Un peuple plutôt que l’ombre d’un peuple

Nous sommes à un tournant de l’histoire de France. Ce n’est pas un moment dans l’histoire de la Ve République ni dans le destin de M. Macron.

Ce n’est pas un moment pour les commentateurs et les journaux.

Le temps de la dissolution est un temps apocalyptique en ce sens qu’il est révélateur.

Ce que ce révélateur laissera apparaître est libre de toute tutelle et de tout influenceur.

Une puissante et effrayante chimie est à l’œuvre. Elle permettra de distinguer si nous sommes un peuple ou l’ombre d’un peuple.

Le président de la République a engagé, et il a eu raison, ce moment de vérité.

Il est coupable de cela. Et si nous, le peuple français, le détestons autant pour cela, il n’est pas impossible que la raison en est que nous avons des raisons de craindre la vérité.

Un peuple ou l’ombre d’un peuple ? Le portrait final que va dégager la dissolution est distinct de notre volonté. Il couvre la perspective qu’il veut. Il n’appartient déjà plus à ce qu’il est possible de dire de ce que furent, sont et seront les événements.


On peut invoquer le front populaire ou la révolution nationale qu’on veut, le processus qui s’accomplit, sous nos yeux, dessinera in fine les traits exacts du peuple qu’il rencontre, pas du peuple tel qu’il se rêve ou s’innocente.

Ce serait trop facile.

Ce n’est pas exactement pour nous rassurer, mais le même phénomène regarde l’Amérique. Au même moment, deux démocraties essentielles connaissent et sont conduites, comme à l’échafaud, vers le même moment de vérité.
La coïncidence est frappante.

Un peuple plutôt que l’ombre d’un peuple. La France doit être libérée d’un jeu de rôle partisan qui est devenu tellement contreproductif que le désordre, la violence et le mensonge le dominent, le guident, au détriment des Français.

Il y a quelque chose qui sera difficile de pardonner aux partis politiques, c’est d’avoir laissé se mettre en place, plutôt que les conditions d’un langage de vérité, une bulle rhétorique, où l’on apprend à mentir comme on respire.

Elle favorise démagogie et surenchère.

La façon de faire de la politique qui a été notre pratique au cours de plus d’un demi-siècle a enfermé le peuple à l’intérieur de cette bulle.

Nous n’avons pas à nous étonner si le krak démocratique nous menace aujourd’hui.
De spéculation en spéculation, la bulle a grossi et elle est prête à éclater.

Ce faisant, et c’est cela qui est au centre de la peur, elle ne sanctionne rien d’autre que le rapport collectif au réel que nous avons établi.
Et de cela nous ne sommes pas les prisonniers, nous pouvons le renverser.

Il faut être conscient que ce rapport au réel, dans tout ce qu’il regarde, est brouillé.

Le peuple que nous formons n’est ni de droite ni de gauche ni du centre ni des extrêmes.

Il est libre. Il ne doit rien aux idéologies, rien aux idéologues, tacticiens, aux flambeurs et beaux parleurs.

Un peuple plutôt que l’ombre d’un peuple. C’est toujours ce choix qui s’offre à nous dans les moments d’histoire.
Nous sommes toujours le même peuple face à l’éternel dilemme.
Le dilemme vient toujours à nous sous diverses formes. Il faut reconnaître que jamais il n’a été si inventif, profus et tentaculaire.
Mais le peuple, partout, tout le temps, est le même. C’est ce qui peut désespérer et, en même temps, être la source du plus grand espoir.

La démocratie n’enlève rien à la lucidité, à ce recul sur soi-même, que le peuple se doit. Il est le souverain qu’il veut.

Si le peuple que nous formons est un peuple qui ouvre les yeux, il peut accéder à une souveraineté inédite et imposer sa loi à un système politique moribond.

Il peut réaffirmer comment s’appelle et à quelle hauteur se situe sa volonté, sa détermination, sa justice.
Il peut aussi abandonner cela au concours de bassesses qui a abouti à désarmer la République et à en faire quelque chose dont le champ se limite à accorder des prébendes sur des retraites et des illusions sur le pouvoir d’achat, et plus haut encore, à un malentendu foudroyant sur qui nous sommes.

Il ne produit donc pas le langage de vie qui unit et élève les citoyens, quels qu’ils soient, ne fût-ce que par un seul de leurs atomes, dans la plus haute dignité politique, celle de l’ordinaire de ce que chacun peut attendre de l’autre, à commencer par l’élève du professeur et le professeur de l’élève.
Il faut que des mots intelligents pleuvent sur l’école, sur le collège, sur les lycées, sur l’université et lavent le sol et les murs des mots et inepties qui n’ont rien à y faire.

La séparation, le séparatisme, vient de là.

Ils ont rendu la République si faible qu’un imam pourri ou un dealer avide est capable d’exercer son emprise sur presque n’importe quel gosse à la dérive et qu’un fouet à chimères dans les mains de n’importe qui croit pouvoir dompter la République.

Ce système ne se survit à lui-même que par la démagogie, le transfert de la détestation de parti à parti, de figure à figure. Que par le mirage des alternances et l’ingéniosité du marketing politique.
Ce n’est pas cela qui féconde l’âme de la France et lui fait de splendides enfants, produits de la diversité et qui fait rêver au point de sortir des gens du désœuvrement comme de la perpétuelle doléance.
Si nous voulons une jeunesse prête à soulever des montagnes, il ne faut pas lui dire que ses jambes ne lui permettent pas de porter son propre poids et qu’elles ne servent qu’à tourner en rond dans une République des pas perdus.

La clé du pouvoir d’achat n’ouvre rien.

Il est attendu du politique qu’il libère le peuple des impasses dialectiques et qu’il favorise le dialogue, l’intelligence de la délibération.

C’est ce qui attendu et c’est le contraire qu’il produit

Dans la culture démocratique que nous avons d’autant plus laissé s’installer qu’elle nous caresse dans le sens du poil, les partis politiques triangulent leurs positions, selon la sensibilité de l’opinion.
C’est un problème d’aire géométrique et de surfaces épidermiques.
L’opinion est une tragédie pour la démocratie.

On dirait qu’un vaste sonar poursuit la forme du peuple comme un chalutier poursuit son banc de poissons.

Nous ne sommes plus qu’un banc de thons poursuivi par de grands thoniers et des petits chaluts.

Le peuple ou la mémoire du peuple. J’avais envie de vous dire que nous ne tolèrerions pas si quelqu’un voulait, par d’habiles subterfuges, que nous soumettions l’histoire ou encore la stabilité de nos mœurs, au même joug.

Mais nous savons que ce n’est pas vrai. Le wokisme et l’indigénisme travaillent déjà cette matière. Il édulcore d’abord. Il donne une figure, la plus haïssable possible, à haïr. Puis il démolit.
#Metoo est une abomination, une parfaite abomination qui autoréalise un projet idéologique qui nous éloigne de la justice des humains en procurant une forme plaisante et souhaitable à la vindicte populaire et au lynchage collectif. Le clavier de cette opération n’aligne que de touches perverses.

Le mémoriel comme la réalité biologique du genre sont déjà dans le collimateur. L’état de droit sera passé à cette moulinette et, finalement, cela avalera la Constitution de la Ve République qui repose sur le postulat que l’équilibre des vertus et des discernements tient la baraque et que le président en est la clé de voute et le garant.

Le peuple ou l’ombre du peuple ? Ce qui se passe n’est pas une crise de régime. C’est une crise du peuple à travers une crise de son système politico-médiatique fait de postures et d’impostures. Le malaise est croissant dans la société parce que le cumul des mensonges ou demi-vérités est devenu intenable.

Nous mourrons, et nous ne faisons plus autant d’enfants que nécessaire parce que le théâtre politique, qui est le théâtre donne du sens à nos vies, est vide et nous prive de la confiance vitale. Il ne nous désaltère plus. Au contraire, il assèche en nous toute humanité.

Nous cherchons le bouc-émissaire.

Le seul bouc-émissaire, c’est nous.

Un peuple ou l’ombre d’un peuple. Ne croyons pas que le reste de l’Europe nous envie, tandis que notre dette augmente et que notre crédit diminue, une quelconque créativité politique.

Le placement de la France en procédure pour déficit excessif par la Commission européenne est un signal des plus sérieux.

Il sonne le tocsin au peuple qui ne veut n’entendre que le chant des sirènes auxquelles il est sensible.

La Politique, c’est autre chose. La politique ne peut pas être au service du peuple si elle n’est pas intransigeante avec l’obligation de la responsabilité.

Tout le monde a compris que les bonnes grâces électorales du peuple ne s’obtiennent plus qu’en lui tendant le miroir le plus flatteur. Alors tout le monde le flatte.

Au risque de manquer à l’unanimisme merveilleux qui règne parmi nous, le peuple que nous formons n’en est pas arrivé là où il en est, sans avoir suivi, depuis des décennies, le mauvais fil d’ariane.

Le mauvais fil d’ariane n’est pas le fil qui nous permet de sortir libre du labyrinthe, c’est le fil qui nous empêche d’en sortir.

C’est le moment, aujourd’hui, de réclamer et de choisir, surtout, parmi tous ceux qui nous sont proposés, le fil d’ariane qui nous sort du labyrinthe.

