Palestine : Ainsi parlait « Gédéon » — 2011–2025

L’opération « Les Chariots de Gédéon » n’a pas commencé le 16 mai 2025. Elle trouve sa matrice en octobre 2011 avec l’échange Shalit. Plus l’environnement international se tend, plus le Hamas — par ses coups de force — conforte la posture d’Israël, qui s’en nourrit et la renforce en retour. Ce texte explicite cette circularité et montre comment le baptême biblique de 2025 officialise une logique engagée quatorze ans plus tôt. Gédéon passa à table.

Dans la première partie de cette analyse, je posais la question qui saute aux yeux mais que personne ne pose et à laquelle personne ne souhaite avoir à répondre:

  • Si Israël possédait un pouvoir occulte pour manipuler l’islam radical, il n’obtiendrait sans doute pas mieux que ce que le Hamas lui offre naturellement. La question fait donc réponse : Gédéon a officieusement commencé en 2011. Le nom posé en 2025 n’est pas un habillage ; c’est l’aveu d’une continuité.

À intensité internationale croissante (choc géopolitique, pression diplomatique, cycles d’otages), les actions du Hamas augmentent la latitude politico-militaire d’Israël (sécurité, coalition interne, image externe).

Réciproquement, certaines décisions israéliennes renforcent l’utilité stratégique du Hamas dans le récit global. Ce couplage forme une boucle de co‑production,avec pour conséquences observables :

  • Chaque « coup » du Hamas (roquettes, incursions, opérations souterraines) re‑légitime la réponse maximale israélienne (opérations terrestres, refus de trêve, doctrine de déplacement).
  • Le durcissement israélien requalifie le Hamas en acteur central, au détriment d’alternatives politiques palestiniennes.
  • Plus la scène internationale s’embrase, plus la courbe de crédibilité du registre sécuritaire israélien monte — et avec elle, l’espace d’action.

Ce n’est pas de gaîté de coeur – car cela ouvre une noyau vertigineux – que je me vois casser le mythe, mais l’opération  « Les Chariots de Gédéon » n’a pas véritablement commencée le 16 mai 2025.

Son acte fondateur se situe bien plus tôt : en octobre 2011, lors de l’échange si disproportionné de Gilad Shalit contre 1027 prisonniers palestiniens.

Ce qui paraissait alors un déséquilibre insensé — un seul soldat israélien contre une foule de cadres — n’était pas si déséquilibré à la lumière des faits. La prison israélienne n’est pas un espace neutre : elle est un laboratoire.

Les longues années de détention deviennent un champ d’observation, de profilage, parfois de conditionnement.

Le Shin Bet et l’administration carcérale – à la démocratie israélienne de séparer le bon grain de l’ivraie – ont transformé la captivité en matrice : apprentissage de l’hébreu, étude de la stratégie militaire adverse, réorganisation interne par clans. Les futurs dirigeants du Hamas y ont gagné en stature, mais aussi en exposition totale aux regards de l’ennemi.

Il n’y a pas d’autre explication, qui ne soit pas à dormir debout, devant les faits:

  • Yahya Sinwar, libéré en 2011, en est l’exemple éclatant : « Boucher de Khan Younès » hier, chef incontesté du Hamas ensuite, jusqu’à devenir l’architecte du 7 octobre 2023.
  • A ses côtés, d’autres libérés — Mazen Faqha, Zaher Jabarin, Fursan Khalifa — ont repris des rôles clés dans les finances, la direction militaire, la réorganisation du mouvement.

Autant de trajectoires qui prouvent, ou à tout le moins donnent une densité  indéniable au faisceau de présomption, que la libération ne fut pas une défaite stratégique pour Israël, mais bien l’ouverture d’un théâtre de contrôle invisible sur le Hamas.

Gédéon dit cela. Il n’y a pas eu de faiblesse, il y a eu ruse.

Israël a montré depuis qu’il est passé maître dans l’art d’infiltrer ses ennemis. L’exécution coordonnée de cadres du Hezbollah par l’explosion simultanée de leurs téléphones portables, jusqu’à l’Iran, en fut la démonstration orgueilleuse.

Pourquoi aurait-il agi autrement en 2011 ? L’échange Shalit n’était pas un don, mais une manœuvre extrêmement puissante.

En libérant des hommes qu’il avait profondément cartographiés, tout en se montrant intraitable et cruel avec Marwan Barghouti, humilié publiquement il y a une semaine, on comprend qu’Israël a pris le risque, calculé,  de relancer une dynamique qu’il se croyait capable de contrôler pour produire les éléments de tension et de drame de la situation présente.

Cette situation force le destin d’Israël à rejoindre le grand horizon.

Le nom n’est venu que plus tard, comme un sceau biblique posé sur une continuité.

Depuis 2011, Israël a porté en lui cette logique : laisser croître l’adversaire qu’il connaît intimement et manipule sans aucun doute, pour mieux l’écraser au moment choisi et achever sa mue en manifestant au grand jour sa dimension messianique, jusque-là contenue.

Le 07-Octobre-2023 et l’indélébile « Sacrifice des Innocents » qu’il fixe à jamais dans la mémoire, a ouvert cette gigantesque faille.

Gedeon à la fois clé et aveu

En libérant Yahya Sinwar en 2011, Israël a semé la tragédie. En baptisant l’opération en cours depuis le 16 mai 2025, ‘Les Chariots de Gédéon’, il scelle le mythe. Il s’agit, aujourd’hui, de surplomber le narratif pan-sioniste – celui qui prétend absorber, sous couvert exclusivement sécuritaire, la totalité du sens en ramenant tout à la ,justification biblique d’Israël – en posant un narratif qui surplombe et, surtout, désempare ce messianisme très nocif.

La guerre se prépare d’abord dans le champ cognitif. Peu de nations connaissent aussi intimement l’importance du symbolique et du narratif que l’État d’Israël, dont une partie de la tradition s’ancre dans la Kabbale. Benjamin Netanyahou a pu compter sur le Hamas pour imposer à l’Occident sa grille sécuritaire et se prévaloir de l’autorité que cette rhétorique lui confère.

Depuis dix jours, les dissonances s’accumulent. Le 19 août, une proposition de cessez-le-feu et d’échange d’otages, négociée par l’Égypte et le Qatar, avait reçu l’accord du Hamas. Israël l’a refusée le lendemain, préférant intensifier ses opérations terrestres. Ce choix intervient alors que l’ONU a alerté sur un possible « changement démographique permanent » à Gaza, ce qui constituerait un nettoyage ethnique selon le droit international (UNRIC, 16 mai 2025). Human Rights Watch a parlé d’un crime contre l’humanité et d’une « mécanique du nettoyage ethnique » déjà observable dans le nord de Gaza, avec 1,9 million de déplacés (Le Monde, 14 nov. 2024). Oxfam a dénoncé, de son côté, les « dernières phases du nettoyage ethnique » à Gaza-Nord, Israël bloquant l’aide vitale à une population affamée (Oxfam, 2025).

Ces faits se superposent à une crise humanitaire extrême où la population est poussée à l’exode et réduite à la survie, mais aussi à un contexte diplomatique paradoxal : la France et l’Arabie Saoudite ont récemment remis en avant la solution à deux États, fragilisant le narratif maximaliste israélien (Conférence de Paris, 16 juillet 2025). Dans le même temps, au sommet de Riyad, plusieurs responsables arabes, dont Mohammed ben Salmane, ont parlé de « génocide en cours » et appelé Israël à cesser son offensive (Courrier international, août 2025).

