Depuis le milieu du premier mandat d’Emmanuel Macron, la France vit sous perfusion d’affaires politiques construites comme des feuilletons. Coupable d’avoir défié le clivage historique qui rythmait le jeu devenu mortifère pour elle de l’alternance sous la Ve République, devenue prisonnière des parties politiques, ceux-ci n’ont pensé qu’à le crucifier sur la croix de Loraine. La démission, ce matin,du gouvernement de Sébastien Lecornu, à laquelle l’ancien poulain du très poutiniste De Villiers, a de façon tréâtrale, a apporté le dernier clou, est le dernier acte de cette mise à mort programmée.
Ne tombons pas des nues. Tout cela a commencé très tôt et sans l’architecture constitutionnelle si résistante aux ondes de choc – que Nicolas Sarkozy, et avant lui Jacques Chirac lui-même acculé et trouvant pour seule réponse que le quinquennat pour amadouer la colère, s’est plu à détricoter – la République Française serait déjà morte et enterrée,vet le destin de la France ravalé au rang d’un sujet de controverse sociale, comme l’âge de la retraite, ou la taxe Zucman. Un ectoplasme médiatique, à peine plus « ronflant » que d’autres, uniquement utile pour les gargarismes et satisfaites quelques gorges chaudes.
Elles suivent toujours la même séquence : indignation immédiate, emballement médiatique, amplification par les réseaux, récupération par l’opposition — jusqu’à épuisement du pouvoir exécutif.
C’est une stratégie de discrédit continu, où l’émotion remplace la raison et où la République s’habitue à vivre en état de siège moral et se désarme elle-même.
—
I. Les phases opératoires de la déstabilisation
1. L’affaire Benalla — l’acte fondateur (2018-2019)
Un collaborateur du président, trop zélé un 1er mai face aux black blocs, devient le symbole d’un pouvoir arrogant. Il maltraite, de lémoire, sans avoir formellement qualité pour, deux manifestants qui jettent des objets sur les FDO.
La presse s’acharne, droite et gauche s’unissent dans une indignation sans nuance.
Pendant des mois, la France entière s’alimente de cette fable d’un “État policier”, jusqu’à en oublier le désordre initial.
Ce fut la première pierre du récit anti-macroniste, celle qui donne le ton : un détail transformé en affaire d’État, un serviteur érigé en tyran.
2. L’affaire McKinsey — la cristallisation (2021-2023)
Puis vient l’affaire McKinsey, où l’accusation d’optimisation fiscale se mue en métaphore de la “capture” du pouvoir par les cabinets privés.
Sous la houlette du Sénat, drapé dans sa dignité de contrôle du gouvernement, la narration s’installe : “le macronisme” devient le nom d’une collusion entre l’État et les intérêts étrangers.
C’est à ce moment-là que le mot acquiert sa valeur repoussoir.
Le macronisme n’est plus un courant, c’est un stigmate.
La presse, les réseaux, les oppositions : tous s’accordent à forger cette cristallisation, véritable phase de coagulation du rejet populaire.
3. Les Gilets jaunes — la tentative de bascule (2018-2020)
L’indignation trouve enfin sa chair.
Les Gilets jaunes héritent de cette défiance, la capitalusent, et la transforment en insurrection morale.
Derrière les appels à la justice sociale, on entend des mots d’ordre inédits dans la France contemporaine : rallier l’armée, les forces de l’ordre, le “peuple vrai” contre les institutions jugées illégitimes.
Ces appels existent, ils sont documentés.
La colère sociale devient, par infiltration et amplification, un vecteur de subversion républicaine.
Pour ceux qui ont la mémoire courte, parallèlement au saccage de l’arc de Triomphe, il était question, déjà, de prendre l’Elysée. Mais, tout pétri de la certitude d’avoir sous les yeux la révolte de la France périphérie contre la France Urbaine, cela ne comptait pas.
—
II. Le contraste de la cécité
Pendant ce temps, une autre menace se déployait : l’ingérence russe avançait tranquillement ses pions et les finançait.
La commission d’enquête parlementaire, à l’initiative du l’Assemblée Nationale, sous majorité Macroniste, s’intéresse aux ingérences politiques et économiques de puissances étrangères, particulièrement russe. Rendue publique en juin 2023, elle dévoile des mécanismes d’influence qualifiés de “courroies de transmission de la Russie”. Des heures et des heures d’audition qui tombent comme un coup d’épée dans l’eau.
Le Rassemblement national y est directement cité.
Réaction ?
Quasiment aucune.
Le même Sénat qui s’érigeait en gardien de la vertu se tait.
La presse, si prompte à flairer le sang, elle, ronronne.
Le sujet n’est pas intéressant pour le grand public. Le grand public apparemmentn’est pas le peuple et le sujet n’est jamais vraiment sa souveraineté.
