La veuve Havlish et la vérité du 9-11-2001

Nous pouvons créditer le juge Daniels et la cour du district Sud de New-York d’avoir eu raison d’être allés au bout de leur désir de justice. Cette cour a dressé et soutient l’acte accusatoire qu’ils opposent, sans susciter l’intérêt qu’ils auraient sans doute mérité, aux Etats, dont l’Iran, organisations terroristes, autorités, impliqués dans ce qui apparaît comme une conspiration puissante et tentaculaire.

Chacune des victimes de ces tragiques attentats, comme toutes celles du terrorisme en général comme des désastres qu’il a généré, aurait aimé, aurait mérité, de bénéficier de quelqu’un d’aussi déterminé et tenace dans la quête et l’exigence de vérité.

l_fionaanddonx300
Fiona Havish et son époux, lors de leur mariage en août 1993, poursuit l’Iran. Le courage et la dignité d’une épouse.

Ce sont, peut-être, ces gens là, ces magistrats, ces vrais experts, ces gens de l’intelligence, les authentiques héros de la vérité dans un monde qui se soumet aux mensonges et le fait qu’ils l’aient fait, à l’origine des procédures, au nom d’une seule plaignante, Mme Havlish, ne rend la réquisition et le jugement auquel il a abouti, que plus exemplaire.

C’est un matériel d’une grande qualité  qui a été constitué et il forme ce qui peut s’apparenter à un sévère et implacable réquisitoire introductif visant l’Iran.

Ce mémorandum, qui a conduit le juge George Daniels à déterminer la responsabilité directe de l’Iran dans l’organisation des attentats du 11 septembre 2001, ne suscite pourtant pas, comme j’ai pu le déplorer, le moindre intérêt médiatique.
L’acte judiciaire est pourtant abouti et documenté comme en témoignent les pièces accessibles, émanant notamment de documents déclassifiés.

Un Français, et pas n’importe lequel, est cité dans ce mémorandum (page 34), sur lequel la Cour du district sud de New York, s’est fondé pour dresser son réquisitoire et fonder son jugement.
Ce Français, c’est le juge anti-terroriste Bruguière, aujourd’hui à la retraite.
Dans le cadre de cette procédure, l’ancien juge anti-terroriste a déposé sous serment et sa contribution fait l’objet, note la juridiction, de  46 paragraphes, « relatifs, entre autres, aux origines d’Al-Qaida, à ses méthodes de recrutement, au transport et à la formation de nouveaux membres, aux premiers liens entre l’Iran et d’autres organisation terroristes soutenues par l’Iran ».
Il y cite la mise en échec d’une opération terroriste 1994 par le Groupe Islamique Armé (GIA) affilié à al-Qaïda destinée à crasher un avion détourné sur la Tour Eiffel (modèle mis en oeuvre et atteint le 9-11-2001 sur les Twin Towers) et  la découverte et la perturbation d’un complot d’Al-Qaïda 2001 visant à bombarder l’ambassade des États-Unis  à Paris .

« Al-Qaïda, Ansar alislam ont voyagé
à travers le territoire iranien
sur une base régulière et utilisé l’Iran
pour des réunions clandestines »
. –  Juge anti-terroriste Bruguière

« Ces enquêtes m’ont amené à découvrir les débuts d’Al-Qaïda en Europe, et de mettre en évidence les liens naissants d’al-Qaïda avec la République islamique d’Iran, rapporte le mémorandum en citant le juge Jean-Louis Bruguière, ancien premier vice-président de la section d’instruction « Lutte anti-terroriste » du Tribunal de Grande Instance de Paris. Abou Moussab al-Zarkaoui et son groupe affilié Al-Qaïda, Ansar alislam, ont voyagé à travers le territoire iranien sur une base régulière et utilisé l’Iran pour des réunions clandestines, des activités qui impliquaient la complicité des services de renseignement de la République islamique d’Iran. Les membres du groupe de al-Zarkaoui  ne sont jamais venus à partir de Bagdad, mais ont toujours transité via l’Iran où ils disposaient d’excellents contacts. ».

Il ajoute que « les cadres du renseignement iranien ont rencontré régulièrement les opérationnels d’Al-Qaïda dans le Mashad, en Iran, près de la frontière afghane, et qu’ils ont mis en place une voie d’évacuation afin d’ex-filtrer les agents d’Al -Qaïda d’Afghanistan après les attaques de 9/11 ».
Le mémorandum livre un réquisitoire très complet et des sources diverses, y compris liées à des défections de personnalités liées initialement au régime, comme « Bahram » (pseudo).

