Cette fiction inutile existe. Son directeur, Guillaume Larrivé la quitte, un mois après sa nomination, pour faire de son geste un manifeste retentissant, en coup de boutoir contre le gouvernement.
La démission de Guillaume Larrivé, intervenue dans la foulée des motions de censure, n’est pas un simple geste administratif. Elle s’inscrit dans une stratégie politique mûrement calculée, au cœur d’un moment de fragilité gouvernementale. En quittant la direction de l’OFII, Larrivé cherche à imposer un récit : celui d’une République menacée, non par les puissances extérieures, mais par l’immigration.
Ce déplacement du centre de gravité de la menace – de l’extérieur vers l’intérieur – répond à la logique de l’Union des droites, de Le Pen à Retailleau, en passant par Ciotti, qui rêvent de dresser une “ligne Maginot” identitaire autour de la France.

Or, pendant que cette rhétorique sature le débat public, la véritable ligne de front se situe ailleurs : elle est russe. Les ingérences, la guerre informationnelle, la pression cognitive sur les institutions européennes et françaises, mobilisent déjà des moyens sans précédent – près de 7 milliards d’euros inscrits au budget national. C’est ce rempart-là, celui qui protège la souveraineté et la lucidité de la nation, qui devrait concentrer les forces et l’attention.
Larrivé, en magnifiant la peur migratoire, détourne le regard du seul danger existentiel actuel : la stratégie d’infiltration et de déstabilisation menée par la Russie, qui vise à fracturer la société française de l’intérieur en l’excitant contre elle-même.
Une chose est à peu près sûre : avec ses points d’appui hexagonaux, Vladimir Poutine a déjà réussi à faire de l’Assemblée nationale un “Fou” sur l’échiquier de sa stratégie impérialiste.
Ce “Fou”, figure oblique, avance en diagonale, sans ligne droite ni cap, tranchant le jeu républicain par des angles d’influence, d’opinion et de peur.
Le Kremlin n’a plus besoin d’y pénétrer frontalement : il lui suffit d’en orienter les mouvements, de nourrir les fractures et d’amplifier les haines.
C’est le propre du fou sur l’échiquier — il n’avance jamais droit, mais il frappe juste.
Il reste de triompher dans les positions fermées, confuses ou brouillées, là où les diagonales du Fou se heurtent à des obstacles.
Le Fou attaque en biais, le Cavalier riposte en esprit.
