Emmanuel Macron, le mage du Kremlin et les ingénieurs du chaos

Les “ingénieurs du chaos” sont, dans la réalité géopolitique contemporaine, au service du “Mage du Kremlin”. Giuliano Da Empoli a écrit deux livres qui, mis bout à bout, décrivent exactement le dispositif à l’œuvre. C’est cet ennemi qu’affronte, chaque jour, Emmanuel Macron, comme ses pairs avant et autour de lui, sur l’échiquier européen.  Cet ennemi doit être vaincu.

Cette réflexion m’est inspirée par un énième post circulant aujourd’hui, sur X pour forcer le trait entre l’“incroyable différence” entre un 11-Novembre soi-disant « lugubre » sous Emmanuel Macron, et celui de Chirac et Jospin, présenté comme radieux, chaleureux, populaire.
Ce n’est évidemment pas la première fois que ce type de comparaison est instrumentalisé.
C’est même devenu une mécanique récurrente, systématique, consistant, a installant un référentiel émotionnel et subjectif fallacieux.

Chaque événement public — du 1er mai 2018 au 11-Novembre 2025, en passant par le Salon de l’Agriculture qui est pourtant une véritable liturgie nationale — est pourri, déformé, corrompu, s’ils le peuvent,  par les protagonistes qui ne méritent rien d’autre que d’être qualifiés « d’ingénieurs du chaos », pour atteindre l’image du président.

Lorsqu’un même schéma se répète pendant des années, toujours avec les mêmes ressorts psychologiques, c’est qu’on n’est plus dans la critique politique.
On est dans une technique, qui admet la création et la manipulation opportuniste d’événements contestataires et émeutiers, comme la crise des gilets jaunes l’a prouvé.

Comparer des foules pour fabriquer du chaos : voilà l’art le plus discret de nos ingénieurs du trouble — et la matière première de leur guerre contre la démocratie.

C’est là que le tableau devient clair: l’action d’Intelligence  —  car il s’agit bien de l’élément fondamental d’une action stratégique — appliquée au président de la République, vise,  méthodiquement, au long cours, à le discréditer, l’isoler, l’invisibiliser.

Ce n’est pas une succession d’incidents: c’est une méthode, une coordination, un processus visant à immobiliser la proie dans la toile du désamour patiemment tissée, avec la soie de la défiance, au coeur de la République.

Ce mécanisme, auquel le système médiatique ne veut voir que du feu, contrefait l’apparence de la démocratie

Contrairement à ce que l’on veut laisser croire, cette stratégie n’a pas épargné les anciens chefs d’État. Elle a simplement trouvé, avec l’actuel président, son point de raffinement maximal, son terrain d’expérimentation le plus abouti. Sa conclusion espérée par les ennemis de la France, c’est la destitution ou la démission du président de la République.

Le schéma observable en France présente des similitudes troublantes avec ce qui se passe dans toutes les autres démocraties européennes: mêmes leviers psychologiques, mêmes relais, mêmes séquences d’usure, mêmes mécanismes de déplacement du réel.

Ce mécanisme, auquel le système médiatique ne veut voir que du feu, contrefait l’apparence de la démocratie, dont il détourne les prérogatives, au point de se confondre en elle.
Mais il n’en est qu’un camouflage: celui d’une guerre menée contre la démocratie elle-même, une guerre déclarée à la République française.

Pourquoi ?

Parce que certains faits de l’actualité de ces dernières années — si vous les examinez objectivement, rationnellement — font apparaître des pivots, des alignements, des interférences qui amplifient le mouvement et expliquent sa brutalité.

La souveraineté n’existe réellement que si les conditions du débat qui l’a fait naître sont garanties.
Autrement dit : elle n’est pas étrangère au fait que, sans un débat authentique, libre et constitutif, il n’y a plus de souveraineté véritable.

Et si, d’aventure, vos propres signaux d’alerte ne s’allument pas, demandez-le à ChatGPT ou à n’importe quelle intelligence artificielle: elle vous ressortira la carte, les nœuds, les pressions, et les intérêts qui, mis bout à bout, composent le tableau réel.

> Giuliano da Empoli, Les Ingénieurs du chaos (2019) et ** Le Mage du Kremlin (2022)**.
Deux œuvres complémentaires : la première analyse les stratégies contemporaines de perturbation cognitive et de manipulation politique ; la seconde éclaire, par le biais du roman, la logique de pouvoir et la dramaturgie du réel qui inspirent ces mécanismes — offrant ainsi une grille de lecture précieuse pour comprendre certaines dérives observables aujourd’hui dans plusieurs démocraties européennes.

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