L’officier de la CIA Robert Baer a fourni des éclairages sur le tabou intellectuel qui concerne l’antagonisme entre chiites et sunnites, tabou aux termes duquel une telle conspiration d’intelligence serait impossible. Ce « tabou » constitue sans doute le meilleur écran de protection.
Pour lui, l’Iran est le sponsor prééminent du terrorisme international. Il en utilise les ressources « à la fois en matière de politique intérieure et extérieure, et poursuit en particulier  un objectif d’hégémonie régionale et d’élimination de la présence et de l’influence américaine au Moyen-Orient ».

Selon Robert Baer, la stratégie et les actions de l’Iran de se placer au-delà du vieux clivage historique entre musulmans sunnites et chiites, afin de « former une alliance coopérative », contribue au mécanisme permettant d’unifier et étendre l’opposition islamique contre l’Occident, en particulier aux États-Unis et en Israël; et cette stratégie permet aussi à l’Iran d’opérer comme leader de l’opposition du monde musulman à la direction des États-Unis « tout en se préservant et en créant un déni plausible de son rôle dans le terrorisme mondial ».

Ce déni plausible  n’est pas que celui de l’Iran. Il est partagé et renversé, au delà de l’espérance des initiateurs, puisque la faute originelle de ce jihad est attribuée largement à l’Arabie Saoudite et au Qatar, les ennemis mêmes de l’Iran.
C’est la théorie de l’avatar que j’ai développé sur ce blog. Elle fonctionne à merveille en dépit, curieusement, de ceux qui en dénoncent la si parfaite construction et la perverse et magistrale duplicité.

« Fait important, la conception américaine commune de l’Iran comme irrationnel et dogmatique Etat islamo-fasciste, que l’Iran était en grande partie dans les années 1980, n’est plus si pertinente. Au contraire, la direction de l’Iran est désormais froidement rationnelle, calculatrice, pragmatique et stratégique », allègue le mémorandum.

On comprend que les autorités iraniennes n’aient pas répondu aux convocations et préféré repousser ces accusations, d’autant plus « ridicules », selon elles, que « tout accable l’Arabie Saoudite ».

La Cour se montre consciente de la difficulté d’apporter des preuves irréfutables.
« Ce fait [que la Commission 9/11 -n’a pas trouvé de preuve que l’Iran ou
le Hezbollah avait connaissance réelle de la planification des attaques de 9/11],
 ne réduit cependant pas la conclusion que les deux [ Iran et le Hezbollah ] ont contribué de façon importante à l’attaque. », est-il objecté.

Reste la force des témoignages, dont ceux émanants d’officiers ou responsables iraniens. Tel  celui qui apparaît sous le pseudo « Colonel B », et qui est issu des rangs des Gardiens de la Révolution.
« Le Colonel B a également dit à Fleming et Timmerman que le CGR (Corps des Gardiens de la Révolution) a maintenu un autre camp destiné en particulier aux ressortissants saoudiens en raison de leurs habitudes culturelles et les pratiques religieuses distinctes.
Ce camp d’entraînement a été localisé dans le Kurdistan irakien et contrôlé d’abord par les services secrets iraniens et plus tard par Abou Moussab Zarkaoui, qui s’est révélé être, plus tard, le chef notoire d’al-Qaïda en Iraq. Pourtant, un autre camp situé dans le désert à l’est de Téhéran, selon le colonel B, a été dirigée par Imad Moughnieh pour les recrues spéciales que Mughniyah a repéré lors de ses voyages en Afghanistan . L’ancien président Abolhassan Banisadr a confirmé l’existence à l’intérieur d’Iran des camps d’entraînement de terroristes pour les combattants étrangers. »,  est-il affirmé.

En 1999, un projet d’attentat
visant à perturber
la Conférence sur la coopération
et la sécurité européenne
déjoué par les Turcs

Ce témoin qui a servi en tant que directeur d’un camp d’entraînement terroriste sunnite au Sahel -e rouh , à environ quarante ( 40) kilomètres à l’ouest de Rasht, Iran, sur la Mer Caspienne. De 1999 à 2000, le Colonel B dirigeait le camp Shahid Mohammad Beglou, spécialisée dans la formation des cadres d’une variété de groupes terroristes vaguement affilié à Al-Qaïda.

