En 1944, la France libérée sut que la liberté d’expression ne signifiait pas la liberté de trahir.
Elle purifia le champ médiatique pour redonner à la parole nationale sa dignité.
Aujourd’hui, sans bottes ni chars, une occupation plus subtile s’est installée : celle des consciences.
Le temps est venu de raisonner à nouveau comme les hommes et les femmes de la Résistance.
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La République s’effondre toujours d’abord dans les têtes, avant de tomber dans les rues.
Nous ne sommes pas en guerre, dit-on — mais la guerre est là, dans nos fils d’actualité et nos conversations. L’Elysée, aujourd’hui, n’est pas assiégé et violenté par hasard. Il est, avec un président décrit par tant de médias comme un « forcené », l’ultime rempart à subir les coups du boutoir.
En 1944, la France libérée comprit que la liberté d’expression ne signifiait pas la liberté de trahir.
Elle confisqua les presses des journaux qui défilent aiguille étaient devenus collaborationnistes, non par vengeance, mais pour rendre la parole à la Nation.
Elle sut qu’un peuple ne se redresse qu’en reprenant possession de ses mots.
Aujourd’hui, sans chars ni bottes, une occupation informationnelle s’est installée et ses agents accomplissent impunément leurs opérations :
- des puissances étrangères manipulent,
- des intérêts privés conditionnent,
- des plateformes orientent.
L’esprit public, privé de repères, se délite dans un brouillard de passions et de simulacres.
Mais le plus pernicieux n’est pas seulement cette influence extérieure —
c’est l’attraction qu’elle exerce sur la classe politique elle-même, fascinée par les leviers de l’émotion et les ressorts de la manipulation.
Elle corrompt une générations d’hommes et de femmes politiques.
Là où la parole publique devrait protéger la conscience civique, elle se laisse parfois tenter par les mêmes outils, la même logique virale, la même ivresse de captation.
Ainsi, l’occupation cognitive devient auto-entretenue, et la politique collabore à son propre affaiblissement sous couvert de communication et d’être auprès des Français, alors qu’elle ne sert qu’un double chimérique.
Le populisme, ce n’est rien d’autre que cela. Un jeu d’imposteurs qui imposent leur dialogue et leur manière, violente, de parler. C’est un vrai remplacement. C’est lebremplacement du vrai peuple, de chair et de raison, par un autre, virtuel et de colère, que l’on cristallise en agitant le phantasme du grand remplacement « européiste » ou « immigrationniste » pour lui donner un semblant de corps, à vocation électorale. Bien sûr.
Nous avons banni le Spoutnik russe, mais laissé le champ libre à des Spoutniks français qui, au nom de la liberté, travaillent à désarmer la souveraineté populaire et sont plus virulents que l’original.
Et l’État, lié par une conception épuisée de la neutralité, ne sait plus défendre la liberté contre ceux qui la pervertissent.
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Il ne s’agit pas de censurer, mais de protéger la faculté de juger.
La liberté de la presse n’est pas un privilège corporatif ; c’est un devoir de loyauté envers la Nation.
Comme en 1944, il faut une refondation morale du champ informationnel,
sous le contrôle du droit et du Conseil d’État, pour redonner à la parole publique sa dignité.
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> Le lait maternel est le lait de Marianne.
C’est lui qui nourrit la conscience républicaine, qui donne à l’enfant de la Nation le goût du vrai et la force de penser par lui-même.
L’empoisonner, le frelâter en lui substituant un autre sein, c’est attenter à la République dans sa chair.
Nous devons à nouveau raisonner comme ceux de la Résistance :
- non pour interdire de parler,
- mais pour empêcher qu’une ou plusieurs puissances malintentionnées n’introduisent leur propre voix dans ce qui doit demeurer, ad vitam æternam, notre propre voix, celle de la République Française et de l’idéal qui la guide.
Car la liberté n’est pas de tout dire — elle est de dire sans trahir.
Le moment venu – et il viendra, compte tenu du dégoût croîssant et de la défiance généralisée qu’il contribue à nourrir – où cette question devrait pouvoir être soumise à référendum. Ce sujet, par essence, appartient à sa souveraineté.
