Lettre à ceux qui croient encore en la République

Et à ceux qui se sont convaincus qu’ils n’y ont plus leur place. Où il est question de plomb, d’or, de blockchain et de République

Je ne vais pas vous mentir.

Il y a des jours où je me demande ce qu’il faut faire pour réussir.

Jamais au cours de ma vie, il ne m’a semblé parler aussi juste que maintenant et être digne d’être écouté.

Jamais, il ne m’a semblé porter quelque chose d’aussi clair que ce que je porte, à travers le projet Habitat du Roi.

Cette startup synthétise toute les autres dimensions où court ma volonté, mais je dois reconnaître que tous mes efforts sont, jusqu’à présent, couronnés par le néant.

Je vous avoue que ce sentiment est très curieux.  En fait, dans la vie, on devrait s’attendre à tout, sauf, peut-être, à ce que le meilleur que l’on puisse donner, vraiment le meilleur que l’on puisse donner, ne suscite pas le moindre intérêt.

Ne me faites pas l’insulte d’objecter que je ne suis pas juge de ma propre valeur et de la manière dont elle est apprécié par le système qui ne fait plus que décerner la valeur et que je dois plier sous son joug.

Je suis du côté d’un système qui suscite et délivre la valeur, pas du côté de celui qui ne fait que la décerner, s’appauvrit et dessèche son idéal.

Ma révolte vient de là: au moment où j’ai produit mon pic de vertu, des pierres se sont abattues sur moi.

Je n’ai pas peur de dire qu’il y a un contentieux qui s’est formé entre moi et la République, à ce moment-là. Mais ma révolte ne s’est pas transformée en violence, en nihilisme, en course aux pseudos révolutions, elle s’est transformée en besoin de mieux faire, en besoin de prouver.

Et, s'il le faut, j'emploierai des moyens légaux

Je me suis toujours convaincu que rien de ce que l’on dit, même le plus maladroit des mots, ne tombe dans l’oreille d’un sourd. On essaie de le redire mieux, de sonner plus juste.

J’ai toujours pensé qu’il y avait une grande oreille, à l’extérieur, dans l’univers, mais peut-être, qu’en fait, cette grande oreille, à qui on confie l’irrésolu, le mouvement des tréfonds, l’absolu du ressac des idées et des rêves, elle est surtout à l’intérieur de soi, à l’intérieur de moi comme elle est à l’intérieur de chacun.

Je lui ai beaucoup parlé.

Car il faut que je vous avoue : en 1996, j’ai quitté une vie toute tracée parce que j’ai eu l’impression que mon peuple, c’était perdu en lui-même,  et qu’il ne parvenait pas à sortir du labyrinthe qu’il s’était lui-même construit.

J’ai cru qu’il m’appelait. Oui, j’ai cru que le Peuple m’appelait, ou, plutôt, qu’il disait à la cantonade, qu’il livrait à l’atmosphère qui  grésille jusqu’à l’assourdissement de la somme nulle de tous les bruit : y a-t-il quelqu’un qui peut nous sortir de là ?

Et j’ai fini par répondre : oui moi.

Je n’ai pas répondu en parole. Je n’ai pas dit : « oui moi ».  J’ai essayé de former un acte, d’initier, au fond comme Monsieur Jourdain pour sa prose, une organisation autonome décentralisée avant la Lettre, bien plus large que celle que je destine à votre habitat, à l’Habitat du Roi.  Chacun de mes projets qui se sont succédé a procèdé et procède toujours de cette logique et de cette volonté.

Tous mes pas, depuis ce moment, forment la dimension de cet acte, en réalisent l’arpentage et alimentent sa cohérence.

C’est probablement incompréhensible pour beaucoup, mais c’est ainsi et seulement ainsi que je me situe.

Et s’il se trouve, ici et maintenant, des personnes pour douter de l’adéquation de l’homme au projet, au projet « Habitat du roi », je veux être très clair avec elles, il n’y a que moi, à travers ce chemin qui est le mien, qui pouvait parvenir à énoncer le Droit qu’énonce Habitat du Roi, car il s’agit bien d’un droit, il n’y a que moi pour parvenir à comprendre cela.

