Aviv Kohavi, ancien chef d’état-major de Tsahal jusqu’en janvier 2023, relit la documentation parce que quelque chose « pue » de manière insupportable au sommet de la chaîne de commandement qui a abouti à ouvrir le front au Hamas . Les familles des victimes et des otages craignent que la vérité soit écrasée. Elle fait son chemin. Elle éclatera si elle doit.
Ancien chef d’état-major de Tsahal, Aviv Kohavi a entamé au mois d’août un examen méthodique des événements du 7 octobre 2023 suscitant la protestation des familles de victimes d’otages et de victimes qui exigent l’accès à cette documentation, et craignent une dissimulation de la vérité.
Ce n’est pourtant pas à un geste de communication ni à un réflexe de défense institutionnelle que s’adonne l’ancien chef d’état-major de Tsahal.
C’est un acte de conscience que trop de questions, maintenant que l’effet de sidération est dissipé, remettent à l’ordre du jour de la démocratie et de l’armée qui veille sur elle, impérieusement, qu’il effectue.
Selon les informations disponibles, l’accès privilégié de l’ancien chef d’état-major Aviv Kohavi à des documents confidentiels portant sur l’attaque du 7 octobre 2023 – qui a fait 1200 morts et près de 250 personnes enlevées, dont des enfants, des femmes, des personnes âgées, des soldats – a été confirmé au début du mois d’août 2025.
Ce transfert intervient en pleine montée des critiques quant à la transparence des institutions sécuritaires, et tandis que les familles endeuillées dénoncent un traitement inéquitable de l’information.
Plusieurs rapports affirment que certains bataillons israéliens initialement positionnés pour sécuriser des manifestations pacifistes, festivals ou lieux civils ont été détournés vers des colonies en Cisjordanie avant le 7 octobre. Ce retrait a fragilisé la frontière sud de Gaza, expliquant en partie la facilité de l’infiltration massive du Hamas.
Ce n’est donc pas un fait isolé, mais une série de choix ordonnancés :
- Une réallocation vers la protection des colons expansionnistes plutôt que des festivaliers au pacifisme sans doute jugé béat, livré à ce qui prend la tournure d’un massacre des innocents.
- Des troupes éloignées de zones civiles à risque ;
- Un manque de réaction face aux alertes ;
Face à la tragédie, face aux failles béantes qui ont permis l’infiltration massive du Hamas, l’heure n’est pas à la diversion mais à la vérité. Et ce que Aviv Kohavi semble porter aujourd’hui, c’est très probablement cela : une exigence morale de haut vol.
Répondre, d’abord, à cette question centrale :
👉 Qui a donné l’ordre de réaffecter les troupes, exposant, sciemment ou pas, les civils d’un festival de pacifistes aux horreurs du 7 octobre ?
Et si ce choix a été fait par calcul politique, stratégique, ou idéologique, alors ce n’est plus une faute :
c’est une manipulation historique d’une brutalité sans égale.
Il ne s’agit donc pas pour l’ancien chef d’état-major de Tsahal de sauver l’image d’Israël telle que le 7-Octobre-2023 l’a façonné dans l’onde cognitive créée, mais de préserver l’honneur de l’Armée dont il a eu la charge et celui de la nation qu’elle protège. De ne pas laisser l’effroi ou la sidération anesthésier les vraies questions. Il ne parle pas à la place des familles des otages, mais il cherche – avec la rigueur qui s’impose – à comprendre pourquoi tant de signaux ont été ignorés, tant d’alarmes étouffées, tant de décisions aberrantes prises.
- Pourquoi, quelques jours avant l’attaque, deux unités de commandos ont-elles été déplacées de la zone sud vers Huwara, en Cisjordanie, pour protéger des colons ?
- Pourquoi les festivaliers civils de Supernova n’ont-ils pas bénéficié de la vigilance minimale que requiert tout rassemblement en zone instable ?
- Qui a validé ces décisions ? Dans quel cadre, avec quelle information en main ?
Kohavi relit les courriels, les notes, les télégrammes internes. Il ne cherche pas des excuses. Il cherche les causes. L’initiative de Aviv Kohavi anticipe, peut-être, une commission d’enquête.
Il sait que le jour venu, il faudra des preuves, des documents, des dates, des noms.