Il y a une histoire des moments de lucidité, ou le plus souvent de la perte de lucidité, dans l’histoire tout court. Les moments au cours desquels un peuple perd sa lucidité, le fil de lui-même, accouchent de drames et de tragédies.

Est-ce que nous sommes encore capables de comprendre le potentiel que cristallise un tel moment quand ce cycle rencontre le cycle des périls imminents.

L’isoloir n’est pas quelques barres métalliques avec de la toile. L’isoloir, ce sont les grands mythes et la manière dont ils parlent encore avec notre conscience.

L’espoir n’est pas mécanique.
L’espoir n’est pas organique.
L’espoir est celui des forces qui dorment et qui ne se réveilleront peut-être pas.
Ce moment peut voir le Phoenix renaître de ses cendres.
Il peut voir le peuple carbonisé renaître d’une démocratie épuisée.
Ce n’est pas le pari que les bookmakers ont enregistré.
Ce n’est pas le pari que nos ennemis font.
Ils pensent la France morte et enterrée.

Mais notre destin n’appartient pas à nos ennemis.
Il est le réveil de ce que nous sommes.
Ce miracle est entre nos mains.
Il faut avoir à l’esprit qu’il est important pour l’histoire du monde de montrer au monde si et comment nous sommes capables, grâce à une République qui est montée au ciel, de nous résoudre nous-mêmes.

Cet instant démocratique, dépouillé des artifices et gestes de campagne, s’inscrit dans cette petite équation à autant d’inconnues que de citoyens.
Personne, jusqu’ici, ne l’a résolue.

Le jour d’après

Lendemain des élections européennes dans la République française. Le plus surprenant, dans cette espèce de jour d’après qui est pourtant bien loin d’en être un par rapport à ce qui nous guette, c’est que le système médiatique, comme un canard sans tête, répète les mêmes éléments de son langage.

Il ne se remet pas en cause.

Il n’est pas capable de sortir de sa zone de confort. C’est un clergé, avec ses chapelles.

Il n’interroge pas le réel, mais la ou les représentations du réel sur lequel les partis politiques ont tissé et fait prospérer leurs électorats.

Le Rassemblement national n’est pas autre chose qu’une fiction qui fonctionne mieux, aujourd’hui, que les autres.

Cette fiction a simplement plus de chances de nous conduire à un désastre.

Que dire de l’impasse politique qui arrive sinon qu’elle est, stricto sensu, le produit du système d’information, entendu comme la culture et les centres d’intérêt qu’un peuple sait ou non établir et transmettre en son sein.

La démocratie ne sert pas à demander. Elle ne sert pas à forger ou opposer des opinions. Elle sert à donner. Elle sert à établir un corps social, un Être social, qui nourrit la nation, lui fournit la confiance en l’avenir, comprend le monde et lui donne, autant qu’il se donne à lui-même, des enfants.

Les médias ne sont qu’un élément du système d’information, mais ils ont une responsabilité dans la faillite générale.
Ils sclérosent l’imagination universelle et stimulent, a contrario, les vanités personnelles et individuelles.

Les partis politiques ressortent leurs langues aussi mortes que les espérances qu’ils prétendent lever.

Ce que je sais, c’est que si rien ne parle plus au peuple, le peuple se meurt. Il n’y a pas de vérité au-delà de cette vérité.

Le peuple a peut-être déjà totalement disparu. Il ne fait que marchander l’accès à des nostalgie qui lui survivent, comme un membre fantôme.

Le cancre que je n’ai jamais cessé d’être a appris dans sa vieille école que la crainte fondamentale des Gaulois était que le ciel leur tombe sur la tête.
Les Romains mettaient des lauriers.
Les juifs des kippas.
Les musulmans se livrent au jihad.

Nous ne mettons rien. Nos ordinateurs ont des pares-feux, mais nos âmes, dont nous disons qu’elles n’existent pas, nous les livrons à ce qui veut bien jouer avec.

Nous aurions dû hériter des antiques sagesses gauloises. Elles nous auraient protégé.
Aujourd’hui, nous sommes dans de beaux draps.
Le ciel qui lentement nous ensevelit n’a pas le goût du ciel.
Il a un goût de terre et de cendres.
Le ciel n’a le goût du ciel qu’en altitude, dans les hauteurs qui consolent et inspirent l’humanité.

Je le dis et je le répète ici : l’épuisement démocratique que nous constatons est le symptôme d’un épuisement ontologique et dialectique.

C’est cet épuisement qu’il faut guérir. Je ne sais pas comment mais je sais que c’est lui qui redonnera la confiance qui éclaire le jugement, qui éclaire la démocratie.

Il faut faire abstraction des chroniques temporelles. L’actualité est, probablement, une illusion. Nous revenons toujours au moment où notre système cognitif se heurte à ses limites et reproduit la fatalité monstrueuse à travers un prisme auquel nous ne savons pas résister.

La guerre est la transformation de cette impossibilité qui n’est qu’une impossibilité dans la volon,té et dans la conscience.
Aujourd’hui, la guerre a changé d’échelle. La guerre engendrera l’apocalypse.

C’est cela l’éternel recommencement auquel est voué Sisyphe. C’est l’incapacité, dans la civilisation, à saisir la clé qui ouvre l’avenir et de préférer l’attrait de la clé qui ferme et renvoie l’humanité à ses démons.

La démocratie devrait délibérer de cette profondeur tant qu’il est temps.

Les dramaturges grecs, les mythes fondateurs, les Zarathoustra, les grands philosophes, les guides et les prophètes, les musiciens et les poètes, ne nous parlent pas d’autre chose que du temps de l’âme humaine.

L’autre temps, il est celui des cailloux, des atomes et de ce qui périt, avec pour échelle les temps géologiques et le cycle du carbone14.
Le temps de l’Homme est d’une autre nature et d’une autre majesté.
Dommage de le tuer.

C’est lui qui sauve.

Les démocraties sont vampirisées

L’acteur hollywoodien George Clooney a téléphoné à la Maison Blanche pour se plaindre avec la plus grande véhémence du fait que Biden ait qualifié de « scandaleux » le rôle de son épouse, Amal Clooney, dans la décision de la Cour Pénale Internationale d’émettre un mandat d’arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. 

George Clooney est représentatif de cette partie du show business qui utilise l’écho médiatique qui est le sien pour faire pencher la balance pour les palestiniens.

En France, plus de 200 artistes ont signé une tribune réclamant à @EmmanuelMacron, le président de la République française, la reconnaissance de l’Etat palestinien.

L’humanisme est une chose respectable et il est naturel et souhaitable qu’il éveille les consciences. Mais est-ce bien, ici, ce que fait l’humanisme ? Est-ce que cet humanisme ne nous endort pas, ne s’endort pas, bercé par un monstre invisible?

Comme acteur, George Clooney avale le scénario infiniment rationnel écrit par la Révolution Islamique d’Iran. Il ne fait que jouer le rôle, de loi en loin, que lui a dévolu l’ayatollah Khamenei.
Il y a des dramaturges et auteurs, de Shakespeare à Paul Aster, plus dignes d’intérêt.
Le 7-Octobre-2023 est comme le 11-Septembre-2001.
Ces dates appartiennent au même script invisible qui consiste à violer le système cognitif du monde et d’y induire de nouvelles logiques, de nouvelles chaînes.
Ce sont de grandes et profondes œuvres idéologiques qui électrochoquent les masses humaines.
Le 11-Septembre-2001 jouait sur l’antiaméricanisme.
Je me souviens que Gaza, dépourvu de décence élémentaire, dansait ce jour-là.
Le 7-Octobre-2023, Gaza dansait, ivre de l’effusion de sang, de rapts et de viols, mais aussi une partie de la jeunesse occidentale convertie, sous couvert d’écologie, d’anticapitalisme, de lubies de toutes sortes, au fanatisme révolutionnaire que couve le guide suprême.

Qu’importent les horreurs commises en ce funeste jour par le Hamas et ses complices.
Cela ne compte pas.
Israël est injuste même lorsqu’il se défend.
Israël ne sert qu’à démontrer cela.
Israël est injuste par nature.
Netanyahu est donc parfait pour endosser le costume du salaud et nourrir l’incendie pervers allumé, dans les âmes, par des pyromanes venus de l’enfer et promis à l’enfer.
Netanyahu est l’excipient parfait pour faire passer le psychotrope qui doit nous faire passer d’un monde à un autre, d’une civilisation libre et éclairée à une civilisation placée sous le joug des idéologies.

Le 7-Octobre-2023, avec sa barbarie désinhibée, n’avait pas d’autre objectif opérationnel que d’imposer cette machine infernale dans les esprits, qu’ils soient arabes ou occidentaux, en vue d’annexer la logique, de préempter des clefs du discernement.
Ce dont il faut être conscient, c’est que la Révolution islamique d’Iran, l’amie de Poutine, a écrit ce scénario.
C’est ce script diabolique dont George Clooney se plaint de voir que Jo Biden se refuse de le suivre.
C’est ce script, aussi, que 200 artistes français, se déclarant au diapason d’une jeunesse qui bloque des universités et excommunie tout intellectuel qui ose dire autre chose sur le sujet, reprochent au président de la République Française de ne pas le suivre.
Les démocraties sont vampirisées.

