Quand la lutte contre l’antisémitisme devient un levier de manipulation politique

Jamais la tentation de redéfinir la lutte contre l’antisémitisme en opposition à l’islam n’a été aussi forte. Et jamais, grâce aux outrances de LFI, le mot “islamophobie” n’a été aussi délégitimé — au point qu’aucun musulman ne peut aujourd’hui s’en revendiquer sans être suspecté.

Le soutien exprimé par Emmanuel Macron à la communauté juive après l’agression antisémite du rabbin Arié Engelberg à Orléans a suscité des critiques virulentes.

Mais derrière ces attaques se cache une mécanique plus inquiétante : celle de l’instrumentalisation de la lutte contre ce même antisémitisme à des fins politiques, au profit du Rassemblement National — avec, en arrière-plan, des ingérences étrangères avérées.

Une partie de ces critiques ne relèvent pas simplement de l’anti-macronisme primaire, mais s’inscrivent dans une dynamique bien plus sournoise, qui met en scène une recomposition des narratifs autour de la figure du Rassemblement National, désormais présenté par certains comme le véritable rempart des juifs.

Ce glissement stratégique est loin d’être anodin. Il met en lumière une instrumentalisation de la peur, du sentiment d’abandon, et de l’émotion légitime, dans le but de renforcer un camp politique qui, tout au long de son histoire, a pourtant porté les stigmates de l’antisémitisme, de la fascination pour les pogroms, du racisme, du rejet de l’autre, et de l’autoritarisme.


Ce que l’on voit poindre, c’est un narratif savamment construit, souvent relayé par des figures prétendument « dissidentes », qui martèle que Macron aurait failli à sa mission de garant de la sécurité des Français juifs, notamment en s’abstenant de participer à la marche contre l’antisémitisme après le 7 octobre 2023.

Derrière cette accusation se cache une logique plus insidieuse : celle qui vise à disqualifier toute autre forme de solidarité que celle incarnée par la droite extrême, tout en diffusant l’idée que le président serait « l’otage » de la communauté arabo-musulmane française.

Ce procès d’intention, jamais totalement assumé, procède pourtant d’un mécanisme de polarisation identitaire qui alimente la fracture nationale. Il est d’autant plus dangereux qu’il détourne le sens même du combat contre l’antisémitisme en l’inféodant à une stratégie électorale.

Or, pour comprendre cette mécanique, il faut aussi la resituer dans son arrière-plan géopolitique. Il est désormais avéré que, dans les jours qui ont suivi l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre 2023, des opérations d’influence — voire de déstabilisation — ont été menées sur le sol français, avec l’appui d’agents liés à la Russie.

Des individus, notamment venus de Moldavie selon les premiers éléments d’enquête, ont été identifiés comme auteurs de tags antisémites, croix gammées incluses, sur des façades d’immeubles à Paris.
L’objectif était limpide : attiser les tensions communautaires, exacerber les clivages, et affaiblir le front républicain.

L’antisémitisme, dans ce contexte, devient un instrument géopolitique. Un poison que certains inoculent méthodiquement pour fracturer nos sociétés de l’intérieur, l’instrumentalisation de la cause palestinienne par les extrêmes-gauches et les altermondialistes, anticapitalistes et autres mouvances écolo-radicales contribuant à ce qu’aucun chat ne puisse reconnaître ses petits.

Dans ce climat vicié, la figure d’Arno Klarsfeld joue un rôle particulièrement trouble. Fils de Serge Klarsfeld, dont le nom est à jamais associé à la mémoire du génocide et à la traque des criminels nazis, il engage aujourd’hui ce nom dans une entreprise de brouillage moral et politique.

En s’alignant sur les positions du Rassemblement National, en reprenant l’antienne selon laquelle l’Ukraine serait infestée de nazis, et en vantant le RN comme le « meilleur protecteur des juifs », il contribue à une inversion perverse des repères historiques.

Ce faisant, il confère une forme de légitimité mémorielle à un parti dont les racines idéologiques ont précisément nourri les pires dérives du siècle passé. Ce n’est pas seulement une faute politique — c’est une blessure infligée à la mémoire.

