dans celle de Thierry M, pour savoir ce qui l’a inspiré voire abreuvé.

Malgré ou peut-être même grâce à son retentissement et son succès planétaire, Thierry M, son auteur, a, pour les démocraties, discrédité, préventivement, l’idée même de conspiration, dressé son tabou, tandis qu’il la propageait partout ailleurs.

Il y a tant de biais négatifs et de failles dans les esprits, notamment via le fonds d’antiaméricanisme primaire et secondaire, que cette thèse a trouvé, pour des raisons innombrables, un terrain pour prospérer et faire des émules,  faire des disciples.

Cette possibilité d’action occulte et subversive dans l’esprit humain, et d’altération délibérée du libre-arbitre, est un crime au dessus de tous les autres car c’est une atteinte à ce qui nous fait humains, de manière universelle.

C’est une trahison de tout et de tous.

Est-ce que ce sujet ne mérite pas l’intérêt intellectuel le plus aigu puisque c’est ce mouvement qui tend, actuellement, les ressorts d’une guerre que l’humanité en son entier perdra faute d’avoir vu ce qui se passait à l’échelle où cela survient et est survenu?

C’est, d’ailleurs, la réactivation délibérée du mythe porté par L’effroyable imposture qui est plus que paradoxale dans l’accusation de Poutine désignant la responsabilité occulte de l’Occident, voire française, dans l’attentat islamiste du 22 mars dernier au Crocus City Hall.

Elle n’est pas anodine. Elle n’est pas que cynique. L’accusation de Poutine d’une implication de l’Occident dans le terrorisme islamique est le signe assumé d’une forme de désinvolture idéologique et stratégique.

Elle relève presque du lapsus révélateur laissant entrevoir le paysage mental sur lequel Poutine régne et dont il étend l’empire, méthodiquement, jusqu’à ce qu’il se confonde, avec d’autres.

C’est un paysage mental dépourvu de moralité, dominé par le vice et la corruption. C’est un paysage mental où aucune nation ne doit pouvoir croire ni trouver refuge ni pouvoir imposer son ordre aux autres, quelles qu’elles soient.

La dialectique à l’oeuvre est l’empreinte de ce paysage mental.  En étant sensible au voile que la dialectique pose sur les choses pour les annexer, on devine le paysage mental qu’elle recouvre.

Le champ d’observation n’offre pas un alignement d’objets et de signes sur une rhétorique constante et régulière, mais un enroulement dans un objet dialectique assez complexe pour être insoupçonnable.

Cette dialectique ne révèle sa forme et son amplitude que lorsque l’ennemi, Nous en l’occurrence, est submergé, subverti, terrassé, privé des moyens de riposte à l’échelle de la dialectique mise en œuvre contre lui.

La Russie ne se pense et n’agit que par les principes, les réflexes, les biais et conditionnements mis en place pour Nous rendre incapable de discerner la menace.

Bien nommer les choses, aujourd’hui, est-ce se jeter – comme la misère sur le pauvre monde – sur l’objet sémantique du terrorisme islamique, et de céder aux impulsions médiatiques qui font voir la menace partout, au delà de ce qu’elle représente par elle-même. Pendant que l’islamobuzz sature l’espace, que se passe-t-il?

Je pense que c’est cela qui se passe et que ce projet est bien avancé. L’ennemi bénéficie de la faillite du système médiatique. J’espère qu’il subsiste de la lucidité au niveau des États.

Ce qu’a lancé le hamas, le 7-Octobre-2023, constitue un crime monstrueux, abominable. Cela ne suffit pas, pourtant, à qualifier les choses au niveau où l’implacable déferlement de haine place l’exigence de l’analyse.

Le 07-Octobre-2003, dans des kibboutz innocents, ce n’est pas une haine aveugle qui s’est déchaînée.

C’est, au contraire, une haine pleine d’acuité qui a été orchestrée. C’est une haine, avec un horizon. C’est une haine qui savait exactement ce qu’elle voulait provoquer.

La dette de sang et d’horreur du 7-Octobre-2023 a été voulue énorme et monstrueuse pour réaliser un effet de levier dévastateur, à l’échelle du monde.

C’est ce que la hamas a fait. Ce n’est pas un acte de résistance, c’est un élément d’une grande conspiration.

C’est pire qu’un crime contre l’humanité puisque c’est un crime contre l’humanité consenti pour alimenter un brasier de haine dévastatrice et presque universelle contre Israël, contre les juifs partout où ils sont.

Le gouvernement de Benjamin Netanyahu, au-delà de sa répression légitime et compréhensible des premières semaines, ne fait pas que s’isoler, aujourd’hui, dans la poursuite d’une vengeance sanglante.

Il entre dans le piège tendu par le Hamas, pour le compte de l’Iran.

L’empressement des commentateurs à exclure l’hypothèse d’une coordination de l’opération du hamas en fonction de l’intérêt russe et iranien, à l’un ou à l’autre, ou aux deux, est curieuse car elle dément le bénéfice tactique et stratégique qu’en recueillent ces deux puissances comme le trouble, la désynchronisation de la capacité de résolution et d’attention, qui est semé dans les relations internationales.

Là où un sujet de discorde modérée – l’Ukraine – avait déjà peu de chances d’aboutir à une résolution, qu’en est-il après irruption, au niveau constaté le 7-Octobre-2023, d’un sujet qui est construit comme devant être la mère de toutes les discordes ?

Tout cela appartient-il, du point de vue du mouvement stratégique auquel nous sommes confrontés, à une même unité de temps et à une même unité de lieu ?

C’est très probable.

Le nid où l’islam stratège s’est accouplé avec l’hydre altermondialiste, c’est la conférence de Durban 1, fin août-début septembre 2001. Elle est marquée par un clash sur la question palestinienne érigée comme l’étalon de toute injustice. Quelques jours après, le 11-Septembre-2001 Al-Qaida a publié les bans de cette union.

Ce qu’opère la Russie, comme ce qu’a accompli le hamas le 07-Octobre-2023, relève de la conspiration contre l’Humanité par le degré de perversion du calcul qui est réalisé, par les effets secondaires attendus, par l’effet de levier escompté.

