Note : Attentats du 13 novembre 2015, dissonances logiques et impact électoral

La situation de la Russie explique, directement, les manoeuvres actuelles dans l’agenda de la chute annoncée du gouvernement Bayrou.
Il faut voir, tout autant, le piège tendu, il y a quelques jours, sur le « sujet » de la lutte contre la corruption, à Zelensky comme un dispositif parfaitement analogue.
La guerre est implantée dans les démocraties. Elle est cognitive mais elle présente des vecteurs logiques, parfaitement traçables et identifiables.


La seule limite, c’est que ces vecteurs qui appartiennent à la stratégie russe se sont patiemment, à la faveur d’un travail autour du grand remplacement, ou de l’immigration massive, comme du terrorisme islamique assez opportun, inscrit comme éléments légitimes du débat démocratique.

Le sont-ils autant qu’on est amené à le penser?
Tout cela repose sur des actions terroristes sur lesquelles il n’est pas interdit de se poser des questions compte tenu, pour certaines, d’une proximité suffisante avec des élections et, parfois, de dissonances de propagande inattendues.

Les attentats coordonnés du 13 novembre 2015 à Paris, revendiqués par l’organisation terroriste Daesh, ont marqué un tournant dans l’histoire récente de la France. En plus du choc humain et symbolique, ils ont eu des répercussions politiques profondes, en pleine période électorale.

1. Déclaration d’Abdelhamid Abaaoud : un aveu dissonant

Abdelhamid Abaaoud, ressortissant belge identifié comme coordinateur des attentats, a fait l’objet d’une interview publiée dans le numéro 12 de Dabiq, la revue de propagande de l’État islamique, peu avant sa mort. Il y affirme avoir pu rejoindre l’Europe puis la France sans difficulté, malgré une fiche de recherche internationale, en franchissant librement les frontières :

> « Je suis retourné en Europe avec les frères, malgré que nous soyons tous recherchés. Nous avons pu nous installer, planifier des opérations et frapper. »

Ce propos est surprenant. Logiquement, une organisation terroriste aurait plutôt intérêt à cacher les failles qu’elle exploite pour ne pas inciter les États visés à renforcer leurs dispositifs de contrôle. Le fait que Daesh choisisse ici d’exhiber cette vulnérabilité des frontières — en pleine crise migratoire et débat sur Schengen — soulève de vraies questions.

2. Un impact immédiat sur le débat public

De surcroît, les attentats du 13 novembre sont survenus à moins d’un mois des élections régionales françaises (1er tour : 6 décembre 2015). Ces élections ont été fortement perturbées : suspension des campagnes, mise en retrait des débats économiques et sociaux, recentrage du discours politique autour de la sécurité, des frontières et de l’identité.

Le Front National, en particulier, a profité de ce climat anxiogène pour réaliser un score historique au premier tour, arrivant en tête dans plusieurs régions. Si la formation n’a pas remporté de région au second tour (en raison de désistements républicains), le message politique avait été envoyé : la peur a fait levier électoral.

3. Un précédent dans la fabrique de la peur

Les propos de Abaaoud, ainsi que la chronologie des événements, s’inscrivent dans une dynamique plus large d’instrumentalisation de la violence terroriste pour modifier les équilibres démocratiques. Le terrorisme, dans ce cas, ne se limite pas à semer la terreur. Il oriente le débat, modifie les priorités politiques, et fait émerger des acteurs ou discours extrêmes, jusque-là périphériques.

Conclusion : Une dissonance à interroger

L’affichage délibéré, par un chef terroriste, de la porosité des frontières européennes, n’est pas anodin. Il ne s’agit pas simplement de se glorifier, mais peut-être de participer activement à une guerre cognitive, en soulignant les faiblesses systémiques des démocraties et en alimentant les discours politiques les plus extrêmes.

La coïncidence temporelle avec un cycle électoral majeur, et les effets documentés sur l’opinion publique, appellent à une vigilance accrue sur l’interpénétration entre terrorisme, propagande et dynamique démocratique.

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