Si Israël possédait un pouvoir occulte pour manipuler l’islam radical, il n’obtiendrait sans doute pas mieux que ce que le Hamas lui offre « naturellement ». De quoi interroger la trame elle-même, son épaisseur et ses coutures.

S’ajoute une contradiction majeure, remontant à 2011, autour de la figure de Yahya Sinwar. Né en 1962 à Khan Younès, fondateur de la branche sécuritaire al-Majd, surnommé le « Boucher de Khan Younès » pour ses purges contre les collaborateurs supposés, il est emprisonné en 1988 pour vingt-deux ans. En captivité, il gagne en stature : grève de la faim, apprentissage de l’hébreu, étude de la stratégie israélienne, rémission d’un cancer grâce à des soins reçus en Israël.

En 2011, il est libéré dans l’échange le plus disproportionné de l’histoire israélienne : 1 027 prisonniers palestiniens contre un seul soldat, Gilad Shalit. Choix politique assumé, présenté comme humanitaire, aux effets dévastateurs : à peine libre, Sinwar gravit les échelons du Hamas jusqu’à en devenir le dirigeant incontesté après la mort d’Ismaïl Haniyeh en 2024. Il est aujourd’hui désigné comme l’un des architectes du 7 octobre 2023.

Ce paradoxe interroge à ce point que la question fait réponse : en sauvant un homme, Israël a libéré une dynamique de violence qui a redéfini l’équilibre du conflit. Le calcul humanitaire a nourri la machine de guerre.

Ajouté aux dissonances récentes, ce point obscur renforce l’impression que la trame échappe à toute logique rationnelle : les actes du Hamas légitiment Israël, et les choix d’Israël nourrissent le Hamas.

Survient alors le point aveuglant — l’ultime flash qui oblitère la vue et le discernement : le 20 août à 9h, l’attaque souterraine d’un commando des Brigades al-Qassam, réaction prévisible après le refus du cessez-le-feu. Fait militaire limité, sans effet stratégique réel. Mais, comme toujours, cette violence du Hamas ne légitime qu’une chose : la posture israélienne. Or elle pose des questions insolubles si l’on s’en tient au seul point aveugle.

Une chose est objectivement vérifiable : depuis son origine, par ses coups de force, le Hamas ne construit pas un narratif politique palestinien ; il endosse l’avatar le plus utile du récit adverse. Il nourrit ainsi le narratif d’Israël et raffermit sa posture — celle du peuple assiégé et du soldat légitime, protecteur de l’Occident.

Or, cette fois, le point aveugle se déplace. Non plus vers Gaza, mais vers Israël lui-même. Si la situation « islamique » appartient à un Orient réputé compliqué et illisible, Israël possède, lui, assez d’assurance pour fournir l’éclairage manquant.

L’actualité est écervelée et gobe n’importe quoi, mais l’Histoire réclame sa lumière. Si proche du but, le destin d’Israël exige la pleine clarté — et Israël la donne.

En baptisant son opération « Les Chariots de Gédéon », Israël satisfait ce refoulé. Il quitte le terrain du rationnel pour s’inscrire dans le registre biblique. Ce nom, censé tout verrouiller, livre en réalité la clef. Car désormais, le point aveugle se lit par le point transparent : le point d’orgueil — Israël lui-même.

Le narratif pan-sioniste se voulait total, englobant sécurité, histoire et Providence. Mais il s’est trahi par son propre excès : en se faisant Gédéon, Israël se place au-dessus des vivants, hors de la politique, hors de la mesure humaine.

Si le point aveugle demeure à Gaza — dans les tunnels — le point transparent, celui de l’orgueil, est Israël, qui se place dans le théo-cryptique de Gédéon pour terrasser le Hamas et achever son nettoyage ethnique.

Jusqu’à récemment, Israël optait pour des noms tels que Iron Sword, Pillar of Defense, Breaking Dawn — métaphores militaires sans référence biblique explicite. L’adoption de « Les Chariots de Gédéon » marque une rupture nette vers une narration biblique assumée et performative. En se comparant à Gédéon, Israël se positionne comme peuple élu, guidé par une mission divine contre des forces numériquement supérieures. L’usage de cette imagerie sacrée constitue un tournant discursif. Lisible comme de l’eau de roche : depuis le 16 mai 2025, l’offensive est déterminée sous ce nom, validé par le cabinet de sécurité le 4 mai. C’est un premier dans l’histoire militaire récente.

Un gouvernement qui a utilisé
le 7-Octobre-2023
pour achever sa mue
et faire son « coming-out » messianique

Là où le Hamas ne produit pas de sens en propre, se laissant enfermer dans les narrations adverses, Israël, lui, ne peut s’empêcher de surcoder ses actions en les drapant d’une grandeur biblique. Israël a ainsi préempté le Dieu des Juifs — ou le Dieu tout court — et n’a pas résisté à l’orgueil de révéler, par ce nom, ce qui est caché dans la construction de la réalité opérationnelle qu’il a su imposer. Car le choix de Gédéon n’est pas anodin : il parle avec une clarté lumineuse là où tout le reste aveugle et assourdit.

Dans le Livre des Juges, Gédéon est celui qui, avec une poignée d’hommes, défait une armée plus nombreuse en jouant sur la ruse, le bruit et la lumière (cruches brisées et torches). L’enseignement : ce n’est pas le nombre, mais la Volonté divine qui donne la victoire. En se plaçant dans le sillon des « Chariots de Gédéon », Israël n’évoque ni la bravoure directe de David, ni la force sacrificielle de Samson, ni la sagesse de Débora. Il choisit l’image d’un peuple réduit mais guidé par Dieu, qui gagne par ruse, effroi et confusion — métaphore parfaite pour une armée moderne technologiquement dominante qui veut continuer à se penser minoritaire, assiégée, providentielle.

Ce baptême enferme l’adversaire dans le rôle de l’armée de Madian vouée à l’anéantissement. Le Hamas, déjà fragilisé par la perception internationale, se trouve rhétoriquement assimilé à l’ennemi biblique par excellence, celui qui doit disparaître. Son acceptation d’un cessez-le-feu et de la libération des otages est rejetée par Israël : sous une telle bannière, à puissance annonciatrice, le cessez-le-feu devient inacceptable.

Et, ce faisant, l’inscription dans une narration biblique universelle efface encore davantage le contenu politique concret de la lutte palestinienne. Tout est ramené à une dramaturgie sacrée : Israël vs Amalek/Madian. Il ne s’agit plus d’une guerre contre un mouvement armé, mais d’une bataille sacrée ; d’où des dissensions de plus en plus visibles dans la société israélienne, qui perçoit que quelque chose cloche — une dissonance forte — dans ce grand moment où l’ombre portée de « l’épée de Dieu » sert un gouvernement ayant utilisé le 7-octobre-2023 pour parachever sa mue messianique.

Ce que racontent « Les Chariots de Gédéon », qui avancent vers Gaza et ne s’arrêteront pas là, c’est la route incertaine qu’a choisie Israël.

Reste à savoir — et il appartient au peuple israélien de l’investiguer — si la démocratie a été gravement flouée. Le porte-parole de Tsahal, le brigadier-général Effie (Ephraim) Defrin, nommé le 27 mars 2025, a reconnu aujourd’hui — comme pour en minorer la portée — qu’il est normal qu’une armée et un gouvernement affrontent des contestations, car la démocratie israélienne est « acerbe, peut-être plus que la vôtre ». Cette vague de contestation s’amplifie et gagne désormais tous les niveaux de la société, jusqu’à d’anciens responsables de l’appareil sécuritaire. Cela signale un changement de nature, lent mais profond, dans la somme des interrogations que ce moment inspire à tous.