En accusant l’Ukraine
d’être nazie,
la Russie ne pratique pas
le point Godwin.
Elle se désigne elle-même
dans l’ordre des ténèbres.

Bien que l’expression « Conspiration contre l’Humanité » ne soit pas juridiquement établie, ne peut-elle pas servir à conceptualiser et à débattre de pratiques extrêmes qui, bien que ne relevant peut-être pas strictement des crimes contre l’humanité tels qu’entendus traditionnels, représentent néanmoins des menaces contre les fondements mêmes de l’existence humaine.

La Russie empoisonne l’esprit humain. Elle l’a fait sur les démocraties occidentales. Elle le fait sur l’Afrique.
Elle le fait déjà, grâce à son droit de veto, à l’ONU et le fera, aussi, sur l’ensemble des institutions.

Il faudra donc établir que la Russie agit, sur une large période dont tout porte à croire qu’elle débute avant le 11-Septembre-2001, pour soumettre ou discréditer l’institution qui tente de régir les relations des nations entre elles.

Et qu’elle le fait, circonstance aggravante, alors même que le statut politique et moral que lui confère son rang de membre permanent du Conseil de Sécurité, l’oblige à défendre, a minima, la charte ou, le cas échéant, à être force de proposition pour l’améliorer.

Les Nations-Unies sont nés de l’échec de la Société des Nations à avoir évité la montée du nazisme et la seconde guerre mondiale. Les nations se sont constitué, en 1945, en une Organisation des Nations-Unies afin d’empêcher le retour de la guerre et la survenue d’un désastre comparable à ceux qui ont bouleversé le XXe siècle.

C’est l’engagement sous-jacent que les nations ont pris. C’est l’engagement sur lequel les membres du Conseil de Sécurité, en dépit d’intérêts qui peuvent être divergents, ont le devoir de veiller et s’il y a manquement à ce devoir, l’assemblée générale, peut-être en mesure de sanctionner le Conseil de Sécurité.

Ce serait une convocation de portée historique. Il ne s’agit pas de le galvauder. L’institution n’y survivrait pas.

Puisque les nations unies sont nées de la volonté d’épargner à l’avenir au monde l’abomination que le nazisme y a semé, l’institution ne peut pas être indifférente à toute accusation qui, de près ou de loin, réinterprète ou ressuscite le nazisme.

Tout le monde connaît la loi dite de Godwin, du nom de cet avocat américain, stipulant que « Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d’une comparaison impliquant Hitler ou les nazis s’approche de 1. »

En accusant l’Ukraine d’être nazie, la Russie ne pratique pas le point Godwin. Ce que la Russie fait, en accusant l’Ukraine d’être un nid de nazis ou l’Occident d’être « satanique » ne participe pas d’une posture rhétorique permettant, par l’assimilation de l’interlocuteur ou de l’adversaire à un SS ou à un nazi, d’annihiler la rhétorique adverse. Ce qu’elle fait en désignant l’Ukraine ou l’Occident comme le siège du mal absolu, c’est qu’elle se désigner elle-même dans l’ordre des ténèbres.

S’il était possible de prouver que la Russie est un Etat « nazi, tout serait simple.

La situation justifierait une saisine de l’institution à un niveau de délibération extraordinaire puisque la situation exposerait l’institution à une menace qu’elle s’est fixé pour mission, à travers son droit de résolution, de conjurer.

Nous sommes dans la position
de ces astrophysiciens
qui subodorent,
par leurs calculs,
la présence d’un trou noir

Est-ce vraiment un manque de chance si c’est elle qui accuse l’Ukraine et l’Occident d’être le siège du mal absolu. Ou est-ce, déjà, puisque nul n’ignore la psychologie de la Russie, une forme d’aveu qu’elle consent à faire sur la construction stratégique qu’elle orchestre et les moyens de mensonge, de désinformation et de duplicité qu’elle a mis en œuvre pour réaliser son plan de renversement de l’ordre international pour y installer des conditions de sa domination.

La Russie utilise l’accusation du nazisme à l’encontre de l’Ukraine, de décadence à l’égard de l’Europe, de satanisme à l’encontre de l’Occident, désormais incriminé pour téléguider le terrorisme de Daesh, pour masquer la dialectique qui détermine, depuis longtemps, son action globale.

Nous sommes dans la position de ces astrophysiciens qui subodorent, par leurs calculs, la présence d’un trou noir, qui par définition absorbe tout rayonnement, et qui n’ont pour parvenir à le démasquer que l’observation des anomalies dans un champ d’observation pertinent.

Toutes les nations du monde, si elles devaient être convoquées en session extraordinaire, seraient dans la situation de cet observateur.

Elles peuvent être désinvoltes car la part de rhétorique qui leur est parfois adressée est flatteuse et libératrice, et peut toucher d’innombrables cordes sensibles, mais à un moment, comme cet observateur têtu et obstiné, il faudra bien qu’elles voient ce qu’elles voient, pour reprendre Charles Péguy.

Le libre-arbitre des nations du monde tient à ce fil.

Il n’est possible de voir ce qu’il y a à voir qu’en s’affranchissant du prisme de la dialectique, surtout lorsqu’elle se montre irrésistible. Ou en traversant un certain nombre de déserts.

Le terrorisme islamique, jusqu’à un point qui va bien au-delà de ce qui est généralement admis, est intéressant sous bien des aspects, mais il en est un principal qui l’amène à se replacer, particulièrement en Europe, particulièrement en France, dans le focus pour replacer son propre prisme à la place de celui du véritable danger.

Les Nations Unies doivent lever une dernière ambiguïté sur laquelle il est insupportable de voir la Russie jouer.  Le fait d’être une puissance ou une nation « dotée » ou « aspirante » est une circonstance aggravante.

Cela n’assure en aucune manière l’impunité, comme la possession d’une arme plus puissante ou égale à celle de la police, n’assure pas à un voyou d’être au-dessus de la loi.

Elles doivent donc dire qu’une nation nucléaire mise au ban du Conseil de Sécurité, ne peut pas invoquer une menace exitentielle, comme source de sa légitimité à user d’un vecteur nucléaire.

Sa protection est assurée par le droit international.