Le temps d’un paradigme

Au risque de paraître déconnecté de la réalité politique et sociale, comme on dit, je soutiens que la responsabilité qui échoit au Politique, c’est de parler avec la hauteur, de rendre palpable le dialogue avec les idées supérieures. C’est en parlant la langue de l’abstraction (de soi, de l’égo) qu’on a le plus de chance de résoudre les problèmes en bas.

En quoi la défaite de Sartre devant Platon intéresse-t-elle la banlieue, la vocation de l’Europe, ou même le fait que, si nous étions nous-mêmes, Poutine aurait déjà perdu ?

Il faut sans doute refaire de la philosophie politique pour le comprendre.

Je veux bien être celui qui pense qu’il est important de rappeler que quand on dit que L’essence précède l’Etre cela signifie Je pense donc je suis et non pas Je veux, donc je suis.

La crise politique que l’Occident subit est une crise ontologique qu’il est temps de regarder en face.

C’est cette crise ontologique qui permet à un islam dévoyé comme à toutes sortes d’idéologues de penser qu’ils peuvent conquérir les âmes et dépecer l’immense peuple des déracinés.

Il est temps de se rendre compte que Sartre a perdu devant Platon. Il faut l’annoncer et il faut dire ce que cela implique pour nos sociétés endolories.

A l’épreuve d’une génération qui l’a expérimenté et adopté, l’existentialisme se révèle être une impasse culturelle et ontologique qui n’a fait illusion qu’en exacerbant des identités ou des états avares de droits.

Le marketing et la société de consommation se sont repus de cette chair adolescente fraîche. Mais quel est le futur qui se dessine ?

Le wokisme est le dernier avatar de ce courant de pensée, qui, de déconstruction en déconstruction, nous abandonne dans un champ de ruines sociologique où chacun prétend à reconnaissance pour exister.

@jk_rowling, mère d’Harry Potter, peut témoigner de la férocité des TERF (Trans-Exclusionary Radical Feminist).

On mesure la perversité d’un mouvement qui prétend à l’inclusion en pratiquant une excommunication qui n’a rien à envier à l’inquisition et si on regarde bien, la soi-disant cause palestinienne procède exactement de cette mécanique.

C’est pour cela que, comme la grenouille sous le scorpion, les LGBTQQIP2SAA dansent pour Gaza où le hamas les ferait tomber du dernier étage des immeubles.

Il faut sortir de ce marasme intellectuel. Il n’est pas possible de faire fonctionner un système politique démocratique dans de telles conditions.

Il devient le siège insoluble de perpétuelles contradictions, de cacophonies monstrueuses, de conflictualités larvées et cela ne permet plus de produire le minimum requis de perspective commune à l’adhésion de tous.

Les gamins et adolescents perdus des banlieues sont peut-être davantage les enfants de cette perdition que ceux de l’assimilation ratée dans le cul-de-sac de l’immigration.

Ils sont les fausse-couches de l’existentialisme.

Ils n’ont rien, pas la moindre cape d’invisibilité, pour échapper au mauvais destin qui fond sur eux. Ils n’ont même pas en eux l’idée d’un eux-mêmes qui les sauve de l’environnement qui les dévorera, à un moment ou à un autre, crus.

En fait, rien de ce qui devrait faire sens commun ne leur parle.

Le drame, c’est que la république ne peut pas en sortir autrement que par le haut.

Notre drame, c’est qu’ils ne peuvent en sortir, eux-mêmes, que par le haut et que la république est une communauté de destin qui nous oblige à nous en sortir ensemble.

La crise ontologique que j’évoque à travers l’impasse existentialiste elle les frappe eux d’abord. Elle leur enlève les mots que l’école essaie de leur mettre dans la bouche avant même qu’ils en aient pris le goût.

C’est pour cela que cette question constitue le sujet politique principal du moment.
Nous ne le voyons pas parce qu’il nous crève les yeux.
Nous ne sortirons, ensemble, du malheur qu’en le traitant bien au-delà des facilités dialectiques et des dogmes politiciens.

Le choix de l’Europe face à un monde voué à s’autodétruire

Est-ce qu’une culture politique qui n’embrasse plus, ni n’appelle, le destin de l’Homme conserve une chance de sortir des êtres humains et des sociétés des impasses ontologiques dans lesquelles ils finissent par se placer ?

La notion de liberté recouvre énormément de signification, mais la première des libertés est vraisemblablement une liberté de dimension prophétique ou biblique par laquelle est procuré à un peuple la clé qui lui permet de s’extraire d’une impasse, et de se renouveler.

Ce n’est pas sans raison que je me crois obligé d’insister sur la notion d’impasse ontologique car il me semble que la pensée occidentale, dans son continuum, qui définit mieux l’Occident qu’un seul espace géographique, est dans une telle impasse.

La notion d’impasse ontologique – à l’échelle du destin d’un peuple ou d’un ensemble de peuples – renvoie à une situation où ces peuples se trouvent bloqués dans leur développement ou leur progression à cause de problèmes fondamentaux liés à leur existence même et à leur compréhension de leur propre essence.  

Nous sommes, il me semble, dans la situation où ce peuple – ou cet ensemble de peuples – se trouve, c’est-à-dire dans une stagnation ou un blocage profond, non pas en raison de circonstances économiques, politiques ou sociales immédiates, mais du fait de problèmes fondamentaux liés à leur existence, leur identité, leur vision du monde et leur compréhension de leur propre essence et de leur place dans le monde.

Si les pères fondateurs des démocraties modernes ont distingué les droits de l’Homme et du Citoyen, est-ce par pur sophisme, ou pour spécifier, au-delà de l’état civil, que l’un et l’autre ont des aspirations et des soifs différentes.

La démocratie relève du Citoyen ; la nation procède de l’Homme.

Que se passe-t-il quand la politique ne parle plus à l’âme des peuples ? Nous avons le résultat sous les yeux. Cela nourrit le sentiment que la situation est insoluble et que le sort de la société ne va pas s’améliorer.

La tentation, alors, est au statu quo. La tentation, c’est l’illusion de l’autoritarisme et du retour en arrière.

C’est un signe d’extinction. Mais il n’a rien à voir avec le péril jaune ou l’agitation de la peur du grand remplacement.

En fait, c’est notre vitalité, notre volonté à être, qui s’étiole et nous nommons cette carence par un nom qui nous semble d’autant plus supportable qu’il nous défausse de notre responsabilité, en accusant, par exemple, la vitalité, supposée conspiratrice, d’une communauté stigmatisée comme étrangère.

L’immigration porte, aujourd’hui, ce débat-là comme l’antisémitisme porte en lui d’autres relents.

Il faut voir dedans ce que cela contient et anime, de la part de soi et de la part de l’Autre, et ne pas fuir car toutes nos réponses – donc toutes nos solutions – sont dans cette élucidation et dans les fruits de cette analyse.

La politique sert à sortir des mirages et des illusions pour se rapprocher du réel.
Elle n’est libératrice qu’à ce prix et qu’à cette condition.

A partir de quand a-t-on commencé à enfermer la démocratie dans des impasses ontologiques qui ne permettent plus de s’adresser à tous, en désignant un grand horizon commun ?

Un grand horizon commun, ce n’est pas un horizon inaccessible. C’est une perspective qui fait déjà partie de nous et qui nous agrandit.

Nous nous déshydratons.

Nous nous desséchons.

Nous crevons de cela.

Notre destin collectif est en train de nous échapper, ce qui est le pire qui peut arriver à des démocraties.

Est-ce la faute de l’immigration ? Est-ce la faute de l’islam ? Est-ce la faute de l’Europe ?

C’est surtout la faute au grand et inexplicable silence sur l’essentiel que nous avons accepté d’installer avec pour piètre satisfaction d’y voir le matérialisme porter son écho dans les espaces laissés vacants.

Et la politique se morfond dans l’interaction aride des sondages et du cahier de propositions, sans oser dire, d’abord et surtout, à un peuple, en dignité, qui il est et qui il se doit d’être, où se trouve et par quoi se fonde sa confiance.

Ainsi la source s’est-elle tarie et, pour en tromper la gravité, nous nous adonnons à toutes les surenchères émotionnelles et à tous les artifices possibles et imaginables.

Nous évitons de nous rencontrer en vérité de crainte de ne plus découvrir le peuple que nous savons devoir être.

Cette inconséquence est la plaie qui ouvre toutes les autres.

C’est donc celle qu’il faut refermer pour espérer refermer toutes les autres et dieu sait qu’il y en a.

L’avenir d’une civilisation ne peut pas se mesurer autrement que par les enfants qu’elle engendre et les clés que nous leur façonnons pour comprendre et agir pour le monde. L’immortalité – ou la pérennité d’une civilisation – se fonde sur cette transmission.

La portée de l’imagination et de l’intelligence humaines n’a pas d’autre dessein que de parfaire notre système collectif de résolution en vue de permettre aux générations de s’adapter aux exigences et mouvements de leur temps.

De ce point de vue, bien plus que l’Europe vue comme mortelle par le président Macron lors de son discours à la Sorbonne le 25 avril 2024, c’est notre génération qui est une génération mortelle.

Elle l’est au sens de l’épuisement de sa volonté, de son élan vital, et c’est notre responsabilité de réanimer ce corps meurtri et fatigué.

