Deux contextes différents, mais une même faillite. L’une a menée l’URSS à sa perte. L’autre pourrait entraîner la chute définitivevdu régime de Poutine.
Le 26 avril 1986, l’explosion du réacteur de Tchernobyl a révélé au monde l’ampleur du déni soviétique : les autorités ont d’abord tenté de cacher l’accident, avant que la détection des radiations en Scandinavie ne force la vérité. Ce moment a marqué la faillite d’un système reposant sur le secret.
En 2025, la centrale nucléaire de Zaporijjia est confrontée à un risque inédit : coupée du réseau depuis plusieurs jours, alimentée seulement par des générateurs fragiles, dont l’un est déjà tombé en panne. Zelensky insiste sur le caractère « extraordinaire » de cette situation. La Russie apparaît comme une puissance qui instrumentalise le nucléaire civil à des fins militaires, franchissant une ligne rouge implicite.
1. Le révélateur politique
Tchernobyl a été l’un des déclencheurs de la glasnost. Gorbatchev lui-même admettra plus tard que l’accident a forcé le régime à une certaine transparence, ouvrant une brèche irréversible dans l’édifice soviétique.
Aujourd’hui, Zaporijjia joue un rôle analogue mais inversé : loin d’inciter Moscou à la transparence, la crise met à nu sa stratégie de dissimulation et de terreur. En revanche, elle pousse Kiev à dramatiser le récit afin de mobiliser ses alliés et placer la communauté internationale devant ses responsabilités.
2. Le coût économique et stratégique
La catastrophe de Tchernobyl a englouti des milliards de roubles dans la décontamination, les soins et la construction du sarcophage. Cet effort s’est ajouté à l’effondrement des prix du pétrole et à la course aux armements, aggravant la crise économique soviétique.
À Zaporijjia, l’arrêt prolongé, les réparations impossibles et la dépendance aux générateurs fragilisent l’Ukraine, mais aussi la Russie : un accident nucléaire majeur frapperait indistinctement les populations d’Europe, y compris russes, et aurait des conséquences économiques mondiales. C’est une arme qui se retourne potentiellement contre celui qui croit la manier.
3. Le discrédit international
Tchernobyl a entamé le prestige scientifique et technologique de l’URSS, alimentant l’image d’un empire déclinant. Aux yeux de l’opinion mondiale, l’Union soviétique n’était plus invulnérable, mais vulnérable et irresponsable.
Avec Zaporijjia, la Russie s’expose au même discrédit, mais dans un contexte plus dangereux encore : elle ne subit pas un accident, elle joue avec le risque. Cela l’assimile à un État terroriste prêt à provoquer une catastrophe planétaire. Même ses partenaires prudents, comme la Chine ou l’Inde, ne peuvent ignorer cette dérive.
⚖️ Conclusion
Tchernobyl a contribué à précipiter la chute de l’URSS en révélant sa fragilité systémique.
Zaporijjia, en 2025, pourrait jouer un rôle comparable : celui d’un révélateur, qui met au jour non seulement la vulnérabilité de l’Ukraine, mais aussi la dérive stratégique de la Russie et son isolement croissant.
L’histoire pourrait retenir que, de Tchernobyl à Zaporijjia, la menace nucléaire civile a été l’un des miroirs les plus impitoyables de la fragilité des empires.