Les Nations Unies seules possèdent cette légitimité.
Elles doivent s’emparer de cette prérogative.

Le 9 juin 2024 décidera si Poutine va écrire l’Histoire

Les élections européennes du 9 juin – comme les élections américaines de novembre prochain qui, elles, désigneront le prochain président des USA – vont décider si Poutine, au nom de la Russie, est celui qui va écrire l’histoire de l’Humanité.

Vladimir Poutine s’est suffisamment fait connaître pour que nous n’ayons pas de doute quant à la manière dont l’Histoire du monde va s’écrire si nous lui accordons la liberté d’écrire cette page entre deux siècles et deux millénaires.

Il écrira le sillon de notre destin, n’en doutez pas, comme il écrit toute chose. Avec l’encre du crime, du viol, de la brutalité. Avec le sang du malheur.

Lorsqu’on débarrasse le champ de toutes les controverses inutiles et des débats secondaires, des tracteurs des agriculteurs mécontents de la PAC, des ballets de complotisme et de protestation, c’est cela qui apparaît.

La mécanique du mécontentement qui a été mise en oeuvre au sein des peuples européens pour décomposer la volonté des peuples et obscurcir leur jugement doit reculer.

C’est de cela dont chacun, aujourd’hui, dans chaque pays de l’Union, doit être pleinement conscient au moment de savoir s’il est intéressé ou pas par ce scrutin. C’est un enjeu qui ne concerne pas notre confort, nos convictions, notre orgueil.

L’enjeu est au-dessus de tout cela.

Ce n’est pas un choc de civilisation entre le sud et le nord. Ce n’est pas davantage celui de l’islam contre la chrétienté, d’un prétendu surconscient écologique sur le subconscient capitaliste.

Cela, démarré le 11-Septembre-2001, c’est une impitoyable et habile cinématographie stratégique qui a été mise en mouvement pour que nous ne soyons pas capables de voir le mouvement réel, cynique, engagé contre la légitimité de l’Occident à placer ses valeurs humaines et humanistes comme celles qui doivent inspirer l’histoire du monde.

Nous sommes en plein doute ontologique.

Le doute doit cesser.

Les spectres qui ont fait irruption, dans notre histoire, en criant « Allah Akbar » ne sont que des épouvantails, mécanisés, captagonés, dont les cerveaux ont été lessivés.

Pendant qu’on les regarde, on ne regarde pas ailleurs. Leurs coups nous uppercutent à l’intérieur de l’esprit pour nous empêcher de réfléchir le monde au-delà des limites [le terrorisme islamique] qu’ils ont fixé.

C’est à cet enjeu que doit se mesurer la responsabilité individuelle et collective de chaque citoyen et de chaque parti politique. C’est à elle que doit s’établir et s’affirmer notre souveraineté.

Rien n’est plus important que de nous assurer que nos enfants, notre postérité, resteront libres, et que l’idée de liberté continuera d’éclairer le monde.

Rien n’est plus important que de leur assurer cela.

Rien n’est plus important que de pouvoir se dire, le 9 juin 2024 au soir, que, à travers la protection de notre libre-arbitre, nous avons su protéger, alors que tant de pulsions d’abandon nous poussaient à l’indifférence et à la désertion, les conditions de libre-arbitre de ceux qui nous suivent.

Addendum à la campagne aux Européennes 2024

N’oubliez pas de considérer Poutine tel qu’il se voit depuis des années et tel que les réseaux pro-russes le représentent, c’est-à-dire en domination, absolue et imparable, du jeu international.

La représentation ci-dessus, postée en 2015 par les infiltrations russes dans les réseaux sociaux français et européens, a une portée subliminale. Elle dit que nous sommes dans la nasse et que, quoi que nous fassions, nous finirons dans la gueule du loup.

C’est cela ce que cette image dit.

Cette image date de 2015. Mais elle laisse échapper une évidence : si la partie est en cours, à ce moment-là, cela signifie que la partie n’a pas commencée là.

A-t-elle commencé à la conférence de Munich sur la Sécurité, en 2007, lorsque Poutine, pour reprendre la manière dont France Inter relatait l’événement, a dit ses quatre vérités à l’Occident.

Le problème du 11-Septembre-2001, c’est qu’il a été conçu pour interdire tout entendement de la situation d’ensemble.

Il a été élaboré, à cette fin, avec la construction initiale de cette légende selon laquelle le 11-Septembre-2001 inaugurait le schéma d’une « organisation non étatique » s’en prenant à Nous, en même temps qu’un index subliminal de plus en plus insistant désignait, tout de même, l’Arabie Saoudite à la vindicte des opinions publiques occidentales.

Il n’est pas inutile de signaler qu’elle était, jusque-là, l’indéfectible allié stratégique de l’Occident et l’une des clés du marché énergétique. Il fallait parvenir à installer l’idée qu’y siégeait l’origine du Mal. Discernez-vous la mécanique de raisonnement qui est, cran après cran, mise en oeuvre?

Si vous voulez que ce scénario qui nous est stratégiquement favorable soit retenu et délivre toute sa puissance, nous avons l’ingénierie pour vous procurer de quoi l’abreuver. Ceci est la clé de l’intelligence du soft power russe. Elle est infiniment redoutable.

Petite parenthèse : c’est l’Arabie Saoudite qui a contribué à l’écroulement des cours de brut qui a asphyxié, économiquement, l’ex-URSS et l’a fait s’effondrer, effondrement considéré par Poutine comme la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle.

Il est évident que Poutine n’est pas quelqu’un et qu’il n’est pas à la tête de la cryptogarchie russe pour ne pas être en mesure de réserver des chiens de sa chienne à ceux qu’il estime être des traîtres. J’ai beaucoup de mal à penser que si le guide suprême de la Révolution Islamique d’Iran lui a montré un schéma pour déstabiliser le royaume saoudien, il ne l’a pas exploité.

Il voit les failles des systèmes de défense dans les esprits. Et je l’ai vu les avoir vu.

Poutine n’est pas le fils spirituel de la Russie qui a inventé le mythe du Protocole des sages de Sion et la grande Illusion dialectique du Communisme pour rien.