Nous avons toujours le choix d’être une génération immortelle au sens de sa capacité de renaissance et de la nature de la parole qu’elle livre.

Il ne faut pas se tromper.

Si nous débarrassons la scène des gesticulations, nous sommes vraiment engagés dans un grand dialogue entre des puissances majeures, utilisant des modes divers allant de la guerre au terrorisme, en passant par le soft power et la maîtrise des matières premières.

Le réel, c’est ce théâtre complexe où s’entrechoquent aujourd’hui des interprétations du monde, et non sa dilution dans le mouvement des actualités.

C’est dans ce contexte que l’Occident, en tant que pensée, doit comprendre pourquoi il a son mot à dire et pourquoi ce mot est légitime, car consubstantiel, dans l’histoire humaine.

L’Occident doit justifier, à nouveau, sa voix par la profondeur de ses valeurs, l’acuité de son interprétation du monde et de ce qui s’y noue et la force de sa raison, démontrant ainsi son rôle essentiel dans l’évolution de la civilisation mondiale.

A ce jeu-là et à cette condition-là, l’Occident peut apporter, pour que chacun s’en saisisse et la reconnaisse aussi comme sienne, la forme de la clé qui sauve le monde de lui-même.

S’il ne produit pas cela, le destin du monde nucléarisé sera dominé par des antagonismes et des déséquilibres tels que celui que la Russie a engagé avec l’Ukraine, ou pire encore, par l’ombre que la Chine avec ses 1,5 milliard d’habitants fait peser sur les 23 millions de Taïwanais, pourrait être tentée de suivre.
Je suis persuadé qu’on n’imagine pas le nombre d’ombres que beaucoup sont tentés, aujourd’hui, de faire glisser.

Le monde multipolaire ne peut pas être ce monde-là. Ce monde-là est un monde voué à s’autodétruire.

Nous avons le devoir de délivrer l’alternative intelligente et viable à ce monde invivable.
L’Europe possède les vertus pour accomplir cela.
C’est ainsi qu’elle ne mourra pas: en faisant revivre ce qui va au-delà d’elle-même.

De l’opportunité, ou de la nécessité, de mettre la Russie au ban de l’ONU

Au moment où la question d’exclure la Russie du Conseil de Sécurité de l’ONU surgit médiatiquement, et fait écho, notamment, à la réflexion que développe Nicolas TENZER dans l’ouvrage qu’il a publié aux éditions de l’Observatoire sous le titre « Notre guerre », il faut reconnaître que l’ONU a un rôle décisif à jouer et qu’elle ne peut pas passer à côté de ce qui l’appelle à être ce qu’elle doit être.

Pourtant, l’organisation semble inapte à produire la légitimité et l’autorité qui pourraient déterminer la neutralisation des menaces que la Russie et l’Iran exercent impunément sur la scène internationale.

Exclure la Russie du Conseil de Sécurité, c’est bannir la Russie. C’est la mettre au ban des nations. Or, le bannissement suppose de pouvoir imputer à tout Etat susceptible de faire l’objet d’une telle procédure, un crime au-dessus de tous les autres de sorte qu’il soit mis à l’index par tous et que nul, en conscience, ne puisse se soustraire à l’appel de son impartialité.

L’exigence d’impartialité n’est pas appelée tous les jours. Seul, un enjeu historique est susceptible de requérir de chaque nation, la concentration, exprimée en une seule décision, très lourde de sens et d’enjeu, des caractères qui définissent l’essence de sa souveraineté.

Se prononcer sur la mise au ban de la Russie du Conseil de Sécurité de l’ONU relèverait donc de l’exercice le plus aigu qui soit quant à ce qui fonde la souveraineté.

Est-ce que c’est impossible ?

Pour espérer réussir à opérer une adhésion là où plusieurs propositions de résolution ont déjà échoué, il est indispensable de dépasser les clivages, les blocs, les solidarités visibles ou invisibles, et même les alliances fondamentales.

Peu d’événements ou de menaces permettraient un tel dépassement. Il n’y en a jamais eu dans l’histoire.

Les crimes de guerre n’y suffisent pas.

Même les crimes contre l’Humanité ne suffisent pas pour porter la conscience universelle au niveau de réprobation qui transcenderait les configurations géopolitiques usuelles.

Comment dépasser le jeu des coulisses propre à la complexité et aux préséances d’une organisation telle que celle des Nations Unies ?

Comment dépasser, également, l’infini des objections opposables qu’il s’agisse de mensonges (Colin POWEL, en 2003, avec sa fiole pour le compte de l’administration Bush) ou encore les précédents, les jurisprudences pourries, liées au conflit israélo-palestinien ?

Quant à la dimension génocidaire, elle nourrit le procès perpétuel et insoluble de l’Occident contre lui-même, pris dans l’insoutenable oscillation du culpabilisme post-colonial et de sa relation à Israël.

Cette « relation » concentre en elle un antisémitisme au cube : parce qu’il est juif, parce qu’il est sioniste, et parce que nous devons tous nous sentir palestinien que l’Iran, via le Hamas et ses proxys, déploie comme une toile.

Cette toile attrape tout ce qui passe à sa portée d’idiots utiles, de doctrinaires, de prédicateurs, et, même d’universités parfois prestigieuses.

L’accusation de Poutine
d’une implication de l’Occident
dans le terrorisme islamique
est le signe assumé
d’une forme de désinvolture
idéologique et stratégique.

Lorsque la préméditation émane d’un État, ou de plusieurs États, le crime n’est pas un assassinat, le crime, dans chacune de ses dimensions, appartient au domaine de la conspiration.

Comment reconnaître la conspiration ?

Le propre d’un État qui conspire, c’est très probablement, qu’il montre et accuse la conspiration là où elle n’est pas et la rend invisible et insoupçonnable, inimaginable, là où elle était, là où elle est, là où elle se déploie.

A quoi a servi le brûlot conspirationniste L’effroyable imposture paru en mars 2022, soit quelques semaines après le 21-Septembre-2001?

Si l’on admet que c’est un tissu de mensonges, alors, son utilité première consiste, peut-être, à montrer la conspiration là où elle n’était pas et ne pouvait pas, presque par définition, être pour la masquer, là où elle peut être?

Je ne suis pas dans la tête de Poutine, de Khamenei, encore moins dans celle de Thierry M, pour savoir ce qui l’a inspiré voire abreuvé.

Malgré ou peut-être même grâce à son retentissement et son succès planétaire, Thierry M, son auteur, a, pour les démocraties, discrédité, préventivement, l’idée même de conspiration, dressé son tabou, tandis qu’il la propageait partout ailleurs.

Il y a tant de biais négatifs et de failles dans les esprits, notamment via le fonds d’antiaméricanisme primaire et secondaire, que cette thèse a trouvé, pour des raisons innombrables, un terrain pour prospérer et faire des émules,  faire des disciples.

Cette possibilité d’action occulte et subversive dans l’esprit humain, et d’altération délibérée du libre-arbitre, est un crime au dessus de tous les autres car c’est une atteinte à ce qui nous fait humains, de manière universelle.

C’est une trahison de tout et de tous.

Est-ce que ce sujet ne mérite pas l’intérêt intellectuel le plus aigu puisque c’est ce mouvement qui tend, actuellement, les ressorts d’une guerre que l’humanité en son entier perdra faute d’avoir vu ce qui se passait à l’échelle où cela survient et est survenu?

C’est, d’ailleurs, la réactivation délibérée du mythe porté par L’effroyable imposture qui est plus que paradoxale dans l’accusation de Poutine désignant la responsabilité occulte de l’Occident, voire française, dans l’attentat islamiste du 22 mars dernier au Crocus City Hall.

Elle n’est pas anodine. Elle n’est pas que cynique. L’accusation de Poutine d’une implication de l’Occident dans le terrorisme islamique est le signe assumé d’une forme de désinvolture idéologique et stratégique.

Elle relève presque du lapsus révélateur laissant entrevoir le paysage mental sur lequel Poutine régne et dont il étend l’empire, méthodiquement, jusqu’à ce qu’il se confonde, avec d’autres.

C’est un paysage mental dépourvu de moralité, dominé par le vice et la corruption. C’est un paysage mental où aucune nation ne doit pouvoir croire ni trouver refuge ni pouvoir imposer son ordre aux autres, quelles qu’elles soient.

La dialectique à l’oeuvre est l’empreinte de ce paysage mental.  En étant sensible au voile que la dialectique pose sur les choses pour les annexer, on devine le paysage mental qu’elle recouvre.

Le champ d’observation n’offre pas un alignement d’objets et de signes sur une rhétorique constante et régulière, mais un enroulement dans un objet dialectique assez complexe pour être insoupçonnable.

Cette dialectique ne révèle sa forme et son amplitude que lorsque l’ennemi, Nous en l’occurrence, est submergé, subverti, terrassé, privé des moyens de riposte à l’échelle de la dialectique mise en œuvre contre lui.

La Russie ne se pense et n’agit que par les principes, les réflexes, les biais et conditionnements mis en place pour Nous rendre incapable de discerner la menace.