Ce travail, il le fait pour l’armée. Mais aussi – surtout – pour les citoyens. Pour les familles des otages encore détenus. Pour que jamais un tel drame ne se répète. Pour que la sécurité d’Israël ne soit plus compromise par des logiques politiques court-termistes ou des prophéties d’éternité.
Car depuis la mort des signataires des Accords d’Oslo, une autre logique s’est imposée. Une stratégie de verrouillage. D’exception permanente. De mise sous cloche du débat démocratique.
Le 7-Octobre-2023 a tout fait voler en éclats. Il recompose le puzzle de la vérité.
Il faut le dire : ce n’est plus une politique, c’est un récit d’impunité. Une construction qui sacralise les décisions, détourne les critiques, et s’abrite derrière l’histoire au lieu de s’y confronter.
Aviv Kohavi ne se prête pas à la mascarade. Il interroge les faits et la structure du « moment » d’histoire, à la lumière de ce que s’autorise le gouvernement de son propre pays aujourd’hui sur Gaza et sur la question palestinienne. Avec courage. Avec méthode. Et, sans doute, avec une douleur intérieure immense.
Kohavi a confirmé qu’il était prêt à être audité, y compris sur les décisions prises durant son leadership:
« I am responsible for the decisions and actions made in the IDF during my time as chief of staff, and I constantly ask myself what we could have done differently » . The Times of Israel haaretz
Il a décrit l’attaque comme un effondrement complet de la défense technologique et humaine, qualifiant la brèche de la « muraille » comme irréparable par l’imagination. The Times of Israel
Il a insisté sur l’idée que la crise devait être examinée « from all angles« , non seulement tactiquement mais structurellement et avec une perspective pluriannuelle. Les mots employés par un ancien CEM ont un sens. Il ne parle pas de n’importe où. Il parle depuis la colonne vertébrale de l’État. Elle ne peut être que droite.
Les mots de Kohavi engagent — personnellement, historiquement, et institutionnellement. Et c’est précisément parce que Netanyahou, lui, semble vouloir empêcher ce type d’examen, que la parole et l’engagement de Aviv Kohavi peuvent apparaître comme un tournant moral majeur.
Il appelle à des réformes structurelles. À un recentrage éthique de Tsahal. À une doctrine qui protège les civils, qui valorise l’alerte humaine, qui refuse d’être instrumentalisée.
Ce qu’il propose, c’est un chemin de retour vers l’intégrité :
— un devoir de mémoire authentique,
— un examen lucide des responsabilités,
— une refondation des priorités.
Aviv Kohavi ne désigne pas d’ennemis à l’intérieur. Il ne cherche pas à humilier. Il agit, car il sait que la confiance d’un peuple ne se décrète pas. Elle se regagne, pas à pas, par la vérité. Il est dans cette quête.
Et c’est en cela qu’il faut, aujourd’hui, rassurer les familles des otages : ce général-là ne couvre pas. Il révèle. Non pour diviser, mais pour reconstruire.
Ce n’est pas de vengeance qu’il est question. C’est de justice.
Ce n’est pas d’image. C’est de conscience.
Et c’est peut-être cela, l’acte le plus patriotique qu’Israël pouvait espérer.
📚 Sources principales :
Des rapports font état de déploiements de commandos déplacés vers la Cisjordanie au lieu de renforcer la sécurité à Gaza, en pleine période de tension accrue. electronicintifada.net
Kohavi admet sa responsabilité et appelle à un examen pluriannuel des défaillances du 7 octobre (Times of Israel, 15 janvier 2024)
👉youtube.com+11
👉The Times of Israel
🎯 Dans cette analyse publiée dans le Washington Institute, Noga Halevi montre comment la prise massive d’otages par le Hamas le 7 octobre 2023 ne fut pas un chaos tactique, mais une stratégie calculée et anticipée visant à créer une guerre cognitive.
👉washingtoninstitute.org.
Manuels internes de prise d’otages et critères d’abduction selon la valeur émotionnelle
👉The Jewish Chronicle
Il exige que la période où il a commandé l’armée soit scrutée elle aussi
Les familles des victimes s’alarment que Kohavi ait un accès direct aux dossiers, alors qu’elles ont dû saisir la justice pour obtenir des informations (Jerusalem Post, 6 août 2025)
👉The Times of Israel