Alors, on trouve toujours un idiot plus ou moins utile pour dire aux Européens qui veulent gober la couleuvre ou aux Américains qui veulent l’entendre de la bouche d’un clown que la commission européenne, c’est l’Etat profond et que Washington, c’est aussi l’Etat profond.

C’est ce que l’on nomme la projection accusatoire.

A partir de cette injonction, qui signe ce qu’est, profondément, la psychologie de l’Etat russe, les uns et les autres parviennent à convaincre des masses d’électeurs que l’Occident est toxique et que sa supériorité morale et technologique est une supercherie.

Il fallait inscrire dans le psychisme des populations, que le sentiment de prééminence de l’Occident, plus que de supériorité, est illégitime, qu’il est le produit d’un complot, d’un conditionnement, d’une doxa libérale, qu’il se réalise aux dépens des tiers-monde, et si la tache ne suffit pas, qu’il est le fruit non seulement de l’exploitation du capitalisme sur les Hommes mais de sa prédation sur le climat, et que là-bas, dans l’autre monde, tu verras et tu seras libéré.

Les moteurs logiques qui ont été mis en marche contre Nous, l’Humanité, ce sont ceux-là.
Ce ne sont pas des moteurs d’équité et de justice
. Je vous en prie, prenez un peu de recul sur les éléments de langage et de dialectique pour observer le mouvement et la nature de ce qui s’insinue dans l’esprit et le transforme.

En informatique, il y a au moins des pares-feux. Normal, il y a des ingénieurs qualifiés.

Dans l’âme humaine, il n’y a plus rien. Nous avons déclaré que nous sommes assez grands pour nous débrouiller avec le réel.

Alors, on entre dans l’âme des peuples comme dans du beurre ou comme dans un moulin, pour y semer les graines de doute, de discorde et de conflictualité.
La société de l’information, vitale aux démocraties, y secrète aujourd’hui la perversité dialectique qui dessert et expose ces mêmes démocraties au ridicule. Le wokisme en est une forme experte.

Cette perversité dialectique qui s’est abattue sur Nous n’a semble-t-il plus de limite et c’est elle qui conditionne les débats pour que, au bout du processus, ils produisent la capitulation de l’intelligence commune devant la terreur.

Il faut se souvenir des choses et comment nous avons été prés de tomber dans le panneau. Nous avons exaucé, en partie le vœu de Poutine, l’Arabie Saoudite s’est décalée de la ligne occidentale.

Regardez, maintenant, parmi les plus virulents à avoir dénoncé cette alliance, à avoir demandé de faire tomber la monarchie des Saoud, « Daech qui a réussi », qui il y avait pour relayer les intérêts de l’Iran et de la Russie, avec un petit coup de peinture russe sur la carlingue du souverainisme.

L’Europe, le Brexit, le TAFTA, le nucléaire, l’OTAN, etc, sur tous nos sujets régaliens, sur tous les sujets, le débat démocratique finit par pencher du côté de l’intérêt objectif de Poutine. C’est problématique et c’est suspect.

Et il est vrai, si d’aventure nous reprenions un peu notre lucidité, qu’un attentat islamiste rappelle la vraie priorité. Faut-il du cochon dans les cantines scolaires ?

Mon malaise, c’est d’avoir le sentiment que quelque chose nous prend pour des cons.
Je ne veux pas qu’on prenne mes compatriotes pour des cons.
Je ne veux pas qu’on prenne les Européens pour des cons.
Je veux qu’aucun humain ne soit pris pour un con.

Voilà, voilà, voilà. Voilà ce sur quoi délibère la démocratie pendant que les loups s’approchent et dévorent une partie des frontières terrestres extérieures et font ripaille de nos cerveaux.

Il y a là, à mes yeux, un mystère. Si elle était encore là l’une des deux Simone Weil ou Veil pourrait me renseigner sur la manière dont le mal conquiert les esprits. C’est le sujet.

Nous ne pourrons pas aller bien loin dans ce XXIe siècle sans protéger et nourrir le libre-arbitre qui nourrit la liberté de tous les peuples.

Elle ne se nourrit de rien d’autre et ne trouve son aise que de la qualité du libre-arbitre que l’on instruit. Je ne distingue pas les démocraties des autres régimes constitutionnels de ce point de vue.

Cela implique que le combat qui doit nous réunir et que certains veulent cristalliser autour d’une spécialisation de la théorie du clash des civilisation, via l’affrontement Occident vs Sud Global est une invention, nourrie aux hormones de croissance du ressentiment des uns et de la culpabilité des autres, pour que nous nous trompions toujours de cible.

Ce prisme est attrayant. Il est attrayant comme un mensonge.

Pour revenir au 11-Septembre-2001, le mythe consistant à dire que nous avons eu affaire à une organisation non étatique résistera-t-il à une analyse rigoureuse ? A celle dont nous ne sommes pas vraiment capables avec le système d’information tel qu’il est ?

De là où mon chemin m’a placé, la scène de crime parle toute seule. Les liens et les convergences objectives affleurent la surface des opacités et des apparences.

Il est advenu – on appellera ce phénomène comme on le veut – que dans la nuit du 13 au 14 novembre 2015, sur fond des variations Goldberg de Johann Sébastian Bach par Glenn Gould, une partie du voile s’est levé.

Je n’ai pas tout vu ni tout compris d’un coup. Mais j’ai compris ce qu’il ne fallait pas regarder pour avoir une chance de commencer à voir.

Combien y a-t-il de manières d’influer sur le cours d’une rivière qui s’appellerait l’histoire avec un grand H?

Pendant que notre attention était focalisée sur l’assassinat du commandant Massoud et qu’Al-Qaida agitait des spectres que nous avions envie de voir pour confirmer notre vision des choses, pendant ce temps, la conférence de l’antiracisme de Durban I, en Afrique du Sud, ouvrait de vraies vannes pour nous submerger idéologiquement ; pour rentrer, dans toutes les têtes, la pomme de discorde que constitue le mythe de la Palestine et insinuer, jusque dans les plus prestigieuses universités, un antisémitisme au carré.

L’opération du 7/10/2023 du Hamas ne fait qu’appliquer, comme si sa forme antédiluvienne, ne suffisait plus, la formule de cet antisémitisme au carré : parce que l’un est juif et parce que l’autre est palestinien.