Il faut donc regarder ce basculement avec lucidité. Dans la communauté juive elle-même, certains — et ils sont heureusement minoritaires — participent activement à cette mystification, croyant servir leur cause alors qu’ils servent un projet qui les trahira.

La tentation d’instrumentaliser la menace antisémite pour asseoir une force politique jugée plus protectrice est réelle, et c’est là que réside l’un des pièges les plus dangereux de notre époque.

Il est à la fois tragique et vertigineux de voir se dessiner cette équation perverse : faire du RN, et de Bardella, les garants de la sécurité, alors que dans le même temps, ce parti ouvre symboliquement des brèches qui affaiblissent notre cohésion, alimentent la guerre informationnelle, et laissent la porte grande ouverte aux ingérences de régimes comme celui de Vladimir Poutine.


C’est dans ce contexte que les critiques contre Macron doivent être comprises. Non pas comme des critiques isolées ou sincères, conforme au débat public dans une société pluraliste, mais comme les maillons d’un activisme politique bien plus large, qui vise à disqualifier l’équilibre républicain pour installer, sous couvert de protection et de fermeté, une puissance autoritaire déguisée.
Ceux qui s’y prêtent consciemment jouent un jeu dangereux.
Ceux qui y adhèrent inconsciemment sont les premières victimes d’une grande mystification.

CredimusInOptimumHumanis

Pogrom, comme matière inflammable

Le jour où journalistes et observateurs cesseront d’ânonner les récits que les événements leur imposent, la civilisation sera sauvée.

Ce qui se passe autour d’Israël et du conflit palestinien, avec une intensité inégalée depuis le 7-Octobre-2023, appartient à une spirale dialectique dont il faut désamorcer l’enchaînement.

Quand on sait ce que fut sa résonance, peut-être, si les pièges avaient été vus et évités, n’y aurait-il pas eu de nuit de Cristal ? Mais il est tentant de succomber au pouvoir de l’image et de mettre son destin entre les mains des activistes et des manipulateurs de l’opinion.

Trop d’éléments, dans le « pogrom » qui a eu pour théâtre, au cours de la nuit du 7 au 8 novembre dernier, les rues d’Amsterdam dans le cadre de la rencontre Ajax/Macabi Tel Aviv, posent tout de même de véritables questions.

A commencer par l’inertie de la police, elle-même ; celle des forces de sécurité, qui, pour être celles d’un gouvernement d’extrême-droite attaché à la restauration de l’ordre face aux infiltrations de l’islam radical et activiste, se montrent – a priori – plutôt invisibles et incapables d’assurer la protection des supporters israéliens.

Cela dans un contexte international qui se prêtait à de tels débordements de violence. Pourquoi?

Où étaient les mesures de sécurité alors que, pour ne faire que reprendre les mots de Yonathan Arfi, président du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions juives de France), « tout cela était prévisible ».

Ceci est le premier problème et, si l’on se place, vraiment, dans la recherche de la vérité, au pays comme on dit de Spinoza, qui peut se le permettre de l’éluder ?

Nous sommes dans un moment de l’Histoire, au sens de la cinématique des forces qui tentent de s’y imposer, où personne ne peut se permettre une insoutenable légèreté de l’Etre, dont la première manifestation, c’est de céder à la dynamique des émotions, qui dicte la dynamique des narratifs, qui dicte la dynamique de la guerre puisque la raison, soumise à grand bombardement cognitif, a été vaincue.

Toutes les nuits de Cristal, même celles qui taisent leur nom, se résument à cet enchaînement.

Alors, je me méfie, je pratique un examen médico-légal pour vérifier que l’événement qui est en train de se refroidir, là sur la table, ne présente pas des signes particuliers qui accréditeraient la volonté d’abuser l’observateur, d’abuser l’actualité, d’abuser l’Histoire, avec un grand H.

Tout, en effet, semble avoir été réuni, là, pour créer les conditions d’un « pogrom », -notion, fantasme, désir – qui envahit les écrans, les cerveaux, pour attester une posture et construire un narratif.