Marc Rubio: du flou au gris?

La situation apparaît comme jamais favorable à Netanyahou. Le Département d’Etat dit: « Vous avez les mains libres ». Le licenciement de Shahed Ghoreishi, porte-parole du Département d’Etat américain, ne dit pas autre chose. C’est pour cela que cette affaire ne doit pas être lue comme une simple péripétie dans le jeu d’ambiguïtés de l’administration Trump. Il faut observer que c’est dans un projet de communiqué officiel qu’il a repris la formule présidentielle — « Nous ne soutenons pas la relocalisation forcée des Palestiniens de Gaza » — et c’est pour cette fidélité que la sanction est tombée. Il s’agit donc d’un point clair. Jusqu’où l’est-il?

Le licenciement de Shahed Ghoreishi, porte-parole du Département d’État pour les affaires israélo-palestiniennes, rapporté par le Jérusalem Post – https://www.jpost.com/american-politics/article-864848 –  met en lumière une fracture subtile mais décisive. Ghoreishi, en effet, n’a fait que se conformer à la doctrine exprimée par Donald Trump et son envoyé spécial Steve Witkoff : « Nous ne soutenons pas la relocalisation forcée des Palestiniens de Gaza ». En reprenant cette formule, il s’est tenu strictement à la ligne présidentielle. Sa défense est claire : il n’a pas excédé, il s’est soumis à l’expression de la souveraineté américaine.

La situation apparaît comme jamais favorable à Netanyahou. Le Département d’Etat dit: « Vous avez les mains libres ».

Le problème surgit ailleurs : dans le geste de la direction du Département d’État, sous l’autorité de Marco Rubio, qui a exigé de supprimer cette nuance. Ce refus ne représente pas un simple durcissement technique : il revient à effacer l’ambiguïté voulue par le président, donc à excéder sa doctrine. En pratique, sauf évidemment si cela est le fruit d’une concertation préalable, cela déplace le centre de gravité de la parole officielle. Là où Trump gardait le flou pour préserver la maîtrise américaine du tempo, Rubio l’a verrouillé au bénéfice d’un discours que seul Israël peut interpréter comme un blanc-seing explicite.

Ainsi, ce n’est pas Ghoreishi qui a franchi la ligne — il s’est soumis. C’est Rubio qui l’a excédée, en parlant moins au nom de l’Amérique, tenu jusqu’à preuve du contraire par @POTUS, qu’au nom de la souveraineté d’Israël. Le cœur de l’affaire réside dans cette translation : une ambiguïté qui devait rester instrument de souveraineté américaine est devenue, par excès de zèle, l’affirmation d’une souveraineté étrangère.

Il faut toutefois noter que cette lecture pourrait être démentie par les faits à venir. Mais si l’État — quel qu’il soit, et a fortiori les États-Unis d’Amérique où siège, à ma connaissance, la plus vivante démocratie du monde— n’est plus ce théâtre d’ombres où la lumière finit toujours par rétablir son ordre, alors, il n’y a plus d’État.

Alors, le gris l’emporte.

Bin Laden, a Strange Ghost on a Jaunt in Gaza

Is the ghost of Bin Laden resurfacing to coax Washington into giving Israel a free hand in Gaza — and to bury once and for all the Palestinian dream of statehood? Just as the two-state solution edges back onto the international agenda, America — like everyone else — must start asking some very hard questions.

1. The October 7 as a “coup of erasure”

Hamas’s attack on October 7, 2023, was intended, from the Israeli perspective, to seal the death warrant for the idea of a Palestinian state:

Palestine equated with terrorism.

The argument of “no credible partner”.

The expunging of the “two-state solution” from the international agenda.

2. The paradoxical return of the Palestinian question

Yet, the longer the war drags on and the human toll mounts, the more the two-state solution reemerges as a central topic in the international discourse (UN, EU, even Washington).
Recognition of Palestine as a state—which had once seemed fringe—is today reclaiming political and symbolic ground.
This mounting diplomatic pressure forces Israel to confront a question it believed long settled.

3. The instrumentalized dissonances inside cognitive war

It is in this context that, within a single week, two events emerge to reinforce Netanyahu’s security-based argument—closely aligned with the Zionist ambition of a “Greater Israel” (perhaps the Golan Plateau):

  • Dissonance 1: WMDs / Iran
    Reinserts an existential threat into the global security arena.
  • Dissonance 2: AQPA / Bin Laden
    Repositions Gaza within the spectrum of absolute terrorism in the eyes of Americans.
  • Dissonance 3: Shahed Ghoreishi / State Dept (Added on 08/21/2025).
    Turns Trump’s deliberate ambiguity into Rubio’s radical clarity — shifting the weight from Washington to Tel-Aviv. Subject of my latest note “Marco Rubio: du flou au gris”.

Though these narratives appear incoherent (Shiite vs. Sunni), they resonate to produce the same effect: positioning any recognition of a Palestinian state, or the return to the two-state paradigm, as an existential—and possibly suicidal—risk for Israel.

@SimNasr), journalist at France 24 and Senior Fellow at the Soufan Center. Not picked up by mainstream media, this information appears tailor-made for intelligence channels, where the source is read and monitored closely.

4. How this undermines remaining scruples

👉For Western decision-makers:

Compassion for Gaza collides with innate security reflexes.

“Recognizing Palestine now—isn’t it like handing the trophy to Bin Laden or the ayatollahs?”

👉For Israel, the objective benefit is clear:

These narratives serve to neutralize diplomatic pressure.

They legitimize a policy of de facto annihilation.

In summary: if these dissonances were indeed intentionally manufactured, calling into question their origin, they become useful resonances. They transform mounting pressure into a tangible threat, and turn recognition of a Palestinian state into a survival risk for Israel and its Western allies, drawn into an increasingly troubling configuration.

Indeed, if we consider that the international agenda—and the agendas of Iran, Palestine, and even Hamas, which on Aug. 18–19, 2025 declared it had accepted an Egypt-Qatar ceasefire proposal with a phased hostage release, while Israel has not yet agreed and operations in Gaza City continued—these movements place Israel under unprecedented pressure; the timing seems striking.


We must legitimately ask whether the first narrative is designed to overshadow Iran’s WMD ambitions—a peril everyone remembers only too well from Iraq—while the second, reviving the ghost (or doppelgänger) of Osama Bin Laden, is meant to secure blind American solidarity, assuming the U.S. public doesn’t grasp « the Complicated Orient. »

>He really has an “Orient Compliqué” to play on.

Ben Laden, un étrange fantôme en goguette à Gaza

Le fantôme de Ben Laden réapparaît-il aujourd’hui pour convaincre Washington de laisser les mains libres à Israël dans l’éradication de Gaza et l’enterrement en première classe du rêve palestinien d’un État, aspiration légitime s’il en est? À l’heure où la solution à deux États revient dans le débat international, les États-Unis – comme tout un chacun – devraient commencer à se poser des questions très sérieuses.

1. Le 7-Octobre comme “coup d’effacement”

L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 devait sceller, dans la lecture israélienne, la mort définitive de l’idée d’un État palestinien :

La Palestine assimilée au terrorisme.

L’argument “pas de partenaire crédible”.

L’effacement de la formule “deux États” des agendas internationaux.