Que d’intelligences, vraisemblablement honorables, au départ, se sont éventrées sur ce double écueil.

Oui, c’est ce que je dis car c’est cela, à partir de mon non-académisme, que je discerne.

C’est le danger dont je suis seul à oser vous avertir.

La clé de l’Histoire, fournie avec le mode d’emploi, dans la rue arabe, comme on dit par facilité rhétorique, et dans les esprits occidentaux, devrait être celle-là.

Elle est tentante.
Elle ouvre l’enfer.

Elle s’offre à l’intellect dont elle épouse la forme des serrures.
Il faut créer une autre clé. Une clé de justice. Réparatrice.
La Politique sert justement à ça.

Refaisons de la grande politique !

Emmanuel Macron a eu raison de dire, le 27 février dernier, que nous ne pouvons rien exclure, et que nous ne pouvons pas exclure, par conséquent, d’intervention terrestre pour défendre l’Ukraine.

Il est plus que temps de prendre la mesure de la menace russe et des calculs monstrueux qui l’animent.

Le président Macron ne mérite pas la petite bronca politico-médiatique qu’une partie de la classe politique lui a réservé. L’histoire jugera.

Nous ne faisons que commencer à comprendre la nature de ce à quoi nous avons affaire.

Nous n’avons pas fini de découvrir son visage.

De toute façon, le choix est simple. Ou bien nous découvrons son visage ou bien il couvre le nôtre du masque de l’infâmie.

Normalement, nous avons une Marseillaise pour comprendre ce qu’il faut faire.

Ce n’est pas la première fois que cela arrive dans l’histoire, mais à cette échelle, avec les conséquences sur l’Ordre du Monde que cela fait peser, cela n’est jamais survenu.

Ne vous demandez pas comment le nazisme a subjugué le peuple allemand, il l’a fait comme la révolution nationaliste russo-poutinienne et la révolution islamique subjuguent et tentent de partitionner notre temps et notre espace.

Il y a eu un petit miracle auquel il faut rendre justice. Il s’appelle Zelenski. Je crois qu’on ne se rend pas compte comment, au soir du 24 février 2022, il a fait sonner une charge inattendue, surprenante et héroïque face à la tyrannie russe.

Les Ukrainiens ne peuvent pas perdre et nous devons gagner.
Européens, nous n’avons pas le droit de nous laisser endormir !

PS: Je suis candidat à la candidature sur la liste Renaissance aux Elections Européennes du 9 juin. Si légitimité il y a à ce que je me vois confié l’honneur de représenter les Européens, c’est en vertu de cette parole de sécurité. Je l’ai extirpée à ce qui ressemble à un chaos pour la lever et en faire le matériau du bouclier de notre civilisation. Merci.

L’Amérique de la mémoire qui flanche

La mémoire du président Joe Biden est l’objet de dérision et de spéculations partisanes et médiatiques. Le fait est que président américain ne sera même pas présélectionné à l’émission Qui veut gagner des millions ? s’il confond, comme il l’a fait, le président Sissi avec le président du Mexique Andrès Manuel Lopez Obrador.

Le système informationnel de la grande démocratie américaine crépite comme un feu de joie. Il guette les bourdes. Il succombe au voyeurisme pour le voyeurisme.

Mais, le plus humble des humbles, si sa cervelle n’était pas encore polluée par le charivari médiatique saurait que ce n’est pas cet incroyable talent mnémotechnique que l’on demande au commandant en chef de la première puissance mondiale.

On demande au président américain une stature et, en période de grand danger, telle que celle qui rampe vers nous, une acuité qui concentre toutes ses ressources intellectuelles et morales pour arrêter le mal.

L’Amérique de Trump
ne mérite pas
la statue de la Liberté

Le président Biden a désigné, plus d’une fois, Poutine comme tel. Il a fait preuve et continue de faire preuve d’acuité et de résolution contre sa propre démocratie, contre le Congrès américain qui monnaye la grandeur de l’Amérique à la taille d’un mur à ériger face aux Mexicains et abandonne l’Ukraine, qui est un soldat de la Liberté, qu’on le veuille ou pas, en rase campagne.

Loin est l’Amérique qui a fait tomber le mur de l’Atlantique et le mur de Berlin. L’Amérique du mur de Trump, l’Amérique du Trump qui s’esclaffe devant les gaffes de Joe Biden, est une anti-Amérique. Elle ne mérite pas la Statue de la Liberté que la France lui a offerte.

Je suis sûr que cette Amérique-là, celle qui nous a libéré et qui assure la sécurité du monde, elle est partout dans la mémoire de Jo Biden comme elle n’est nulle part dans les méninges troués de Donald Trump et qu’il doit y avoir une solitude parfois déstabilisante à vouloir ouvrir les yeux à sa propre nation qui file du mauvais coton.

La grande démocratie américaine s’effiloche, de jours en jours, et à longueur de plateau et de talk-shows. C’est cette Amérique qu’un Poutine dans la posture d’un faux modeste prématurément triomphateur, imbu de ce qu’il croit devoir être son inéluctable triomphe, vient narguer.

Il le fait en toute impunité, servi sur le plateau médiatique, par un obscur influenceur idéologique.

Il fut un temps où l’Amérique, autant celle des campagnes que celle des villes, une Amérique moins partisane, plus éclairée par l’idée qu’elle se fait d’elle-même, se serait levée pour dire l’indignité de la campagne menée contre Joe Biden. Il y aurait eu quelqu’un pour couvrir de goudron et de plumes ce Tucker comme le faux-cul drappé dans ses fonctions de procureur qui a mis son grain de sel dans la plaie.

Le crime paie. L’outrage paie. Au secours, John Wayne!

Aujourd’hui, l’Amérique Elle se gausse. Elle se marre. Elle en fait ses choux gras.
Surtout, elle ne protège plus ce qu’elle doit protéger.

Elle a la mémoire d’elle-même, de ce qui fait sa grandeur et son caractère, qui flanche.
Eternelle parabole de la paille et de la poutre.

孔夫子 (Confucius) peut-il perdre ?

Questions pendantes:

Nous savons déjà que le XXIe siècle est le siècle qui répondra à deux questions majeures.