Selon les informations qu’il a livré, des Syriens, des Libanais, des Azéris, des Libyens, des Arabes irakiens et des Kurdes irakiens – tous sunnites – sont venus au camp Beglou pour les sessions de formation de 60 jours.
Cette information est jugée cohérente « avec l’annonce par les autorités turques en Novembre 1999 de l’arrestation d’un certain nombre de terroristes d’Al-Qaïda , y compris les Kurdes et les Algériens, qui étaient entrés Turquie de l’Iran en Juin 1999 avec l’intention de mener des attaques terroristes visant à perturber le prochain sommet de la Conférence sur la coopération et la sécurité européenne ». (page 18 . irancase911.exhibit.)

D’autres sources iraniennes de rang, désignés « Témoins X , Y et Z »  fournissent des indications supplémentaires concernant l’existence de camps en Iran et au Liban, gérés par le CGR (Corps des Gardiens de Révolution), le VEVAK (Ministère du Renseignement et de la Sécurité Intérieure d’Iran), ou Imad Moughnieh , pour les terroristes en provenance de divers pays. « Ces camps d’entraînement terroristes, tous parrainés par l’Iran, prolongeaient la relation d’entraînement terroriste qui a été établi entre l’Iran et al Qaïda au Soudan et au Liban au début des années 1990 », affirment-ils.

L’ambassade d’Iran à Bruxelles
complice dans l’assassinat
du commandant Massoud

Les magistrats et experts engagés dans ces investigations n’ont jamais cru qu’Al-Qaida avait pu réaliser seule les attentats du 11 Septembre 2001. Ils ont mis au jour de nombreuses évidences dans les ramifications, les financements, les facilitations logistiques, et fait apparaitre la stratégie objective, mais ils vont plus loin, aussi, en accusant l’Iran de complicité active s’agissant de l’assassinat du Commandant Massoud (page88) exécuté par de faux journalistes belges.

« L’Iran a aidé Al-Qaïda d’une autre manière critique, juste avant 9/11 . Deux jours avant le 11 septembre 2001, le chef de l’ Alliance du Nord afghane, Ahmed Shah Massoud, désigné comme le Lion du Panshir – à la fois allié des Etats-Unis, et principal adversaire des talibans – était assassiné par des membres d’Al-Qaïda se faisant passer pour des journalistes. L’Iran est impliquée dans cet assassinat et spécialement, l’ambassade d’Iran à Bruxelles, en Belgique, qui a contribué à la fourniture aux deux Tunisiens recrutés par Al-Qaïda d’obtenir des passeports belges contrefaits… Ce sont ces pièces d’identité qu’ils ont utilisé pour entrer dans le nord de l’Afghanistan sous le couvert de journalistes pour interviewer Massoud. », assure le rapport accusatoire.
En outre, selon la même source, l’Iran a envoyé deux hommes pour se procurer l’appareil photo, qui a été volé à un journaliste français, dans lequel les explosifs utilisés pour l’assassinat ont été dissimulés.

Cette oeuvre au noir, si complexe et habile, signée par la Révolution Islamique d’Iran, est dévoilée. Ce travail, pourtant, est focalisé sur les seuls attentats du 9-11-2001.
L’histoire de cette révolution islamique s’étend et se propage encore jusqu’à nos jours.
Mais je crois, fondamentalement, qu’à travers notamment l’oeuvre de justice et d’intelligence à laquelle se sont consacrés ces magistrats new-yorkais et leurs auxiliaires, cette oeuvre est découverte et défaite.

Le rôle de Zacarias Moussaoui, pour lequel j’ai un intérêt particulier puisqu’il est natif de Narbonne, comme moi, et qu’au moment où il ourdait son néfaste projet, je me mettais dans une marche singulière, mérite une attention.
Il est établi qu’il a été écarté de la mission des autres terroristes, compte tenu de sa personnalité « excentrique » par les instigateurs qui l’auraient réservé pour d’autres attentats.
Mais il avait peut-être une autre fonction, dont il n’était peut-être pas conscient, celle d’incarner l’idiot utile, chargé de corroborer et soutenir l’hypothèse selon laquelle le complot venait d’Arabie Saoudite, et non d’Iran, en soumettant les médias et les autorités en charge à des ambiguités qu’elles ne sauraient transcender.

Le juge Daniels ne s’y est pas arrêté.

unclassified_iranrussia
Selon ce document, daté du 27 juin 2003, et intitulé « Afghanistan, rencontre avec les Talibans », « une autre aide logistique a aussi été apportée aux milices de l’opposition par l’Iran et la Russie »
interrogatoire_jamal_adfal
Interrogatoire du soudanais Jamal Adfa, impliquant le Hezbollah dans la préparation d’attentats. (6 février 2001) avec des groupes terroristes sunnistes. L’intéressé est lui-même sunnite.

 

.

Laisser un commentaire