2. Le retour paradoxal de la question palestinienne

Or, plus la guerre se prolonge et plus le coût humain est visible, plus la solution à deux États revient au centre du discours international (ONU, UE, même Washington).

La reconnaissance de la Palestine comme État, jadis marginale, regagne du terrain politique et symbolique.

C’est une pression stratégique sur Israël, qui se retrouve contraint de répondre à une question qu’il croyait close.

3. Les dissonances instrumentées

C’est dans ce contexte que, à une semaine d’intervalle, deux événements viennent accrocher l’attention et regonfler l’argumentaire sécuritaire qui alimente la stratégie de Benjamin Netanyahou, masquant, de moins en moins, celle du Grand voire très grand (si on comprend le plateau du Golan) Israël.

Ces deux narratifs – à une semaine d’intervale – ne sont pas cohérents entre eux (chiite vs sunnite), mais ils entrent en résonance en produisant le même effet :


Il s’agit de présenter toute reconnaissance de la Palestine, tout retour au schéma des deux États, comme une mise en danger existentielle, presque suicidaire, pour Israël.

Post de Wassim Nasr (@SimNasr), journaliste à France 24 et Senior Fellow au Soufan Center. Restée en dehors du champ médiatique, cette information semble calibrée pour circuler dans le champ du renseignement, où la source est lue et suivie attentivement.

4. Comment cela emporte les derniers scrupules

👉Pour les décideurs occidentaux :

La compassion pour Gaza se heurte au réflexe sécuritaire.

“Reconnaître la Palestine maintenant, n’est-ce pas donner la main aux nostalgiques d’Oussama Ben Laden ou aux ayatollahs ?”

👉Pour Israël, il y un bénéfice net objectif :

Ces récits permettent de neutraliser les pressions diplomatiques.

Ils justifient le prolongement d’une politique d’anéantissement de facto.

En somme : les dissonances, si elles étaient intentionnellement fabriquées, ce qui poserait inévitablement la question des filières, deviennent des résonances utiles : elles transforment une pression en menace, et transforment la reconnaissance d’un État palestinien en un risque de survie pour Israël et ses alliés occidentaux, entrainés dans une configuration de plus en plus troublante dont ils ne maîtrisent, privés des tenants, que l’aboutissant.

En effet, si on considère que l’agenda international, l’agenda iranien, l’agenda palestinien, même l’agenda du Hamas acceptant un cessez-le-feu et la libération des otages, place l’agenda d’Israël sous une pression inattendue, les coïncidences sont frapantes.

On peut se demander, légitimement, si la première ne vise pas à doubler l’Iran sur ses intentions en termes d’ADM – sujet sensible s’il n’en est comme l’Irak l’a expérimenté cruellement (pour provoquer une cassure dans l’attermoiement international).

Et si la seconde, remettant en selle le fantôme (ou le sosie du fantôme) d’Oussama Ben Laden ne vient pas pour, peut-être un peu grossiètement, s’attacher la solidarité aveugle des Américains, qui ne sont pas censés comprendre quoi que ce puisse être à l’Orient Compliqué?

>Il a peut-être bon dos, l’Orient Compliqué.

PS: un troisième dissonance apparaît, ce 21vaoût, avec le licenciement du porte-parole ad-hoc du Département d’Etat Américain, Shahed Ghoreishi, sujet de ma note du jour: Marc Rubio: du flou au gris.

Statement

Marco Rubio, Secrétaire d’Etat américain, énonce une règle générale efficiente — “un deal suppose que chacun obtienne et cède quelque chose” — mais cette logique transactionnelle atteint ses limites lorsqu’un camp est sommé de céder non pas un bien relatif, mais un principe vital universel. Autrement dit, l’art du deal a un horizon indépassable : on ne peut troquer un bien essentiel contre un mal absolu.

Cela renvoie à deux niveaux :

Philosophique : il existe des biens inaliénables (vie, liberté, dignité, souveraineté) qui ne se négocient pas. Les céder, ce n’est pas faire un compromis, c’est entrer dans une compromission.

Politique / géopolitique : dans la guerre russe contre l’Ukraine, qui était le sujet traité par Marco Rubio, il ne peut pas y avoir de « deal » qui reviendrait à légitimer l’agression en échange d’une trêve, car ce serait céder un bien (le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes) contre un mal (l’acceptation d’une conquête armée).

Le “hardware” du deal — sa limite matérielle — est atteint quand la réciprocité exigerait une corruption du juste par l’injuste.

Synthèse de « Dieu » en pressentiment du cognitif partagé

Ce texte n’est pas une analyse linéaire mais un exercice de perception.
Par la métaphore et l’ellipse, il invite à relier entre eux différents niveaux de sensibilité — la raison, l’intuition, le pressentiment. Car les menaces invisibles ne se déplacent pas seulement dans l’espace des faits : elles naviguent, ondulent et rebondissent dans les strates de notre conscience.
Lire ainsi, c’est apprendre à discerner ce qui se passe et se joue, au-delà des apparences. Chacun porte en lui un soldat cognitif endormi. L’heure est venue de le réveiller.

Les collines brûlent, les forêts se consument, et l’air lui-même, chargé de canicule et de réchauffement climatique,  semble frotter les pierres entre elles pour faire faillir des étincelles funestes. Mais à la chaleur des flammes visibles s’ajoute celle, plus insidieuse, qui embrase les esprits. Dans l’espace cognitif saturé de tensions extrêmes, chaque image, chaque mot, devient combustible. Les réseaux amplifient les colères, réveillent les pulsions dormantes, et certains, happés par ce tumulte, passent à l’acte : malveillance, pyromanie, violence instrumentalisée. Le feu physique et le feu mental s’entretiennent comme un effet de larsen. Nous vivons un changement d’ère où la seule “éducation à l’esprit critique” ne suffit plus : l’esprit critique, mal orienté, peut devenir vecteur d’indignation destructrice. Il se signale, aujourd’hui, par ses limites.

Ce qu’il faut, c’est un pare-feu d’une autre nature : non pas seulement technique, mais enraciné dans la conscience du champ cognitif partagé — cet espace commun d’interactions humaines, perceptible jusque dans la réalité matérielle des liens, et que l’amour et la joie rendent presque tangible. Ce champ a nourri l’évolution de l’humanité en renforçant la coopération, la confiance et la solidarité face aux forces de prédation. Il est aujourd’hui entré dans une phase métacognitive : il devient objet de conscience, d’observation et d’interprétation. Cette visibilité nouvelle l’expose à des manipulations délibérées qui agissent au grand jour sur le libre-arbitre et le psychisme des masses en détendant, pour servir des horizons doctrinaux, des puissances qui peuvent s’avérer aveugles et incontrolables.

Reconnaître ce champ, en prendre une conscience lucide, le protéger et le nourrir est l’un des enjeux majeurs du XXIᵉ siècle. Il s’agit de prémunir le Peuple en armant la multitude d’une capacité métacognitive capable d’intégrer les dimensions religieuses, spirituelles, culturelles et technologiques, et de préserver les défenses cognitives de l’ensemble humain. Aucun nouvel organe ne doit pousser. Aucune puce ne doit être implantée. Nous avons déjà les outils pour filtrer. Nous avons les voyants qui clignotent quand la colère, la haine, l’indifférence, prennent le dessus.  C’est le rapport entre le libre-arbitre et la conscience qui nous protège de nous-mêmes. Nous ne devons pas l’abandonner à la submersion d’informations, d’injonctions, que l’univers médiatique projette dessus. Nous avons tous les voyants qui clignotent. A nous de les voir.