La première se formalise en #Ukraine et semble ne pouvoir l’être qu’aux dépens de la #Russie.
Oui, une puissance nucléaire peut perdre une guerre.
Ce n’est pas une affaire de désirs pris pour des réalité. Si ce ne doit pas être le cas, il est à craindre que ce soit la fin de l’Histoire.

La seconde se cristallise autour de Taïwan.

Comment la Chine Populaire, forte de 1,4 milliards d’habitants, pourrait-elle ne pas avoir “raison” d’une Chine Nationaliste de 25 millions d’habitants ?


Elle peut, vraisemblablement, la soumettre par la force, l’enserrer; elle peut nourrir et accepter l’escalade, obliger l’humanité à la suivre, dans le chaos et l’instabilité, desservant les termes vers lesquels elle veut voir converger le statu quo.

Mais avoir « raison » de Taïwan, c’est autre chose.

C’est le champ d’une réalité existentielle propre à la Chine éternelle qui se développe et se fixe autour de Taïwan. « Dans l’avenue des deux-Républiques, le bourreau passait, son sabre courbe sur l’épaule, suivi de son escorte de mauséristes », écrit André Malraux dans La Condition Humaine, paru en 1933. L’avenue des Deux-Républiques a débordé en mer de Chine, sous la forme du détroit de Taïwan.


Le conflit ontologique n’est pas le moins du monde réglé.
Il s’est réveillé et s’aiguise avec le réveil du géant économique, démographique, militaire, qu’est la Chine continentale.

La Chine a la responsabilité de se résoudre elle-même pour devenir une puissance politique à l’aune de ses autres attributs de puissance.
Elle ne peut pas faire semblant de rien.
Où, quand et comment est de l’ordre de sa souveraineté.

La grandeur de la Chine est, de ce point du vue, essentielle au monde. La grandeur de la Chine ressortira. Ou elle fera défaut.

Et les autres puissances devront compenser le défaut.

A la différence de la Russie, nous devons, déjà, être reconnaissants à la Chine de maîtriser sa force.
Elle pourrait, en effet même si tout est fait pour l’en dissuader, céder à la tentation de répondre au principe de la Chine unique en l’éteignant par la brutalité extrême et le renoncement à la valeur de la parole.

Le chemin de Poutine ne devrait pas être celui de Xi Jinping.

孔夫子 (Confucius) peut-il perdre ?

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Apocalypse, selon Poutine

Le fait que le régime de Vladimir Poutine assimile l’Occident à une “menace existentielle” dans la doctrine stratégique de la Fédération de Russie n’est à relier, d’une manière aussi aiguë, à aucun précédent historique.

La terminologie employée par la fédération de Russie porte la question de la guerre bien au-delà du champ de sa phénoménologie classique qui détermine sa rationalité.

Il s’agit pour Poutine de s’ériger en camp du Bien face à la « domination » insidieuse du Mal, d’en libérer le monde et d’être, ainsi, à l’origine de la création d’un nouvel ordre mondial.

Un régime qui fait cela, creuse sa tombe.

En prenant le risque d’engager cette dimension sémantique et un tel niveau d’essentialisation, la Russie n’ordonne pas, en effet, qu’une escalade des mots et des postures.

Vladimir Poutine matérialise, au nom de la Russie, une porte qui n’est pas celle du paradis sur terre puisqu’elle est celle des enfers.
Elle n’existe que si on la voit. Elle n’existe que si quelqu’un prend le risque de la désigner.

C’est ce que Vladimir Poutine vient de faire clairement.

Hitler et le IIIe Reich ont aussi, en rêvant simultanément d’une race aryenne dominant le monde et le débarrassant des Juifs, désigné cette porte et engagé la quasi-totalité de l’humanité dans les ténèbres de son entrebâillement.

De tels hommes ont inauguré l’ère de la calamité. Ils ont fait du XXe siècle le siècle d’un effondrement.
Faut-il vraiment que le XXIe poursuivre cette descente et en reprenne les prémisses ?

Ce qui est infalsifiable,
C’est que la lumière triomphe des ténèbres

L’auteur de Mein Kampf a donné un sens historique à l’holocauste et permis de définir la substance du crime contre l’Humanité.

Vladimir Poutine, lui, fricote du côté de l’apocalypse nucléaire.

Voyez, surtout, qu’il ne peut y faire que fricoter.

Mais Nous, les nations du monde, ce composé des hommes et des femmes de races, de religions, de convictions et de cultures différentes, au nom de la Liberté et de la dignité des Hommes, ne sommes pas des nations, des citoyens et des sujets, qui fricotons avec les thèmes dont dépendent le destin commun.

Pour peu que cela nous soit demandé par les circonstances, nous ne savons aller qu’à la profondeur des choses pour que, là même, vienne le règne de la Lumière et celui du dénouement.

Nul ne peut transformer l’ombre en lumière. Il est possible à un régime corrompu de maquiller bien des choses, mais la lumière reste la lumière et l’ombre demeurera l’ombre.
Ce qui est infalsifiable, dans l’ordre des choses, c’est que la lumière triomphe des ténèbres.

On le voit : la Russie n’a pas les moyens de parler clair. Elle louvoie sans fin, elle baragouine une langue qui n’est plus celle de Tolstoï. En guise de sceptre, elle arbore le balais brosse qui lui permet de laver le sol du sang qu’elle répand et elle demande qu’on s’incline devant lui.

Qui le fera ? Qui fera cette allégeance ? Qui aura l’inconscience d’y succomber ?

La Russie peut essayer de noyer les apparences, d’inverser tous les éléments de langage et les repères, elle n’est pas soluble dans le droit et l’élévation de la culture.

Elle méprise le droit. Elle vénère la force.

Elle s’adonne à une manipulation du psychisme national et international qu’elle livre à des charlatans. Qu’il s’agisse du patriarche Kyrill, d’Evgueni Prigojine, commandant en chef de Wagner et son armée de salopards, ainsi que des polyvalents des basses œuvres du régime.

Elle a anticipé, sournoisement, les conditions qui lui permettent de se poser en victime de l’agression préalable. Elle est allée à la bonne école de la dictature du prolétariat.

