Courrier du jour

Monsieur le commissaire de Justice,

Je considère – et je m’efforce de l’étayer du mieux possible à cette heure – que l’action de recouvrement engagée contre moi, bien qu’elle se présente comme une procédure isolée dans un domaine particulier du droit, constitue, si l’on remonte le fil de responsabilité dont elle procède, une action directe de la République française.

C’est en ce sens que je la vise et en conteste le fondement : non dans le seul aboutissement juridictionnelle qui vous échoit, mais comme le symptôme d’un ensemble plus vaste de désaffections et de carences républicaines dont elle résulte, à mes yeux, structurellement.

Je ne spécifie pas ici l’acte lui-même : non par omission, mais parce qu’il n’a pas l’importance que l’on est tenté de lui prêter. Ce n’est pas lui qui compte, mais ce qu’il révèle du défaut de vitalité républicaine auquel je me vois, malgré moi, contraint de répondre.

À cet égard, je souligne que les principes constitutionnels eux-mêmes donnent sens à ma position.
La République fonde son ordre sur la solidarité entre tous les citoyens, comme l’énonce le Préambule de 1946, et sur la continuité de la vie nationale, garantie par les articles 5, 16 et 20 de la Constitution. Elle reconnaît également, par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, que la justice prime sur la simple mécanique du droit positif, et que le citoyen peut, lorsque l’application du droit manque à cette justice, en contester la manifestation pour rappeler la République à ses propres obligations.

Je me place, ou plutôt ce chemin suivi depuis trente ans me place, dans la situation du citoyen qui exerce ce que Rousseau appelait une “souveraineté inactuelle mais agissante”.

Est-ce le vent qui fait danser les cîmes? Vaste question, en effet.

C’est dans cet esprit que je m’exprime : dans la fidélité la plus stricte à la philosophie constitutionnelle de la vigilance civique, où chaque citoyen, dépositaire d’une part de souveraineté, peut se voir contraint de rendre visible un angle mort de la République lorsque celle-ci faillit à son devoir de vitalité.

C’est sur terrain que je me place et je me vois ainsi dans l’obligation de m’opposer non pas à la manifestation du Droit, mais à une application du Droit qui, en l’espèce, méconnaît l’obligation supérieure de Justice. Ce n’est ni sophisme ni manœuvre dilatoire : c’est au contraire parce que, par mes écrits comme par les initiatives qui furent les miennes, j’incarne – modestement mais réellement – une certaine manifestation de l’idéal républicain que je me dois de soulever cette exception.

Écrire cela n’est pas aisé. Je pèse chaque mot.

En République, chacun est responsable de tous, et tous sont responsables de chacun. Le gâchis humain est contraire à l’idée même de République. Le principe que j’oppose à l’action intentée contre moi n’est pas un principe d’impunité, mais un principe d’obligation de vitalité: là où la République devrait agir, et ne le fait plus, j’assume seul la charge de rendre visible l’angle mort qui en résulte.

Après tout, je ne suis que celui qui a imaginé d’inscrire sur les numéraires de l’euro une devise : Credimus in Optimum Humanis. Il m’était naturel d’espérer – et cette certitude m’a porté – qu’en République, et plus encore en République française, quelqu’un reconnaîtrait que cette confiance trouve en moi un degré d’incarnation singulier.

Force est de constater, au terme de trente années d’efforts pour parvenir à une clarté suffisante, que cette reconnaissance ne s’est jamais matérialisée. Cela me place aujourd’hui dans une posture que je sais présomptueuse, mais qu’au-delà de mon ego, je me vois contraint d’assumer pour faire valoir cette leçon nécessaire.

Je le pose avec douceur, mais fermeté.

J’accepte d’en boire la ciguë. Car ce principe, qui circule dans mon sang lui-même, est de la ciguë.

En temps voulu, je donnerai – parmi tant d’autres textes – le lien vers le Traité étendu de l’Information, qui en constitue la quintessence. C’est lui qui fonde, en profondeur, ma réponse.

Il me faut, en démonstration de ce qui m’anime, donner le lien – parmi tant d’autres textes – en direction du Traité étendu de l’Information, car il matérialise, en quintessence, ce qui fonde ma réponse :
https://enattendantlarenaissance.fr/2025/11/13/theorie-etendue-de-linformation/

Croyez bien que je ne me dérobe pas.

Très respectueusement,

Daniel CICCIA

Copie : Monsieur le Président de la République

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