Dans cette perspective, le Politique, au sens le plus noble et quel que soit le régime invoqué, sert cette substance avec intelligence et précision. Chacun sert d’abord son peuple. Mais s’il le sert en respectant la relation vitale au champ cognitif partagé, il sert aussi le Peuple — celui d’“un monde fini qui commence”, préfiguré par Paul Valéry, quelques années avant que ne s’ouvre, d’ailleurs, à partir de failles cognitives abyssales,  la tentative avortée du IIIe Reich de dicter mille ans d’histoire. Or, près d’un siècle plus tard, le piège cognitif se rouvre. La Grande Russie de Vladimir Poutine et le Grand Israël de Benjamin Netanyahou mobilisent, à leur tour, un arsenal narratif et symbolique qui agit sur ces mêmes zones de vulnérabilité psychique collective : exaltation messianique, inversion accusatoire, mythologie historique recomposée pour légitimer une domination. Comme hier, l’enjeu dépasse la géopolitique : il se joue dans l’espace où se forme la perception du réel et où se décide, souvent à notre insu, ce que nous jugeons possible ou nécessaire. C’est dans cet espace — le champ cognitif partagé — que se gagne ou se perd la paix. La responsabilité de notre temps est d’en préserver l’intégrité, de le protéger contre sa capture, afin d’éviter que la rivalité des puissances ne se traduise, une fois encore, par un embrasement mondial. Le défi est d’y parvenir sans troisième guerre mondiale, en maintenant ouvert le lieu commun où les peuples peuvent se comprendre avant que les armes ne parlent.

Le cognitif partagé est le pressentiment de Dieu qui poursuit de son regard l’histoire, la conscience et l’imagination prolifique de tous les peuples à travers l’espace et le temps, sous des formes multiples. Il s’agit toujours d’éteindre l’incendie qui couve dans ce champ, de le réduire, de le dompter. Nous le faisons par la coutume, la loi, la Constitution, la Souveraineté. Mais nous devons changer d’ère mentale. Ce qui se lisait, à partir de Freud, dans une grille psychanalytique (motifs inconscients, symboles internes), doit passer dans une dimension métacognitive : la capacité d’un système — ici, l’humanité — à prendre conscience de ses propres processus cognitifs collectifs, à les observer, les interpréter et agir sur eux, pour demeurer du bon côté des batailles qui s’y jouent.

Dans ce champ métacognitif :

  • Le religieux et le spirituel ne sont pas exclus, mais intégrés comme sous-espaces de ce système d’interactions.
  • Les phénomènes sont mesurables (flux d’information, propagation d’idées, effets comportementaux), mais aussi interprétables selon des cadres culturels et symboliques différents.

Le mystique se confond ici avec le rationnel. L’histoire des religions avec celle des démocraties et de l’avènement de la souveraineté du peuple, comme j’ai pu l’écrire il y a fort longtemps en première phrase de ce continuum. La pensée, elle, dépasse l’intellect et renoue avec l’Esprit. L’enjeu devient de réguler ce champ, non pas en le censurant, mais en cultivant sa résilience contre les distorsions et manipulations qui s’attaquent au libre-arbitre.

Je parle de science dure. Les sciences cognitives montrent, déjà, qu’un amorçage (priming) — ici un climat émotionnel ou narratif saturé de tensions — rend plus probable un certain type de réaction ou de passage à l’acte chez certains individus. Des recherches en psychologie de la violence confirment que des pics d’anxiété collective, d’hostilité intergroupes ou de sentiment d’urgence peuvent faire basculer un individu déjà fragilisé ou radicalisé vers un acte violent ou destructeur. Cet effet est amplifié par l’effet de contagion (copycat effect), documenté dans les suicides, les fusillades, les attentats, et, plus rarement étudié, dans les incendies volontaires. C’est ce que j’appelle l’autocatalyse de la violence : l’environnement cognitif agit comme un catalyseur qui transforme une indignation légitime en pulsion collective dévastatrice.

Nous devons apprendre à nous connaître mieux sous le régime de ces interactions invisibles. Sinon que vaut la démocratie? Connaissons-nous nous-même succède à Connais-toi toi-même. C’est vital dans un monde saturé d’informations où les fabriques à opinion, dans une compétition acharnée les unes avec les autres, sont entrées dans l’ère industrielle et distribuent pouvoir et prébendes en fonction d’intérêts et de forces invisibles à l’oeil nu.

L’eau éteint le feu. L’amour est le premier cercle de compassion entre deux êtres, matrice d’un réseau infini qui ondule et embrasse l’humanité entière. Ce cercle intime est la source où se régénère l’esprit public, et sans lui, le feu gagne toujours. Poètes, musiciens, artistes, ouvriers, tous servent ce champ commun, parfois en le malmenant, jamais en le trahissant. Seuls le trahissent ceux qui cherchent à en monopoliser, en manipulant la substance si malléable que forme l’Amour, la puissance infinie pour eux seuls, fermant ses portes au lieu de les ouvrir. Là se joue l’Apocalypse, si l’Apocalypse est, selon son étymologie grecque, révélation. En l’occurrence, le dévoilement et l’élargissement de ce qui, dans le cognitif partagé, aspire à l’unité ou se perd dans la prédation. L’autre acception, pour apocalypse renvoie à la fin des temps et au cataclysmes majeurs.

L’incendie cognitif  n’appartient pas à un autre monde. Il est déjà dans le nôtre. Il y a pris pied. Il constitue une pyromanie particulière. Ce feu est un comburant très manipulable et certains apprennent, avec une réussite qui inspirera d’autres acteurs historiques en cas de succès, à s’en servir impunément. Ils doivent échouer.

Sinon, nous brûlerons tous. Sur terre transformée en enfer. Ou nous vivrons, toujours sur terre, transformée en Paradis, dans le jardin d’Eden du cognitif partagé.

L’humanité vibre dans l’approche de ce vivant-là. C’est au-delà des églises, au-delà de l’athéisme, au-delà des sensibilités distinctes, car il englobe toutes les sensibilités dans une même et vitale aspiration à se comprendre mutuellement. Cette aspiration est le fondement et le principe même de toute civilisation. La lumière invisible qui nourrit le Peuple — fait de tous les peuples de la Terre — émane de ce cognitif partagé, dont la nature se transforme à chaque degré d’extension et de résolution franchi. Désormais, la lumière visible est celle qui vient du Peuple, pour combler la part d’attente de cet espace cognitif. Cette attente est difficile à dire : c’est une complétude, une plénitude qui, une fois perçue, ne peut plus être perdue.

Invisible ou visible, il s’agit d’une seule lumière, mais perçue sous deux régimes:

  • Invisible lorsqu’elle est émane du cognitif partagé que nous ne savons qu’appeler ou prier sous la forme ou le nom imprononçable de Dieu,
  • Visible lorsqu’elle se manifeste par les actes, les créations, les paroles, le mouvement grand et infiniment conscient du Peuple mue par l’aspiration au bien et au beau, au calme et à la retenue.

Ce sont deux faces d’un même spectre, et ce spectre est le lien intime entre l’humanité et l’univers : un dialogue silencieux mais continu, où nous ne sommes pas seulement conscients de lui, mais où, peut-être, lui aussi est conscient de nous — et de notre conscience de lui.

Ce lien dépasse la contemplation ou la peur : il s’élève jusqu’à une connaissance réciproque, encore inachevée mais en expansion, qui change notre place dans le monde et dans l’univers.