On se demande pourquoi la Russie tord le cou à la réalité ? Pourquoi elle ment effrontément à son peuple ainsi qu’au monde et pourquoi elle « inverse » le champ des valeurs?

Elle le fait car la réalité de qu’elle est, l’objectivité de son intention, ne peuvent être assumées. Il lui faut déguiser la réalité, travestir maladroitement l’Etat, lui retirer, à commencer par le respect du vrai, les attributs de sa dignité.

L’Armée, le Militaire, est l’extension de la dignité que se fixe l’Etat. Il n’y a pas d’armée sans honneur. Il y a des mercenaires et des soudards. Ses généraux, ces officiers, finiront par le voir.  

Nous sommes le siècle
qui a les yeux grands ouverts
et qui a l’âme centrée.

Vladimir Poutine porte l’apocalypse.

Il ne s’agit pas de l’apocalypse nucléaire.

Cette menace nucléaire, elle est brandie, virilisée, vectorisée par un arsenal fantasmé comme invincible, depuis des mois. Mais le maître du Kremlin ne mesure pas à quel point la montée à l’arme extrême, synonyme du feu nucléaire, à quel point cette instrumentation essentialise.

Au-delà de la terreur qu’elle est sensée inspirer, elle ramène à la réalité de l’enjeu, elle dépouille l’état du réel des artifices. Elle laisse transparaître, au delà de toute glose, le visage du régime.

L’arme nucléaire est un élément formel de la dissuasion. Elle met, symboliquement, une partie de la puissance des dieux dans des mains humaines.

Mais que personne ne laisse croire à personne qu’elle n’octroie que ce pouvoir, et que ce pouvoir est un gage d’impunité. Elle leur met, à l’égal de celui des dieux et à proportion du pouvoir de destruction, la mesure et le poids de la responsabilité.

Cela est inaccessible aux fous et aux clowns.

Ce qui est peut-être encore pittoresque quand il s’agit des gesticulations de Kim Jong Un est cela même qui est inconcevable s’il s’agit de la Russie.

La seule apocalypse que Vladimir Poutine lève en invoquant « une menace existentielle » est celle qui menace le Kremlin: c’est celle de la vérité. Elle ne se combat pas avec des radars, des batteries anti-aériennes ou grace à des engins hypersoniques, pas plus qu’avec des coalitions hétéroclites et trompeuses.

C’est la première et la dernière fois dans l’histoire de l’humanité, au sein de l’espèce humaine, que les nations doivent accepter de voir invoqué, au nom d’une menace existentielle que leur ferait subir une ou un ensemble de nations, ce risque de vitrification par l’une des leurs. Il n’y a pas de petite vitrification.

Mêmes celles qui y sont rétives, qui considéreraient que cette guerre n’est pas la leur, faisant primer leur intérêt strict, leur éloignement, sont happés par cette surenchère stratégique.
Elles ne peuvent ignorer ce vers quoi cette surenchère est le marchepied.

J’aimerai que nous en vinssions à la grande question finale.

Pourquoi Vladimir Poutine, en arc-boutant son système politique, social, étatique et militaire sur une menace existentielle, a creusé lui-même, tout seul, la tombe de son régime ?

La raison en est très simple. Elle n’est pas sybilline. Elle est comme un secret d’enfant.
Le Bien n’a pas d’ennemi existentiel. Seul le Mal, dans la langue propre à la conscience des Hommes, se place dans l’exposition à une menace existentielle, et il ne peut la subir que de ce qui incarne, à ses yeux, le bien.

Le Bien ne se définit pas lui-même et ne définit pas le Mal. C’est le Mal qui définit le Bien et se définit lui-même, en sorte qu’il n’y a pas de lutte finale entre le bien et le mal. Il n’y a pas de victoire et de défaite: n’est que ce qui doit être, distingué de ce qui ne le doit pas.

Ce fil d’Ariane ténu relie solidement, sans qu’elles s’en rendent forcément compte, toutes les civilisations en une. Il relie, lentement, invisiblement et un à un, tous les Hommes en une seule, unique et infinie conscience.

Elle a l’infini pour racine et témoin.
Il faut la dégager de la tourbe du relativisme et de l’existentialisme.
Elle donne sa cambrure à l’Etre, face au Néant.

De quel calcul saugrenu Vladimir Poutine a-t-il pu tirer pour conclusion
que l’homme qui préside au destin d’un milliard et demi de personnes
et qui est adossé à la grandeur d’un si grand et ancien empire
peut se laisser aller à l’hérésie,
et prêter l’honneur du peuple à la dépravation ?

Xi Jinping ne peut pas ne pas savoir
que nous sommes en un siècle qui ne l’accepte pas.

.

Nous sommes le siècle qui a les yeux grands ouverts
et qui a l’âme centrée.

Pauvre Russie.

En attendant la fusion nucléaire

La technologie de la fusion nucléaire doit libérer, à terme et lorsqu’elle sera pleinement éprouvée, le monde de la servitude aux énergies fossiles et à la dépendance à un combustible rare.

Elle changera la face du monde en permettant de s’affranchir des chantages énergétiques et, dans une limite à vérifier, de sa cherté.

La communauté internationale doit impérativement préparer les conditions de cette transition avec les pays producteurs d’hydrocarbures, particulièrement de l’OPEP, pour lisser au mieux, sur la période conduisant à l’émergence de centrales à fusion, la préservation des intérêts vitaux respectifs.

Si nous devons éviter, nous qui sommes consommateurs, des tensions qui nous impactent si durement aujourd’hui, grâce à des tiers, nous devons garantir à ces pays, à la communauté qu’ils forment (OPEP -), un mécanisme de retour en matière de stabilité.

On ignore combien de décennies seront nécessaires pour aboutir à la maturité de la fusion, mais l’attitude agressive de la Russie oblige dès aujourd’hui à calculer ce changement d’horizon et à se garantir mutuellement, dans un cadre à définir, des risques d’un effondrement systémique.

De tels accords ne peuvent pas impliquer des États qui ont une approche égoïste voire criminelle de leurs ressources.

Sans relever formellement de tels mécanismes, le Mondial Qatar 2022, dévoile des perspectives sur lesquelles construire.