Bien nommer les choses, aujourd’hui, est-ce se jeter – comme la misère sur le pauvre monde – sur l’objet sémantique du terrorisme islamique, et de céder aux impulsions médiatiques qui font voir la menace partout, au delà de ce qu’elle représente par elle-même. Pendant que l’islamobuzz sature l’espace, que se passe-t-il?

Je pense que c’est cela qui se passe et que ce projet est bien avancé. L’ennemi bénéficie de la faillite du système médiatique. J’espère qu’il subsiste de la lucidité au niveau des États.

Ce qu’a lancé le hamas, le 7-Octobre-2023, constitue un crime monstrueux, abominable. Cela ne suffit pas, pourtant, à qualifier les choses au niveau où l’implacable déferlement de haine place l’exigence de l’analyse.

Le 07-Octobre-2003, dans des kibboutz innocents, ce n’est pas une haine aveugle qui s’est déchaînée.

C’est, au contraire, une haine pleine d’acuité qui a été orchestrée. C’est une haine, avec un horizon. C’est une haine qui savait exactement ce qu’elle voulait provoquer.

La dette de sang et d’horreur du 7-Octobre-2023 a été voulue énorme et monstrueuse pour réaliser un effet de levier dévastateur, à l’échelle du monde.

C’est ce que la hamas a fait. Ce n’est pas un acte de résistance, c’est un élément d’une grande conspiration.

C’est pire qu’un crime contre l’humanité puisque c’est un crime contre l’humanité consenti pour alimenter un brasier de haine dévastatrice et presque universelle contre Israël, contre les juifs partout où ils sont.

Le gouvernement de Benjamin Netanyahu, au-delà de sa répression légitime et compréhensible des premières semaines, ne fait pas que s’isoler, aujourd’hui, dans la poursuite d’une vengeance sanglante.

Il entre dans le piège tendu par le Hamas, pour le compte de l’Iran.

L’empressement des commentateurs à exclure l’hypothèse d’une coordination de l’opération du hamas en fonction de l’intérêt russe et iranien, à l’un ou à l’autre, ou aux deux, est curieuse car elle dément le bénéfice tactique et stratégique qu’en recueillent ces deux puissances comme le trouble, la désynchronisation de la capacité de résolution et d’attention, qui est semé dans les relations internationales.

Là où un sujet de discorde modérée – l’Ukraine – avait déjà peu de chances d’aboutir à une résolution, qu’en est-il après irruption, au niveau constaté le 7-Octobre-2023, d’un sujet qui est construit comme devant être la mère de toutes les discordes ?

Tout cela appartient-il, du point de vue du mouvement stratégique auquel nous sommes confrontés, à une même unité de temps et à une même unité de lieu ?

C’est très probable.

Le nid où l’islam stratège s’est accouplé avec l’hydre altermondialiste, c’est la conférence de Durban 1, fin août-début septembre 2001. Elle est marquée par un clash sur la question palestinienne érigée comme l’étalon de toute injustice. Quelques jours après, le 11-Septembre-2001 Al-Qaida a publié les bans de cette union.

Ce qu’opère la Russie, comme ce qu’a accompli le hamas le 07-Octobre-2023, relève de la conspiration contre l’Humanité par le degré de perversion du calcul qui est réalisé, par les effets secondaires attendus, par l’effet de levier escompté.

En accusant l’Ukraine
d’être nazie,
la Russie ne pratique pas
le point Godwin.
Elle se désigne elle-même
dans l’ordre des ténèbres.

Bien que l’expression « Conspiration contre l’Humanité » ne soit pas juridiquement établie, ne peut-elle pas servir à conceptualiser et à débattre de pratiques extrêmes qui, bien que ne relevant peut-être pas strictement des crimes contre l’humanité tels qu’entendus traditionnels, représentent néanmoins des menaces contre les fondements mêmes de l’existence humaine.

La Russie empoisonne l’esprit humain. Elle l’a fait sur les démocraties occidentales. Elle le fait sur l’Afrique.
Elle le fait déjà, grâce à son droit de veto, à l’ONU et le fera, aussi, sur l’ensemble des institutions.

Il faudra donc établir que la Russie agit, sur une large période dont tout porte à croire qu’elle débute avant le 11-Septembre-2001, pour soumettre ou discréditer l’institution qui tente de régir les relations des nations entre elles.

Et qu’elle le fait, circonstance aggravante, alors même que le statut politique et moral que lui confère son rang de membre permanent du Conseil de Sécurité, l’oblige à défendre, a minima, la charte ou, le cas échéant, à être force de proposition pour l’améliorer.

Les Nations-Unies sont nés de l’échec de la Société des Nations à avoir évité la montée du nazisme et la seconde guerre mondiale. Les nations se sont constitué, en 1945, en une Organisation des Nations-Unies afin d’empêcher le retour de la guerre et la survenue d’un désastre comparable à ceux qui ont bouleversé le XXe siècle.

C’est l’engagement sous-jacent que les nations ont pris. C’est l’engagement sur lequel les membres du Conseil de Sécurité, en dépit d’intérêts qui peuvent être divergents, ont le devoir de veiller et s’il y a manquement à ce devoir, l’assemblée générale, peut-être en mesure de sanctionner le Conseil de Sécurité.

Ce serait une convocation de portée historique. Il ne s’agit pas de le galvauder. L’institution n’y survivrait pas.

Puisque les nations unies sont nées de la volonté d’épargner à l’avenir au monde l’abomination que le nazisme y a semé, l’institution ne peut pas être indifférente à toute accusation qui, de près ou de loin, réinterprète ou ressuscite le nazisme.

Tout le monde connaît la loi dite de Godwin, du nom de cet avocat américain, stipulant que « Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d’une comparaison impliquant Hitler ou les nazis s’approche de 1. »

En accusant l’Ukraine d’être nazie, la Russie ne pratique pas le point Godwin. Ce que la Russie fait, en accusant l’Ukraine d’être un nid de nazis ou l’Occident d’être « satanique » ne participe pas d’une posture rhétorique permettant, par l’assimilation de l’interlocuteur ou de l’adversaire à un SS ou à un nazi, d’annihiler la rhétorique adverse. Ce qu’elle fait en désignant l’Ukraine ou l’Occident comme le siège du mal absolu, c’est qu’elle se désigner elle-même dans l’ordre des ténèbres.

S’il était possible de prouver que la Russie est un Etat « nazi, tout serait simple.

La situation justifierait une saisine de l’institution à un niveau de délibération extraordinaire puisque la situation exposerait l’institution à une menace qu’elle s’est fixé pour mission, à travers son droit de résolution, de conjurer.

Nous sommes dans la position
de ces astrophysiciens
qui subodorent,
par leurs calculs,
la présence d’un trou noir

Est-ce vraiment un manque de chance si c’est elle qui accuse l’Ukraine et l’Occident d’être le siège du mal absolu. Ou est-ce, déjà, puisque nul n’ignore la psychologie de la Russie, une forme d’aveu qu’elle consent à faire sur la construction stratégique qu’elle orchestre et les moyens de mensonge, de désinformation et de duplicité qu’elle a mis en œuvre pour réaliser son plan de renversement de l’ordre international pour y installer des conditions de sa domination.

La Russie utilise l’accusation du nazisme à l’encontre de l’Ukraine, de décadence à l’égard de l’Europe, de satanisme à l’encontre de l’Occident, désormais incriminé pour téléguider le terrorisme de Daesh, pour masquer la dialectique qui détermine, depuis longtemps, son action globale.

Nous sommes dans la position de ces astrophysiciens qui subodorent, par leurs calculs, la présence d’un trou noir, qui par définition absorbe tout rayonnement, et qui n’ont pour parvenir à le démasquer que l’observation des anomalies dans un champ d’observation pertinent.

Toutes les nations du monde, si elles devaient être convoquées en session extraordinaire, seraient dans la situation de cet observateur.

Elles peuvent être désinvoltes car la part de rhétorique qui leur est parfois adressée est flatteuse et libératrice, et peut toucher d’innombrables cordes sensibles, mais à un moment, comme cet observateur têtu et obstiné, il faudra bien qu’elles voient ce qu’elles voient, pour reprendre Charles Péguy.

Le libre-arbitre des nations du monde tient à ce fil.

Il n’est possible de voir ce qu’il y a à voir qu’en s’affranchissant du prisme de la dialectique, surtout lorsqu’elle se montre irrésistible. Ou en traversant un certain nombre de déserts.

Le terrorisme islamique, jusqu’à un point qui va bien au-delà de ce qui est généralement admis, est intéressant sous bien des aspects, mais il en est un principal qui l’amène à se replacer, particulièrement en Europe, particulièrement en France, dans le focus pour replacer son propre prisme à la place de celui du véritable danger.

Les Nations Unies doivent lever une dernière ambiguïté sur laquelle il est insupportable de voir la Russie jouer.  Le fait d’être une puissance ou une nation « dotée » ou « aspirante » est une circonstance aggravante.

Cela n’assure en aucune manière l’impunité, comme la possession d’une arme plus puissante ou égale à celle de la police, n’assure pas à un voyou d’être au-dessus de la loi.

Elles doivent donc dire qu’une nation nucléaire mise au ban du Conseil de Sécurité, ne peut pas invoquer une menace exitentielle, comme source de sa légitimité à user d’un vecteur nucléaire.

Sa protection est assurée par le droit international.