Je le dis afin que cela, au moins, soit gravé.

Ce projet est incopiable.  Ce projet est moi, mais il est moi dans une complexité ouverte que j’accepte.

Ce projet est à la personne que je suis ce qu’elle reflète de vous et ce projet est à vous, ce qui devrait se refléter de moi ayant l’espérance de vous.

Je ne la dirais jamais vaine, cette espérance. Je ne serais donc jamais vaincu, même s’il est vrai,  après tant de pas, qu’il y a de quoi être découragé par l’indifférence, le silence, la solitude.

Je pense même que le plus courageux des hommes finirait par déposer les armes, par se rendre à cette étrange raison qui sait se dire à chacun quand il poursuit une étoile ou lève un tabou : « Pour qui tu te prends ? »

J’ai croisé beaucoup de gens qui ont dû penser plus ou moins fort « Mais pour qui il se prend ».

Des gens qui m’ont dit mais : « Vous ne croyez pas avoir raison contre tout le monde ? »

Et à qui j’ai répondu : ‘Je veux avoir raison pour tout le monde par contre tout le monde. »

Mais je ne vais pas faire le bravache. Souvent, c’est moi-même qui me suis demandé : pour qui tu te prends ? sans avoir le début d’un argument rationnel en mettre sur la balance.

Alors, je me répondais la seule réponse qui tombe d’elle-même : Je suis moi.

Je me rends compte que j’ai un peu digressé par rapport à ce que je voulais initialement dire.

Ce que je voulais dire, au moment d’entamer ce propos, c’est qu’il y a quelques années, il m’était venu à l’esprit que, quoi que je puisse faire, je ne serai pas reçu ; Quoi que je puisse apporter, ce que j’apportais ne serait pas reconnu et, pour donner l’image la plus définitive de cette impasse, j’avais pensé que si je venais avec la formule qui permet de transformer le plomb en or, que je la déposais aux pieds du peuple, il ne s’en rendrait pas compte.

Je repense à cela, ce soir, parce que je me rends compte que, d’une certaine manière, habitat du roi veut transformer le plomb en or. Il veut donner, grâce aux nouvelle technologie à l’internet de 3e génération et grâce à la blockchain,  de la valeur à ce qui n’a pas de valeur aujourd’hui.

C’est transformer le plomb en or, non ?

C’est ce gisement en déshérence qui est inexprimé parce qu’il n’a pas de valeur, et qui n’a pas de valeur parce qu’il est inexprimé. Et je me dis qu’il est temps, en responsabilité et en authentique souveraineté, que la qualité de vos aspirations dicte ce qu’elle a à dicter. La République française ne conduit-elle pas à la grandeur de l’idée du peuple.

Tous mes pas, tous mes efforts, depuis peut-être toujours, depuis le souvenir d’un enfant si difficile, si désarmé, si malheureux, se demandant ce qu’il fiche là, trouvent leur sens dans l’empreinte que ce projet tente d’apposer.

Il faut être fait d’une matière d’une rare dureté pour continuer à affronter une telle adversité. Je me suis surpris à penser que mon cœur était un diamant et que le monde s’y rayerait s’il comptait le réduire en miettes.

C’est une conviction intenable.

Un tel degré d’obstination confine à la folie. Suis-je soluble dans ce monde ? Ou bien le suis-je dans cet état du monde ? Suis-je soluble dans la République française qui m’a vu naître et grandir?

Si j’écoute ce que dit la situation, j’entends que le Peuple me dit au fond : tu es prisonnier de ton image, de la représentation que nous nous faisons de toi. Cela ne changera jamais.

Mais si je l’entends – c’est-à-dire l’interprétation du sens de son action – me dire cela, et exercer par conséquent, tout le poids de cette réalité à mon encontre, j’entends aussi qu’il est lui-même rendu à être la somme de ces mêmes assignations à résidence, déferrements de destins, formes d’oppressions et de gâchis insupportables à mes yeux.

Cela ne me convient pas.

La liberté doit aller plus loin.

Elle doit ouvrir plus grand.