Le sujet stratégique est sur la table.

Il n’attend qu’à être enrichi.

Le monde antipolaire, selon Poutine

Poutine construit le mythe d’une Russie bastion d’un monde multipolaire face à l’« hégémonie de l’Occident ». Mais la principale à menacer le monde multipolaire, c’est la Russie. Le monde selon Poutine ne serait pas multipolaire, mais antipolaire.

Je veux juste dire que toutes les nations et les grandes puissances, leurs peuples affranchis, doivent craindre l’engrenage et le passage d’une ère – celle que l’ONU a inauguré en 1945 – où il était possible de construire à celle qui se dessine aujourd’hui et que l’agression de l’Ukraine par la Russie précipite.
Celle de la destruction mutuelle.

C’est cela l’enjeu.

Le retour des manivelles

Syrie : France, Allemagne, Italie, Royaume-Uni se rappellent dans une déclaration conjointe au souvenir de la Russie

Onze ans après le début de la répression du régime de Bachar El-Assad sur le Printemps syrien, réprimé avec une violence qui ressemble comme une goutte d’eau à celle qui s’acharne sur l’Ukraine, les diplomaties de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et du Royaume-Uni viennent de publier une déclaration conjointe qu’il faut entendre au-delà de la norme et de la nuance diplomatique.

Cette déclaration rappelle en effet que le terrain de la Syrie, qui pouvait sembler gagné pour ce que représentent les régimes syriens et russes, n’est pas enterré encore.

Elle rappelle que la bataille qui s’y est livrée n’est pas définitivement perdu pour l’honneur des Nations Unies.

Elle n’est pas perdue pour la place des USA dans l’histoire, capitulée à plusieurs reprises devant un ensemble de facteurs qui paralysait l’action.

Elle est encore moins perdue pour la dignité des Syriens eux-mêmes.

L’impuissance décourage. L’impuissance à laquelle nous sommes parfois condamnés nous fait rager.

Mais, à travers ce communiqué, un terrain se rouvre, et ce n’est pas un champ de bataille. C’est un champ de reconstruction.

Il se rouvre au moment « stratégique » que Monsieur Poutine a lui-même déclenché, en envahissant l’Ukraine et il oblige une vigilance de la Russie sur ce flanc qui lui a rapporté un accès stratégique sur la Méditerranée.

Quelques extraits:

« Après plus d’une décennie de conflit, la situation économique et humanitaire est sombre et les millions de réfugiés syriens, généreusement accueillis par les pays voisins, ainsi que les personnes déplacées à l’intérieur de la Syrie, ne peuvent toujours pas rentrer chez eux conformément aux standards des Nations Unies, sans craindre les violences, les arrestations arbitraires et la torture. L’enlisement du conflit a également fourni aux groupes terroristes, notamment Daech, un terrain à exploiter. Prévenir la résurgence de Daech demeure une priorité. »

« Nous continuerons d’appeler à un cessez-le-feu à l’échelle de tout le pays, au respect du droit international humanitaire et à l’acheminement sans entrave de l’aide par tous les moyens, notamment grâce à la poursuite de l’autorisation par le Conseil de sécurité du mécanisme transfrontalier. »

« En outre, nous demandons instamment que toutes les personnes détenues arbitrairement soient libérées immédiatement et que la lumière soit faite sur le sort des personnes disparues et l’endroit où elles se trouvent. Nous ne soutenons pas les efforts de normalisation des relations avec le régime de Bachar el-Assad (…), ni ne lèverons les sanctions ou financerons la reconstruction, tant que des progrès irréversibles vers une solution politique n’auront pas été accomplis. »

« L’impunité demeure inacceptable. C’est pour cela que nous continuerons de promouvoir activement la lutte contre l’impunité, notamment en soutenant la Commission d’enquête internationale des Nations Unies, le Mécanisme international, impartial et indépendant, et l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). »

« Nous soutiendrons aussi le travail des organisations, dont beaucoup sont dirigées par des Syriens, qui rassemblent des preuves et documentent les atrocités et les violations graves du droit international commises en Syrie, dont l’emploi d’armes chimiques. »

Cela ressemble à des retours de manivelles.

Il faut rendre l’échiquier plus vaste et inattendu, par la justesse des ressources engagées, que celui fixé par les divisions de Vladimir Poutine et son armée.

Cette déclaration conjointe est disponible en cliquant le lien suivant : https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/syrie/evenements/actualites-2022/article/onzieme-anniversaire-du-soulevement-syrien-declaration-conjointe-des-porte »

Maîtres des horloges

Moscou est la capitale mondiale du monde de la post-vérité comme Washington a été considérée, longtemps, comme celle du monde libre.

La Russie affirme que l’Ukraine abrite des laboratoires destinés à la production d’armes biologiques et convoque une réunion du Conseil de Sécurité de l’ONU, ce vendredi 11 mars (17h).

Les accusations sont bidon et le procédé porte atteinte à la crédibilité des instances onusiennes. L’accusation russe est frappée d’un cynisme sans nom.

La liberté, avec son corollaire l’amour du vrai et du beau, doit éclairer le monde. S’il le fallait une bougie y suffirait.

La post-vérité, avatar sournois du relativisme, le plonge dans l’obscurité.

Zelenski se défend avec la sincérité du simple fils d’Ukraine qu’il est, pair entre pairs.

Entre chien et loup, le peuple russe.

Je ne sais toujours pas, cependant, ce que voulait dire Baudelaire en disant que les Chinois voient l’heure dans l’œil d’un chat, mais avec la faculté prodigieuse que leur prête le poète, que verront-ils à 17h?

Que voient-ils déjà ? Que voient-ils toujours et encore, encore et toujours?

« Et si quelque importun venait me déranger pendant que mon regard repose sur ce délicieux cadran, si quelque Génie malhonnête et intolérant, quelque Démon du contre-temps venait me dire : Que regardes-tu là avec tant de soin ? Que cherches-tu dans les yeux de cet être ? Y vois-tu l’heure, mortel prodigue et fainéant ? je répondrais sans hésiter : Oui, je vois l’heure ; il est l’Éternité ! »

N’est-ce pas là une vaste question, même pour l’Empire du Milieu ?