>Pauvre Poutine et sa kyrielle de Kyrill : procession terrestre qui croit tenir l’infini dans ses mains, et n’y retient que ses propres ombres aspirées par l’illusion du pouvoir.

Note – Séquence, divergences et “révélateur”

Où le contenu rapporté d’un navire intercepté par les forces yéménites peut s’inscrire dans un procédé d’auscultation profond des alliances. Et c’est, peut-être, la Pierre de Rosette pour résoudre l’énigme posée par des hyéroglyphes.

L’interception en mer et son habillage ADM (armes de destruction massive) fonctionnent moins comme un fait isolé que comme un révélateur dans une phase d’auscultation des alliances ouverte par les divergences Washington–Tel-Aviv sur l’Iran.

Le United States Central Command (CENTCOM) limite à l’énumération d’armes conventionnelles : missiles, drones, radars, systèmes de communication, etc. Il n’évoque pas d’armes chimiques.

Chronologie courte et divergence clef

1. Frappe/pression américano-israélienne préventive sur l’ingénierie du nucléaire militaire iranien → réduction de capacité mais pas d’éradication du régime comme souhaitée par Tel-Aviv.

2. Divergence : Washington présente un bilan “triomphal” (structure anéantie, capacité contenue), tandis que Netanyahou soutient que la capacité subsiste (argument pour aller “jusqu’au bout”).

3. 22 juin 2025 – “Baiser de la mort” de Medvedev : alors que le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian est à Moscou, ou à très peu de distance de cette date, Medvedev déclare que plusieurs pays pourraient fournir à l’Iran leurs propres ogives nucléaires.

👉Effet : affichage public de soutien stratégique, mais aussi piège narratif qui, s’il était accepté, légitimerait une frappe préventive américaine ou israélienne.

👉Téhéran refuse, signe de prudence stratégique et de méfiance à l’égard des “cadeaux empoisonnés” de Moscou.

4. Phase d’auscultation : chacun teste l’autre par récits, signaux et calibrage de lignes rouges.

5. Fin juin 2025 : interception du convoi de 750 tonnes d’armement iranien, annoncée officiellement par CENTCOM le 16 juillet 2025.

Paradoxes croisés (miroir)

Pour Téhéran : Moscou devient un partenaire paradoxal, dont l’offre publique de prolifération sert paradoxalement les intentions israéliennes, et qu’il faut donc tenir à distance.

Pour Washington : Israël devient, lui aussi, un allié paradoxal, franchissant le seuil de confrontation en contestant le bilan “triomphal” de Trump et en lui opposant, publiquement, un bilan pro domo qui justifie la poursuite et l’intensification de l’opération militaire contre l’Iran.

Fonction de l’interception (révélateur)

C’est dans ce contexte que s’inscrit et doit être lue, probablement, la divergence sur l’inventaire des armes tel que rapporté.

La perspective que des armes de destruction massive puissent être acheminées vers les Houthis constitue un levier stratégique majeur.

Si elle était confirmée, cette donnée transformerait un conflit déjà régional en enjeu de sécurité internationale, donnant un fondement politique et juridique à des mesures de neutralisation bien plus radicales et relance le narratif de l’urgence à éliminer le régime iranien.

Le CENTCOM a choisi de ne pas divulguer l’information ou la non-information.

S’il ne reprend pas la mention des armes chimiques, c’est un choix délibéré dans sa communication. Cela peut signaler :

  • soit qu’il n’a pas de preuve consolidée selon ses standards,
  • soit qu’il veut éviter de franchir la ligne rouge ADM qui obligerait à des options militaires plus lourdes.

Hypothèse d’une observation « comportementale » par Washington :

Les États-Unis, informés à l’avance de la cargaison (y compris par canal iranien), laissent l’opération se dérouler par un acteur tiers.

Objectif : voir à quoi joue le protégé israélien et selon quelles règles.

Avec pour questions-clés :

  • Va-t-il exploiter immédiatement la possibilité d’introduire de l’ADM comme casus belli et précipiter les conclusions à tirer?
  • Va-t-il coordonner avec Washington avant de l’annoncer ?
  • Va-t-il franchir une ligne que les Américains, eux, évitent pour l’instant.

Indicateurs à suivre (diagnostic d’auscultation)

1. Israël : reprend-il officiellement la qualification ADM (chimique) comme pivot de légitimation ?

>Oui.  Le ministre de la Défense, Israel Katz, a immédiatement réagi à cette affaire en la connectant aux menaces existentielles : il a comparé les Houthis à une « tête du serpent iranien » à abattre, promettant que toute attaque serait lourdement sanctionnée.

2. États-Unis : restent-ils sur une prudence factuelle (conventionnel) ou valident-ils la ligne rouge ?

>Le récit dominant dans la presse américaine est prudent et factuel, évitant l’élément chimique. Mais l’incident est déjà en train de résonner politiquement, en alimentant des débats sur la stratégie régionale et les limites du rôle américain.

3. Téhéran : dénégation ferme, silence stratégique, ou contre-accusation (faux-drapeau/manipulation de preuve) ?

>Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmail Baqaei, a qualifié les accusations de transfert d’armes aux Houthis de “sans fondement” et relevant d’une campagne médiatique anti-Iran

4. Moscou : posture publique d’“apaisement” vs signal discret de couverture diplomatique à l’Iran.

>À ce jour, aucun grand média d’État russe (RIA Novosti, TASS, RT, etc.) n’a mentionné la saisie du convoi de 750 tonnes d’armes iraniennes destiné aux Houthis, même dans ses aspects les plus classiques (missiles, drones).

5. Preuves techniques : apparition (ou non) d’éléments chaîne de custody* sur l’agent chimique.

Risques symétriques

👉Washington : précédent fâcheux s’il avalise un ADM sans preuve publique → érosion de crédibilité.

👉Israël : s’il pousse seul la thèse ADM et que les alliés temporisent → décalage narratif coûteux à long terme.

👉Téhéran : si l’ADM est établi → casus belli offert à ceux qui prônent la neutralisation de l’IRGC.

Conclusion-pointe

L’hypothèse envisageable est celle d’une interception organisée « conjointement » pour agir comme révélateur d’une manipulation tierce.

Dans ce cadre, l’affaire de l’interception du navire chargé d’armes, supposément à destination des Houthis, pourrait ne pas relever uniquement d’une opération militaire classique.
Une hypothèse crédible est celle d’une action concertée, ou à tout le moins tolérée, entre Washington et Téhéran, destinée à mettre en lumière l’existence d’un acteur tiers cherchant à provoquer une escalade irréversible en cristallisant un point de non-retour.

Le contexte stratégique y est propice puisque les tensions récentes entre États-Unis et Israël sur la conduite à tenir face à l’Iran ont ouvert un espace pour un besoin de clarification partagé sur ce point.

L’offre de vecteurs nucléaires formulée par Dmitri Medvedev à Téhéran, perçue comme un “baiser de la mort”, et le refus iranien, ont renforcé la méfiance commune à l’égard des manipulations extérieures.

Cette affaire qui offre une surface familière a préparé et ouvert, il me semble, un espace d’ambiguïté utile pour y voir prospérer ce que les uns veulent démintrer et ce que les autres ont besoin de preuves pour l’accepter. La chaîne de Custody des armes interceptées n’a pas été publiquement verrouillée pour permettre cette émergence.