Pudeur encore devant la manœuvre dilatoire du RN proposant Jean-Philippe Tanguy et Marine Le Pen à la présidence d’une nouvelle commission “contre les ingérences étrangères”, cette fois pour dévier le projecteur vers le Qatar.
Ni le Sénat, absorbé dans sa digestion, ni les médias, engourdis de connivence, ne s’en émeuvent.
La manoeuvre est pourtant cousue de fil blanc.
Pudeur aussi et tout aussi suspecte face aux rapports rédigé par l’armée française intitulé « Trois ans d’opération de désinformation russe » et documentant très précisément et de manière circonstanciée les actions de déstabilisation russes.
—
III. La conclusion du déséquilibre
Il n’y a pas de hasard dans une telle asymétrie qui frappent respectivement le premier mandat d’Emmanuel Macron. Lorsqu’il est impuissant pour se défendre, on s’acharne. Lorsqu’il se défend, à juste titre parce que c’est son devoir envers la République, dans un contexte international qui voit une Russie plus agressive qui a tout intérêt à neutraliser une puissance « dotée », alors il est censuré.
Oui, il est censuré, rendu inaudible.
Les affaires qui affaiblissent la République font vendre : elles se racontent, elles se jouent.
Les affaires qui la protègent dérangent : elles imposent de penser, de relier, de nommer.
Ainsi s’installe une déontologie à deux vitesses : transparence pour détruire, silence pour couvrir.
Et peu à peu, l’instinct de meute remplace l’esprit de vigilance.
Ce que l’on appelle aujourd’hui “le rejet du système” n’est peut-être que la victoire d’un système parallèle, celui où l’indignation sélective fait office de vérité politique.
Le peuple croit se libérer ; on l’enferme dans le miroir de sa colère.
Le Sénat ferme les yeux.
Tout le monde ferme les yeux.
—
Épilogue : le poids du réel
Comme en Allemagne, où Angela Merkel, mais sans doute aussi, son prédécesseur, Gerhard Schöder, est dans le collimateur de la presse, il y a de la haute trahison dans l’air dans les allées de l’opposition française qui vient de faire tomber le gouvernement du Premier ministre Sébastien Lecornu « mort né ».
Si le peuple ne comprend pas à quelle sauce l’endogarchie politico-médiatique corrompue jusqu’à la moëlle est en train de le manger, alors c’en est fini de la République et de la démocratie.
S’il y a trahison, elle n’est pas à chercher dans l’Élysée, mais dans cette mécanique collective où le cynisme médiatique s’allie à la fatigue démocratique.
Pour que la vérité puisse être entendue du Peuple, seul auquel je m’adresse comme Un et Indivisible, il faut que quelqu’un la dise. Tout ce qui est dit là est vérifiable et appartient au réel, pas à ses reformulations.
[…]
Et comme me le disait mon grand-père, un matin de vendanges, me voyant peiner sous la hotte trop lourde et m’invitant à charger plus de seaux :
> « Ne fais pas le voyage à vide! »
Je suis son précepte à la lettre.
Références & sources documentaires
Affaire Benalla (2018–2019)
-
Sénat – Rapport n° 340 (2018–2019) :
Commission d’enquête (auditions & dysfonctionnements) - France Info / Le Monde (sélection d’articles, fév. 2019) – chronologies et analyses.
Affaire McKinsey (2021–2023)
-
Sénat – Rapport n° 578 (2021–2022) :
Influence des cabinets de conseil - Public Sénat / Le Monde / France Télévisions (mars–avr. 2022) – synthèses & débats.
Mouvement des Gilets jaunes (2018–2020)
-
Assemblée nationale – Rapport d’information n° 2192 (26 juin 2019) :
Mission d’information -
Sénat – Rapport n° 467 (10 avr. 2019) :
Maintien de l’ordre & manifestations
Ingérences étrangères (2022–2023)
-
Assemblée nationale – Rapport n° 589 (1er juin 2023) :
Ingérences politiques, économiques et financières
– mentions de la Russie et du RN (« courroie de transmission »). - LCP / France Info / Le Monde (juin 2023) – couverture et controverses (RN dénonçant un « procès politique »).
Défense & vulnérabilités d’influence (2023–2024)
-
Sénat – Rapport n° 612 (2023–2024) :
Défense et souveraineté : sécuriser la base industrielle
Contrefeu RN – Commission « Qatar » (2023–2024)
-
Assemblée nationale – Proposition de résolution n° 2139 (RN) :
Création d’une commission d’enquête sur les ingérences du Qatar - AFP / LCP / Le Figaro (nov. 2023) – analyses de la manœuvre de diversion.
Sources transversales
-
Vie publique – Panorama des commissions d’enquête :
Fiche synthétique - INA / Data Médias – données d’exposition médiatique (séries & études).
- OJIM – études sur les hiérarchies de traitement médiatique.