Tout le monde est tenté de raccrocher son propre wagon d’indignation, de colère, de violence verbale ou politique, à la locomotive qui fond sur un horizon de plus en plus noir.

Que l’événement provoque de la stupeur est compréhensible, mais, ce n’est pas parce que c’est compréhensible, que c’est justifié et justifiable au-delà de l’épouvante de la première onde de choc.

Je constate – et, à ce stade, je ne fais que constater – que le gouvernement Netanyahu, le gouvernement Geert Wilders, sont à l’unisson pour administrer, grâce à cet événement, la preuve que l’Occident manque de dureté face au péril islamique.

Je constate, aussi, ce qui vient d’Amérique avec l’élection de Donald Trump.

Il y a, depuis quelques jours, avec une acuité plus pressante, un train des idées au départ de toutes les gares de l’esprit qui, du Rassemblement National à toute les patriotismes et gaullisme de foire, invite chacun à prendre place et à s’installer confortablement.

Le libre-arbitre, enjeu existentiel du XXIe siècle

L’événement survenu à Amsterdam précipite les flux émotionnels.

Il débarque la raison et embarque, à la place, quelque chose qui y ressemble ; qui prend l’aspect d’une légitime défense de valeurs ; qui surjoue la souveraineté et surenchérit la menace ; mais qui, en fait, se conforme, se prête, s’abandonne, tout sens critique éteint, à la diction des ténèbres, ou si vous préférez de la nuit.

C’est un train de nuit, un obscur train de nuit pour la nuit qui avance tous feux éteints.

Il y a des gens, probablement, qui diront que je suis monomaniaque, mais je reviens à la volonté qui m’anime au plus profond, c’est-à-dire de sanctuariser le libre-arbitre car ce bien si précieux, ce Saint des Saints, est l’objet de spéculations de la part, particulièrement, d’affairistes habiles et corrompus moralement, et de politiciens cyniques et sans scrupule.

C’est ce camp qui est en train de gagner.

Il y a, par opposition, une pensée vraiment libérale, une pensée politique de dignité et de responsabilité humaine, à sauver, bien par-delà les monstres idéologiques qui tentent de se frayer un chemin dans l’Histoire.

Le sauvetage du libre-arbitre représente un enjeu existentiel pour l’Occident – l’Occident au sens métaphysique, pas au sens géographique ou religieux. L’Occident moderne, celui des idées universelles.

Cet Occident est à un moment charnière de son histoire.

Il subit les coups de boutoir de plusieurs entreprises de désinformation.

Il est soumis au supplice de sa propre ambiguïté.

La démocratie cède.

Le Libre-Arbitre appartient à l’idée de Dieu, à celle d’une transcendance, d’un être suprême, de soi puissance soi, comme le suppute Nietszche.

Il appartient à cette élévation-là et il est livré, désormais, aux quatre vents des médiocrités. Il n’y a pas de démocratie qui vaille sans libre-arbitre.

C’est un espace sacré, qui permet à chacun, quelle que soit sa condition, de grandir et de se nourrir, de tutoyer les premières grandeurs.

Il est désormais exposé et manipulé, et cela touche à des questions fondamentales sur l’individu, la spiritualité, et le contrôle exercé sur nos consciences dans un monde saturé d’informations, de désinformations et de narratifs imposés.

La démocratie que le peuple mérite, et à laquelle il faut lui permettre d’accéder, c’est mieux que cela.

En 1996, dans ma sorte de nuit du feu, j’ai dit que je ne laisserai pas faire « cela ».

J’ignorais, tout en étant porté à le découvrir par chaque pas, ce que représentait cet objet indéfini désigné par: « cela ».

Il est clair, pour moi, aujourd’hui, que « cela », c’est la protection de votre libre-arbitre. du libre-arbitre de tous.

Cela n’était pas encore inscrit dans la déontologie du journaliste, si maladroit et incomplet, que j’ai pu être.

La faillite de la société d’information est, de fait, une faillite de l’âme et je ne m’y résous pas.

Nul ne doit s’y résoudre.

#Pogrom #Amsterdam #nuitdecristal #Israël #Palestine #Juifs