Les Nations Unies seules possèdent cette légitimité.
Elles doivent s’emparer de cette prérogative.

Un moment à la place de dieu

[Réflexion sur la Russie et le contexte géopolitique actuel]

Il n’est manifestement pas possible à la Russie d’être supérieure à sa nature. Même si elle fournissait des efforts, elle n’y parviendrait peut-être pas. Comme elle n’en fait pas et qu’elle s’abandonne, corps et âme, aux penchants qui la dominent, alors, la Russie est trahie par sa nature et elle sera vaincue par ses démons.

Même le IIIe Reich n’aurait pas osé. Il assumait sa nature maléfique. La Russie de Poutine, elle, ose tout. C’est à cela qu’il va falloir apprendre à la reconnaître, en prenant la peine de remonter le fil de nos certitudes, des certitudes sur les événements qui ont marqué l’entrée dans le XXIe siècle.

En dépit de la revendication par l’EI-K, filière afghane de l’État islamique, Vladimir Poutine a dit que les auteurs islamistes de l’attentat contre le Crocus City Hall le 22 mars étaient commandités par l’Occident collectif. Son ministre des Armées, Sergei Shoigou, a réitéré l’accusation, y associant formellement la France.

Loin d’être une banale déviation rhétorique, la tournure des événements, après l’attentat perpétré au Crocus Center le 22 mars 2024, dans la banlieue de Moscou, marque, au niveau purement dialectique, le plus inattendu des tournants.

Il faut en prendre la mesure et cesser d’éviter le sujet, au motif que c’est une manipulation de l’information de plus. Ce n’est pas une manipulation de l’information de plus.

La manière dont la Russie détourne l’événement dépasse, il me semble, le cadre de la guerre déclarée par la Russie à l’Ukraine. Il dit tout, dans une sorte de lapsus révélateur irrépressible, de ce qu’est l’âme russe, lavée par un siècle de communisme, dévoyée par un quart de siècle de poutinisme, de la nature du combat que la Russie, sur cette partie de l’échiquier a engagé contre nous. Il est le révélateur d’une culpabilité russe dont la seule question, aujourd’hui, est de savoir jusqu’où elle trempe et jusqu’où elle a trempé.

Notre ennemi fondamental, c’est cette âme russe.

Le système d’information occidental ne mesure pas la portée du mensonge d’Etat proféré par la Russie qui ne voit dans l’Etat Islamique K qu’un exécutant.

Les journalistes ne veulent voir que l’énormité du stratagème, ce qui équivaut à ne rien voir. C’est se priver de lucidité.

Il y a un impensé stratégique, le nôtre, sur ce que furent les attentats que nos démocraties ont subis, depuis le 11-Septembre-2001. Il resurgit, à la faveur des incroyables accusations russes, comme un angle mort inacceptable. Il faut l’ouvrir.

En nous disant que le terrorisme islamique est un exécutant de basses œuvres au Crocus City Hall, l’ancien sous-officier du KGB Poutine, refondateur du FSB, nous dit-il quelque chose que nous devons nous forcer à entendre sur l’histoire du terrorisme Islamique, ses racines, ses collusions objectives, ses manipulations, ses liaisons ?

Il nous dit que nous ne devons pas nous fier aux apparences.

C’est une parole de quelqu’un qui sait de quoi il parle.

Il est donc temps de se poser la question et de regarder le champ de bataille global, de regarder l’ensemble de la perspective historique, l’action psychologique de dérèglement du libre-arbitre qui y est menée. La pensée n’est pas une souris prisonnière d’un labyrinthe ou d’une mise en complexité. La pensée va où elle veut.

Les médias, le système d’information dont sont pourvues les démocraties, se révèle dans l’incapacité de prendre cette mesure potentielle des événements.

Ils n’ont pas appris à imaginer le mal. Sa banalité peut-être ? Son empire, son expertise, en aucun cas : « Toujours préférer la connerie, à l’hypothèse du complot »

Le narratif que les médias ont construit autour d’un consensus bloque le système d’analyse, de traitement, de projection des faits, à des normes et des standards.

Le système d’information fonctionne comme une machine aveugle qui ne voit que ce qu’elle a appris à voir.

Nul ne veut voir la disruption narrative que le maître du Kremlin a opéré au lendemain de l’attentat au Crocus Center et ce dont ce basculement est, compte tenu de ce que nous avons appris de la psychologie d’agression russe, le révélateur.

Nous savons, depuis tous les conflits qu’elle a animés, que l’inversion accusatoire est une spécialité russe.

Partout, de Grozny à Alep, en passant par l’Ukraine, elle s’exonère de ses turpitudes (emploi d’armes chimiques, menace nucléaire, crimes de Boutcha, menaces sur les russophones, etc.) en les prêtant, d’abord, aux autres.

Elle a appris à se justifier de l’injustifiable en prêtant l’injustifiable, d’abord, à celui à qui elle est opposé.

Cette fois, pourtant, la Russie a passé le stade de l’inversion accusatoire. Elle introduit la perversion accusatoire, c’est à dire qu’en accusant l’Occident collectif d’être derrière l’attentat du Crocus City Hall, au mépris des évidences et de la revendication même de l’organisation EI-K, elle prête à l’Occident global la possibilité d’être derrière tous les attentats. Elle prête surtout, et c’est ce qu’il faut prendre en compte, aujourd’hui, à l’Occident la perversion dont elle a, sinon l’expérience achevée, du moins l’imagination aguerrie.

Entre l’imagination aguerrie et l’expérience aboutie, il y a l’opportunité stratégique qui se présente sous une forme ou une autre, de manière directe ou indirecte. Voilà ce qu’il y a.

La Russie fait partie des nations qui n’hésiteront pas à se saisir de telles opportunités.

Cette affaire d’islamistes qui ne seraient que des exécutants, confirmée, jeudi, auprès du ministre de la Défense français par son homologue russe veut semer un niveau de confusion de plus et, peut-être, au fond, va-t-elle contribuer à en enlever un.

Rien n’est compréhensible, et l’attitude même du pouvoir russe balaye les suspicions légitimes d’un coup orchestré par le FSB ou quelque autre instrument au service de l’Etat profond russe.

On a beaucoup plus de questions que de réponses.

Mais ce qui est sûr, depuis le 22 mars 2024, c’est que l’Islamisme est redevenu, en Europe, l’ennemi existentiel.

Il ravit ce titre à la Russie. Ce qui est sûr, dans l’ambiance, dans les retentissements de l’information, c’est d’un seul coup comme une réactivation de tous les ressorts et rouages autour des atteintes à la laïcité, de l’insécurité, des risques d’attentats, etc.

La menace russe sur les démocraties et sur l’Europe redevient le cadet de nos soucis.

Cela avantage, notamment, tous les partis souverainistes, nationalistes, etc., qui votent Poutine aux futures élections européennes le 9 juin prochain.

La Russie n’a pas d’adversaires, elle n’a que des ennemis. Des ennemis intérieurs éradiqués par des poisons divers et variés qui rendraient jaloux les Borgias. Ils ont pour nom Alexeï Navalny, Boris Nemtsov, Anna Politkovskaïa, assassinés par l’Etat qui leur devait protection. Voilà un Etat qui ne se distingue plus du mensonge et de la terreur. Qui n’administre que cela. Qui confond la souveraineté à laquelle doit aspirer toute nation humaine avec l’administration des plus noirs desseins, au service de la soif de pouvoir et de la prédation.

C’est cet Etat qui a déclaré la guerre. Il ne l’a pas déclarée qu’à l’Ukraine.

Il ne l’a pas déclarée qu’à l’Occident global.

Il l’a déclarée à toute nation qui place l’idée de sa dignité au-dessus de tout car, à un moment, la Russie rencontrera pour la détruire, elle aussi, la dignité de toute nation.

Aujourd’hui, la Russie n’a pas d’amis, elle n’a que des nations qui prennent le risque, devant l’histoire, devant la grande histoire humaine, d’être ses complices.

J’ignore si la Chine voit la trame que la Russie, sur cette partie de l’échiquier, et l’Iran, sur l’autre, tentent de jeter sur les événements et les interactions internationales.

Je constate que nous-mêmes avons de la peine à distinguer les mouvements des ombres qui nous harcèlent et nous décontenancent.

Mais si nous ne devions pourtant n’avoir qu’un moment de conscience absolue ; si nous ne devions avoir qu’un moment à la place de dieu, pour distinguer comme il est supposé pouvoir le faire, le mouvement du noir dans le noir, nous devrions employer ce moment de grâce collective pour regarder cette Russie et cet Iran au fond de leur âme.

Et les défaire ici, avant que les armes n’emballent, à un niveau incontrôlable, la partie et ne prennent le dessus sur la force dialectique.

Nous pouvons battre cette Russie avec la pensée d’un grand peuple, d’une grande humanité. Tout écartèle ce peuple fait de tant de peuples, alors c’est qu’il doit se manifester.

Cette Russie-là ne doit pas se voir offrir l’avenir auquel elle aspire car elle ne conçoit son avenir qu’aux dépens des autres, qu’au prix de notre servitude et de notre aliénation.

Cette Russie, qui la fait peser sur d’autres, primitivement, ne doit pas pouvoir alléguer une menace existentielle qui lui ouvrirait un droit exorbitant et injustifié sur le plan nucléaire.