Le CENTCOM ne valide pas explicitement la présence d’armes chimiques, se contentant d’un communiqué factuel.

Le démenti iranien est calibré : ferme mais sans surenchère, évitant la confrontation directe.

L’événement fonctionne comme un appât pour observer les réactions diplomatiques et médiatiques.

Il permet de mesurer qui amplifie le narratif (et dans quel sens), qui le minimise, et qui cherche à le détourner. L’objectif implicite serait d’identifier le ou les manipulateurs et de tester la solidité des alliances avant que ne survienne une crise ouverte.

Dans cette lecture, l’interception n’est pas seulement un fait de guerre : elle devient un révélateur, un moment d’Intelligence construit pour sonder les intentions réelles des acteurs régionaux et extra-régionaux.
La présence d’armes chimiques, si elle est avérée, est un argument puissant pour justifier l’élimination du régime iranien. Mais si son introduction est manipulée, alors elle éclaire — pour qui veut le voir — un champ ténébreux où se révèlent des stratégies inavouées et les zones opaques des alliances.

*La chaîne de custody (chain of custody) est la procédure documentée qui garantit, à chaque étape, l’intégrité et la traçabilité d’un élément de preuve ou d’un objet saisi — depuis sa collecte jusqu’à sa présentation finale (tribunal, inspection, etc.).

Une histoire européenne de l’indépendance énergétique

Sur tous les sujets favorables à la Russie (par exemple: les gaz de schistes) des campagnes contre la fracturation hydraulique, ont déja systématiquement exaucé les intérêts de Poutine. L’Europe se fracture toujours au bénéfice de la Russie. Les tensions et l’agitation autour du Plan Pluriannuel Energétique (PPE), sujet de souveraineté s’il en est, en est la nouvelle illustration. Ceux qui convoquent la protection de leur pouvoir d’achat maintiennent surtout l’avenir des Français et celui des Européens entre les mains de la Russie.

Sans un mix bien dimensionné, la France reste captive du gaz d’appoint… et donc d’une géopolitique du gaz où la Russie a longtemps eu un avantage-coût (le GNL ajoute des coûts de liquéfaction/transport/regazéification). Les économistes de Bruegel le rappellent explicitement : le GNL est structurellement plus cher que le gaz par gazoduc, même s’il diversifie nos risques.

1) « Anti-PPE » = même schéma que l’anti-fracturation ?

On peut le lire ainsi : chaque frein à la diversification/équilibrage (ENR + flexibilité + stockage) retarde la sortie de dépendances fossiles et maintient un besoin d’appoint gazier où la Russie peut réapparaître dès qu’une fenêtre politique s’ouvre. L’UE a réduit fortement sa part de gaz russe depuis 2021, mais elle n’a pas supprimé le besoin de gaz — elle l’a surtout substitué par du GNL (beaucoup US) et d’autres fournisseurs.

Le climat hystérique autour du déploiement du compteur électrique Linky est aussi très instructif.

J’ai posé des Linky et j’ai constaté l’extrême violence du rejet qu’ils suscitaient. Comme pour la fracturation hydraulique, le débat technique a été recouvert par un épais rideau de fumée – électrosensibilité, espionnage, intrusion dans la vie privée – masquant un enjeu beaucoup plus stratégique : la souveraineté énergétique.

Un réseau équipé de compteurs communicants est plus flexible, mieux interconnecté avec l’Europe et donc moins dépendant des appoints gaziers. Depuis 2021, l’UE est passée d’environ 40% de gaz russe dans ses importations à moins de 15% en 2024, grâce aux interconnexions électriques, au développement des renouvelables et au recours au GNL. La Russie n’a aucun intérêt à voir cette dynamique s’amplifier. Dans ce contexte, une partie des opposants à la PPE, surtout ceux hostiles aux grands réseaux européens et aux infrastructures communes, s’oppose aussi à l’interconnexion, car elle est indissociable d’une autonomie énergétique continentale.

On voit clairement que la baisse de la dépendance au gaz russe coïncide avec l’augmentation de la capacité d’interconnexion électrique, renforçant l’idée qu’un réseau mieux intégré est un levier direct de souveraineté énergétique.

2) Une souveraineté européenne, si tous suivent ?

Oui. Deux pivots existent déjà :

  • Interconnexions : objectif UE d’au moins 15 % d’interconnexion d’ici 2030 pour mutualiser les capacités et lisser les intermittences.
  • REPowerEU : cap sur des renouvelables ≥ 42,5 % de l’énergie UE en 2030 (ambition 45 %), ce qui rend les interconnexions et la flexibilité encore plus centrales.
    À cela s’ajoutent des investissements réseaux bien plus élevés qu’anticipé (ENTSO-E révise fortement à la hausse les besoins transfrontaliers), faute de quoi l’électricité bon marché d’une zone ne « circule » pas là où elle manque.

3) Y a-t-il des frondes ailleurs ? (ex. AfD en Allemagne)

Oui. En Allemagne, l’AfD mène une opposition visible à l’Energiewende (éolien terrestre, règles d’implantation), capitalisant sur le thème « les renouvelables font grimper la facture » et sur la nostalgie du gaz russe bon marché. Même sans gouverner, ce discours déplace le débat et peut ralentir les déploiements. Des cas locaux cristallisent la « culture war » autour de l’éolien.

4) Et les prix du kWh en France : que prévoir ?

Court terme (2025) : après les chocs 2022-2023, les TRVE ont baissé début 2025 et ont encore été ajustés à l’été (baisse hors TVA, quasi-stabilité TTC), même si des effets fiscaux (TVA/accises, abonnements) bougent la facture ligne par ligne.

Moyen terme (PPE 2025-2035) : la PPE vise des prix “proches des coûts de production” via une nouvelle régulation du nucléaire (remplacement de l’ARENH) + accélération ENR + marges de sécurité pour éviter de devoir importer cher en crise. Mais elle ne publie pas un “tarif kWh cible” — l’atterrissage dépendra du coût du gaz/CO₂, du rythme d’investissements réseaux/stockage, et de la disponibilité du parc.

Profil d’investissement : les opposants au PPE qui se prétendent attentifs au pouvoir d’achat des Français font valoir le rechérissement du coût de l’énergie et plaident pour le statu quo favorable à la Russie. Mais il est légitime de considérer que le pic de renchérissement coïncide avec la phase d’investissement massif (nouveaux moyens + réseaux). Une fois les actifs en service, l’amortissement sur longue durée et la moindre exposition au gaz/imports tendent à lisser/absorber la pression sur le kWh — à condition de réussir les interconnexions et la flexibilité au bon rythme. Les analyses RTE montrent que les coûts système restent soutenables dans des trajectoires décarbonées, mais sensibles aux retards.

À retenir

  • Sans mix robuste, la France et l’UE restent gaz-dépendantes ; or le GNL (US, Qatar…) coûte plus cher que l’ex-gaz russe par gazoduc. D’où l’intérêt stratégique d’un mix + réseaux + flexibilité pour couper l’ancienne rente géopolitique et le moyen de chantage qu’exerce la Russie.
  • Une ligne européenne alignée (ENR + interconnexions + stockage) fait système et accroît la souveraineté.
  • Pour les prix, la PPE organise les conditions d’une désensibilisation au gaz et d’une trajectoire plus prévisible ; le niveau exact du kWh restera conjoncturel (énergie/CO₂/fiscalité) pendant la décennie d’investissement.

Soueïda, le Golan et la stratégie silencieuse de colonisation

A Gaza, en Cisjordanie, mais aussi sur le Golan, Israël est passé maître dans la création d’irréversibles territoriaux. L’insoumission armée de factions druzes, en ce moment même, témoigne d’une ingérence dans le processus de paix d’Al-Chaara qu’Israël doit compromettre et voir échouer. Les relais pro-Netanyahou, hostiles à Emmanuel Macron, s’emploient à présenter ces factions comme légitimes et à enfermer le gouvernement syrien dans l’étiquette commode de « pro-islamiste ».

Israël n’a jamais eu intérêt à voir émerger à ses frontières une Syrie recomposée et forte, et l’insoumission armée druze à Soueïda fournit aujourd’hui un levier pour maintenir un voisin fragmenté sous couvert de protection d’une minorité ; ce point d’appui s’articule avec l’enjeu du Golan, territoire annexé de fait, stratégique non seulement pour la profondeur militaire mais pour l’eau, l’agriculture et des projets énergétiques, où une colonisation planifiée progresse à bas bruit.

L’accointance entre certaines factions druzes et Israël est documentée (soutiens et frappes ponctuelles, relais politiques et communautaires transfrontaliers) et s’inscrit dans une histoire longue de liens avec la communauté druze israélienne ; elle alimente un narratif qui délégitime la restauration d’un État syrien libre et souverain, quand bien même Al-Chaara (ayant renoncé à son nom de guerre) multiplie les gages d’inclusion et de normalisation pour la communauté internationale.

Sur le plan analytique, on distingue le dossier syrien de la Cisjordanie, mais au-dessus des contextes opère un même mécanisme d’expansionnisme par “création d’irréversibles” territoriaux : sécuriser, peupler, investir, jusqu’à verrouiller toute marche arrière diplomatique.

Le retour au pouvoir de Benyamin Netanyahou n’a pas changé la doctrine, il en a accéléré le rythme et la mise en récit (le Golan présenté comme « israélien pour toujours », l’élan donné par la reconnaissance américaine de 2019, l’extension d’implantations et d’infrastructures), tandis que le dossier Soueïda devient utile pour contester la légitimité d’une Syrie recomposée et pour disqualifier les appuis occidentaux — au premier rang desquels la France, dont le soutien vaut à Emmanuel Macron d’être taxé “d’islamisme” dans les milieux proches du Premier ministre israélien et via ces relais francophones ou pas.

Ce cadrage s’est longtemps superposé à une relation pragmatique avec la Russie de Poutine lorsque Moscou tenait à bout de bras le régime Assad : une “déconfliction” assumée laissait Israël frapper des cibles iraniennes et du Hezbollah en Syrie, pendant que la Russie sécurisait l’ossature du régime — une division du travail qui préservait la marge d’Israël au sud, autour du Golan.

La relation Israël–Russie a été pragmatique et transactionnelle pendant que Moscou soutenait militairement Assad.

Canal de coordination militaire : dès 2015, après l’intervention russe, Israël et la Russie ont mis en place un mécanisme pour éviter les collisions dans l’espace aérien syrien. Israël a ainsi pu continuer ses frappes contre des cibles iraniennes et du Hezbollah en Syrie, y compris parfois près du Golan, sans confrontation directe avec Moscou.

Moscou fermait souvent les yeux sur les opérations israéliennes tant qu’elles ne menaçaient pas directement la survie d’Assad.

Netanyahou a cultivé un lien personnel avec Poutine, multipliant les visites à Moscou, en insistant sur le rôle stabilisateur qu’Israël prétend jouer au sud de la Syrie.

En toile de fond, il y avait un accord tacite :

  • La Russie sécurise le régime d’Assad au nord et au centre.
  • Israël gère sa “zone de sécurité” au sud, empêchant une implantation durable de l’Iran et du Hezbollah près de sa frontière

Cet accord trouve des échos dans les votes d’Israël à l’ONU, notamment sur l’invasion territoriale de l’Ukraine et dans plusieurs commissions où Israël a ménagé la Russie. Ce n’est pas le moindre des paradoxes lorsque l’on analyse le 07-Octobre-2023 et les soupçons, démentis bien sûr, qui ont prêté à la main iranienne, dans un premier temps, et russe, dans un second, le fait de ne pas avoir pu être tenu dans l’ignorance du projet du hamas.

Ces interrogations ont bien circulé dans la presse internationale, y compris dans des titres grand public et des médias spécialisés en sécurité et géopolitique.

Après le 7 octobre 2023, plusieurs analyses et chroniques ont relevé que :

  • L’attaque du Hamas tombait à un moment où la guerre en Ukraine était à un point critique pour la Russie, avec une contre-offensive ukrainienne soutenue par l’Occident et des signes d’essoufflement sur le front.
  • Le déclenchement d’un conflit majeur Israël–Hamas–Gaza a immédiatement capté l’attention médiatique mondiale, reléguant l’Ukraine au second plan des priorités diplomatiques et médiatiques.
  • Certains commentateurs ont avancé que cette « diversion » constituait un avantage stratégique indirect pour Poutine, en fragmentant l’agenda occidental et en dispersant les ressources politiques et militaires des alliés de Kyiv.

Dans ce cadre, l’idée que Moscou pouvait ne pas être totalement ignorant des intentions du Hamas — ou au moins qu’il pouvait avoir un intérêt à ne rien faire pour les entraver — a été évoquée, souvent en lien avec les relations militaires et de renseignement qu’entretiennent la Russie et l’Iran.

Ces hypothèses n’ont jamais été prouvées, mais elles ont été suffisamment reprises pour constituer un angle de réflexion reconnu dans le débat public, notamment dans The Economist, Foreign Policy, ou encore dans des analyses publiées par l’ISW (Institute for the Study of War) et le Jerusalem Post.

A Gaza, en Cisjordanie,
le même souffle
stratégique sulfureux

Netanyahou et Poutine partagent, c’est de moins en moins contestable, un même cerveau politique : celui d’hommes de pouvoir qui mesurent chaque geste à l’aune de leur survie stratégique, façonnent le récit à leur avantage, verrouillent des zones d’influence par des accords tacites et refusent toute concession qui ne soit pas arrachée sous contrainte, ce qui, dans le cas de la Syrie, s’est traduit par une entente implicite sur la répartition du terrain.

Moscou a sécurisé Assad au nord et au centre, laissant Israël gérer sa profondeur stratégique au sud autour du Golan. Plus largement, et c’est un point critique qu’il sera difficile d’éluder, ils partagent une vision du monde où la loi internationale s’efface devant le fait accompli, où chaque crise devient une opportunité, et où la personnalisation des relations internationales supplante les mécanismes multilatéraux, imprégnant ainsi la scène mondiale d’un cynisme structurel qui affaiblit durablement la confiance entre États et ouvre la voie à d’autres expansions territoriales sous couvert de sécurité.

Avec l’affaiblissement de l’Iran et la recomposition syrienne, le paysage s’éclairçit et devient plus lisible. On y voit Israël disposer d’une latitude accrue pour protéger le statu quo du Golan, encourager la logique d’autodéfense druze et freiner l’unification syrienne ; ainsi, l’angle Soueïda-Golan, distinct du dossier palestinien mais mû par le même souffle stratégique sulfureux, devient la clé de lecture de l’ingérence israélienne dans le processus de restauration d’une Syrie libre et souveraine, comme le hamas est devenu une pièce maîtresse pour exclure les Palestiniens de toute prétention viable à disposer, eux aussi, d’un foyer national.

L’ONU a du pain sur la planche.