Cette Russie ne laissera personne vivre en paix.

Les Nations Unies sont prévenues.

Elles ont une responsabilité en droit, et elles assument, aussi, un devoir protection de l’humanité. Elles doivent s’en saisir.

Le XXIe siècle pourra alors vraiment commencer.

Le 9 juin 2024 décidera si Poutine va écrire l’Histoire

Les élections européennes du 9 juin – comme les élections américaines de novembre prochain qui, elles, désigneront le prochain président des USA – vont décider si Poutine, au nom de la Russie, est celui qui va écrire l’histoire de l’Humanité.

Vladimir Poutine s’est suffisamment fait connaître pour que nous n’ayons pas de doute quant à la manière dont l’Histoire du monde va s’écrire si nous lui accordons la liberté d’écrire cette page entre deux siècles et deux millénaires.

Il écrira le sillon de notre destin, n’en doutez pas, comme il écrit toute chose. Avec l’encre du crime, du viol, de la brutalité. Avec le sang du malheur.

Lorsqu’on débarrasse le champ de toutes les controverses inutiles et des débats secondaires, des tracteurs des agriculteurs mécontents de la PAC, des ballets de complotisme et de protestation, c’est cela qui apparaît.

La mécanique du mécontentement qui a été mise en oeuvre au sein des peuples européens pour décomposer la volonté des peuples et obscurcir leur jugement doit reculer.

C’est de cela dont chacun, aujourd’hui, dans chaque pays de l’Union, doit être pleinement conscient au moment de savoir s’il est intéressé ou pas par ce scrutin. C’est un enjeu qui ne concerne pas notre confort, nos convictions, notre orgueil.

L’enjeu est au-dessus de tout cela.

Ce n’est pas un choc de civilisation entre le sud et le nord. Ce n’est pas davantage celui de l’islam contre la chrétienté, d’un prétendu surconscient écologique sur le subconscient capitaliste.

Cela, démarré le 11-Septembre-2001, c’est une impitoyable et habile cinématographie stratégique qui a été mise en mouvement pour que nous ne soyons pas capables de voir le mouvement réel, cynique, engagé contre la légitimité de l’Occident à placer ses valeurs humaines et humanistes comme celles qui doivent inspirer l’histoire du monde.

Nous sommes en plein doute ontologique.

Le doute doit cesser.

Les spectres qui ont fait irruption, dans notre histoire, en criant « Allah Akbar » ne sont que des épouvantails, mécanisés, captagonés, dont les cerveaux ont été lessivés.

Pendant qu’on les regarde, on ne regarde pas ailleurs. Leurs coups nous uppercutent à l’intérieur de l’esprit pour nous empêcher de réfléchir le monde au-delà des limites [le terrorisme islamique] qu’ils ont fixé.

C’est à cet enjeu que doit se mesurer la responsabilité individuelle et collective de chaque citoyen et de chaque parti politique. C’est à elle que doit s’établir et s’affirmer notre souveraineté.

Rien n’est plus important que de nous assurer que nos enfants, notre postérité, resteront libres, et que l’idée de liberté continuera d’éclairer le monde.

Rien n’est plus important que de leur assurer cela.

Rien n’est plus important que de pouvoir se dire, le 9 juin 2024 au soir, que, à travers la protection de notre libre-arbitre, nous avons su protéger, alors que tant de pulsions d’abandon nous poussaient à l’indifférence et à la désertion, les conditions de libre-arbitre de ceux qui nous suivent.

Addendum à la campagne aux Européennes 2024

N’oubliez pas de considérer Poutine tel qu’il se voit depuis des années et tel que les réseaux pro-russes le représentent, c’est-à-dire en domination, absolue et imparable, du jeu international.

La représentation ci-dessus, postée en 2015 par les infiltrations russes dans les réseaux sociaux français et européens, a une portée subliminale. Elle dit que nous sommes dans la nasse et que, quoi que nous fassions, nous finirons dans la gueule du loup.

C’est cela ce que cette image dit.

Cette image date de 2015. Mais elle laisse échapper une évidence : si la partie est en cours, à ce moment-là, cela signifie que la partie n’a pas commencée là.

A-t-elle commencé à la conférence de Munich sur la Sécurité, en 2007, lorsque Poutine, pour reprendre la manière dont France Inter relatait l’événement, a dit ses quatre vérités à l’Occident.

Le problème du 11-Septembre-2001, c’est qu’il a été conçu pour interdire tout entendement de la situation d’ensemble.

Il a été élaboré, à cette fin, avec la construction initiale de cette légende selon laquelle le 11-Septembre-2001 inaugurait le schéma d’une « organisation non étatique » s’en prenant à Nous, en même temps qu’un index subliminal de plus en plus insistant désignait, tout de même, l’Arabie Saoudite à la vindicte des opinions publiques occidentales.

Il n’est pas inutile de signaler qu’elle était, jusque-là, l’indéfectible allié stratégique de l’Occident et l’une des clés du marché énergétique. Il fallait parvenir à installer l’idée qu’y siégeait l’origine du Mal. Discernez-vous la mécanique de raisonnement qui est, cran après cran, mise en oeuvre?

Si vous voulez que ce scénario qui nous est stratégiquement favorable soit retenu et délivre toute sa puissance, nous avons l’ingénierie pour vous procurer de quoi l’abreuver. Ceci est la clé de l’intelligence du soft power russe. Elle est infiniment redoutable.

Petite parenthèse : c’est l’Arabie Saoudite qui a contribué à l’écroulement des cours de brut qui a asphyxié, économiquement, l’ex-URSS et l’a fait s’effondrer, effondrement considéré par Poutine comme la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle.

Il est évident que Poutine n’est pas quelqu’un et qu’il n’est pas à la tête de la cryptogarchie russe pour ne pas être en mesure de réserver des chiens de sa chienne à ceux qu’il estime être des traîtres. J’ai beaucoup de mal à penser que si le guide suprême de la Révolution Islamique d’Iran lui a montré un schéma pour déstabiliser le royaume saoudien, il ne l’a pas exploité.

Il voit les failles des systèmes de défense dans les esprits. Et je l’ai vu les avoir vu.

Poutine n’est pas le fils spirituel de la Russie qui a inventé le mythe du Protocole des sages de Sion et la grande Illusion dialectique du Communisme pour rien.

Alors, on trouve toujours un idiot plus ou moins utile pour dire aux Européens qui veulent gober la couleuvre ou aux Américains qui veulent l’entendre de la bouche d’un clown que la commission européenne, c’est l’Etat profond et que Washington, c’est aussi l’Etat profond.

C’est ce que l’on nomme la projection accusatoire.

A partir de cette injonction, qui signe ce qu’est, profondément, la psychologie de l’Etat russe, les uns et les autres parviennent à convaincre des masses d’électeurs que l’Occident est toxique et que sa supériorité morale et technologique est une supercherie.

Il fallait inscrire dans le psychisme des populations, que le sentiment de prééminence de l’Occident, plus que de supériorité, est illégitime, qu’il est le produit d’un complot, d’un conditionnement, d’une doxa libérale, qu’il se réalise aux dépens des tiers-monde, et si la tache ne suffit pas, qu’il est le fruit non seulement de l’exploitation du capitalisme sur les Hommes mais de sa prédation sur le climat, et que là-bas, dans l’autre monde, tu verras et tu seras libéré.

Les moteurs logiques qui ont été mis en marche contre Nous, l’Humanité, ce sont ceux-là.
Ce ne sont pas des moteurs d’équité et de justice
. Je vous en prie, prenez un peu de recul sur les éléments de langage et de dialectique pour observer le mouvement et la nature de ce qui s’insinue dans l’esprit et le transforme.

En informatique, il y a au moins des pares-feux. Normal, il y a des ingénieurs qualifiés.

Dans l’âme humaine, il n’y a plus rien. Nous avons déclaré que nous sommes assez grands pour nous débrouiller avec le réel.

Alors, on entre dans l’âme des peuples comme dans du beurre ou comme dans un moulin, pour y semer les graines de doute, de discorde et de conflictualité.
La société de l’information, vitale aux démocraties, y secrète aujourd’hui la perversité dialectique qui dessert et expose ces mêmes démocraties au ridicule. Le wokisme en est une forme experte.

Cette perversité dialectique qui s’est abattue sur Nous n’a semble-t-il plus de limite et c’est elle qui conditionne les débats pour que, au bout du processus, ils produisent la capitulation de l’intelligence commune devant la terreur.

Il faut se souvenir des choses et comment nous avons été prés de tomber dans le panneau. Nous avons exaucé, en partie le vœu de Poutine, l’Arabie Saoudite s’est décalée de la ligne occidentale.

Regardez, maintenant, parmi les plus virulents à avoir dénoncé cette alliance, à avoir demandé de faire tomber la monarchie des Saoud, « Daech qui a réussi », qui il y avait pour relayer les intérêts de l’Iran et de la Russie, avec un petit coup de peinture russe sur la carlingue du souverainisme.

L’Europe, le Brexit, le TAFTA, le nucléaire, l’OTAN, etc, sur tous nos sujets régaliens, sur tous les sujets, le débat démocratique finit par pencher du côté de l’intérêt objectif de Poutine. C’est problématique et c’est suspect.

Et il est vrai, si d’aventure nous reprenions un peu notre lucidité, qu’un attentat islamiste rappelle la vraie priorité. Faut-il du cochon dans les cantines scolaires ?

Mon malaise, c’est d’avoir le sentiment que quelque chose nous prend pour des cons.
Je ne veux pas qu’on prenne mes compatriotes pour des cons.
Je ne veux pas qu’on prenne les Européens pour des cons.
Je veux qu’aucun humain ne soit pris pour un con.

Voilà, voilà, voilà. Voilà ce sur quoi délibère la démocratie pendant que les loups s’approchent et dévorent une partie des frontières terrestres extérieures et font ripaille de nos cerveaux.

Il y a là, à mes yeux, un mystère. Si elle était encore là l’une des deux Simone Weil ou Veil pourrait me renseigner sur la manière dont le mal conquiert les esprits. C’est le sujet.

Nous ne pourrons pas aller bien loin dans ce XXIe siècle sans protéger et nourrir le libre-arbitre qui nourrit la liberté de tous les peuples.

Elle ne se nourrit de rien d’autre et ne trouve son aise que de la qualité du libre-arbitre que l’on instruit. Je ne distingue pas les démocraties des autres régimes constitutionnels de ce point de vue.

Cela implique que le combat qui doit nous réunir et que certains veulent cristalliser autour d’une spécialisation de la théorie du clash des civilisation, via l’affrontement Occident vs Sud Global est une invention, nourrie aux hormones de croissance du ressentiment des uns et de la culpabilité des autres, pour que nous nous trompions toujours de cible.

Ce prisme est attrayant. Il est attrayant comme un mensonge.

Pour revenir au 11-Septembre-2001, le mythe consistant à dire que nous avons eu affaire à une organisation non étatique résistera-t-il à une analyse rigoureuse ? A celle dont nous ne sommes pas vraiment capables avec le système d’information tel qu’il est ?

De là où mon chemin m’a placé, la scène de crime parle toute seule. Les liens et les convergences objectives affleurent la surface des opacités et des apparences.

Il est advenu – on appellera ce phénomène comme on le veut – que dans la nuit du 13 au 14 novembre 2015, sur fond des variations Goldberg de Johann Sébastian Bach par Glenn Gould, une partie du voile s’est levé.

Je n’ai pas tout vu ni tout compris d’un coup. Mais j’ai compris ce qu’il ne fallait pas regarder pour avoir une chance de commencer à voir.

Combien y a-t-il de manières d’influer sur le cours d’une rivière qui s’appellerait l’histoire avec un grand H?

Pendant que notre attention était focalisée sur l’assassinat du commandant Massoud et qu’Al-Qaida agitait des spectres que nous avions envie de voir pour confirmer notre vision des choses, pendant ce temps, la conférence de l’antiracisme de Durban I, en Afrique du Sud, ouvrait de vraies vannes pour nous submerger idéologiquement ; pour rentrer, dans toutes les têtes, la pomme de discorde que constitue le mythe de la Palestine et insinuer, jusque dans les plus prestigieuses universités, un antisémitisme au carré.

L’opération du 7/10/2023 du Hamas ne fait qu’appliquer, comme si sa forme antédiluvienne, ne suffisait plus, la formule de cet antisémitisme au carré : parce que l’un est juif et parce que l’autre est palestinien.

Que d’intelligences, vraisemblablement honorables, au départ, se sont éventrées sur ce double écueil.

Oui, c’est ce que je dis car c’est cela, à partir de mon non-académisme, que je discerne.

C’est le danger dont je suis seul à oser vous avertir.

La clé de l’Histoire, fournie avec le mode d’emploi, dans la rue arabe, comme on dit par facilité rhétorique, et dans les esprits occidentaux, devrait être celle-là.

Elle est tentante.
Elle ouvre l’enfer.

Elle s’offre à l’intellect dont elle épouse la forme des serrures.
Il faut créer une autre clé. Une clé de justice. Réparatrice.
La Politique sert justement à ça.

Refaisons de la grande politique !

Emmanuel Macron a eu raison de dire, le 27 février dernier, que nous ne pouvons rien exclure, et que nous ne pouvons pas exclure, par conséquent, d’intervention terrestre pour défendre l’Ukraine.

Il est plus que temps de prendre la mesure de la menace russe et des calculs monstrueux qui l’animent.

Le président Macron ne mérite pas la petite bronca politico-médiatique qu’une partie de la classe politique lui a réservé. L’histoire jugera.

Nous ne faisons que commencer à comprendre la nature de ce à quoi nous avons affaire.

Nous n’avons pas fini de découvrir son visage.

De toute façon, le choix est simple. Ou bien nous découvrons son visage ou bien il couvre le nôtre du masque de l’infâmie.

Normalement, nous avons une Marseillaise pour comprendre ce qu’il faut faire.

Ce n’est pas la première fois que cela arrive dans l’histoire, mais à cette échelle, avec les conséquences sur l’Ordre du Monde que cela fait peser, cela n’est jamais survenu.

Ne vous demandez pas comment le nazisme a subjugué le peuple allemand, il l’a fait comme la révolution nationaliste russo-poutinienne et la révolution islamique subjuguent et tentent de partitionner notre temps et notre espace.

Il y a eu un petit miracle auquel il faut rendre justice. Il s’appelle Zelenski. Je crois qu’on ne se rend pas compte comment, au soir du 24 février 2022, il a fait sonner une charge inattendue, surprenante et héroïque face à la tyrannie russe.

Les Ukrainiens ne peuvent pas perdre et nous devons gagner.
Européens, nous n’avons pas le droit de nous laisser endormir !

PS: Je suis candidat à la candidature sur la liste Renaissance aux Elections Européennes du 9 juin. Si légitimité il y a à ce que je me vois confié l’honneur de représenter les Européens, c’est en vertu de cette parole de sécurité. Je l’ai extirpée à ce qui ressemble à un chaos pour la lever et en faire le matériau du bouclier de notre civilisation. Merci.

L’Amérique de la mémoire qui flanche

La mémoire du président Joe Biden est l’objet de dérision et de spéculations partisanes et médiatiques. Le fait est que président américain ne sera même pas présélectionné à l’émission Qui veut gagner des millions ? s’il confond, comme il l’a fait, le président Sissi avec le président du Mexique Andrès Manuel Lopez Obrador.

Le système informationnel de la grande démocratie américaine crépite comme un feu de joie. Il guette les bourdes. Il succombe au voyeurisme pour le voyeurisme.

Mais, le plus humble des humbles, si sa cervelle n’était pas encore polluée par le charivari médiatique saurait que ce n’est pas cet incroyable talent mnémotechnique que l’on demande au commandant en chef de la première puissance mondiale.

On demande au président américain une stature et, en période de grand danger, telle que celle qui rampe vers nous, une acuité qui concentre toutes ses ressources intellectuelles et morales pour arrêter le mal.

L’Amérique de Trump
ne mérite pas
la statue de la Liberté

Le président Biden a désigné, plus d’une fois, Poutine comme tel. Il a fait preuve et continue de faire preuve d’acuité et de résolution contre sa propre démocratie, contre le Congrès américain qui monnaye la grandeur de l’Amérique à la taille d’un mur à ériger face aux Mexicains et abandonne l’Ukraine, qui est un soldat de la Liberté, qu’on le veuille ou pas, en rase campagne.

Loin est l’Amérique qui a fait tomber le mur de l’Atlantique et le mur de Berlin. L’Amérique du mur de Trump, l’Amérique du Trump qui s’esclaffe devant les gaffes de Joe Biden, est une anti-Amérique. Elle ne mérite pas la Statue de la Liberté que la France lui a offerte.

Je suis sûr que cette Amérique-là, celle qui nous a libéré et qui assure la sécurité du monde, elle est partout dans la mémoire de Jo Biden comme elle n’est nulle part dans les méninges troués de Donald Trump et qu’il doit y avoir une solitude parfois déstabilisante à vouloir ouvrir les yeux à sa propre nation qui file du mauvais coton.

La grande démocratie américaine s’effiloche, de jours en jours, et à longueur de plateau et de talk-shows. C’est cette Amérique qu’un Poutine dans la posture d’un faux modeste prématurément triomphateur, imbu de ce qu’il croit devoir être son inéluctable triomphe, vient narguer.

Il le fait en toute impunité, servi sur le plateau médiatique, par un obscur influenceur idéologique.

Il fut un temps où l’Amérique, autant celle des campagnes que celle des villes, une Amérique moins partisane, plus éclairée par l’idée qu’elle se fait d’elle-même, se serait levée pour dire l’indignité de la campagne menée contre Joe Biden. Il y aurait eu quelqu’un pour couvrir de goudron et de plumes ce Tucker comme le faux-cul drappé dans ses fonctions de procureur qui a mis son grain de sel dans la plaie.

Le crime paie. L’outrage paie. Au secours, John Wayne!

Aujourd’hui, l’Amérique Elle se gausse. Elle se marre. Elle en fait ses choux gras.
Surtout, elle ne protège plus ce qu’elle doit protéger.

Elle a la mémoire d’elle-même, de ce qui fait sa grandeur et son caractère, qui flanche.
Eternelle parabole de la paille et de la poutre.